Note d'autrice. 

Le retour de Kieren dans le présent ! Je vois que le flash-back du chapitre précédent vous a enflammé pour les théories et j'adore ça =) C'est vrai qu'on apprend pas mal de choses, et je pense que vous l'aurez remarqué : ce qui est dit dans un PDV n'est que la vérité subjective de l'un...

Nous voici donc au chapitre 16 :) Personnellement, j'adore ce chapitre parce que 1. on retrouve Lace et il me fait bien rire 2. on voit la dynamique Kieren/Lace que j'aime beaucoup, ils n'interagissent pas autant que je le voudrais alors qu'ils sont marrants 3. ooooh ne serait-ce pas une discussion sur Adrian...? 

En tout cas j'espère beaucoup qu'il vous plaira ❤️

Je vous souhaite un bon dimanche et une bonne lecture !

☾

Face à lui, Lace garde les poings levés à hauteur du visage.

— Je te préviens, t'as vraiment intérêt à te retenir, lui dit-il avant que Kieren n'ait le temps de s'élancer.

Il retient difficilement un petit sourire.

— C'est bon, je peux y aller ? Ou tu veux rajouter encore une couche de protection, au cas où ?

Lace grogne d'un air maussade.

— Je voudrais bien t'y voir, toi. Si jamais tu te loupes, c'est moi qui fini à l'hôpital.

— Je ne vais pas me louper. Je me suis entraîné.

— Ouais, enfin entre les mannequins en tissu et mon pauvre corps fragile, je te ferais dire qu'il y a une sacré différence.

Le bandeau qui garde les épais cheveux bruns de Lace en arrière lui donne un air différent de son afro habituel. Kieren ne saurait dire quoi, mais peut-être que le voir porter autre chose que ses chemises bien repassées et ses pantalons droits le perturbe tout simplement.

Lace n'a pas la tête de quelqu'un qui se bat. Et il a bien appuyé sur le fait qu'il n'appréciait pas vraiment ça non plus. Il n'aime pas vraiment le sport tout court, en vérité. Mais malheureusement, et même si Kieren ne s'est encore jamais retrouvé dans ce genre de situations pendant les quelques affaires où il a accompagné l'équipe sur le terrain, parfois tout ne se règle pas avec des menottes et une arrestation polie.

Et Adrian n'aime pas trop se transformer devant les gens, apparemment. Océane lui a soufflé l'autre jour qu'il l'avait sûrement fait pour lui montrer d'entrée pourquoi c'était lui, le capitaine de l'équipe 1.

Kieren en avait été amusé. Parce qu'aussi absurde soit cette idée, cela avait en tout cas fonctionné. Si Adrian McHale semblait détester sa présence, de son côté il ne pouvait s'empêcher d'au moins le respecter.

— Ca, c'est sûr. Les mannequins sont sûrement plus solides.

— Aha, super drôle. Je te ferais dire que si je le voulais, je pourrais développer mon pouvoir pour qu'il renforce mon corps.

Kieren hausse un sourcil.

— Et tu ne le fais pas, parce que...?

Lace soupire exagérément.

— Parce que ça prend du temps, et qu'en plus mon grand-père arrêtait pas de m'emmerder avec ça. Bon, tu comptes m'attaquer un jour, ou...

Kieren s'élance.

S'il doit bien reconnaître quelque chose, c'est que les quelques séances d'entraînement auxquelles il a été forcé de participer depuis la première lui auront tout de même appris des choses. En arrivant dans l'équipe, il était intimement persuadé que ces gens n'avaient rien à lui apprendre.

Kieren a été élevé avec le mot spécial. Le mot unique. Le mot fort.

Alors ces entraînements ? Une routine sans grand intérêt. Mais s'il a appris à utiliser sa force et ses pouvoirs, il n'a jamais vraiment appris à les maîtriser, à les utiliser avec contrôle. Les premières fois qu'il a donné un simple coup de poing dans l'un des mannequins, l'objet a purement et simplement explosé, lui recrachant son erreur au visage.

Il a dû y passer plusieurs heures à l'aube et d'autres à la tombée de la nuit avant de savoir porter ses coups normaux, comme un humain. Cela lui a donné un sentiment de satisfaction nouveau.

A présent, même s'il maîtrise bien mieux sa force, il a peut-être exagéré en disant à Lace qu'il n'y avait aucune chance qu'il lui donne un coup un peu trop fort. Mais la présence d'un humain le force bien plus sérieusement à y mettre du sien.

Kieren se penche, et pousse sur ses jambes pour emporter leurs deux corps vers le tapis.

— Gagné, dit-il avec un sourire en posant ses doigts dans sa nuque.

Lace lâche un grognement et roule loin de lui, le souffle court.

— Merde, dit-il en observant le plafond. Si Adrian avait vu ça, il m'aurait obligé à faire deux tours de terrain en plus.

Kieren se relève, et s'étire d'un air satisfait. Il n'a pas fait de grands efforts, mais il adore quand son corps se plie comme un humain : il sent ses muscles tirer et une légère douleur là où Lace lui a donné des coups de coude ou de pied. Tout ça disparaît très rapidement, mais sentir son corps n'est jamais une mauvaise chose.

— Il a sûrement appris à se battre super jeune, alors il oublie à quel point c'est dur pour des amateurs comme nous, dit-il en se redressant dans une grimace.

Il lance un coup d'oeil à Kieren, puis ajoute :

— Enfin, comme moi, plutôt.

Mais le vampire l'observe avec une expression curieuse, les sourcils froncés.

— Super jeune ? répète-t-il. J'ai pas l'impression qu'ils ont reçu un entraînement militaire, à la réserve.

Lace lève les yeux au ciel.

— Non, pas à la réserve, forcément. Mais il a bien dû se défendre quand il est allé à cette espèce de prison pour mineurs, là. Et même dans le lycée général de l'Atrium : c'est le plus nul, mais c'est le seul qui accepte les délinquants ou ceux avec un casier. J'ai entendu dire qu'ils ont un entraînement militaire tous les matins parce qu'en général ils finissent tous à l'armée ou dans la section des équipes d'ass...

Quand leurs regards se croisent, la voix de Lace chute doucement jusqu'à ce que sa bouche se ferme dans un claquement sonore. Il étudie l'expression de Kieren plusieurs secondes, puis grimace franchement et demande :

— Tu savais pas, c'est ça ?

Kieren secoue lentement la tête.

— Merde, lâche Lace. Bon, après, c'est pas un secret : ça se voit que t'es pas d'ici parce que personne en ville ignore qu'Adrian a été incarcéré quand il avait.. quoi, 12 ou 13 ans ? Son procès a été super médiatisé et comme l'histoire était super sordide et que ça concernait la famille du Représentant ça a fait un bruit pas possible.

Il hausse les épaules, et cette fois Kieren penche la tête. Le capitaine Grincheux, celui qui s'occupe de chaque affaire avec sérieux, qui relit tous leurs rapports après chaque mission, qui emmène sa sœur au boulot tous les jours et qui — il l'a vu — fait voler sa nièce dans les airs comme si elle ne pesait rien : ce gars là a été en prison ?

Leur baiser dans son appartement lui revient comme un flash, et son ventre se tord.

—Bon, ajoute Lace, moi j'appelle ça une prison parce que franchement c'est tout comme, mais j'imagine que sur son casier c'est juste marqué "centre" ou quelque chose dans le genre.

Etrangement, Kieren sent que sa poitrine se serre presque douloureusement, pour une raison qu'il est incapable d'expliquer. La nuit de vendredi dernier peine à disparaître de son esprit et même si Adrian est en quelque sorte venu l'absoudre — et le menacer de ne jamais recommencer — savoir qu'il n'a, comme Kieren, pas un passé tout blanc lui fait un peu tourner la tête.

Lui se souvient de la neige tâchée de sang, des chasseurs venus spécialement pour le tuer, et la violence avec laquelle il les a tous exécutés.

Il se souvient de l'usine, de son odeur écoeurante et du petit corps de Ari sur le matelas. De sa rage, et de la manière dont il n'a épargné personne.

La question lui brûle les lèvres. Il demande :

— Et qu'est-ce qu'il a fait ?

Lace grimace franchement, cette fois.

— Ecoute, c'est plus compliqué que ça mais...

Il se mord légèrement la lèvre.

— Tout le monde sait qu'Adrian a tué son père.