Chapitre 2 : La druide
EN dessous d'Edolas et des étoiles, il était possible de voir Earthland, une des nombreuses planètes qui tournaient dans l'espace. Sur cette terre, on trouvait eau, nourriture, air, chaleur, froid, jour, nuit... tout ce dont il fallait pour créer la vie. Mais si les autres planètes étaient déjà bien avancées, cette terre semblait neuve à leurs cotés.
Les Hommes, les habitants, venaient tout juste d'y prendre place et d'organiser leur société. Cependant, ils en avaient fait du chemin depuis qu'il avait apprivoisé le feu. A partir de ce moment-là, tout avait accéléré. Ils n'étaient plus des nomades mais bien des sédentaires qui passaient leurs journées à inventer avec leurs cerveaux avant de créer avec leurs mains.
Malheureusement, les créations qui naissaient et se développaient les rendaient avares, paresseux, irritables, vaniteux, gourmands, désireux et pervers. C'était le constat - entre le autrefois et le maintenant - qu'avait fait l'observatrice aux cheveux blonds assise sur un des bancs de la place du village de Magnolia. Ou devrait-elle dire « ville » ?
En effet, Magnolia n'avait plus l'air du village dans lequel elle avait mis les pieds lors de sa première venue.
Avant tout n'était qu'harmonie avec la nature mais maintenant, tout était pavé pour dompter le sol et ainsi facilité le passage des véhicules. Avant, l'air était frais mais maintenant, il ne sentait pas bon et les ordures y étaient pour quelque chose. Avant le calme y régnait en maître mais maintenant, l'aube pointait tout juste le bout de son nez et la blonde pouvait déjà entendre des cheveux qui tiraient des charrettes, des commerçants qui ouvraient leurs magasins, le livreur de journaux qui criait à chaque porte d'entrée des maisons - et il en avait des maisons maintenant -, des plaintes d'enfants qui protestaient pour ne pas aller à l'école et les rires bruyants des buveurs ayant passé la nuit entière au bar qui rentraient enfin chez eux.
Heureusement, elle ne vivait pas au milieu de ces stupides humains qui avaient perdu l'habitude de prendre le temps. Juste ralentir le rythme de leur vie ne leur ferait pas de mal et leur permettrait d'apprécier la nature que Earthland offrait comme par exemple les étoiles filantes déchirant le ciel sombre de la nuit et sur le point de finir leur spectacle. Elle ferma les yeux, essayant de profiter de ces derniers instants de tranquillité malheureusement, les ivrognes étaient en train de se rapprocher d'elle et remplissaient sa tête de bruits agaçants et inutiles.
-Je déteste la civilisation, marmonna-t-elle pour elle-même.
Cela faisait à peine vingt-quatre heures qu'elle était en ville et sa campagne vierge lui manquait déjà. Même son corps semblait plus faible à cause de toute cette pollution qui attaquait ses sens. Comment les humains faisaient pour vivre ici toute leur vie ?
Soupirant, elle tourna le regard vers le soleil et grâce à la longueur de ses rayons, elle eut une idée du temps qui lui restait avant qu'il soit complètement levé. Puisqu'elle avait rendez-vous, elle se leva, arrangea sa cape puis prit la direction de la gare de train de la ville.
Une fois dans l'immense hall, le progrès la frappa. Elle n'était pourtant pas si vielle, si ? Le temps passait trop vite, le monde changeait trop vite. Heureusement, il était tôt. La gare était encore vide. Elle n'aura pas à supporter le trop plein de voyageurs qu'il y avait habituellement aux heures de pointes. Lasse, elle chercha un guichet de libre et se présenta devant une jeune femme aux cheveux bleus.
-Bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour v... ?
Sans un mot de politesse, la blonde leva sa main droite à la vue de son interlocutrice. Sur sa peau était visible un motif rose en forme de fée à queue.
-Je vois, sourit l'employée. Vous êtes nouvelle ? Je ne vous ai jamais vu avant.
Le jeune fille aux cheveux blonds se retient de lever les yeux au ciel. "Evidemment que si tu ne m'as jamais vu ça veut dire que je suis nouvelle !" Repoussant ses pensées, elle se mordit la joue pour éviter d'être désagréable et hocha la tête.
-Je suis Kinana pour vous servir si jamais vous avez bes...
-Je veux juste un billet aller, coupa finalement la blonde en posant ses sous sur le comptoir.
-Je vois, sourit à nouveau son interlocutrice. Vous n'avez pas besoin de payer, mademoiselle. Les voyages sont offerts par le couvent.
La jeune femme cachée sous sa capuche rangea son argent en silence pendant que Kinana s'activa enfin pour lui sortir son billet de train.
-Passez une bonne journée et un bon voyage, mademoiselle.
Grimaçant un sourire, la blonde récupéra son précieux ticket en or et s'éloigna rapidement de cette personne trop souriante pour elle. Qu'est-ce qu'il avait tous dans cette ville ? Épuisée par toute cette socialisation, elle se laissa tomber sur le banc du quai où son train était prévu d'arriver dans les prochaines minutes.
Pour patienter, elle sortit un gros livre de sa collection pour reprendre sa lecture malheureusement, une masse s'écrasa à côté d'elle. Elle fit tout son possible pour faire comme s'il y avait personne mais ce fût plus difficile que prévu. En effet, la respiration courte, les jambes tremblantes et les mains sentant la transpiration, son voisin semblait en proie à l'inquiétude.
Elle ferma alors son livre, le rangea et croisa les mains sur ses cuisses pour éviter de perdre son sang-froid. Se rendant compte qu'il était observé, le jeune homme leva les yeux vers sa voisine et au regard noir qu'elle lui envoya, il redressa son dos et se fit plus discret. La blonde put alors recommencer à prétende qu'il n'existait pas jusqu'à ce qu'il racle sa gorge.
-Toi aussi tu es nouvelle ? demanda son voisin.
"Décidément c'est tous leur question préférée ?" N'ayant clairement pas envie de tenir la conversation avec un étranger, elle ferma les yeux, inspira puis expira par le nez avant de poser à nouveau ses yeux noisette sur le jeune pour l'examiner. Méritait-il qu'elle lui réponde ? Cheveux blonds, yeux bleus, cicatrice au sourcil, boucle d'oreille et emblème du couvent de Sabertooth sur l'épaule indiquèrent à la jeune fille qu'il n'était pas si inconnu que ça.
-Oui.
Une syllabe, un mot, c'était clairement suffisant pour un de ses compatriotes. Malheureusement, elle était tombée sur un druide bavard quand il n'était pas à l'aise.
-Ouf, je suis soulagé de voir que je ne suis pas le seul pour qui participer à ce conseil est une première fois. Mais toi, contrairement à moi, tu n'as pas l'air trop stressé. J'aimerai avoir ton calme. J'avoue que rencontrer la grande prêtresse Anna me stresse un peu.
Ça, elle n'avait pas besoin qu'il le lui dise. Juste le tapage que son pied faisait contre le sol suffisait à traduire son malaise. D'ailleurs, ce son répétitif commençait à agacer la blonde qui fronça les sourcils. Un mal de tête la menaçait déjà alors que la journée commençait tout juste.
-Au faite, je suis Sting de Sabertooth...
Son ton resta en suspend, il attendait un retour de la part de son interlocutrice. Mais, pourquoi devrait-elle lui donner son identité ? Ce n'était pas comme s'ils allaient devenir amis juste parce qu'il lui racontait ses maux. Ses yeux noisette se posèrent sur ce Sting qui regardait la marque du couvent sur le dos de sa main. Génial ! Impossible maintenant de se débarrasser de lui. "Bon après tout, si on est tout deux là, c'est qu'on va devoir travailler ensemble pour les prochains siècles à venir donc autant savoir qui on est." se raisonna-t-elle.
-...Lucy de Fairy Tail, répondit-elle tout en cachant sa main sous sa cape sombre. Maintenant, est-ce que tu peux arrêter de remuer dans tout les sens ? C'est gênant.
-Oh pardon, pardon. Je ne suis vraiment pas à l'aise...
-Pourquoi ? Si tu as été choisi comme Protecteur, c'est que tu as les capacités nécessaires.
-C'est que... Je... Mmh... C'est vrai ça. Merci Lucy, tu es chouette... Ça te dirait de visiter la ville avec moi après le conseil ?!
Oh là ! Tout ce qu'elle n'aimait pas : sympathiser avec quelqu'un pour qu'après elle se sente obligée d'entretenir leur relation alors qu'il n'y avait pas plus solitaire qu'elle. Elle s'apprêta à répondre clairement à Sting qu'elle n'était pas là pour se faire des amis quand soudain, le train qu'ils attendaient entra en gare.
Le jeune druide sursauta alors que Lucy se leva. Pourquoi attendre alors qu'elle savait ce qu'ils devaient faire ? Elle s'approcha de l'immense monstre à vapeur, symbole même de l'explosion industrielle que la ville, voir même le continuant tout entier, avait subi.
Lorsqu'il fut à l'arrêt, elle laissa le scan à l'entrée analyser son billet. Une fois fait, la porte s'ouvrit devant elle tout en lui indiquant où elle devait se rendre. Dès qu'elle se repéra sur le plan, elle pénétra dans le compartiment. Elle entendit Sting l'appeler mais ne se retourna pas et continua sa route. Cependant, elle avait beau l'ignoré, il était difficile à semer et, rapidement, elle le sentit sur ses talons. Malgré son gain de confiance de tout à l'heure, il marchait d'une façon mal assurée.
Cela donnait le tournis à Lucy... ou alors c'était tout le bruit qui les entourait. Les mains posées sur les oreilles, elle évita tout contact visuel avec les passagers non-humains du train. Malgré ça, elle arrivait à sentir leurs regards sur elle. Ce n'était surement pas tous les jours qu'ils voyaient une fille de son apparence porter une cape aussi immonde que la sienne. Mais, peu importe qu'elle soit devenue un druide protectrice, elle ne changera jamais ce tissu sombre qui lui permettait de se camoufler dans la masse du monde.
-Je n'arrive toujours pas à croire qu'on va vraiment descendre dans la Sacred Room, marmonnait Sting à coté d'elle. On va voir tous les vieux druides, les plus puissants êtres de notre communauté. Ça y est, je recommence à trembler.
Sans lui répondre - puisque de toute façon il avait recommencé son monologue - Lucy prit place sur une banquette. Tournant la tête, elle ouvrit la fenêtre, cherchant désespérant à chasser son mal de tête et son sentiment d'être enfermée, puis observa l'extérieur sans prêter attention à Sting.
Une fois que tous les passagers furent à bord, le train s'ébranla et son klaxon retentit dans toute la gare. Petit à petit, il s'avança hors de la structure qui l'avait accueilli et accéléra. Le vent caressa le visage de Lucy mais elle tenait sa capuche fermement entre ses mains pour ne pas qu'elle s'envole. Fermant les yeux, elle se laissa aller contre le cadre de la fenêtre.
-Lucy ? appela Sting. Tout va bi...
Tout à coup, une pression monstre s'abattit sur les épaules des deux blonds, les laissant bouche-bée. Leurs sens tressaillirent dès qu'ils perçurent l'immense masse de Poussière de Fée qui émanait du druide qui approchait d'eux. Il était fort, même Lucy devait le reconnaître, elle avait presque du mal à avaler sa salive.
Enfin, une main se posa sur leur banquette et les deux jeunes levèrent la tête. Un gigantesque homme les surplombait de toute sa hauteur. Une vilaine cicatrice traversait son œil, rendant son regard terrifiant. Aucun doute sur son identité, c'était Luxus, un des druides les plus puissants et donc, un des membres du conseil.
-C'est vous les deux bleus qu'on accueille aujourd'hui ?
N'aimant pas le ton qu'il avait employé, Lucy se leva pour tenir tête à leur visiteur pendant que Sting resta tétaniser sur son siège. Face à la réaction de la blonde, le nouveau venu posa ses yeux bleus sur elle, la dévisageant ouvertement de haut en bas.
-On dirait que je vais devoir vous apprendre à respecter vos aînés et supérieur en terme de Poussière de Fée.
-Hâte de voir cette leçon, rétorqua Lucy avec mépris.
Au regard assassin que les deux se lançaient, Sting se dressa d'un coup et posa sa main sur l'épaule de Lucy pour la faire reculer. Cette dernière abandonna son combat visuel pour regarder le jeune homme avec indignation. Il la touchait ?
-Oui c'est nous ! s'exclama-t-il avec un sourire qui se voulait amical. On va vous suivre, hein, passez devant.
Glissant son regard vers lui, Luxus lui répondit avec un sourire de diable, faisant trembler le plus jeune. Puis sans rien ajouter, il tourna les talons, laissant la pression de tout à l'heure retomber. A ce moment-là, Lucy se dégagea, ouvrant déjà la bouche mais Sting la coupa en la secouant.
-Mais t'es complètement folle ou quoi ? s'écria-t-il en chuchotant. C'est Luxus de Fairy Tail. Un des fondateur du conseil et crois-moi, tu ne veux pas l'énerver.
-Je sais qui c'est, le repoussa Lucy. Et il avait qu'à pas nous agresser comme ça avec sa magie s'il voulait que je sois un minimum courtoise.
Le blond ouvrit puis ferma la bouche plusieurs fois sans qu'aucun son n'en sorte et une fois qu'il fut moins secoué par ce que ce petit bout de fille venait de lui dire, il s'apprêta à la sermonner à nouveau mais elle lui avait déjà filé entre les doigts. S'élançant à sa poursuite, il la trouva derrière Luxus, qui ne s'était pas du tout retourné.
Sans s'adresser la parole, le trio serpenta au milieu des valises des voyageurs. Ils traversèrent tout le train et une fois arrivée à la locomotive, le guide des deux jeunes sortit un clé en or et en forme d'éclair d'en-dessous sa cape. A sa proximité, la serrure se métamorphosa parfaitement pour qu'elle puisse s'y glisser et ainsi déverrouiller la porte.
Au lieu de s'ouvrir sur la salle de commandes du train, un immense escalier se présenta devant eux, laissant une Lucy peu impressionnée et un Sting abasourdi. Toujours en silence, ils descendirent les marches qui semblaient infinies. Était-ce un test ? Il semblait un peu trop faible pour la jeune druide qui resta quand même sur ses gardes.
Mais finalement, ils arrivèrent à destination et à nouveau, Luxus sortit sa clé devant une nouvelle porte. Cependant, il se tourna vers les deux jeunes derrière lui et désigna leurs capes.
-Retirez ça. Vous en avez pas besoin à l'intérieur.
Pour une fois, Lucy fit ce qu'on lui demanda de faire. Enfin, sa peau allait pouvoir respirer et emmagasiner de la Poussière de Fée. La cape sombre passa par-dessus sa tête, dévoilant son corps couvert de mauve foncé. Sa robe sans manches était ouverte sur sa poitrine - serrée dans une brassière - et assez courte pour que ses cuisses soient nues. Elle secoua ses deux couettes parsemés de perles et se pencha légèrement pour retirer ses chaussures ce qui exposa ses chaussettes à rayures.
Lorsqu'elle se redressa, Sting et Luxus étaient seulement vêtus de leurs pantalons, exposant leurs bijoux aux yeux de leur consœur. Une fois tous les trois prêts, le guide ouvrit enfin la porte et la Sacred Room apparut.
Une salle grande et sombre comme une mine d'or, les bijoux exposés y brillaient de mille feux sous la flamme de l'immense chandelle qui dominait au centre. Autour de cette bougie, une table ronde et des chaises avaient été préparées pour accueillir chaque membre regroupé ce soir. Aucun brin d'air venant de l'extérieur pouvait pénétrer mais la Poussière de Fée était présente dans chaque coin et recoin. La raison était qu'elle s'échappait d'une dizaine de druides bavardant dans une ambiance presque festive ce qui étonna Sting mais aussi Lucy. Les deux jeunes ne s'étaient pas attendus à ce que ce conseil de vieux soit aussi décontracté.
-Voilà enfin les nouveaux prodigues !
Les deux interpellés tournèrent leurs têtes vers la femme bien connue du monde des druides. Grande et magnifique au point de paraître irréel, Anne de Fairy Tail s'avançait vers eux. Les nombreux bijoux sur sa peau, dans ses cheveux blonds et autour de son cou démontraient sa puissance et sa maîtrise quasi-parfaite de la Poussière de Fée. Ses yeux marrons foncés brillaient à la fois de joie et de fierté. Elle aimait ses jeunes recrues de tout son coeur. C'était vraiment la personne la plus juste, la plus aimante et la plus bienveillante que Lucy ait jamais rencontré. Elle était d'ailleurs la seule druide à avoir son respect le plus profond.
Sans rechigner, Lucy s'inclina légèrement vers l'avant pour saluer sa maîtresse comme l'avait fait les deux autres blonds, surprenant Sting.
-Vous en avez mis du temps à arriver, reprit Anna. C'est que l'Escalier Magique ne vous a pas senti prêt à pénétrer la Sacred Room. Mais mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ?
Elle rigola sans moquerie alors que le regard de Lucy envoyait des éclairs vers Sting. Aucun doute possible, c'était à cause de lui et de son manque de confiance en lui qu'ils étaient arrivés en retard.
-Je suis vraiment content de vous revoir maîtresse Anna ! s'exclama-t-il soudainement pour cacher le tremblement de sa voix. Je vous ferai honneur en me surpassant dans la tâche qui me sera désignée.
-Je n'en doute pas, sourit-elle. Sting, Lucy, dit-elle en prenant leurs mains dans les siennes. Lorsque vous ressortirez de cette pièce, vous serez de valeureux druides protecteurs de la Poussière de Fée et, je suis sûre, vous accomplirez des miracles.
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