𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟼, 𝙺𝚒𝚎𝚛𝚎𝚗 | 𝟸
Note d'autrice.
Pardonnez-moi pour l'oubli de l'update du mercredi, j'étais toute perdue dans ma routine du soir ! On se retrouve donc aujourd'hui pour la fin de ce chapitre, et de la soirée pyjama de Kieren et Mika aha
J'aime beaucoup leur relation personnellement, j'aime le fait que Mika soit curieusement la première vraie amie de Kieren, et qu'il découvre le fait d'aimer quelqu'un avec elle d'abord <3
D'ailleurs ici on découvre le personnage de Ari, qui n'est encore pour l'instant qu'un enfant mais qui me donne de plus en plus envie d'éventuellement écrire une suite avec lui en personnage principal aha (ce n'est qu'une idée, à voir...)
N'hésitez pas à me donner votre avis sur l'histoire pour le moment ! Ca fait déjà un mois maintenant que j'ai commencé à poster et j'ai l'impression qu'on a même pas encore gratté le début de l'histoire mdrrr le premier "arc" débute dans deux ou trois chapitres, et après on commencera les choses sérieuses ! (parce que pour le moment, l'intrigue n'est même pas encore posée...)
D'ailleurs, est-ce que vous aimez quand les débuts prennent leur temps ? Ou ça vous ennuie de juste voir les personnages apprendre à se connaitre ? Je suis curieuse !
☾
La nuit est tombée, et l'écran de la TV éclaire le salon.
— Celui-là ?
— Pas vu non plus.
— Je sais même pas pourquoi je te demande.
Mika sourit en se laissant tomber entre les coussins.
— C'est moi qui choisis, alors ?
— Tu peux me laisser faire si tu veux, mais je garantis rien.
— Non, on va d'abord rattraper ta culture pourrie.
Décidée, elle tend la télécommande en direction de l'écran, et hésite plusieurs fois en passant devant des affiches colorées. Kieren trouve que tous ces films se ressemblent un peu, mais il n'a pas envie de le dire à voix haute : le cinéma est l'une des nombreuses passions de Mika — en plus de la mode, de la pâtisserie, du sport, de la descente de shot de tequila, et de la peinture (comme Kayu, apparemment) — et elle a été profondément outrée quand Kieren lui a avoué n'avoir vu qu'une pauvre dizaine de films dans toute sa vie.
Derrière lui, au-delà des grandes fenêtres ouvertes, le ciel s'est chargé de pluie : il est tombé de grosses gouttes bruyantes pendant la moitié du repas, et comme à chaque fois Kieren s'est senti étrangement relaxé. La pluie est plus lourde que la neige à laquelle il s'est habitué pendant des années, et elle coupe légèrement ses sens. Il ne se sent plus alerte de chaque mouvement de feuilles à moins d'une centaine de mètres, ou de la présence du capitaine dans la petite dépendance non loin de là.
Mika n'a pas fait de commentaire sur son absence, sauf à un moment quand elle a reçu un message indiquant que sa nièce Lizzie passerait la soirée avec son oncle. Et qu'ils avaient la chienne avec eux, apparemment. Elle a soufflé un petit "traîtres" entre ses dents avant de se tourner vers Kieren pour lui demander si sa soupe de sang était assez chaude. Neil lui en avait préparé une spécialement pour qu'il ne se sente pas exclu, et il a presque eu envie de rougir — ce qui a quand même fini par arriver, car boire du sang finit toujours par lui redonner des couleurs.
— Oh, ça ! Il faut qu'on regarde ça. Tu veux rentrer vers quelle heure, parce qu'on pourrait en regarder deux ? Ces deux-là, il faut absolument que tu les vois.
Elle a une canine un peu plus pointue que l'autre et a fini par abandonner son chignon.
— Ça me va, acquiesce-t-il. Ça a intérêt à être bien sinon je remets plus jamais un pied ici.
C'est faux, tellement faux que ça l'inquiète. Il n'a plus ressenti ça depuis presque trois ans, cette sensation dans son ventre qui lui donne l'impression d'être chez lui. Il commence tout juste à se sentir confortable dans son appartement. Il ne peut tout simplement pas se sentir aussi bien dans un lieu qu'il voit pour la première fois, chez une fille qu'il n'a rencontré qu'en début de semaine, au sein d'une famille pareille.
C'est impossible.
C'est peut-être la forêt, peut-être que ça lui manque.
— Allez, c'est parti.
Un bol de gâteau apéro sur les genoux, elle replace son plaid sur ses genoux.
Kieren jette un coup d'œil derrière lui : il a le temps de voir une lumière s'éteindre près de la maison au loin avant que la nuit ne recouvre tout. Quand il se retourne vers la TV, son corps se laisse aller contre les coussins.
☾
Un gamin arrive à la moitié du premier film.
Kieren l'entend venir, et Mika aussi. Leurs têtes se tournent vers le couloir où l'escalier est visible dans l'obscurité, et tout à coup un petit garçon apparaît dans l'embrasure. Il s'arrête devant leurs regards, et le sien se tourne vers Mika.
Il penche la tête, et la jeune fille ricane doucement.
— Bah alors, tu dors pas ?
Il secoue la tête.
— Tu peux venir avec nous si tu veux.
Elle se tourne vers Kieren et explique :
— C'est Ari. Il était patraque en rentrant de l'école alors il a mangé avant nous.
Il acquiesce, et observe ce petit bonhomme s'avancer dans la pièce dans son pyjama légèrement trop grand qui tombe sur ses pieds. D'un seul coup d'œil, on voit qu'il ressemble bien plus à sa mère qu'à son père : il a les cheveux noirs qui rebiquent en haut de son crâne et tombent devant ses yeux, et les mêmes yeux sombres en amande que Kayu.
Même le bébé, qui se trouve être une petite fille appelée Zoey, commence déjà à avoir de petites touffes rousses sur son petit crâne.
Ari s'arrête devant le canapé. Il observe Kieren avec des yeux ronds, la bouche fermée et la trace de son oreiller sur la joue. Il tend la main pour voler le plaid inutilisé et le traîne par terre alors qu'il fait le tour de la table basse.
— T'inquiète pas, l'informe Mika. Il est timide avec les inconnus, et il...
Elle regarde Ari monter sur le canapé : il grimpe avec ses bras et ses pieds, s'enroule dans la couverture, et se laisse tomber à côté de Kieren. Il est presque écrasé entre les coussins. Le garçon observe la TV et respire doucement près de son bras.
Leurs peaux ne se touchent pas, mais il sent que celle de ce petit est chaude. Il l'observe avec un sourcil haussé, mais Ari ne le regarde pas.
Même Mika finit par hausser les épaules.
— A la fin du film, tu retournes te coucher, ok ?
Ari acquiesce doucement.
Au bout d'une dizaine de minutes, son cœur ralentit et sa respiration se stabilise : Kieren le sent glisser dans le sommeil, et ne peut empêcher ses lèvres de s'étirer.
☾
Il est presque trois heures du matin quand Kieren met en route le moteur de sa moto.
Le grondement le fait grimacer dans le silence de la forêt. Son casque sur la tête, il oublie pendant quelques mètres d'allumer les phares. Autour de lui, les arbres dansent doucement : l'endroit est curieux et il a tout de suite senti que la réserve appartenait. Pas la même appartenance qu'un humain a sur une maison ou même qu'une meute a sur des terres, c'est au delà et c'est étrange, c'est dans chaque arbre et dans chaque buisson.
Quand il passe près de la dépendance d'Adrian, la porte est ouverte et un gros chien le regarde partir : il n'aboie pas, ne s'avance pas, se contente de le regarder passer. Kieren ne peut pas s'empêcher de trouver ça amusant, qu'une meute de loups possède un chien, mais peut-être après tout que cet animal a senti sa maison, qu'il a trouvé lui-même le chemin. Il a lu des livres comme ça, des histoires où les loups se trouvaient entre eux, parce qu'au fond ils savent à qui va leur loyauté dès le premier regard. Le principe même d'une meute est magnifique, selon Kieren : une famille qu'on choisit, qu'on protège.
La lune guide son chemin. Il n'a pas envie de rentrer tout de suite en ville, alors plutôt que de tourner en direction des quartiers nord, il prend à droite pour longer la forêt encore un peu. Ces terres sont immenses — pas autant que celles de chez lui, mais assez pour qu'il ne puisse pas la sonder entièrement : il ne les a pas explorées, il ne les connaît pas comme il connaissait sa maison. Son envie de découvrir le reprend, la liberté qu'il ressent en marchant ou, comme il le fait souvent, en roulant simplement.
Il fait plusieurs kilomètres avant qu'une sensation désagréable ne remonte le long de sa colonne. Sa tête se redresse brusquement.
Dans son dos, une présence le force à freiner et sa moto glisse légèrement sur le côté : il s'arrête entièrement près du fossé et pose un pied par terre pour se stabiliser. Sa respiration résonne à ses oreilles.
Au loin, au bord de la route, une silhouette se tient debout, immobile. Ses étroits yeux jaunes s'éclairent dans la nuit, et Kieren sent son odeur dans la brise. De la boue, de la rouille, une transpiration acre, l'humidité moite de plusieurs jours. Il grimace en plissant les yeux : pour le moment il n'a pas l'impression que l'inconnu compte l'attaquer, mais il se tient prêt.
Ce loup vient de sortir de la forêt, de la terre des McHale : il a senti des présences plus loin, mais à l'exact opposé, du côté qui rejoint la ville. Des présences loups, dans d'autres dépendances qui se trouvaient loin de celles de la famille de Mika. La sensation qui le prend, en voyant ce type sale et courbé qui l'observe de loin, est gênante et mauvaise.
Soudain, la silhouette remue légèrement. Il bouge, se penche encore plus en avant et Kieren sent ses propres muscles se tendre. Mais la seconde suivante, un gros loup marron éclairé par la lune est à sa place et s'échappe vers la forêt, disparaissant entre les arbres.
L'impression d'être observé disparaît, et Kieren soupire en se redressant.
Quand le moteur de sa moto gronde à nouveau, il se dit qu'il va peut-être rentrer, finalement.
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