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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟺𝟿, 𝙺𝚒𝚎𝚛𝚎𝚗

Note d'autrice

Bonne lecture 🥺


Adrian redevient humain à la seconde où leurs regards se croisent. Un instant, une bête en colère et essoufflée se fraye un chemin à l'intérieur, une brume fumante toute autour de son corps brûlant, et celui d'après il n'y a plus qu'un homme magnifique, l'expression à la fois perdue mais soulagée.

Il fait un pas vers eux, avant qu'un nouveau son terrible ne passe les lèvres baveuses de Tara, qui se tord douloureusement sur le sol.

— Toi, siffle la sorcière en fourrant sa main dans sa poche.

Et quelque chose dans l'esprit de Kieren lâche. Il entend le même bruit qu'un câble qui se rompt puis le silence se fait. Derrière ses paupières pourtant encore ouvert, il imagine cette femme soufflant son nuage d'argent dans le visage d'Adrian. Il l'imagine lui planter la même aiguille dans le bras, voir le corps d'Adrian se tordre de la même manière.

La colère submerge tout, et la seconde suivante Kieren tire sur ses bras.

La douleur est immédiate et absolument terrible. La brûlure lui donne l'impression de plonger tout son corps dans l'eau gelée du lac : ce n'était pas un supplice à l'époque, loin de là, mais tout à coup son corps est aussi sensible que celui d'un humain et il se noie dans ces eaux sombres qui n'ont jamais retrouvé un aspect tout à fait aqueux, même en été.

Cela ne dure qu'un instant, mais pour lui c'est comme des heures. L'argent tombe au sol, juste à côté de ses pieds, et du coin de sa vision il voit la sorcière se retourner vers lui. Elle n'a pas le temps de sortir sa main de sa poche que lui lève le poing : sa bague est inutile tant ses bras sont déjà imbibés de sang frais, et il sent ses yeux le piquer légèrement avant que des gouttes rougeâtre ne se mettent à flotter autour de ses poignets.

Deux piques acérées et pointues se forment, puis foncent en direction de la sorcière.

Le soulagement fait retomber ses épaules avant même qu'ils atteignent leur cible. Ça y est, pense-t-il, je l'ai.

L'un d'eux l'atteint à l'épaule, déchire son vêtement avant de rebondir dans un curieux son aigu. Il tombe sur le sol pour perdre sa forme, n'est plus qu'une flaque sombre. L'autre l'atteint sur le côté gauche du ventre, mais suit exactement le même chemin.

Kieren se fige.

— Oh, souffle-t-elle en le fixant avec avidité. Je savais que ce n'était qu'une teinture.

Il serre la mâchoire, complètement dérouté, et cligne des yeux pour en faire disparaître la couleur. Au vu de son regard à elle, il n'a pas besoin de se regarder dans un miroir pour savoir que ses mèches ont tourné au blanc.

— Comment vous...

C'est là qu'il la voit. La même membrane rose qui avait recouvert ses doigts un peu plus tôt semble à présent courir sur chaque centimètre de sa peau. La lumière du jour entre petit à petit dans l'usine, mais elle brille quand même d'un faible éclat.

Il repense à sa force, quand elle a giflé Tara un peu plus tôt, et comprend enfin que son don n'a rien à voir avec la force. C'est un bouclier.

— Bien inutile en règle générale, je dois l'avouer, soupire-t-elle. Ma sœur pouvait faire tomber enceinte n'importe quelle femme, même stérile, et ma mère avait la capacité de voir des brides d'un futur proche. Mais dans un cas comme celui-ci...

Elle baisse les yeux vers les tâches de sang, au sol.

— Il ne doit pas t'en rester beaucoup, dit-elle, et tu viens encore d'en gâcher. Je te conseille d'économiser tes forces : ce n'est pas avec ta force actuelle que tu pourras briser ça. Tu ne feras...

Un grondement les immobilise tous les deux.

Au départ, Kieren pense à un tremblement de terre, un petit séisme qui fait vibrer jusqu'aux bocaux en verre dans son dos. Il cligne des yeux, tourne la tête vers Adrian — toujours assis au sol à côté d'une Tara sûrement mourante.

Il pose son regard sur lui, au moment où le corps de Tara craque et implose, laissant sa place à une bête essoufflée absolument affreuse. Son poil gras et ensanglanté ne recouvre même pas l'intégralité de son corps ; ses yeux, d'un rouge tellement délavé qu'ils en paraissent orange, se tournent lentement vers Adrian, qui n'a pas le temps de se redresser.

Le sang autour de sa queue démesurément grande se solidifie, et soudain Kieren se fige.

Sa main se lève par réflexe, un cri meurt dans sa gorge.

La seconde suivante, Tara frappe Adrian avec l'arme rattachée à son corps de plein fouet, et ce dernier est propulsé à l'autre côté de l'usine. Il traverse un poteau en métal avant de rencontrer le mur en brique, qui tremble dans un nuage de poussière.

— Non, lâche Kieren dans un murmure.

Il utilise ses dernières forces traîtresses, et la montée d'adrénaline qui le traverse pour le rejoindre le plus rapidement possible. Il saute au-dessus de la table, renversée sur le côté, évite la sorcière qui de toute façon a ses yeux rivés sur la bête, et court jusqu'au corps immobile d'Adrian.

Son cœur manque de sortir de sa poitrine.

Mais surtout, un picotement désagréable apparaît soudain depuis le haut de son épaule droite jusqu'en bas de son aine gauche. C'est brusque, irréel, car un coup d'œil rapide lui permet de confirmer qu'il n'est pas blessé, mais c'est bien là.

Une douleur, à l'arrière de sa tête, le fait trébucher un instant avant qu'il ne tombe à genoux devant le mur de briques et n'agite la main pour écarter la poussière. Je me sens bizarre, pense-t-il en sentant des sueurs humaines couler le long de son dos et sur son front. Je me sens bizarre, je me sens...

Dans un esprit, l'image d'un pont à moitié construit apparaît.

Il cligne des yeux pour la chasser.

— Capitaine, murmure-t-il en tendant les mains pour rapprocher l'homme de lui.

Un coup d'œil dans la direction du danger lui apprend que la sorcière tente d'approcher Tara en murmurant doucement.

— J'ai réussi, dit-elle avec des yeux remplis de larmes. J'ai réussi, tu n'es pas morte.

— Capitaine, répète-t-il. Adrian. Réveille-toi.

Dans ses bras, le loup ne bouge pas. Un liquide brûlant à l'odeur agréable lui recouvre presque toute la poitrine, son coude est dans un angle curieux, et il aperçoit enfin l'immense coupure que la queue aussi solide que l'acier du monstre lui a infligée. La blessure part de son épaule droite, et traverse son torse jusqu'au côté gauche de son ventre.

Kieren écarquille les yeux, et sa gorge se noue.

Derrière lui, à quelques mètres, le monstre rugit et se tord. De la bave mousseuse coule de sa gueule bien trop allongée, mélangé à du sang qui a la même odeur que celui des morts.

Je me demande ce que ça fait, avait-il dit. Ça doit être chouette, d'avoir quelqu'un d'aussi certain à ses côtés. D'être sûr qu'on sera jamais vraiment seul.

Tu penses pas que c'est de l'amour forcé ?

Il n'y a jamais pensé. Il n'y a jamais ne serait-ce que réfléchi : Kieren est le Descendant des vampires, il est unique, il est seul, il est né d'un père qui n'aurait jamais dû pouvoir avoir un enfant. Il est né d'une sorcière qui a utilisé sa magie pour bouleverser ce que la nature avait imposé aux vampires.

Il n'aurait jamais dû naître, et il le sait.

Alors, même en apprenant l'existence réelle des âmes sœurs, il n'y a même pas réfléchi un seul instant. Au fond de lui, quelque chose a dû se dire : ce n'est pas pour moi, ça ne le sera jamais.

Pourtant, quand il rapproche sa main de la blessure d'Adrian, il en sent le picotement dans sa propre épaule. Il voit ce pont, sur lequel il se tient, pas encore prêt à le franchir. Il sent son odeur plus agréable que tout, la manière dont son sang a été comme prendre une drogue, la manière dont chacune de ses caresses a fait longtemps croire à Kieren que le sexe était aussi bien, aussi intime, aussi lumineux, avant qu'il n'essaye avec d'autres personnes encore et encore et n'en trouve que les vestiges.

Un sanglot s'échappe de sa gorge sèche.

— Adrian, répète-t-il en le secouant un peu.

Cette fois, son geste arrache une grimace au loup qui papillonne des yeux quelques secondes, l'air perdu. Le soulagement qui traverse Kieren lui fait poser son front contre le sien.

— Tu n'aurais pas dû venir, murmure-t-il.

Adrian remue, tente de se redresser, mais un petit cri de douleur lui échappe. Son regard se pose sur la scène dans le dos de Kieren, et ce dernier se retourne au bon moment pour voir le monstre frapper la sorcière de l'exact même manière qu'Adrian. Son corps est projeté à plusieurs mètres de là, mais son bouclier brille toujours et elle finit par se redresser en hurlant :

— Tu es à moi ! Tu es ma réussite, et tu dois —

La bête rugit à nouveau.

— Une équipe d'assaut arrive, murmure Adrian. Il faut qu'on gagne du temps.

Gagner du temps ? Kieren lui jette un regard grimaçant : sa jambe est en piteux état, son bras est tordu, sa blessure saigne encore abondamment et peine à se refermer. Peu importe sa volonté en venant jusqu'ici, à présent il n'est d'aucune utilité et Kieren n'a vraiment qu'une envie, l'emmener loin d'ici.

Mais ses propres jambes tremblent rien qu'à l'idée de se relever.

— Pourquoi tes cheveux sont...

— Il faut que je gagne du temps, répète Kieren sans paraître l'entendre.

Adrian l'observe, un œil à moitié fermé.

— Et tes yeux...

— Je suis désolé, dit finalement le vampire en se rapprochant de lui. Je suis désolé mais... c'est la seule solution.

Il manque de sang et de force. L'argent brûle encore dans son corps. Et là, tout de suite, ses dents perforent presque sa lèvre inférieure tandis que sa gorge lui fait mal comme s'il y brûlait des flammes.

— Quoi...?

Adrian voit son expression, et ses sourcils s'abaissent en comprenant ce qu'il compte faire. Sa poitrine se lève et s'abaisse dans un souffle difficile. Il acquiesce lentement.

— Vite, dit-il en grimaçant. Vite, je crois que... qu'elle commence à s'intéresser à nouveau à nous.

Un regard en arrière lui confirme que le monstre renifle le sol en grognant, et commence à se détourner de la sorcière pour se tourner vers eux.

Kieren se penche en avant.

La première lampée, il la prend directement sur le torse ensanglanté d'Adrian. Il le sent sursauter sous lui, laisser échapper un gémissement douloureux. La main de Kieren se glisse dans ses cheveux, incline sa nuque pour lui laisser un accès plus aisé.

Puis il mord.

L'action simple détend absolument tout son corps. Il perce la peau sûrement trop brusquement, passe sa langue trop avidement sur la goutte qui en sort tout de suite, mais toute pensée cohérente disparaît au moment même où il commence à aspirer.

Son esprit s'éclaircit immédiatement. Il sent son corps cesser de trembler, sa prise devenir plus assurée. Il sent les odeurs revenir, il sent son contrôle revenir, il sent sa force revenir : c'est comme une bouffée d'air après avoir passé plusieurs minutes sous l'eau, et c'est tellement bon qu'il en oublie tout pendant une seconde.

Adrian gémit légèrement sous lui, assez fort pour lui faire rouvrir les yeux et le forcer à le lâcher.

— Merde, soupire-t-il en se redressant pour le regarder. Ça va ?

Le loup manque déjà de sang à cause de sa blessure, il ne peut sûrement pas se permettre d'en prendre plus. Qu'importe, l'effet est immédiat et au fond Kieren se demande si ces sensations si uniques sont dûes à ce lien qu'il vient de découvrir.

Adrian croise son regard, la bouche tordue dans un sourire moqueur.

— Je t'en prie, fais comme chez toi...

Sa voix meurt dans sa gorge, et son expression se transforme. La douleur s'efface un instant pour laisser place à une surprise médusée, à une complète stupéfaction. Kieren fronce les sourcils.

Puis le léger picotement de ses yeux lui parvient, et une pierre tombe dans son estomac.

Il peut presque voir le reflet de ce qu'il est dans le regard du loup. Un vampire, du sang au bord des lèvres, aux cheveux blancs comme un vieillard, et au regard unique.

Le bleu du Représentant. Et le rouge des vampires.

Kieren déglutit.

— Je suis désolé, dit-il. Ne bouge pas, d'accord ? Et par pitié...

Le grondement de la bête se rapproche.

— ... ne t'avise pas de mourir, ok ? 

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