𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟻, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗
Note d'autrice.
Bon dimanche !
J'espère que ce chapitre vous plaira, parce qu'il va falloir attendre un peu avant de retrouver Kieren (je vous promets que l'attente vaudra le coup, le chapitre 29 est l'un de mes préférés...) ❤️
Je vous remercie énormément pour vos commentaires, je les lis immédiatement à chaque fois mais je peine à trouver du temps pour y répondre : sachez qu'ils me font vraiment plaisir et que ça me touche que vous attendiez la suite à chaque fois ❤️
En attendant je vous souhaite une bonne lecture et à mercredi !
☾
Ils ont dû appeler deux ambulances.
La première est repartie avec Kieren. Les balles ne l'ont pas traversé, la petite n'a pas été blessée, mais elle aussi a été emmenée dans un service de psychiatrie avec une voiture de police : le major a ordonné à l'un de ses gars de l'y conduire et l'a placé sous sa responsabilité. La vampire, Evelyne Swan, s'est rendue immédiatement après que sa fille ait manqué d'être touchée : elle s'est écroulée au sol, dans un gémissement glaçant, et a recouvert le sol de larmes rouges.
Noyés par les ordres furieux d'Adrian, presque personne n'a entendu ses sanglots et elle a immédiatement été mise sous tranquillisant avant d'être emmenée par la seconde ambulance pour l'une des balles qui l'a atteinte à la jambe.
La première est arrivée dix minutes après que Kieren ait été touché, et Adrian a bien cru qu'il allait égorger quelqu'un. Sa vision s'est rétrécie, tellement que pendant une seconde il a sérieusement envisagé l'idée de se diriger vers le soldat peureux qui a manqué de tuer une gamine. Ses grognements gutturaux complètement furieux ont mis le loup encore présent à genoux.
— C'est mon équipe, capitaine. C'est moi qui me charge de leurs punitions. Occupez-vous d'abord de vos hommes.
Le chef de l'équipe d'assaut, Alex d'après ce qu'il a appris un peu plus tard, est un mage de feu qui n'a pas la langue dans sa poche. Il a arrêté Adrian dès les premiers pas qu'il a fait en direction du gars, et l'a gentiment mais fermement renvoyé vers Kieren qui se pliait au sol, les yeux dans le vague et la peau perlant du peu d'humidité que doit contenir son corps.
Les premiers secours ont été donné surement un peu tard, et la femme arrivée avec l'ambulance, qu'Adrian a supposé être un médecin, a fini par devoir lui injecter une substance transparante contenue dans une seringue.
Elle n'a fait preuve d'aucune délicatesse, et Adrian a entendu la façon dont Kieren s'est mis à hurler. Tout à coup, gémissant ainsi au sol, il ne lui a jamais semblé aussi humain.
Adrian n'a jamais autant ressenti le besoin d'intervenir, de grogner sur quelqu'un, de retourner un meuble ou de juste prendre Kieren pour le ramener à la réserve, là où apparemment son loup intérieur pense qu'est sa place.
La torture a été heureusement rapide, et Kieren a été emmené presque brutalement jusqu'à l'ambulance où Lace est monté sans demander la permission à qui que ce soit. L'air horrifié dans les yeux d'Océane a fait bouillir le sang d'Adrian, parce que nom de dieu à quel moment son équipe s'est autant attachée à lui ?
— Et maintenant ? demande Océane, le visage pâle et semblant complètement lessivée.
Elle relève les yeux vers lui.
La pluie s'est arrêtée. Le silence paraît presque étrange, alors qu'ils se tiennent tous les deux debouts, désormais quasiment seuls après le départ de toutes les unités déployées sur place. D'autres viendront bientôt prendre leur place, afin d'analyser les lieux et les dégâts et d'écrire tout un tas de rapports sur l'état des pièces et les conclusions tirées.
— Maintenant, tu prends l'autre voiture et tu la ramènes à l'Agence. Ensuite, tu rentres chez toi. La journée est terminée.
Et vu la manière dont les choses se sont déroulées, il doute d'avoir d'autres missions avant encore quelques jours.
— Et toi, capitaine ?
Ce titre sonne étrange, tout à coup. Cette responsabilité, alors que l'un des siens vient de se faire tirer dessus et empaler contre un mur, repartant avec des blessures graves dans une ambulance qui leur a affirmé que les vampires pouvaient se remettre facilement de choses comme ça, est grotesque.
— Je dois aller tenir Ruby au courant de ce qui est arrivé.
C'est la procédure si jamais quelqu'un est blessé. C'est arrivé tellement peu souvent qu'à force il a oublié que c'est ce qu'il est censé faire.
— Alors...
Les cheveux de la jeune femme rebondissent sur ses épaules. L'eau a redonné de la forme à ses épaisses boucles, et Adrian remarque qu'il la voit correctement et que le soleil commence à revenir.
— A demain ?
— Je ne pense pas. Je vous envoie un message ce soir, mais l'équipe va sûrement prendre ses jours de congés imposés.
— Oh.
Elle baisse la tête, et acquiesce doucement.
La route paraît si courte qu'Adrian la voit à peine passer. Il va devoir appeler l'entreprise de nettoyage dont le numéro se trouve dans les pages des partenaires de l'Agence car le sang qui macule encore ses vêtements tâche les sièges du SUV. Les routes sont presque vides, il roule sûrement plus vite que nécessaire, et son regard est sans cesse attiré sur son téléphone, accroché devant la climatisation.
Quand il se gare dans le sous-sol, un message lui arrache un soupir.
Lace : Kieren a été pris en charge par un médecin. Il va retirer les balles, il dit que tout est ok.
L'arrière de son crâne posé contre l'appuie-tête du siège, Adrian reste immobile encore quelques instants, relisant le message, avant d'enfin s'extirper de la voiture. Il n'a aucune idée de l'heure, et voir qu'il n'est que 18h le surprend un peu.
Dans l'ascenseur, il ne croise heureusement personne. Son étage est vide, et le bureau personnel de Ruby au bout du couloir est occupé. Ces derniers temps, elle court à droite et à gauche et se pose rarement dans le fauteuil devant les baies vitrées, au dernier étage de l'Agence. Il s'inquiétait un peu de devoir attendre des heures qu'elle y fasse un saut, et toque immédiatement à sa porte.
Quand une réponse lui parvient, il tourne la poignée. L'odeur à l'intérieur, fleurie et magique, lui fait froncer le nez.
— Je viens au rapport, dit-il pour attirer son attention.
La femme relève la tête en entendant sa voix plus rauque qu'à l'ordinaire, et lâche un hoquet surpris devant son apparence.
— Mon dieu, Adrian.
— C'est pas le mien, la rassure-t-il. Je suis venu directement après l'intervention.
Ruby se redresse complètement, les mains à plat sur son bureau. Ses yeux écarquillés scannent les vêtements tâchés d'Adrian, son épaule sanglante et les quelques éclaboussures qu'il doit y avoir sur sa joue et son cou.
Ses propres mains sont croisées dans son dos, là où il peut les serrer pour les empêcher de trembler.
— Désolé de me présenter comme ça, ajoute-t-il et Ruby cligne des yeux.
Elle secoue doucement la tête et lui indique le siège face à elle pour qu'il s'y installe. Adrian secoue la tête. Il ne peut pas se relaxer maintenant, pas encore.
— On était parti pour une mission de négociation lors d'une supposée prise d'otage près du centre-ville. Les choses ont dérapé, et Kieren a été blessé.
Il voit les sourcils de la sorcière se froncer, et continue :
— Il va bien, il a été emmené à l'hôpital le plus proche et Lace est avec lui.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle passe une main fatiguée sur son visage, et tout à coup il se rend compte à quel point elle semble épuisée. Parfois il oublie que les équipes n'effectuent que le travail le plus visuel de l'Agence et que toutes les parties politiques et financières sont gérées par Ruby.
— Une équipe d'assaut envoyée par la Brigade Anti-Vampire.
— Merde, jure-t-elle.
Ces équipes peuvent être envoyées depuis deux endroits : la Brigade Anti-Vampire, une entreprise privée qui couvre les trous et les besoins de ce genre d'intervention quand aucune équipe n'est disponible, et le Département de Contrôle des Vampires, financé par l'Atrium et formant des agents complets et sérieux. Tout le monde sait que la Brigade Anti-Vampire repêche les ratés du DCV et tous les abrutis ayant une dent contre les vampires. Si le chef d'équipe, Alex, avait l'air d'un gars sérieux, la moitié de ses hommes méritaient de retourner dans les jupes de leur mère.
Et Adrian a été bien trop idiot pour ne pas demander au major d'où l'équipe d'assaut allait provenir. Naïvement, il avait cru que jamais la Brigade ne prendrait la main pour un Type 2 comme Evelyne Swan.
— Les gars étaient mal entraînés et complètement terrorisés. Dans la panique, l'un d'eux a tiré sur Kieren.
Il oublie volontairement de parler du moment où une lame de sang l'a littéralement traversé de part en part : le rapport qu'il compte écrire sera bien assez détaillé pour ça, et pour le moment il n'est pas encore décidé sur ce qu'il compte faire plus tard.
Kieren est encore, pour le moment, un membre de son équipe.
— Merde, répète-t-elle en tapant sa main contre le bois.
Son pot à crayon tremble.
— Je vais devoir formuler une plainte officielle, et je déteste avoir affaire au PDG de cette stupide Brigade. Déjà qu'il nous les brise avec cette affaire de vampire tueur en série qui n'avance pas...
— Ce ne sera pas nécessaire. On ne porte pas plainte.
Elle fronce les sourcils. Son rouge à lèvres, sûrement parfaitement appliqué ce matin, s'échappe un peu à la commissure de ses lèvres.
— Quoi ? Adrian, tu...
Derrière elle, au-delà des immenses vitres de son bureau, les lumières de la ville commencent à s'allumer. La pluie est revenue et la nuit est tombée.
— On ne se fait pas justice, ici. Alors je ne sais pas ce que tu as en tête mais...
— Kieren a désobéi à l'un de mes ordres. Il n'aurait pas dû se trouver là. Si on va jusqu'au procès, on va perdre, c'est sûr. Cet abruti aurait pu buter une gamine de quatre ans si Kieren avait pas été là, mais ça n'aura aucun poids. Alors on ne porte pas plainte : si eux ne font rien, on fait pareil. Je veux régler ça en interne.
Le dire lui arrache presque la bouche. La colère qu'il ressent pour Kieren et son comportement inconscient n'est rien face à la rage qui lui retourne les tripes chaque fois qu'il repense au moment où les balles se sont fichées dans son dos. Juste avant de s'écrouler, il a forcé la gamine à faire demi-tour et a refermé la porte derrière elle.
Son sourire qui s'efface, la douleur sur ses traits, et son corps qui tout à coup lâche et glisse le long du mur.
Adrian a envie de hurler.
— Kieren a désobéi ? s'interroge Ruby.
Hormis au moment de son embauche, Adrian doute que Kieren ait beaucoup discuté avec Ruby, mais les ragots vont vite dans une petite entreprise comme l'Agence. Le fait qu'Eliott ait voulu draguer les ¾ des membres des autres équipes, ou sa rupture avec Rose qui l'a poussé à changer d'équipe, ou même le fait que Kieren soit un gars sympa, qui sourit beaucoup, fait son travail comme il faut, et file des coups de main à qui lui demande.
Le nombre de vampires qu'il a eu en interrogatoire et qui n'avaient aucun rapport avec une affaire de l'équipe 1 doit crever le plafond.
Alors de la même façon qu'une mauvaise réputation remonte facilement jusqu'à Ruby, une bonne le fait également.
— Si tu m'y autorises, je vais m'occuper de ça.
Elle croise les bras.
— J'aurais cru que tu te servirais de la première excuse pour me demander de le virer, avoue-t-elle.
Adrian fronce les sourcils.
— Je sais que je l'ai pas accueilli à bras ouverts, et je me sentais pas encore prêt pour un nouveau vampire dans l'équipe mais...
Il soupire gravement. Ce mensonge commence à être usant.
— Kieren est un bon élément. Et tu avais raison, sa capacité à lire dans les pensées des vampires est très utile. Donc si tu me le permets, je m'occupe de sa punition pour cette affaire.
— Alors il reste ?
Adrian hésitait encore, quelques minutes avant d'entrer dans le bureau. A présent, rien que l'idée de le mettre à la porte lui hérisse le poil.
— Il reste, confirme-t-il.
Et le dire à voix haute, comme ça, hôte un poids important de ses épaules. Ca lui rappelle que, malgré tout ce sang, Kieren est encore là, quelque part.
— Merci d'être venu m'en parler aussi rapidement. Je vais gérer la suite si jamais il y a besoin. Pas d'autres blessés ?
— Des égratignures. Je ne pense pas que la vampire voulait sérieusement blesser quelqu'un. Ça jouera en sa faveur à son procès.
Sauf si Kieren décide de lui en vouloir pour la lame dans le ventre, mais vu comme il tentait encore de la défendre après ça, Adrian en doute. Il ne sait pas trop quoi en penser. Etrangement, les balles le mettent bien plus en colère que ça.
Ruby acquiesce et se renfonce dans son siège. Deux mèches, retenues par une pince à l'arrière de la tête, s'échappent et glissent sur son visage.
— Merci, Adrian. Je vais parler avec Mia, mais je pense que votre équipe a besoin d'une pause. Vous n'avez pas d'enquête en cours ?
Il secoue la tête.
— Je vous mets en congés imposés à partir de ce soir et pendant une semaine. Faites une pause.
Adrian prend l'ordre pour ce qu'il est : un mois plus tôt, c'est l'équipe 3 qui a été forcée de prendre une pause. L'un de ses membres s'est bien trop investi dans une affaire et a fini par être blessé. Ruby possède le pouvoir de leur offrir un peu d'air et de recul, et elle n'hésite jamais à s'en servir.
— J'en avertis l'équipe tout de suite, répond-t-il en acquiesçant.
— Bien. Tu rentres chez toi, maintenant ?
Il hausse les sourcils devant cette question qui le prend un peu au dépourvu. Avec leur relation actuelle de patronne et employé, Adrian oublie parfois comme Ruby a été présente pour lui.
Avec un statut de Descendant et un séjour par la case centre pour mineurs sur son CV, les écoles et les jobs ont été nombreux à lui fermer leurs portes. Une fois le lycée terminé, Ruby Zayne a été la seule à lui proposer un boulot.
— En fait... je pensais aller voir Kieren.
Elle laisse échapper un sourire.
— Voyez-vous ça.
— C'est un membre de mon équipe, explique-t-il.
— Bien sûr.
— Je ferais la même chose pour n'importe lequel d'entre eux.
— Oh, j'en suis sûre.
Il se rembrunit, et Ruby rit doucement.
— Allez, file. Mais si tu veux un conseil, prends une douche dans les locaux du sous-sol avant de partir. Même moi je trouve que tu pues le sang.
Quand il finit par quitter son bureau, il arrive à peine au bout du couloir que son téléphone vibre à nouveau.
Lace : Il veut pas que je reste, mais j'ai entendu les médecins parler et ils vont le faire sortir ce soir. Tu sais s'il a quelqu'un chez lui qui pourrait rester avec lui ?
La main crispée autour du smartphone, Adrian tape une réponse rapide.
Adrian : Rentre chez toi, je prends le relais.
Le ding de l'ascenseur retentit, et il s'engouffre à l'intérieur.
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