𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟹𝟸, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗
Note d'autrice.
Bon dimanche !
Un petit chapitre pour remettre la machine en route, et pour enfin terminer l'arc du date de 3 jours d'Adrian et Kieren ! Les choses sérieuses reprennent enfin :)
En vous souhaitant une bonne lecture ❤️
☾
Ils regardent des films.
Au départ ils parlent beaucoup, mais quand le corps d'Adrian commence à fatiguer, un peu plus rapidement que d'habitude — peut-être à cause du sang qui lui manque, finalement — ils finissent par s'écraser dans le canapé, l'ordinateur ouvert devant eux.
Adrian a le temps de lui montrer deux classiques avant que sa tête ne commence à dodeliner légèrement.
— Tu devrais aller te coucher, lui dit Kieren.
Quand Adrian lui lance un coup d'œil, son expression est douce. C'est la pire personne avec laquelle il n'a jamais regardé de films — toujours à parler, à commenter, à trouver telle ou telle chose stupide ou à essayer de deviner la fin avant même le premier quart — mais à présent il n'y a plus de trace de cet interet concentré qu'il a montré toute l'après-midi.
Il y a juste de la douceur, quelque chose d'apaisant.
Adrian grogne doucement.
— Tu vas faire quoi si je vais dormir maintenant ? dit-il si bas qu'il hésite à répéter.
Kieren rit légèrement.
— Si tu commences à t'inquiéter pour ça, on a pas fini.
Il se lève, entraîne avec lui l'odeur de la douche qu'il vient de prendre. C'est amusant, pour un vampire comme Kieren qui ne transpire pas, comme il adore se laver. Il se lave les mains tout le temps, reste trois plombes sous la douche, change de vêtements matin et soir. Adrian est quasiment sûr qu'il ne porte même pas le même t-shirt deux soir d'affilés pour dormir.
Alors quand il s'extirpe du canapé, il sent bon. Un beau mélange de gel douche à l'orange, de lessive, de pluie, d'Adrian, et de sang.
Il se laisse traîner à sa suite, jusqu'au lit où il s'écrase. La couette est épaisse, les draps sont doux : il écarquille les yeux quand Kieren se laisse tomber à ses côtés.
— J'ai toujours pas fermé la fenêtre, dit-il sans pour autant se retourner vers elle.
Il l'a ouverte le matin, a laissé la pluie tomber toute la journée, et à présent le bruit est relaxant. Ça couvre le silence. Ça remplace le besoin de parler.
Ca force Adrian à penser à autre chose qu'au t-shirt de Kieren qui se relève doucement, laissant apparaître une petite bande de peau au-dessus de son pantalon en toile.
— Je n'ai pas froid, répond-il.
Ses paupières sont lourdes. Il a envie de profiter de chaque seconde, chaque seconde où il n'est plus vraiment capitaine de l'équipe 1, où Kieren n'est plus vraiment celui qui a désobéi à ses ordres, où il est à peine un loup et Kieren à peine un vampire.
Chaque seconde où les barrières qui entourent Kieren semblent plus fines que jamais, où il paraît moins hors d'atteinte, presque à portée de main.
— Vous, les loups, sourit Kieren.
Il se déplace, se penche vers lui, et Adrian croit qu'il va l'embrasser. Il ne le fait pas, évidemment, il se contente de s'allonger près de lui. Tout près, comme pour lui donner une autorisation silencieuse.
Alors Adrian ne joue pas à celui qui ne sait pas. Il saisit l'opportunité : ses bras se lèvent, entourent la taille de Kieren, serrent son torse. Il le rapproche de lui, s'étonne de la température de son corps : déjà moins chaude qu'au matin, mais toujours moins froide que la plupart des autres vampires.
Il mange, il sent bon, il est tiède : si je n'avais pas senti ses canines dans mon cou, je me demanderais s'il est bien un vampire.
Il ne sert pas, ne se rapproche pas : il se contente de le tenir, en silence, en écoutant le bruit de la pluie.
Adrian ne se rend même pas compte qu'il s'endort.
Tout à coup, il ouvre les yeux dans un sursaut. Son téléphone vibre avec force sur la petite table basse, derrière le canapé. Kieren est encore entre ses bras, et il est si immobile que pendant un instant Adrian à l'impression qu'il dort.
Mais soudain il ouvre les yeux, se retourne vers lui, et dit :
— Le mien est sur silencieux.
Adrian observe ses cheveux et se demande tout de même comment on peut les mettre dans cet état sans dormir. Est-il resté là, contre lui, ou vient-il d'y retourner, l'air de rien ?
Il finit par le lâcher. Son téléphone s'arrête un instant, Adrian s'immobile sur le bord du lit. Mais la vibration reprend presque immédiatement, et il soupire.
Quand il s'avance vers la table basse, ses sourcils se froncent en reconnaissant le nom de Ruby sur l'écran.
Il décroche aussitôt.
— McHale, dit-il par réflexe.
— Adrian, enfin.
Sa voix est étrange.
— Un problème ? Qu'est-ce qui se passe, je pensais...
— Désolée Adrian, dit-elle. Je pense que les vacances vont être plus courtes que prévu. Viens à l'Agence, c'est une urgence.
Elle lui raccroche presque au nez, avant qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit. Les sourcils froncés, il fixe l'écran noir de son téléphone, puis le repose sur la table.
— C'était qui ? demande Kieren en se redressant dans le lit.
La pièce sent encore la nourriture. Il ne pleut plus, et l'air froid a complètement envahi l'appartement.
Sans un mot, il tourne les talons et s'enferme dans la salle de bain. Il ne prend pas de douche, se contente de se brosser les dents et de se rincer le visage : il sort ses vêtements de son sac, enfile son t-shirt et un pull, de nouveaux sous-vêtements et un pantalon propre.
Quand il sort pour rejoindre le salon, Kieren est debout et le regarde faire.
— C'était qui ? insiste-t-il.
— C'était Ruby. Une urgence à l'Agence, j'y vais tout de suite.
Il attrape sa veste, vérifie que son portefeuille, ses clés et sa plaque s'y trouve, puis enfonce son téléphone dans sa poche.
— Oh. Attends une seconde, je m'habille et...
— Et tu restes là.
Il ignore son expression étonnée.
— On a pas encore parlé de ta punition, mais pour l'instant t'es à l'écart. Si on a vraiment besoin de toi — ce dont je doute — je t'enverrai un message.
Il tourne les talons, se dirige vers la porte.
— Tu restes ici jusqu'à nouvel ordre, insiste-t-il.
— Mais...
Le bégaiement de Kieren se perd dans le claquement de la porte. Il ne cherche même pas à prendre l'ascenseur, se réveille correctement en descendant rapidement les escaliers.
La voix dure et sérieuse de Ruby résonne à ses oreilles : il ne l'a jamais entendu comme ça. Jamais, même quand elle est venue à la réserve pour lui faire une proposition, alors que personne ne lui acceptait ne serait-ce qu'un entretien. Même quand Adrian a échoué pour la première et unique fois, alors qu'un membre de son équipe est mort en intervention. Jamais alors qu'elle lui demandait d'accepter sa fille dans son équipe, sa fille qui n'a jamais eu envie de travailler ailleurs.
Il serre les mâchoires, sort de l'immeuble, remonte dans son pick-up. Il sait que Kieren l'observe à la fenêtre, il sent son regard encore plus qu'avant : leur lien est fort, évidemment, et il a l'impression qu'il pourrait presque entendre ses pensées s'il se concentrait assez fort.
La route est dégagée, il n'a même pas besoin de griller des feux rouges ou de louper des stops ; cette fois, sur le tableau de bord de la voiture, il se rend compte qu'il n'est même pas six heures du matin. Il n'avait même pas remarqué à quel point l'appartement de Kieren était sombre. Il n'a pas senti la rosée du matin.
Adrian inspire, se gare à sa place habituelle, au sous-sol. Il appuie sur le bouton du quatrième étage.
Ça se passe dans la salle de réunion sur la gauche : il entend Océane et Lace, et deux autres personnes. Quand il pénètre dans la pièce, les regards se tournent vers lui. Il reconnaît Mika, et quand leurs yeux se croisent il la voit froncer les sourcils et renifler l'air.
Personne ne serait capable de sentir une odeur étrangère sur lui. Personne, sauf sa petite sœur qui le connaît mieux que personne.
Il fait en sorte de l'ignorer complètement pour éviter de voir son regard, pour éviter de savoir si elle reconnaît celle de Kieren sur lui ou non.
Toute son attention se porte sur Ruby, assise sur le rebord du bureau au fond de la salle. Ils lui font tous face, et Adrian s'approche. Tout est silencieux d'un coup, et le bruit et les discussions qu'il entendait depuis le couloir se sont taries.
— J'ai fait aussi vite que j'ai pu, dit-il en prenant une chaise à son tour.
En plus des membres de son équipe, il y a les capitaines des équipes 3 et 4. Leurs expressions sont graves, comme s'ils savaient déjà ce que Ruby allait dire.
— Bon, maintenant que nous sommes tous là...
Elle soupire, et la fatigue sur son visage dépasse tout ce qu'il lui a déjà connu.
Adrian se penche en avant. Ruby se racle la gorge. Quand les mots sortent enfin, le silence qui suit est presque assourdissant :
— Le corps d'Eliott a été retrouvé ce matin. Vidé de son sang, de son venin, et sans ses dents.
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