Anthony était la douceur même.

De tous les amants que j'ai connus, lui seul respirait la sérénité et l'apaisement.

J'avais juste envie de me retrouver dans ses bras, serrée contre lui.

En silence. Immobile.

Savourer le simple fait de sa présence rassurante.

Alors que pour la majorité des hommes, tout était performance et satisfaction personnelle, pour lui faire l'amour signifiait tout autre chose.

Se découvrir l'un l'autre dans sa nudité, plongés dans une douce tendresse partagée.

Avancer à petits pas pour mieux apprécier ce qui s'offre.

Accepter ce qui est, tel qu'il est.

Donner et se donner sans fard ni artifices.

L'acte sexuel était alors beauté enrobée de chaleur apaisante, et le sublime instant plus que merveilleux.

Je l'avais rencontré au détour d'une rue, par une chaude matinée d'été.

Je me promenais, plongée dans mes pensées, lorsque je l'ai croisé.

Mon regard rencontra le sien et s'y fixa. Un regard lumineux qui ouvrit la porte à une invitation spontanée.

Ce fut le début d'une belle amitié où nous partagions tout : notre histoire de vie, nos doutes et nos manques, nos rêves et nos espoirs, savourant l'instant présent où tout se vit.

Et lorsque notre relation évolua vers une connexité plus charnelle, aucun de nous deux n'en fut surpris. Nous l'avons simplement accueilli et accepté comme si cela allait de soi. Nous nous sommes alors donné l'un à l'autre, sans complexe, dans un total abandon.

Je me souviens de ce jour là, de notre première fois.

Je l'avais rejoint chez lui, comme je le faisais souvent pour partager un moment convivial et complice, assis sous la terrasse, un écrin de verdure qu'il s'était construit.

Absorbés par nos discussions vives sur des sujets divers et variés, la nuit nous avait surpris et la pluie s'en était mêlée. Une averse torrentielle soudaine qui durait, excluant toute possibilité de reprendre la route sereinement.

J'acceptais donc de passer la nuit chez lui, en toute confiance.

Ensemble, nous avons concocté un rapide repas, riant de nos maladresses et du fait que nous étions aussi peu doués l'un que l'autre en cuisine. Puis, serrés l'un contre l'autre dans le canapé, comme un vieux couple, nous avons visionné un film, nous marrant des nombreuses facéties des protagonistes, commentant en même temps leurs faits et gestes.

... Je me sentais si bien alors !

Et lorsqu'il voulut déposer sur ma joue un bisou sonore pour me souhaiter bonne nuit, ce furent sur mes lèvres qu'il atterrit.

Ce geste non intentionnel transforma l'instant.

Nous nous sommes retrouvés dans les bras l'un de l'autre, envahis de sensations nouvelles et d'un tout autre sentiment révélé.

... Ses caresses étaient douces et agréables et ses baisers avaient un gout de miel.

... Quand nos corps nus se touchèrent, ils se découvrirent et s'apprivoisèrent.

Lorsqu'il fut en moi, ce fut la révélation. Je me suis sentie complète, vraiment. Comme s'il me manquait auparavant cette partie de lui pour que je sois moi, dans mon entièreté.

L'acte de chair devint alors danse sacrée où nos corps accouplés vibrèrent de désir et de plaisir intenses jusqu'à l'instant où, au zénith de l'excitation, ils atteignirent ensemble le septième ciel, ce bonheur absolu.

Anthony était loin de l'Apollon au charme ravageur qui faisait tourner la tête de toutes les femmes.

Il avait les cheveux couleur carotte, le nez un peu trop long, les oreilles décollées et la silhouette fluette ...

A l'antipode de ces mâles dominants, enorgueillis de leurs muscles apparents et de leur belle allure qui aimaient se vanter de leur prétendu sex appeal et de la longue liste de leurs conquêtes 

A mes yeux, Anthony représentait tout, tout ce que je désirais . Il était juste fait pour moi.

... Totalement autre que l'amour passionné, purement charnel, le sexe entre nous était découverte sensuelle perpétuelle où, au-delà du physique, la jouissance atteignait l'âme !

... Un de ces hommes que l'on souhaiterait garder pour l'éternité...