𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟺, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗
Note d'autrice.
Bon dimanche à vous ! Aujourd'hui dernier chapitre du PDV d'Adrian avant un changement vers Kieren =) Je pense que le prochain chapitre vous plaira, parce qu'on pourrait bien avoir un flashback de leur rencontre... (et un chapitre plus long)
En attendant, focus sur Mika et Adrian et sur une nouvelle rencontre ! Importante pour l'intrigue ? Peut-être...
Je ne sais pas si certains parmi vous écrivent, mais ces derniers temps je me disais que c'est assez frustrant d'être obsédée par ses propres personnages : en ce moment je fais mes petits univers alternatifs dans ma tête (Adrian et Kieren dans Harry Potter, Adrian et Kieren au lycée en tant qu'humain, Adrian et Kieren patineurs artistiques... bref je suis solo) et je sais que je suis seule dans mon truc aha c'est vraiment la définition de taper dans des casseroles
Voilà pour aujourd'hui, j'espère que ce chapitre vous plaira ❤️
Je vous souhaite bon courage pour la semaine à venir !
☾
Mika est à l'entrée de la réserve quand il y arrive : il ne s'arrête qu'une seconde où deux, juste le temps pour elle d'ouvrir la portière, de se laisser tomber sur le siège, et de refermer derrière elle.
— Une urgence ? demande-t-elle après avoir bouclé sa ceinture.
Elle porte un vieil ensemble de jogging qui sent la maison, les pins et les gâteaux à la pomme. Ses cheveux sont relevés en un chignon désordonné qui laisse s'enfuir plusieurs mèches rousses, et ses yeux sont tellement cernés qu'il a l'impression d'y voir des poches gonflées.
Mika le dévisage alors qu'il prend immédiatement la courte déviation qui fait le tour de la ville par l'extérieur, et double plusieurs voitures en appuyant sur la pédale d'accelération.
— Un loup qui a attaqué un mage et un groupe d'humains au nord, sous la forêt. Les humains ont tenté de le bloquer mais il s'est échappé.
— Grave, les blessés ?
— Pas vraiment. Je pense pas qu'il soit dangereux, juste effrayé.
Il déteste ce rôle, celui de berger qui lui a été assigné dès sa naissance. Ses yeux ont fait de lui le Prince des loups, celui qu'ils sont plus ou moins obligés d'écouter. Sa présence calme ou terrifie, et quand ce genre de cas se produit alors il est responsable.
Si les affaires concernant les sorcières sont souvent donnés à Annabelle et l'équipe 3, lorsque cela concerne les loups il est le seul à pouvoir régler les choses en douceur.
— Tu penses que c'est quoi ?
— Je sais pas. Mia avait l'air de penser que ça pouvait être un jeune loup ou un récent mordu.
— Merde.
Les loups seuls sont rares. En général, même ceux qui vivent normalement en ville finissent par se trouver tout de même une meute : des gens qu'ils peuvent côtoyer et retrouver en cas de besoin, des associations qui recueillent des loups solitaires et leur donnent un pilier, un appuie, une ancre. Les meutes n'ont pas besoin d'être anciennes et vieux jeu, comme l'est la sienne : de nos jours, presque plus personne ne court dans les bois pendant la pleine lune, et plus rares encore sont ceux qui se transforment entièrement aussi souvent.
Les morsures qui transforment n'arrivent que dans des cas très précis. La pleine lune est obligatoire et l'emplacement doit se trouver entre la nuque et le milieu du dos. Le nombre de loups nés dépasse de très loin celui des transformés, car un lien ineffaçable existe ensuite entre le transformant et le transformé.
L'exemple de Kayu est Neil est le plus courant : ils se sont reconnus au premier regard, et cela a changé beaucoup de choses. Même sans la morsure de Neil, Kayu aurait vécu plus longtemps qu'une humaine normale, étant donné...
— Merde, souffle Adrian.
— Quoi ?
Il jette un coup d'œil à sa sœur, qui tapotait sur son téléphone, et secoue la tête.
Il n'avait pas pensé à ça. Il n'avait pas pensé aux conséquences. Chez les âmes sœurs, celui avec la longévité la plus faible se calque à celui avec la longévité la plus forte. Un humain qui rencontre un loup vivra autour des 150 ans. Un humain qui rencontre une sorcière vivra plutôt jusqu'à 130 ans. Une sorcière qui rencontre un loup pourra vivre 20 ans de plus auprès de son âme sœur.
Et un loup qui rencontre un vampire...
Adrian serre les dents.
— Ad', c'est cette sortie, s'exclame soudain Mika.
Il cligne des yeux, et donne un coup de volant en s'insérant devant une voiture au dernier moment. Cette dernière klaxonne pendant plusieurs secondes avant de prendre un autre embranchement.
— T'as encore la tête ailleurs, accuse-t-elle.
— Désolé. C'est bon, je suis concentré.
— Je pense pas qu'un accident de voiture nous tuerait, mais j'ai pas envie d'en faire l'expérience, insiste-t-elle.
— Désolé, désolé. Je viens juste de me rendre compte de quelque chose et...
Il regarde sa sœur, les lèvres serrées.
— Et j'y avais pas pensé avant, c'est tout.
— C'est quoi ?
Et merde.
— T'occupes.
— Tu fais chier. Me dis rien, la prochaine fois.
Elle croise ses bras, relève ses jambes, et tourne la tête vers la fenêtre. La déviation leur a fait gagner pas mal de temps, et s'il se base sur l'adresse que lui a donné Mia alors ils ne sont plus très loin.
Les zones les plus au nord et au sud ont accueilli toutes les nouvelles usines quand la grand-mère d'Adrian a fait fermer celles qui se trouvaient à l'extrémité de leurs terres, au-dessus de la forêt. Au début, ce n'était que de la manufacture qui leur permettait de ne pas trop importer des choses qu'ils pouvaient construire sur place, de la nourriture plus particulièrement. Aujourd'hui, ce sont des zones commerciales étendues sur tout le sud-est et le nord-ouest.
Derrière un grand magasin fait de tôles qui vend des articles de cuisine en nombre, il y a une petite forêt qui n'a pas encore été rasée. C'est à peine un bois, juste suffisant pour offrir aux locaux un endroit où aller courir si besoin, avec quelques pistes sableuses. Les blessés devaient être dans le coin quand ils sont tombés dessus.
Adrian n'a même pas besoin de baisser les yeux sur le GPS pour savoir : une présence l'appelle presque depuis les arbres. Il se gare sur le parking du magasin, et quelques personnes leur lancent des regards étonnés. La zone n'a pas été évacuée car le loup n'est pas sorti des bois, mais il s'irrite devant tant de présences alors que le danger a été annoncé.
Ils n'ont pas leur veste bleu nuit reconnaissable grâce au logo de l'Agence dans le dos, et la tenue négligée de Mika ne les aide pas à faire comprendre leur rôle.
— Allez, viens, dit-il à sa sœur en ignorant les quelques personnes qui ont fini par le reconnaître et qui chuchotent de loin.
Il entend les mots Descendant, Représentant, loup, accident, le fameux, et serre les poings. Parfois, il oublie presque pourquoi il ne sort pratiquement pas de son parcours habituel maison-boulot. Si seulement les Représentants étaient encore dans la vie civil, ils pourraient capter toute l'attention comme lui le fait chaque fois qu'il se rend quelque part : ce sont eux les plus puissants, ce sont eux les immortels vieux de plusieurs centaines d'années qui ont engendré toutes les races.
Lui n'est que l'un des nombreux Descendants loups qui ont existé, comme sa grand-mère avant lui et son arrière-arrière-arrière grand-père encore avant. Il parait que le Représentant des loups, Lennox, rôde quelque part sur les terres des McHale depuis des siècles sous sa forme de loup, mais Adrian n'y croit pas : il est sûrement parti dans un endroit isolé, comme presque tous les autres Représentants qui en ont eu marre de la vie en société et des gens qui meurent trop vite.
Il n'y a qu'Ophélia la sorcière qui se trouve depuis longtemps sur une île au sud, celle qui abrite la Grande Bibliothèque qu'elle dirige d'une main de fer : plus qu'une bibliothèque, on dit que c'est une Académie. Aux dernières nouvelles, même si maintenant plus personne ne s'intéresse à des êtres qui ont disparu il y a des centaines d'années, Elias le mage se trouverait dans la cité de l'Atlantide, qu'il a créé pour ne pouvoir accueillir que les mages maîtrisant l'eau. Et Cole le vampire serait perdu au milieu des forêts enneigées du nord, à des centaines de kilomètres du premier village.
C'est par leur absence que leur présence à eux, les trois Descendants, brille encore plus. Si Cole n'a jamais pu avoir d'enfant à cause de son statut de vampire, et qu'il n'existe donc aucun Descendant vampire, ce n'est pas le cas de Lennox, Ophélia et Elia qui ont créé un arbre généalogique solide qui continue de grandir.
— Adrian ? Je crois que je l'entends.
Ils s'approchent, marchant lentement sur les branches et les feuilles au sol. Adrian jette un coup d'œil au visage de Mika, légèrement décontenancé. La jeune femme se redresse et hume l'air.
— Tu trouves pas que ça sent bon ? demande-t-elle d'une voix étrange.
— Quoi ?
Il renifle à son tour, mais ne sent rien de plus que l'odeur transpirante des humains qui viennent ici pour faire leur jogging, et du peu de sang que les blessés ont dû perdre pas très loin. La nature, les feuilles qui tombent pour l'automne, les pommes de pin, les noisettes.
— Ça sent presque..., souffle-t-elle avec hésitation. Ça sent presque comme la maison.
Il fronce encore plus les sourcils. La jeune femme continue de s'avancer, avec des enjambées plus longues, et le dépasse rapidement. Il la regarde faire, curieux, et quand elle dépasse une table de pique-nique pour arriver dans une petite clairière, il manque de lui rentrer dedans.
Elle s'arrête complètement.
Devant eux, de l'autre côté, près de la reprise des arbres et derrière une sorte de kiosque en fer avec une toile en tuile, un loup leur tourne le dos. Une sensation curieuse prend place dans la poitrine d'Adrian, mais sûrement pas autant que Mika qui laisse échapper un glapissement.
Ses yeux s'écarquillent, sa sœur se redresse.
Le pelage du loup est sale mais on peut deviner une teinte crème sous les traces marrons et noires. Ils sentent le sang venant de sa gueule, mais encore plus venant de ses pattes abîmées et blessées. Ses oreilles sont longues et droites, et il se retourne lentement vers eux quand une branche craque sous la chaussure de Mika.
Cette dernière semble avoir du mal à respirer.
— Merde. Adrian, merde, merde.
Il tourne la tête quand elle lui attrape le bras avec force, comme pour se soutenir. Il est sur le point de demander ce qui ne va pas quand elle murmure d'une voix paniquée :
— Je crois que... que ce loup est mon âme sœur.
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