CHAPITRE 11
Le silence.
Moi qui l'aime bien généralement, je commence à le détester. Pas un son, autre que les roues de la voiture sur la route n'a été émis depuis trente minutes. Et ce silence oppressant m'engloutit de plus en plus, m'enfermant dans une bulle étanche où seule ma tête semble fonctionner.
À ce moment, je me sens glisser dangereusement vers cette fille que j'essaie d'éviter depuis longtemps. Cette fille à l'apparence impassible, mais qui crie silencieusement de tout son âme, celle constituée d'une sérénité fragile qui tente de contenir un chaos déchaîné d'une ampleur inconsidérable. Je ressens ce besoin de réagir, de faire ou dire quelque chose, n'importe quoi pour donner la chance à mon corps d'émerger de ce silence étouffant.
Telle une bataille pour retrouver l'air à la surface après avoir été plongé dans une étendue d'eau, je relève la tête lentement pour réaliser que la voiture est stationnée et que l'adolescent me dévisage sans un mot. Ses yeux verts surplombés de sourcils froncés observent intensément mon visage surpris quelques secondes avant de descendre vers mon chandail tâché de pudding.
Gênée d'avoir été surprise complètement perdue dans mes pensées et par l'état de mes vêtements, mes bras se placent instinctivement devant ma poitrine dans une tentative assez infructueuse de limiter les dégâts causés par Avery.
« On s'en fou », dit-il dans un haussement d'épaule, repositionnant le levier de vitesse sur Drive avant de sortir de la place de stationnement et de se diriger vers le drive-in.
L'embarrassement ressenti laisse place à la surprise avant de s'estomper en satisfaction. Je ne lui avouerai pas, parce que la partie plus sensée de ma personnalité est incroyablement emmerdé par la plupart de ses réactions, mais je lui suis reconnaissante de ne pas m'avoir obligé à entrer dans le restaurant avec ce massacre de pudding sur moi. Pour une fois, j'ai l'intuition qu'il n'est peut-être pas celui qu'il laisse paraître, mais c'est extrêmement difficile à vérifier puisqu'il y a cette façade totalement insondable érigée devant les multiples remparts qui protègent solennellement ce qu'il est réellement, bon ou mauvais.
« Quatre cheeseburgers avec bacon, deux frites et boissons en fontaine. »
« Vous pouvez avan... »
« Je ne suis pas con », répond-t-il si froidement à la voix sortant du haut-parleur qu'un frisson de culpabilité pour cette pauvre fille me traverse. Sa façon d'avoir toujours l'air sur la défensive, de répondre sèchement à presque n'importe quelle chose dite me dérange grandement, mais je ne relève pas. Après le peu de bonté dont il a fait preuve, je n'ai pas envie d'attiser sa mauvaise humeur avec mon désaccord sur sa manière de s'exprimer. J'offre un faible sourire de sympathie au visage derrière la fenêtre avant de jongler maladroitement avec le sac de nourriture qu'il me jette dessus pour détaler comme une furie juste ensuite.
Le sac de papier sur les genoux, une main le protégeant, je m'agrippe à la porte, le souffle coupé et mes yeux voulant sortir de leurs orbites, endurant silencieusement l'épuisement de sa colère qu'il accompagne à mon plus grand désespoir d'une conduite erratique. Un petit cri étouffé d'effroi traverse mes lèvres closes lorsqu'il coupe au dernier instant une voiture arrivant du sens inverse à la sortie de la cour du restaurant. Je décide de fermer les yeux tandis que la voiture zigzague sur la route, ne souhaitant pas être témoin d'un quelconque accident causé par l'adolescent emplie d'une rage incompréhensible.
Mes paupières se soulèvent en un instant lorsque le sac m'est arraché de la main gauche. Je déglutis difficilement en analysant le regard émeraude envahi d'une lueur obscure qui m'observe, ne prêtant plus aucune attention à la route. Mes pupilles font un aller-retour constant entre ce regard qui m'effraie et l'arrière d'une voiture qui arrive à toute vitesse.
« Regarde la route! », criais-je finalement, retrouvant l'usage de la parole, mon corps se recroquevillant sur le siège prêt à encaisser l'impact imminent. Basculé vers la gauche puis vers la droite, mon corps entre en contact avec la portière tandis que mes mains restent ancrées sur mon visage en un geste ridicule de protection contre le monde extérieur, contre un accident possible, contre l'adolescent qui me dit du ton le plus détaché que j'ai entendu, même venant de lui « Au fait, moi c'est Harry ».
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Désolé du petit chapitre, il va très probablement être retravaillé, mais je vis un blocage en ce moment. Vu le très peu de feedback, je navigue un peu dans le vague.
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