CHAPITRE 2
Ma tête.
J'ai tellement mal. On dirait qu'elle se gonfle comme un ballon puis rétrécie et je crois n'avoir jamais eu aussi mal de toute ma vie.
J'entrouve une paupière pour la refermer aussitôt. Définitivement, ça c'est la plus douloureuse épreuve. Je prend la décision de garder mes yeux bien fermés jusqu'à ce que la douleur diminue, ne serait-ce que minimement.
"Je veux des gauffres."
Charlie?
"Pas pour le souper."
Allez plus loin, vous parlez beaucoup trop fort, ça résonne dans mon crâne et c'est insupportable.
"C'est paaaas juste."
Ça suffit, taisez-vous.
"Demain pour le déjeuner ma chérie."
"Ah non pitié", murmurais-je pour moi-même. Je souhaite que leur discussion prenne fin. Je veux du silence, du calme et de la noirceur. Je veux être plongée dans le calme et l'obscurité de ma chambre.
Ma chambre.
J'ouvre subitement les yeux et tente de me relever, le regrettant amèrement à cause de la douleur lancinante qui m'assailli. Je me laisse retomber sur le dos, ma tête s'enfonçant dans l'oreiller de plume. J'aggripe ma couverture et la remonte par-dessus ma tête, quittant la semi-obscurité de la pièce pour une noirceur totale.
Malgré mon mal de crâne insupportable, mon cerveau fonctionne à une vitesse ahurissante. Tout est flou, confus, complètement désordonné. Des images de la soirée me reviennent en mémoire, mais rien de bien constructif pour expliquer mon état misérable. Le feu, les adolescents de Trentwood et d'ailleurs, Jess et Emma, la bagarre, l'alcool, le bouclé, le texto et le chauffard qui m'a aveuglé avec ses phares de voiture, l'accotement..
L'accotement.
C'est mon dernier souvenir. J'ai beau creuser dans ma mémoire, tout n'est que trou noir. Je déteste cette situation. Tenter de se remémorer sans que rien ne se produise. Pour être franche, ça ne me déstabilise pu. Je me suis souvent retrouvée dans ce genre de situation. J'ai vraiment abusée de l'alcool l'année dernière après ma séparation. Jess a dû prendre soin de moi un nombre incalculable de fois et lorsque j'ai finalement réussis à reprendre le dessus, à remettre de l'ordre dans ma vie et comprendre que je méritais mieux que ce que je m'infligeais, je me suis jurée qu'une telle situation ne se reproduirait plus jamais.
Et me voilà.
Ensevelis sous mes couvertures, des martèlements incessants qui se répercutent sur chaque parcelle de mon crâne, des yeux bien trop plissés par mon désir de noirceur, un corps engourdi par la probable cuite que je me suis prise, seule, en rentrant à la maison.
Mais pourquoi ai-je fais ça?
Qu'est-ce que j'essayais de fuir?
Abandonnant l'idée de trouver des réponses à mes questions immédiates, je pousse, d'un geste vif, les couvertures me recouvrant et me lève péniblement, marchant en laissant trainer mes pieds sur le sol, jusqu'à la salle de bain.
J'ai la désagréable impression de peser une tonne, j'ai mal absolument partout. Définitivement, l'alcool ne me fait vraiment pu. Mon coude droit est douloureux, mes jambes, mon côté gauche, ma tête et j'ai le visage engourdi.
J'hésite, en franchissant le seuil de ma salle de bain, à ouvrir la lumière. Ma main quitte l'interrupteur sans y avoir imposé une quelconque action, décidant que l'obscurité était ma meilleure amie pour le moment. J'attrape à tatôn le pot de Tylenol, puis en gobe deux avant de retourner m'étendre sur mon lit moelleux et sombrer de nouveau dans le sommeil.
Je suis dérangée quelques heures plus tard par un cognement à la porte. Un coup d'oeil rapide vers mon réveil matin m'indique qu'il est 20h dépassé.
"Oui", répondis-je simplement, invitant la personne à entrer tout en me tournant pour être face à ma fenêtre, mais dos à l'intrus s'immiscant dans mon cocon de calme et de noirceur.
"Est-ce que ma fille s'est transformée en vampire pendant notre absence?"
Tom.
"Non." Peut-être qu'en minimisant mes réponses j'allais pouvoir retourner dans les bras de Morphée plus rapidement et éviter à mon mal de tête de revenir à l'assaut.
"J'en déduis qu'hier a été une soirée bien arrosée..."
Je me recroqueville instinctivement sous la sensation d'oppression que je ressens à la poitrine, j'ai l'estomac à l'envers et si ce n'était de mon jeûne des dernières 24h, le contenu de mon estomac se serait retrouvé étalé sur mon lit. Entendre l'inquiétude dans la voix de mon père est encore pire que la douleur physique que je peux ressentir en bougeant trop rapidement. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour être endolorie de la sorte? L'impression que je ressens de l'avoir déçu, de lui donner une raison de recommencer à se faire du souci pour moi me chavire de l'intérieur. J'aimerais de tout coeur pouvoir le rassurer, mais qu'est-ce que je peux dire qui ne va pas l'inquiéter davantage. Oh tu sais, je ne me rappelle plus vraiment ce qui s'est produit entre mon départ du terrain où la fête à eu lieu et mon réveil à l'heure du souper. Non, ce n'était même pas une réponse envisageable. Moins il allait en savoir, mieux il se porterait. Je décide donc de rester plongée dans mon mutisme silencieux, priant pour qu'il ne dise rien d'autre. Heureusement, je comprend que ma prière est exhaussée en entendant la porte être doucement refermée et le son des pas disparaître au fur et à mesure que mon père s'éloigne.
Une vague impression de trahison continue à me ronger tandis que je me rendors bien plus difficilement que toutes les autres fois.
Je suis au volant de ma voiture, la voix de Demi Lovato flotte dans l'habitacle sécurisant. Soudainement, une vibration diminue momentanément le volume de la musique suivi d'une douce lumière diffuse émanant de mon cellulaire. Jess dort et Emma va faire de même. Je souris puis me reconcentre sur la route. Avoir un accident à cette heure ne fait pas partie des projets de ma soirée. Je veux rentrer à la maison sans accro, m'étendre, relaxer, m'endormir paisiblement, mais il y a cette lumière dérangeante qui approche toujours de plus en plus. Je stationne ma voiture sur le bord de la route et sors dans la fraîche brise des petites heures du matin. Il est là. Devant moi. Une démarche mal assurée causée par une jambe probablement blessée. Les phares allumés derrière lui baignent son visage dans une obscurité presque morbide ou, du moins, assez effrayante. Puis je les vois. Ses yeux qui semblent renfoncés dans leur cavité, une arcade sourcilière trop proéminente, des cernes qui descendent jusqu'au milieu de joues amaigries, un menton pointu. Un ensemble squelettique, mais bien vivant qui avance droit vers moi.
"Où est-il?" Quoi? Mais de qui parle-t-il?
"Qui?", questionnais-je en faisant un pas vers l'arrière. Ma tête me crie de retourner dans ma voiture, mais mon corps ne veut pas se coordonner avec elle.
"Je sais qu'il est là!" Il crit fortement. La petite voix dans ma tête se recroqueville alors que mon corps sursaute puis commence à trembler. Mon cerveau se reconnecte soudainement. Je fais volte face, essayant d'atteindre la poignée de la porte le plus rapidement possible, mais malgré sa taille rachitique, l'homme m'attrape par l'épaule droite et me retourne en un mouvement vif.
Son poing squelettique aux jointures ressorties entre en contact avec ma joue gauche. Complètement déstabilisée, je chute sur l'asphalte, mon coude droit amortissant ma descente. Le squelette de mon pire cauchemar continue de crier des choses que je n'arrive pas à comprendre. "Je sais, je sais que tu en as." Puis un coup de pied en plein dans les côtes qui m'arrache un cri de douleur. "Allez, dis-moi!" Un autre qui atteint ma hanche gauche. "C'est où?" Il est sur moi, une main de chaque côté de mon visage qui soulève ma tête avant de lui faire percuter le sol. J'ai mal. J'ai peur. Non, je suis totalement tétanisée. Ma vision s'embrouille à chaque nouvelle seconde qui passe. L'adrénaline ne fait plus assez d'effet pour me garder suffisamment consciente des assauts qui arrivent les uns après les autres sans avertissement. Puis tout s'arrête. Le temps semble être sur pause tout comme mon corps. Malgré toute ma volonté de m'enfuir, je reste étendue, à demi-consciente sur l'accotement, mes cheveux collent dans un liquide chaud, mes paupières sont scellées en position fermé et un sifflement incessant résonne dans mes oreilles.
"C'est terminé", me dit-il si lentement que ça voix était presque un murmure.
Je me réveille en sursaut. J'ai chaud, j'étouffe. J'expire fortement en repoussant les couvertures, je balance mes jambes dans le vide, mes pieds touchent le sol et mon corps se hâte vers la salle de bain. Ma main trouve l'interrupteur, la pièce baigne dans la lumière et mon reflet apparaît dans le miroir.
"Oh mon dieu"
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Jessy Hartel est Lexie Brooks
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