Épisode 7 : La guerre des franchises
Vous savez ce qu'on dit : la concurrence est bonne pour les affaires. Eh bien, quand cette concurrence implique des vampires et du sang synthétique, disons simplement que les choses peuvent devenir... sanglantes. Et pas dans le bon sens du terme. Imaginez "Guerre et Paix", mais avec plus de crocs et de ketchup, et vous aurez une idée de ce qui nous attendait.
Règle de survie en entreprise vampirique n°66 : Quand votre concurrent ouvre un restaurant en face du vôtre, assurez-vous d'avoir un bon stock d'ail, un plan d'évacuation, et peut-être une assurance contre les "incidents surnaturels". Oh, et n'oubliez pas de sourire - les crocs font toujours bonne impression, surtout quand ils sont tachés de ketchup.
Tout a commencé par une lumière aveuglante. Non, ce n'était pas le soleil (Dieu merci, sinon nous aurions eu une clientèle très... croustillante). C'était pire. Bien pire.
J'étais dans mon bureau, essayant de comprendre pourquoi notre dernière commande de pailles ressemblait étrangement à des mini-pieux (note à moi-même : vérifier si notre fournisseur n'est pas secrètement un chasseur de vampires), quand Rex fit irruption, ses muscles saillants menaçant de déchirer son t-shirt "Sécurité : Je mords plus fort que vous".
— Patron ! cria-t-il, les yeux écarquillés comme s'il venait de voir un fantôme (ce qui, soit dit en passant, n'aurait pas été si surprenant dans notre ligne de travail). Il y a un truc dehors qui... qui...
— Qui quoi, Rex ? demandai-je, levant les yeux de ma paperasse (qui, soit dit en passant, était principalement composée de dessins de petits vampires que j'avais gribouillés pendant une réunion particulièrement ennuyeuse sur les normes d'hygiène du sang synthétique).
— Qui brille ! finit-il, agitant ses bras de manière si dramatique qu'il renversa accidentellement ma tasse de café (heureusement, le rouge camoufle bien les taches de café).
Intrigué (et légèrement inquiet - la dernière fois que quelque chose avait brillé, c'était quand Samantha avait accidentellement créé du "sang disco", un incident qui avait transformé notre clientèle en danseurs de Saturday Night Fever pendant une semaine entière), je me précipitai dehors. Ce que je vis me fit presque regretter l'incident du sang disco.
Là, juste en face de "Bloody Delicious", une enseigne gigantesque venait de s'illuminer. "McSuckers", proclamait-elle en lettres néon rouge sang, si brillantes qu'on aurait dit que quelqu'un avait décidé d'organiser un concours de "qui peut aveugler le plus de vampires en une seule fois". L'éclat était si intense que tous les vampires dans la rue s'étaient figés, momentanément aveuglés et désorientés, certains tournant même sur eux-mêmes comme des toupies détraquées.
(Chers lecteurs, si vous pensez que c'est le début d'une journée difficile, accrochez-vous. Les choses sont sur le point de devenir plus sanglantes qu'un steak tartare dans un mixer sans couvercle. Et croyez-moi, j'ai vu ce que ça donne - Samantha a des idées étranges quand il s'agit d'expérimenter avec la nourriture.)
— Oh non, murmurai-je, réalisant soudain ce qui se passait. Vladimir Von Burger.
Comme pour confirmer mes pires craintes, la porte du nouveau restaurant s'ouvrit dans un grincement théâtral (sérieusement, qui installe des portes grinçantes dans un fast-food ?), laissant sortir une silhouette familière. Vladimir Von Burger, dans toute sa splendeur vampirique, un sourire narquois aux lèvres qui faisait ressortir ses canines parfaitement aiguisées. Il portait un costume trois pièces qui criait "je suis riche et j'aime le sang", avec une cape qui flottait derrière lui d'une manière beaucoup trop dramatique pour être naturelle.
— Eh bien, Mike, lança-t-il d'une voix mielleuse qui me donna envie de me frotter les oreilles avec de l'ail. On dirait que tu as de la compagnie maintenant. J'espère que tu es prêt pour une petite... compétition amicale.
Je grimaçai. Dans le monde vampirique, "compétition amicale" signifiait généralement "je vais essayer de te détruire de la manière la plus sanglante possible, mais avec le sourire". C'était comme si quelqu'un avait décidé de combiner "Shark Tank" avec "Dracula", et nous étions pris au milieu.
— Vladimir, dis-je en essayant de garder mon calme (et échouant probablement lamentablement). Quelle... charmante surprise. Je ne savais pas que tu t'intéressais à notre petit coin de rue. Tu t'es perdu en chemin vers le quartier des riches suceurs de sang ?
Son sourire s'élargit, révélant encore plus de dents pointues. J'avais l'impression de parler à un requin particulièrement bien habillé.
— Oh, tu sais ce qu'on dit : l'emplacement, c'est tout. Et quel meilleur emplacement que juste en face de la concurrence ? J'espère que tu ne m'en veux pas, Mike. Ce n'est que des affaires... sanglantes.
Avant que je puisse répondre avec une réplique cinglante (que j'aurais probablement regrettée immédiatement), Lily apparut à mes côtés dans un tourbillon de cheveux colorés et d'énergie marketing, ses yeux brillant d'une détermination féroce qui me fit fondre le cœur (et peut-être aussi un peu trembler de peur).
— Ne vous inquiétez pas, M. Von Burger, dit-elle avec un sourire qui aurait pu faire reculer un loup-garou en pleine transformation. Nous adorons la compétition chez "Bloody Delicious". Ça nous met... en appétit.
Elle ponctua sa phrase d'un clin d'œil qui me fit presque oublier la situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvions. Presque.
Vladimir eut l'air momentanément décontenancé par la férocité de Lily (je le comprends, elle peut être terrifiante quand elle s'y met, comme cette fois où elle a convaincu un groupe de vampires végétariens d'essayer notre nouveau "tofu sanglant"), mais il se reprit rapidement.
— Nous verrons ça, ma chère, dit-il en inclinant légèrement la tête, un geste qui aurait pu paraître poli s'il n'avait pas été accompagné d'un sourire qui promettait mille tourments. Que le meilleur vampire gagne !
Sur ces mots, il disparut dans un tourbillon de cape noire (sérieusement, où trouvent-ils ces capes qui tourbillonnent si bien ? Je dois demander à Lily si on peut en avoir pour notre uniforme), nous laissant face à notre nouveau défi.
— Qu'est-ce qu'on fait maintenant, patron ? demanda Rex, l'air prêt à démolir McSuckers à mains nues (ce qui, connaissant sa force, n'était probablement pas une exagération).
Je pris une profonde inspiration, essayant de rassembler mes pensées qui ressemblaient plus à un essaim de chauves-souris paniquées qu'à un plan cohérent.
— On fait ce qu'on fait toujours, Rex. On s'adapte, on survit, et on sert le meilleur sang synthétique de la ville.
— Et on écrase la concurrence ! ajouta Lily avec un enthousiasme légèrement inquiétant, ses yeux brillant d'une lueur que je commençais à associer à des campagnes marketing particulièrement audacieuses (et potentiellement illégales).
— Euh, peut-être pas littéralement, tempérai-je, jetant un coup d'œil nerveux à Rex qui avait l'air un peu trop emballé par l'idée.
Les jours qui suivirent furent un tourbillon d'activité frénétique qui aurait fait passer un ouragan pour une légère brise. Samantha, dans un élan de génie (ou de folie, la ligne est mince quand on travaille avec du sang synthétique toute la journée), décida d'espionner la recette de Vladimir. Son plan ? Se déguiser en buisson ambulant.
— C'est parfait ! s'exclama-t-elle, disparaissant presque entièrement sous des branches et des feuilles. Ils ne me verront jamais venir !
Je la regardai, partagé entre l'admiration pour sa créativité et l'inquiétude pour sa santé mentale.
— Sam, tu es sûre que c'est une bonne idée ? Tu ressembles plus à un arbre de Noël qui aurait trop bu qu'à un buisson discret.
— Fais-moi confiance, Mike, dit-elle, sa voix légèrement étouffée par les feuilles. La science est de mon côté !
Malheureusement, la science (ou du moins les allergies) n'était pas de son côté. Son plan fut déjoué quand elle éternua violemment à cause d'une allergie au pollen, envoyant des feuilles voler partout et révélant sa position à toute la rue. Le spectacle d'un buisson éternuant et jurant en termes scientifiques complexes restera gravé dans ma mémoire pour longtemps.
Pendant ce temps, Lily avait lancé une campagne publicitaire comparative hilarante qui aurait rendu fiers les publicitaires les plus audacieux des années 80. Des affiches géantes ornaient maintenant les murs de la ville, montrant des vampires obèses et léthargiques après avoir mangé chez McSuckers.
"Chez McSuckers, vous vous sentez comme un steak trop cuit - lourd et sans vie !" proclamait l'une d'elles, montrant un vampire si rond qu'il ressemblait plus à une boule de bowling avec des crocs qu'à une créature de la nuit.
"Chez Bloody Delicious, restez vif et en forme... même si vous êtes techniquement mort !" annonçait une autre, avec l'image d'un vampire musclé faisant du yoga sur un cercueil.
— Lily, dis-je en admirant son travail, tu ne penses pas que c'est un peu... excessif ?
Elle me fit un clin d'œil qui aurait pu illuminer toute la rue.
— Mike, chéri, dans la publicité, il n'y a pas d'excès, il n'y a que des opportunités de marquer les esprits. Et crois-moi, ces affiches vont marquer plus que les esprits !
Rex, quant à lui, avait eu l'idée brillante (ou désastreuse, selon le point de vue) d'organiser un concours de mangeurs de sang. Parce que bien sûr, quand on gère un fast-food vampirique, la meilleure façon de se démarquer est d'encourager la consommation excessive.
— Ça va être sanglant ! s'enthousiasma-t-il, installant une longue table devant le restaurant. On va leur montrer ce que c'est, un vrai festin vampirique !
— Rex, es-tu sûr que c'est une bonne idée ? demandai-je, imaginant déjà les mille et une façons dont cela pouvait mal tourner.
— Fais-moi confiance, patron, dit-il en tapotant mon épaule avec une force qui me fit presque tomber. J'ai tout prévu !
Le concours commença bien, avec des vampires engloutissant des litres de sang synthétique à une vitesse alarmante. C'était comme regarder un documentaire sur les requins, mais avec plus de serviettes en papier et de slogans publicitaires.
Mais les choses prirent une tournure inattendue quand les participants commencèrent soudainement à flotter. Oui, vous avez bien lu. Flotter.
— Euh, Samantha ? appelai-je, regardant avec horreur nos clients s'élever lentement vers le ciel comme des ballons de baudruche macabres. Tu n'aurais pas ajouté quelque chose de... spécial à ce lot de sang ?
Elle eut la décence de paraître gênée, triturant une mèche de ses cheveux ébouriffés.
— Eh bien, j'ai peut-être expérimenté avec un peu de gaz hilarant pour améliorer l'humeur des clients...
— Du gaz hilarant ? répétai-je, incrédule. Dans du sang synthétique ?
— C'est pour la science, Mike ! se défendit-elle. Et regarde comme ils ont l'air heureux !
En effet, nos clients flottants riaient de manière hystérique, rebondissant sur les bâtiments comme des balles de ping-pong surnaturelles. C'était un spectacle à la fois terrifiant et étrangement festif.
Réalisant que nous avions besoin d'informations de l'intérieur pour contrer les manœuvres de Vladimir, je pris la décision désespérée d'infiltrer McSuckers. Armé de ketchup comme faux sang (merci, Samantha, pour cette idée "géniale") et d'une paire de fausses canines qui me donnaient l'impression d'avoir la bouche pleine de cailloux, je me fis embaucher comme serveur.
— Bienvenue à McSuckers, où chaque morsure est un délice ! répétai-je pour la centième fois, essayant de ne pas grimacer à chaque mot. Puis-je prendre votre commande ?
Tout se passait étonnamment bien, jusqu'à ce que je commence à "briller" sous les lampes chauffantes, mon maquillage fondant et révélant ma peau très humaine et très non-vampirique. C'était comme être dans un film d'horreur, mais au lieu d'être poursuivi par des monstres, j'étais poursuivi par l'évidence de mon humanité.
— Eh bien, eh bien, dit Vladimir, apparaissant soudainement derrière moi (comment font-ils ça ? Ont-ils des cours de "apparitions dramatiques 101" à l'école des vampires ?). On dirait que nous avons un imposteur parmi nous.
Pris au piège, je fis la seule chose à laquelle je pouvais penser. Je saisis un plateau de burgers au sang et le lançai au visage de Vladimir.
— Food fight ! criai-je, déclenchant une bataille de nourriture épique qui se répandit plus vite qu'une rumeur dans un nid de vampires commères.
Bientôt, vampires et humains s'affrontaient à coups de burgers sanglants et de milk-shakes hémoglobine. La rue ressemblait à une scène de film d'horreur, mais avec une bande-son de rires et de cris joyeux. C'était comme si quelqu'un avait décidé de mixer "La Nuit des morts-vivants" avec "Animal House".
— Prenez ça, suceurs de sang ! cria un humain, lançant un nugget de plasma qui atterrit directement dans la bouche ouverte d'un vampire surpris.
— Oh, délicieux ! répondit le vampire, avant de riposter avec un jet de ketchup "sang O négatif".
Au milieu du chaos, je croisai le regard de Lily. Ses cheveux étaient ébouriffés, son visage taché de ketchup, et elle n'avait jamais été aussi belle. Elle ressemblait à une guerrière amazonienne, si les amazones se battaient avec des condiments vampiriques.
— Tu sais, Mike, cria-t-elle par-dessus le vacarme, lançant un nugget de plasma à un vampire particulièrement agressif avec une précision qui aurait rendu jaloux un joueur de baseball, je pense qu'on vient de trouver notre prochaine grande idée marketing !
Je ne pus m'empêcher de rire, esquivant un milk-shake volant.
— Quoi, des batailles de nourriture vampiriques ?
— Exactement ! s'exclama-t-elle, ses yeux brillant d'excitation. "Bloody Delicious : Où manger devient un sport extrême !" Qu'en penses-tu ?
Même couverte de nourriture et au milieu d'une guerre de franchises vampiriques, Lily restait... Lily. Créative, enthousiaste, et complètement folle. Et c'est probablement pour ça que je l'aimais.
(Oui, chers lecteurs, j'ai bien dit "aimais". Parce qu'apparemment, rien ne fait naître l'amour comme une bataille de nourriture vampirique. Roméo et Juliette, mangez vos cœurs... euh, peut-être pas la meilleure expression dans ce contexte.)
Soudain, un cri de rage surpassa le vacarme général. Vladimir, couvert de ketchup de la tête aux pieds, ressemblait plus à une publicité pour une marque de sauce tomate qu'à un magnat de la restauration vampirique.
— Vous allez me le payer ! rugit-il, ses yeux brillant d'une lueur rouge menaçante. Ceci n'est que le début !
Alors qu'il disparaissait dans un tourbillon de cape (sérieusement, comment fait-il ça ?), je réalisai quelque chose. Oui, nous avions de la concurrence. Oui, les choses allaient être difficiles. Mais avec cette équipe de fous à mes côtés, je savais que nous pouvions faire face à n'importe quoi.
— Équipe ! criai-je, grimpant sur une table pour dominer la scène chaotique. Nous venons de remporter la première bataille, mais la guerre ne fait que commencer !
Rex, couvert de ce qui semblait être un mélange de ketchup et de faux sang, leva un poing victorieux.
— Pour Bloody Delicious !
— Pour la science... et des nuggets de plasma plus aérodynamiques ! renchérit Samantha, déjà en train de griffonner des équations sur son bloc-notes miraculeusement épargné.
— Pour un marketing éthique dans l'industrie vampirique ! ajouta Lily avec un clin d'œil qui me fit presque oublier que j'étais couvert de nourriture et probablement en train de violer une douzaine de règles d'hygiène.
Alors que nous nous préparions à nettoyer les dégâts (et peut-être à réinventer tout notre menu basé sur cette nouvelle expérience de "cuisine de combat"), je ne pus m'empêcher de sourire. Oui, gérer un fast-food vampirique était une folie. Oui, nous venions probablement de déclencher une guerre des franchises qui passerait à l'histoire des conflits surnaturels.
Mais avec cette équipe ? Ces amis ? Cette famille ? Je me sentais prêt à affronter n'importe quoi. Même un Vladimir Von Burger couvert de ketchup et l'air plus furieux qu'un vampire au régime forcé.
Règle de survie en entreprise vampirique n°67 : Dans une bataille de nourriture vampirique, visez les yeux. Ça ne fera pas vraiment mal, mais ça les aveuglera suffisamment longtemps pour que vous puissiez fuir. Ou lancer une autre tournée de nuggets de plasma. Et n'oubliez pas : le ketchup part au lavage, mais les souvenirs d'une bonne bataille de nourriture vampirique durent éternellement... tout comme vos clients.
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