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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟸, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗 | 𝟸

Note d'autrice. 

Bon mercredi ! Comme toujours, je suis ravie de vous retrouver pour la dernière partie du chapitre 12, du point de vue de ce cher Adrian... Cette partie est plus longue que les autres, puisqu'elle fait presque 4k mots, mais j'ai cru comprendre que vous appréciez un long chapitre de temps en temps 😉

Cette fois, je n'ai pas grand chose à dire :) J'ai simplement hâte de lire vos retours, et je croise les doigts pour que ce chapitre vous plaise....

(Je vous remercie encore pour les commentaires que vous me laissez, j'ai hâte de pouvoir répondre aux derniers !)

En vous souhaitant bon courage pour la fin de la semaine ! Et une bonne lecture, bien sûr ❤️


Finalement, Adrian a dû chercher l'adresse dans le bureau de Mika.

Elle n'a pas voulu lui donner le mot de passe de son ordinateur, pour des raisons évidentes même si Adrian est techniquement son chef d'équipe, mais lui a assuré qu'elle avait imprimé tout le dossier et l'avait rangé dans un tiroir à droite. Il a bien mis dix minutes à trouver de quel tiroir elle parlait avant d'enfin mettre la main sur ce foutu dossier.

Au départ, il avait décidé de ne prendre que l'adresse et de ne pas lire le reste, mais au moment où ses yeux sont tombés sur une photo de Kieren, datant sûrement d'avant son intégration, avec un sourire mutin et des cheveux orange, il n'a pas pu s'empêcher de parcourir tout le reste. Ruby a fait un bon travail, pourtant le dossier est moins épais que le sien ou celui de n'importe qui dans l'équipe. Les suppositions sur ses pouvoirs dont Mika avait parlé ne sont effectivement que des suppositions : des remarques, des observations, et beaucoup de points d'interrogation. Ruby a pu lui dire ce qu'elle a voulu, des semaines plus tôt, mais elle ne connaît finalement pas grand-chose de Kieren à part sa capacité de lire plus ou moins dans la tête des vampires, d'apparemment pouvoir suivre leur sang, et de réussir à se faire apprécier de tout le monde en un temps record. Sur la page de ses informations personnelles, même son âge n'est pas certain et sa date de naissance est pleine de points d'interrogation. Sa date de transformation n'est pas plus indiquée, et même la précision Type 4 est suivie d'une parenthèse avec supposition "Type 3 latent".

Et s'il a plusieurs adresses personnelles avec des dates d'habitation, rien ne remonte à plus de deux ans et demi.

Toutes ces informations, Adrian les garde dans un coin de sa tête : il a recopié dans un calepin l'adresse actuelle, puis a refermé le tout en refermant le tiroir de Mika.

A présent, grimpant les escaliers d'un immeuble des quartiers est, il arrive enfin au troisième étage. Chaque palier est propre, la construction est neuve, et il a vu plusieurs arrêts de bus dans la rue. C'est un bon quartier, assez calme et rempli de commerces, avec un garage privé en sous-sol. La plupart des habitants qu'il a croisés sont humains, mais quelques êtres magiques tiennent des boutiques.

Parfois, il se demande si ce n'est pas lui qui oublie leur présence — plus de 70% d'humains sur la planète face à moins de 30% de créature magiques, c'est à se demander comment leur ville a pu devenir aussi peuplé de loups aux yeux jaunes, de sorcières aux yeux roses, et de mages aux yeux verts.

Quand Adrian arrive devant la porte de son appartement, il hésite une seconde à frapper. Mais il n'a finalement pas à le faire car la seconde suivante la porte s'ouvre en grand, et le visage surpris de Kieren apparaît dans l'embrasure.

— Capitaine, fait-il en le dévisageant.

— Je..., commence à répondre Adrian avant de s'interrompre.

Ses sourcils se froncent légèrement. Devant lui, Kieren a les joues colorées et ne porte qu'un t-shirt : il fait tout ce qu'il peut pour ne pas laisser son regard dériver, mais le vampire voit bien ce qui le trouble et baisse le regard sur ses propres jambes nues.

— Ah, c'est vrai, dit-il.

Il se détourne, laissant la porte grande ouverte.

Adrian le regarde fouiller dans un tas de vêtements sur une chaise, jusqu'à en tirer un jogging lâche qu'il enfile rapidement mais avec des gestes un peu moue. En comparaison avec son corps toujours maîtrisé et ses mouvements sûrs habituels, Adrian ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il lui arrive.

Il se le demande, juste avant de renifler l'air de la pièce.

— Tu es saoul ? demande-t-il en humant quelques effluves d'alcool.

Kieren lui renvoie un regard surpris avant de relever son col vers son nez pour se sentir. Il grimace un peu.

— Non, je ne le suis pas. Je le suis plus, en tout cas. J'ai marché pour revenir.

— Un bar ?

Rien que l'idée donne envie à Adrian de grogner comme un ado : s'il doutait d'avoir été spécial, l'arrivée de l'un de ses — sûrement nombreux — ex-petits amis la dernière fois lui a confirmé tout ce qu'il pensait. Et l'imaginer ce soir, alcoolisé aux cocktails de sang et dansant avec des inconnus, l'irrite bien plus que de raison.

— Un bar de sorcières, acquiesce-t-il en reprenant le spray qu'il a dû déposer sur la table avant d'ouvrir la porte. C'est Océane qui m'a emmené.

Il vaporise un anti-odeur magique dans la pièce, et Adrian sent directement celle de la magie des sorcières disparaître. Etrangement, il se détend immédiatement.

— Tous les deux ?

— Tous les deux, confirme Kieren. Lace n'aime pas ce genre d'endroit, apparemment. En plus ils se sont...

Il s'arrête, semblant se souvenir de quelque chose, et lance un petit coup d'œil à Adrian. Il hausse les sourcils en devinant :

— Ils se sont encore séparés, c'est ça ?

— Oh, t'es au courant.

— Bien sûr que je suis au courant.

Et évidemment qu'Océane aussi a fini par lui succomber : il n'a jamais vu un vampire être aussi apprécié des autres. Même les secrétaires du rez-de-chaussée, où chaque membre tremble dès qu'Adrian arrive le matin, discutent joyeusement du nouveau de l'équipe 1.

Apparemment, pour n'importe qui lorsque cela concerne Kieren, même les préjugés sur les vampires sont moins forts que ceux sur les Descendants et leur dangerosité.

— Ouais, ils se sont encore séparés. Je crois qu'elle avait besoin de parler. En plus, leurs cocktails sont super bons, je me fais avoir à chaque fois.

Adrian fronce les sourcils. Il se remémore ses joues rouges, son sourire béat, et commence à se demander si cette fois-là aussi, il s'était fait avoir. Cela ne lui avait même pas traversé l'esprit, que l'alcool ait pu être la cause de leur rapprochement.

Kieren lève la tête, regarde l'horloge au-dessus du micro-ondes dans la cuisine, et hausse un sourcil. Il est presque étonné de voir un appartement aussi humain : d'après les papiers du bureau de Mika, cela fait déjà plusieurs mois que Kieren habite ici. Il y a des plantes vertes sur toutes les étagères aux murs, une cuisine équipée et un frigo branché qui semble fonctionner. Un lit — défait, en prime, avec une couverture épaisse et des plaids colorés — et même un canapé. L'appartement est un studio un peu en désordre, rempli de livres, de meubles dépareillés et colorés.

Curieusement chaleureux et humain.

— Je pensais pas recevoir de la visite à cette heure, sourit Kieren en haussant un sourcil.

Il n'y aucune grande lumière allumée, seulement une petite lampe de chevet sur le bar qui sépare la cuisine du petit salon. Les ombres qui apparaissent sur son visage, quand il croise ses bras et appuie sa hanche contre le coin du canapé, lui donnent un air mutin.

— C'est pas comme si j'aurais pu déranger ton sommeil, de toute façon.

— Question de politesse.

— Pardon de m'imposer, alors.

Il sait qu'il n'a pas l'air sincère du tout, et Kieren ricane un peu.

— Thé ? Café ? Tu voulais me parler de quelque chose, peut-être ?

Il marche jusqu'à la cuisine, appuie sur le bouton de la bouilloire qui commence à chanter, et ouvre un placard d'où il sort une petite boîte.

— Café. Et je veux parler de vendredi.

Cela lui arrache une grimace.

— Pas de préambule, hein ?

Il sort une tasse avec des gestes déjà plus sûrs, et verse un peu de café instantané dedans. L'eau brûlante qu'il verse ensuite crée une petite pellicule humide sur ses joues. Adrian fixe la goutte qui se crée pendant une seconde de trop, sûrement.

— Je veux savoir ce qui s'est passé, insiste-t-il en le suivant alors que Kieren s'en va poser la tasse fumante sur la table basse.

Adrian hésite une seconde avant de s'asseoir sur le canapé, poliment. Pour l'instant, il veut simplement discuter.

— Il va bien ? demande Kieren en s'appuyant contre le mur, face à lui.

Le loup est obligé de relever la tête pour le regarder.

— C'est bizarre que tu ne t'en préoccupes que maintenant.

— J'ai envoyé des messages à Mika.

— Après avoir disparu en pleine recherche.

— Je vous ai entendu le retrouver.

— Et t'as décidé de partir.

Kieren se renfrogne. Adrian voit son visage parfait se froisser et il détourne le regard.

— C'était un moment à vivre en... famille. J'avais rien à faire là.

Adrian serre la mâchoire. Il ne croit à aucune de ses conneries, pourtant cette excuse-ci il donne l'impression de la penser. Et il sait qu'il devrait être d'accord avec lui : Kieren n'aurait rien eu à faire là. Pourtant, quand Ari s'est réveillé, après avoir pleuré et dormi entre les bras de son père et contre le pelage de sa mère, la première chose qu'il a demandé c'était où était Kieren.

Il n'a pas demandé sa grande tante, repartie chez eux pour se doucher et se changer, ni ses grands cousins. Il a demandé après le vampire, qui vient plusieurs fois par semaine depuis un mois, et qui a réussi à le prendre dans ses bras pour aller le mettre au lit, un jour.

Ari, son petit neveu timide que même la maîtresse de sa classe n'a pas réussi à toucher une seule fois.

Ça l'énerve, mais Kieren a l'odeur des loups. Même quand ses vêtements sont propres, même quand il n'est pas venu depuis plusieurs jours, même avant que Mika ne frotte son épaule contre la sienne en pleine réunion.

— Si ça te fait plaisir d'y croire, grogne Adrian. Moi, je veux juste savoir comment t'as réussi à le retrouver.

Il voit Kieren se figer. C'est discret, ça ne dure qu'un instant, mais quand ses épaules se détendent et qu'il croise le regard curieux d'Adrian, il a l'air prêt à lui mentir. Alors Adrian l'interrompt :

— Réfléchis à ce que tu vas dire, ça nous fera gagner du temps. Je suis allé devant l'usine brûlée, à des kilomètres de la maison, et j'imagine bien ce qui est arrivé. Ce que je veux savoir, c'est comment t'as réussi à savoir qu'ils étaient là.

Il a envie de lui demander plus, tellement plus, mais il sait qu'il n'obtiendra rien.

— T'as menti à Mika, hein ? Sur le fait de ne pouvoir pister que le sang des vampires.

— Je lui ai pas menti.

— Pourquoi t'as voulu y aller seul ? J'aurais pu m'occuper de n'importe quel loup —

Kieren secoue la tête.

— Je sais. Mais je sais aussi que t'as un lien étrange avec n'importe lequel de ces loups, comme tu dis. Tu peux faire tout ce que tu veux pour faire croire à tout le monde que le Descendant ne ressent rien, mais au fond c'est comme si, en dehors de ta meute, t'en avais une autre. Une plus grande.

— Alors c'était vraiment toi, souffle-t-il. J'avais un doute, parce qu'un Type 4 aurait du mal à faire quelque chose comme ça, mais tu l'as vraiment sauvé.

Le visage de Kieren se tord.

— Je n'ai pas...

— Je me suis pas approché de l'usine. J'avais pas besoin de voir ça, je voulais juste être sûr. Mais il y a des protocoles pour ce genre d'attaque. Des tribunaux, des peines. Ils n'avaient pas à mourir.

Le vampire se fige, tout à coup. Sa poitrine ne se lève plus au rythme d'un réflexe qu'il peine certainement à oublier, ses doigts se serrent autour de ses biceps, et Adrian remarque à quel point les muscles de ses bras sont fins et ciselés.

— Tu vas m'arrêter ? C'est pour ça que t'es là, capitaine ?

Adrian serre la mâchoire.

— Je devrais. En fait, j'aurais dû appeler des renforts à la seconde où j'ai reçu l'appel. Il y avait personne à l'Agence, mais des équipes d'assaut sont là pour ça. J'étais paniqué et angoissé mais c'est pas une excuse, pour moi aussi il y a des protocoles : on se fait pas justice soi-même. Mais...

Il observe Kieren. Il observe ce vampire qui est venu pour sa famille en un temps record, qui a participé aux recherches, qui a rassuré sa soeur, qui a ignoré les remarques de ses cousins et les regards dégoûtés de sa tante. Il voit quelqu'un qu'il tente de ne pas apprécier, quelqu'un qui a blessé son cœur et plus tard son égo.

Quelqu'un qui a sauvé son neveu, seul et sûrement au risque de sa vie, pour une raison que lui seul connaît. Quelqu'un qui a refusé de voir Mika, Kayu ou Neil se mettre en danger. Quelqu'un qui vient de lui avouer avoir empêché Adrian d'avoir à se servir de ses pouvoirs contre des êtres de sa race, qui lui aurait fait perdre patience et regretter ses actes.

Il devrait l'arrêter. Mais là, tout de suite, ça lui semble inimaginable.

— C'est aussi ma faute, tout ça. Alors non, je vais pas t'arrêter. Je voulais te remercier, et aussi te dire que c'est la dernière fois. Tout le monde dit que t'es pas un vampire comme les autres, alors c'est la dernière fois que tu tues quelqu'un sous ma responsabilité.

Kieren l'observe, penche légèrement la tête sur le côté. Ses mèches sombres tombent devant ses yeux, et une fois de plus Adrian est surpris de constater à quel point son regard est sombre. C'est peut-être la première fois qu'il le voit porter des vêtements sobres : un t-shirt noir moulant et un jogging gris, qui jure totalement avec son look bariolé des autres jours.

— Je peux te poser une question ? demande Kieren d'une voix basse.

Adrian déglutit, et sent un frisson traverser ses bras.

— Vas-y.

— Pourquoi tu me détestes ?

Il se mordille la lèvre avec l'une de ses canines pointues. Adrian secoue la tête.

— Je te déteste pas.

— Tu m'en veux. Depuis le premier jour. Je sais qu'on est parti du mauvais pied, mais... c'est parce que je suis un vampire ?

— Bien sûr que non.

— C'est parce que je traîne trop à la réserve, alors. Quelqu'un m'a dit que vous... n'aimiez pas trop quand les étrangers tentent de s'immiscer dans votre famille.

Adrian fronce les sourcils.

— Qui t'a dit ça ?

— Aucune importance.

— C'est faux. Enfin...

Il soupire et se relâche dans le canapé, jusqu'à ce que sa nuque touche le tissu. Il n'a même pas encore touché à son café.

— C'est particulier. Evidemment, nous sommes des loups, alors... mais les liens du sang ne comptent pas plus que les autres. Kayu n'était pas des nôtres, avant que Neil ne la ramène. Et elle n'a pas été transformée avant des années, avant qu'elle soit sûre que c'est qu'elle voulait. Enfin, avec eux c'est différent parce qu'ils sont âmes sœurs, mais...

Il s'interrompt et jette un coup d'œil à Kieren. Ce dernier semble simplement surpris.

— Oh, vraiment ? J'ai entendu dire que c'était rare.

— Chez les loups, étrangement, le pourcentage de rencontre est trois fois plus élevé que chez les autres. Personne n'a encore d'explication.

Il acquiesce doucement.

— Alors c'est pas parce que je suis trop souvent là-bas ?

— Non. Si la meute t'aime, alors c'est ainsi.

Il a envie d'ajouter on sent toujours quand quelqu'un est l'un des nôtres, mais Kieren semble toujours à la fois étrangement au courant et bizarrement détaché. Il a compris, c'est certain, à quel point Ari s'est attaché à lui en très peu de temps. Il comprend peut-être même ce que ça veut dire.

Mais il ne mesure sûrement pas ce que ça implique. C'est une barrière de l'esprit qu'il ne paraît pas prêt à abaisser.

— Alors c'est quoi ? Tu sais, parfois, j'ai l'impression qu'on s'est déjà vu quelque part.

Et ça, c'est peut-être le mot de trop. Toute leur discussion a fini par le détendre : l'odeur de Kieren, cette absence de poussière étrange mélangée à tout ce qu'il touche ou fait. Sa lessive, l'huile de sa moto, les plantes sur la table, la nuit qui entre par les fenêtres, sûrement souvent ouvertes, ce lit sur lequel il doit s'allonger la nuit, en silence pendant des heures.

C'est chez lui, c'est son antre, et Adrian a presque eu envie de s'asseoir sur un coussin pour y mettre le plus de sa propre odeur. Alors il s'est détendu. La conversation était presque terminée : il allait se lever, s'excuser plus sincèrement de s'être invité à cette heure, et lui aurait dit à demain. Mika a besoin d'un ou deux jours de plus, tout comme Neil qui n'arrive plus à sortir de la réserve, ou Kayu qui passe de longues heures sous sa forme de loup. Adrian, lui, a besoin de reprendre le boulot — même si savoir que la réserve est à nouveau vulnérable, sans sa présence, lui donne envie de s'enfermer là-bas à tout jamais. C'est le piège, et il ne peut pas tomber dedans.

Il allait partir. Sans rien faire, sans s'imposer plus, sans se laisser aller aux idées qui traversent parfois son esprit chaque fois que Kieren agite ses cheveux, sourit, contracte un bras ou un muscle.

Mais ça ?

Parfois, j'ai l'impression qu'on s'est déjà vu quelque part.

Adrian est sur ses pieds dans la seconde.

Kieren ouvre grand les yeux en le voyant faire, et a à peine le temps de se détacher du mur. Adrian est plus grand que lui, plus large, et peut-être plus fort. Il s'approche en quelques grandes enjambées, et est devant lui en un instant.

— Ne me cherche pas, gronde-t-il.

Leurs poitrines se touchent presque, et encore une fois Kieren retient sa respiration. Ses lèvres entrouvertes attirent le regard, ses longs cils assombrissent ses yeux sous l'éclairage limité, et d'aussi près Adrian sent l'odeur de la fête et de toutes ces personnes qui ont eu l'occasion de le toucher ce soir.

— Je te dis quelque chose ? demande-t-il d'une voix orageuse en se penchant encore davantage. Peut-être que ça t'aidera à rafraîchir ta mémoire.

Il sait que ses yeux s'illuminent de leurs étranges couleurs habituelles car il en voit le reflet dans ceux de Kieren. Quand il pose l'une de ses mains sur le côté de sa nuque et l'autre sur sa joue, il s'étonne de la trouver plutôt chaude pour un vampire. Il ne sait pas combien de verres il s'est enfilé, mais vu comme il n'est pas — ou plus, d'après ses dires — saoul il a dû finir la soirée aux coktails sanglants sans alcool.

Il approche sa bouche de la sienne lentement, s'amusant presque de voir le vampire réagir aussi vite : ses lèvres s'entrouvrent, et quand elles se touchent il sent leurs corps fondre l'un contre l'autre.

C'est au premier contact que toute la retenue vole en éclat.

Tout à coup, Adrian le plaque contre le mur. La main qui était sur sa joue se retire, descend le long de son torse jusqu'à sa hanche et sa cuisse, qu'il attrape pour le soulever. Le poids de Kieren est dérisoire, et sa cuisse passe entre ses jambes pour le stabiliser. Il sent son corps gorgé de sang humain réagir à la moindre de ses caresses, aspire presque sa langue quand il lui en permet l'accès, et tient la mâchoire du vampire entre ses doigts pour éviter qu'il ne s'échappe.

Son regard furieux reste fixé sur les paupières fermées et frémissantes de Kieren, qui semble pendant un instant tout oublier. Ses hanches tentent de s'approcher de la cuisse d'Adrian, ses mains s'agrippent à sa veste, sa fausse respiration se fait pantelante entre ses lèvres gonflées, et quand Adrian finit par s'éloigner, ses yeux se rouvrent en papillonnant.

Pendant une seconde, juste avant que ses paupières ne se lèvent entièrement, Adrian croit apercevoir une lumière qui illumine ses pupilles mais l'impression disparaît.

Ils se fixent, en silence, leurs respirations bruyantes dans le silence de l'appartement, pendant plusieurs longues secondes. Les bras ballants, Kieren laisse tomber sa tête contre le mur et déglutit. De ses yeux, Adrian suit le mouvement de sa pomme d'Adam.

Quand il retire sa jambe, il croit pendant une seconde que Kieren va se laisser tomber mais il finit par tendre les genoux et se redresser. Son expression complètement déconfite lui offre un sentiment d'accomplissement.

Pendant un instant, Adrian hésite à dire quelque chose. Quelque chose comme médite là-dessus ou on se voit demain, mais il voit sur le visage du vampire des émotions étranges et surtout, dans son regard, une compréhension qui lui donne envie de recommencer à l'embrasser ainsi.

Il se tait, pourtant. Se contente d'un simple rictus. Puis tourne les talons, récupère ses clés de voiture qu'il avait posées sur la table basse, et quitte l'appartement en refermant derrière lui.

Sur le chemin du retour, il essaye de penser à autre chose qu'à la manière dont son loup a eu envie de le réclamer là, contre le mur, enfin ravi d'avoir retrouvé l'autre partie de son âme. 

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