𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟹𝟼, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗
Note d'autrice.
Bon dimanche à tous !
Rien à dire aujourd'hui, bonne lecture à tous <3 (et merci pour vos réponses sur le dernier chapitre, j'ai du retard dans les coms mais je vais bientôt le rattraper promis !!)
☾
— Par pitié Leyna, arrête de me traiter comme un bébé.
Il est presque trois heures du matin, et Adrian sent encore ses mains trembler sous le coup de la peur. L'appel de Kieren, deux heures plus tôt, l'a mis dans un état dont il peine à se détacher. Les enfants sont couchés dans la maison principale, et Kayu est restée avec Zoey, mais Neil et Adrian ne peuvent tout simplement pas sortir de la dépendance.
Kieren non plus, car son regard reste fixé sur Mika depuis l'autre bout de la pièce. Adrian n'est pas sûr de l'avoir vu bouger un muscle ne serait-ce qu'une fois depuis qu'ils ont mis Mika au lit.
— T'as presque dix ans de moins que moi : tu es un bébé. Un bébé idiot et complètement inconscient qui fait un boulot stupide et dangereux.
Adrian grimace quand sa grande sœur lui renvoie un regard courroucé. Il ne cherche même pas à rappeler qu'il était contre son intégration au départ, et qu'il a fini par arrêter de bloquer sa candidature quand Ruby lui a assuré qu'elle n'occuperait pas un autre poste que celui de correspondante numérique à distance.
Un beau nom pour celui de coordinatrice et de hackeuse.
— Et t'as eu un traumatisme crânien qui aurait mis n'importe quel humain au tapis pendant des semaines, ajoute-t-elle en reportant son attention sur Mika.
Cette dernière grimace et baisse les yeux.
— Heureusement que je suis pas humaine, alors. Un bon steak saignant et une longue nuit de sommeil et je serais sur pieds, non ?
Le regard noir que lui lance sa sœur lui prouve qu'elle ne semble pas trouver ça drôle.
— T'as raison, prends ça à la légère. Tu ne bouges pas avant au moins trois jours, et pas d'écrans avant deux. Si je te vois ne serait-ce que passer la porte de chez toi, on va avoir un problème toutes les deux.
Parfois, ils oublient tous comme Leyna est l'ainée de la famille. Comme c'est elle qui a dû s'occuper d'eux quand leurs parents sont morts et que Neil n'était pas encore tout à fait majeur.
Quand elle se relève, son carré de cheveux blonds s'agite au-dessus de ses épaules. Elle possède les mêmes taches de rousseur que n'importe lequel d'entre eux, et que seul Ari a réussi à éviter. Son regard d'ambre se tourne vers Adrian.
— Je compte sur toi : elle ne retourne pas au boulot tout de suite, c'est clair ?
— Evidemment.
Il est tenté de rajouter quelque chose, comme merci d'avoir été là, ou encore de présenter enfin Kieren alors que le regard de sa sœur se tourne vers le vampire toujours prostré dans le coin de la pièce, mais un bruit de grattement à la porte lui fait tourner la tête.
Neil soupire.
— On devrait la faire rentrer, non ?
— J'ai terminé son pansement, de toute façon, confirme Leyna en haussant les épaules.
D'un regard entendu et en voyant le visage de Mika s'éclairer légèrement — et ça, ça force Adrian à se retenir de toutes ses forces pour ne pas lancer encore un coup d'œil vers Kieren — il tourne les talons et se dirige vers la porte.
Quand il l'ouvre, la force du loup au pelage crème le force à lui céder le passage immédiatement. Il voit sa truffe frémir, ses yeux balayer rapidement la pièce — s'arrêter un instant sur Kieren, sans pour autant grogner, juste attiré par sa présence — mais son attention trouve presque aussitôt Mika, allongée contre des oreillers.
Ses oreilles s'aplatissent vers l'arrière et la louve monte sur le lit, s'allongeant presque de tout son long sur le côté droit de sa sœur pour poser sa tête contre sa poitrine. Elles s'échangent un regard tendre.
— Ça va, souffle Mika comme si elle comprenait tout de ses petits couinements. C'était presque rien, regarde, je vais bien.
La présence inhabituelle semble enfin réveiller Kieren, qui cligne paresseusement des yeux et relève la tête. Il s'approche doucement, et Adrian grimace franchement face au sang qui macule sa veste claire et une partie de son cou.
— C'est elle ?
Les prunelles de Kieren ressemblent à deux billes noirs sur son visage presque blanc. Sa voix est plate, il semble encore ailleurs. Peut-être que l'odeur du sang le perturbe : son comportement n'est tellement jamais vampirique qu'Adrian oublie à quel point n'importe quel vampire deviendrait fou ainsi recouvert sans pouvoir en boire une goutte.
— C'est elle, confirme-t-il en s'étonnant de voir Kieren tout à coup à ses côtés.
Il ne l'a pas senti faire le reste du chemin.
— Elle est étrange, dit-il.
Les sourcils d'Adrian se froncent. Sa remarque vient de nulle part, mais personne ne fait attention à eux. Leyna continue d'insister sur son repos nécessaire, Neil commence à lui demander si elle ne veut pas quelque chose à manger, il peut leur cuisiner quelque chose.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je sais pas, dit-il en secouant doucement la tête. J'ai une sensation bizarre.
Adrian l'observe plus attentivement. Kieren est raide, ses muscles sont encore bandés, ses yeux écarquillés. Leyna lui a dit qu'il était arrivé dans le hall des urgences en ordonnant à une infirmière d'aller chercher le docteur McHale, Mika dans ses bras, contre lui, une main dans ses cheveux pour éviter au sang de continuer à couler partout.
— T'as eu peur, souffle-t-il.
Kieren se tourne vers lui.
— Merci d'avoir sauvé ma sœur.
— Je ne l'ai pas sauvé. Si je l'avais sauvé, je l'aurais raccompagné à sa voiture et ce fumier ne l'aurait pas attaqué. Et elle irait bien.
Mika se penche légèrement sur le côté pour les apercevoir tous les deux, derrière Leyna.
— Je vais bien, abruti. Arrête de dire ça comme si c'était ta faute.
— Je n'ai même pas réussi à l'attraper.
— Kieren, soupire Adrian.
— Il l'a blessé, et il a presque réussi à l'enlever. Et je l'ai laissé filer.
— Par pitié, gémit Mika dans un geste dramatique. Faites-le taire.
Kieren serre les poings, Adrian voit les muscles de son bras se contracter. Ses mèches noires tombent devant ses yeux tandis qu'il regarde le sol d'un air rageur, et quelque chose dans la poitrine d'Adrian se détend légèrement.
Il préfère ça. Il préfère ce Kieren là, celui qui se laisse facilement avoir par ses émotions et ses sentiments, même si c'est quelque chose comme de la culpabilité ou de la rage. C'est bien mieux que le vampire apathique et presque mort debout qu'il a découvert en arrivant à l'hôpital, et qu'il a ramené dans sa voiture pendant que sa sœur conduisait Mika jusqu'à la réserve.
— Tu n'aurais rien pu y faire, résonne Adrian en posant une main sur son épaule.
Il est surpris de constater que sa peau est bien plus froide qu'à l'ordinaire. L'adrénaline ? A-t-il bu du sang depuis cette nuit-là ? Il n'a pas le souvenir de l'avoir vu faire.
— Tu sais comment fonctionne la hiérarchie des vampires, dit-il et il a l'impression que ce n'est pas la première fois qu'il lui dit ça. Si c'était un Type 2 ou même un Type 3 particulièrement puissant, alors tu n'aurais eu aucune...
— C'était pas un vampire, le coupe Kieren.
Il tourne la tête vers lui, et l'expression pleine de certitude sur son visage force Adrian à hausser les sourcils.
— Quoi ?
Mika aussi est déconcertée.
— C'était pas un vampire, insiste-t-il. Je ne sais pas qui était ce type, je ne sais même pas si c'était vraiment un homme d'ailleurs, mais je sais que c'était pas un vampire. J'ai...
Il hésite, et Adrian a l'impression qu'il réfléchit.
— J'ai essayé de lire dans ses pensées, et il n'y avait rien. Je ne pouvais pas.
— Tu ne peux peut-être pas lire ceux des vampires plus puissants, soulève Mika.
Il secoue la tête.
— Je l'ai fait dans le manoir, avec Evelyne Swan. Sans problèmes. Alors si je n'ai pas réussi avec lui, il n'y a qu'une explication.
Il répète lentement, en articulant correctement :
— Ce n'est pas un vampire.
Il ajoute plus bas :
— Et j'ai entendu son cœur. Alors il n'y a aucun doute.
Le silence qui s'ensuit est lourd et plein de réflexions. Neil paraît légèrement dépassé, et il échange un regard avec Leyna qui hausse les épaules.
— C'est une nouvelle piste qui va complètement changer ce qu'on avait pour l'instant sur notre profil du tueur, finit par dire Mika.
Adrian ne peut qu'acquiescer à ça, juste avant que Leyna ne s'exclame :
— Bon, ça suffit maintenant ! Tu sais quand tu parlais d'un steak et d'une bonne nuit de sommeil ? T'avais au moins raison sur le sommeil, alors tout le monde dehors.
Elle leur fait des mouvements vagues en direction de la porte, et Adrian soupire. Il pose une main sur l'épaule de Kieren, et commence à l'entraîner vers la sortie. Quand le regard de sa sœur tombe sur la louve, qui ne semble avoir aucune intention de se détacher ne serait-ce que d'un centimètre de Mika, elle soupire et abandonne ce combat.
— Je vais rester avec elle cette nuit pour m'assurer qu'elle ne se mette pas à vomir, dit-elle
Adrian hoche la tête et Neil fait de même.
— Je vais dormir dans le canapé. Juste au cas où...
Il précise devant le regard étonné de sa sœur :
— Je sais qu'on sentirait n'importe quelle intrusion dans la réserve, encore plus maintenant, mais comme une sorcière a déjà réussi à nous rendre aveugle pour... rentrer chez nous, je veux pas prendre de risque. Il pourrait revenir, et vous savez pas s'il travaille seul.
Encore un bon point, pense Adrian.
Il croise le regard de son frère, et sait immédiatement qu'il repense à l'enlèvement d'Ari. Kieren se tend à ses côtés, mais Neil n'y fait pas attention. Rien qu'à l'idée de devoir partir pour retourner à l'Agence dans quelques heures, la laisser sans assurer son rôle de protecteur, il en a la nausée.
— Je travaille pas demain, je vais m'en occuper, lui dit Neil comme s'il lisait dans ses pensées. Et si jamais, les cousins ne sont pas loin.
Ils grimacent tous un peu à l'idée de faire appel aux fils de leur tante. Ces grands nigauds sans cervelle sont le cliché des cultivateurs qui ont oublié de passer à l'époque suivante : ils s'occupent des champs de blé et de lin à l'extérieur de la forêt, vers le nord-est, et ne sortent de la réserve que pour aller au marché à deux kilomètres de là, près des fermes entre la réserve et l'Atrium.
Leur tante, Cassandra McHale, les a toujours trop protéger. Et surtout, elle a fait en sorte qu'aucun d'eux ne suivent l'exemple d'Adrian, qu'elle déteste depuis presque toujours. Encore plus depuis la mort de sa mère et de son père, dont elle le juge responsable des deux.
— D'accord, dit-il finalement. Merci, Neil.
Son frère serre les lèvres.
— Attrapez ce gars le plus vite possible, d'accord ?
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