𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟽, 𝙺𝚒𝚎𝚛𝚎𝚗
Note d'autrice.
Bon mercredi à vous !
Nous sommes déjà au chapitre 17 :) on avance petit à petit dans l'intrigue et ça me fait plaisir : je vois bien qu'avec un rythme de deux chapitres par semaine les éléments peuvent paraitre assez espacés, et même moi je les oublie d'une semaine à l'autre, surtout avec le changement de PDV, mais on a parlé de ces corps retrouvés il n'y a pas si longtemps...
(Et oui, Kieren et Adrian possèdent un métier, qui ne consiste pas à se rouler des pelles de façon vénère, dommage pour eux)
Ici, on retrouve un peu plus Océane et un autre personnage qui avait été évoqué et qu'on rencontre enfin ! On repasse bientôt au PDV d'Adrian et avec ça, le début d'un "arc "que j'apprécie et qui pourrait être renommé : "Kieren fait n'importe quoi et Adrian a juste envie de l'étrangler" :)
Merci beaucoup pour vos commentaires sur le dernier chapitre, je vais m'empresser d'y répondre et je vois qu'entrapercevoir la backstory d'Adrian vous a intrigué... :)))
En attendant je vous souhaite une bonne lecture et une bonne fin de semaine ❤️
☾
Kieren n'est pas vraiment familier avec le terme de tueur en série.
En vérité, il n'est familier avec aucune notion en rapport avec son boulot actuel. En général, il se présente dans un lieu et demande un entretien : on lui a beaucoup dit non ou bien rit au nez, parlant de diplômes et d'études ou d'expérience, mais on lui a aussi beaucoup dit oui. Il passe ses premiers jours en étant un peu perdu, mais son manque clair de stress ou d'anxiété font de lui quelqu'un d'étrangement plus réactif. Il n'a presque jamais peur de se tromper ou d'être viré : perdre un travail signifie en chercher un autre, voilà tout.
Mais en général, il n'a pas non plus de grandes responsabilités. Accueillir des clients, nettoyer des tables, faire des cocktails, sourire à la caméra, répondre au téléphone, laver le sol, passer des articles : il a appris énormément depuis deux ans, et sait qu'en général quand quelque chose lui pose problème c'est simplement parce qu'il ne sait pas.
Et quand ça arrive, il fait des recherches, il s'entraîne : il fait en sorte de savoir.
La plupart du temps, Adrian a raison de le traiter comme un consultant. C'est heureusement ce qu'il est, car quand il a appris que chaque agent a suivi une formation de dix mois avec entraînement, cours et protocoles à apprendre, Kieren n'a pas réellement eu envie de devenir un vrai titulaire. Tant pis s'il ne peut pas partir seul de son côté sur le terrain, où s'il n'interroge des suspects que quand on a besoin qu'il les perturbe en lisant dans leur esprit pour les faire avouer.
Mais là, le terme tueur en série l'interpelle. Ce sont des chercheurs humains qui ont posé le nom, qui ont publié des études dessus. Les transformations en série de petites filles qui ont eu lieu cette année ont en fait été perpétré par trois vampires différents : aucune intention particulière hormis un fléau qu'on retrouve chez toutes les races et qui devient dangereux entre les mains d'être plus puissants. Ils ont été arrêtés en même temps dimanche, après avoir discuté ensemble sur un forum internet de ce qu'ils avaient fait.
Les tueurs en série, dans l'Atrium, sont bien plus rares qu'on ne pourrait le croire. Alors il passe toute sa fin d'après-midi dans la bibliothèque, dans le bâtiment en face de l'immeuble de l'Agence, après avoir ressorti les archives ayant un lien plus ou moins proche de leur affaire.
Il a lu presque trois livres sur les raisons qui pourraient pousser un vampire à tuer et à répandre son venin — car on dépasse là le simple fait de se nourrir — avant d'être un peu gêné par le regard terrifié de la bibliothécaire qui a eu l'air plus que soulagée en le voyant quitter les lieux.
C'est avec un soupir qu'il arrive à son étage.
— Adrian va être furieux, prévient Océane, les yeux orageux.
Son regard furibond est fixé sur un vampire qui ne doit pas dépasser le mètre 75, avec des cheveux en brosse et des yeux peut-être verts. Il sent le déodorant humain de mauvaise qualité et le sang caféiné. Kieren ne peut se retenir de grimacer en passant à côté de lui.
Il remarque les dossiers qu'il a ramenés dans ses bras.
— Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il à Océane, qui paraît presque soulagée de le voir.
Il a vérifié son téléphone tout le temps où il n'était pas dans le bâtiment afin d'être certain de ne pas louper une réunion : Adrian est resté silencieux et personne n'a posté le moindre message sur leur conversation.
— On nous vole notre enquête, voilà ce qui se passe.
Le vampire rit doucement en haussant les épaules.
— C'est pas votre enquête, chérie.
— Appelle-moi chérie encore une fois, Eliott, et que je peux t'assurer que tu vas redécouvrir la joie des boutons de pustule.
Il grimace, comme si la menace d'Océane pouvait réellement être mise à exécution et Kieren hausse un sourcil.
— On est plus sur l'affaire ? demande-t-il.
La sorcière secoue la tête.
— Apparemment, comme c'est un vampire, ils ont décidé de réussir toutes les victimes et de donner tous les dossiers à l'équipe 2.
— Equipe 2, précise Eliott en relevant le menton, dont je suis le capitaine. Les vampires, c'est ma spécialité.
— C'est ça, grince-t-elle.
Kieren les observe tous les deux, étonné de voir Océane aussi véhémente avec quelqu'un. En général, elle reste tout de même plutôt calme même en intervention face à des gens impolis ou énervés.
Elle se tourne vers lui dans un soupir.
— Ils se sont rendus compte qu'on avait pas trois victimes : on en a cinq. Deux ont été confiées à l'équipe 2 et le lien n'a pas été fait.
— La petite Mia était folle de rage contre le deuxième petit agent de liaison, là, c'est quoi son nom... (il fait mine de réfléchir et claque des doigts) oh, Alex. Tout l'immeuble l'a entendu le traiter de débile incapable.
— C'est lui qui s'est trompé en vous donnant ces affaires, fulmine Océane. Elles devraient nous revenir.
— Comme je l'ai dit, c'est moi le spécialiste quand il s'agit de vampires. Alors elle est à nous, va falloir t'y faire.
Son sourire satisfait fait un instant craindre à Kieren que la sorcière ne perde réellement son calme.
— On est même pas sûr que le suspect soit un vampire, fait tout de même remarquer Kieren en s'appuyant contre le mur entre eux.
Le regard d'Eliott tombe sur lui, et il semble réellement le remarquer. Ses yeux s'écarquillent et flashent d'une couleur rouge assez sombre pendant une seconde à peine. Il se racle la gorge et se rapproche de lui.
— Oh, c'est sûrement toi le nouveau.
— Kieren, confirme-t-il.
— On entend pas mal parler de toi dans les étages. Le remplaçant de Rose.
Il s'approche sûrement trop : Kieren se renfrogne en le voyant le reluquer sans même s'en cacher.
— Eliott, prévient Océane. Fais gaffe à ce que tu dis.
— Mais j'ai raison, non ? Les McHale doivent adorer les vampires : Adrian va se le taper aussi, celui-là ?
Le vampire se retourne vers Kieren, et lui fait un clin d'œil.
— Je pourrais pas le lui reprocher, cette fois. Vous les recrutez au physique, ou...
Océane semble sur le point de se jeter sur lui, la mâchoire crispée et les yeux légèrement roses, quand Kieren voit la main d'Eliott se lever dans sa direction. Il tend les doigts, comme pour les poser sur sa joue, histoire d'appuyer son commentaire, et cette fois il ne se retient pas.
Son propre bras se lève plus vite, lui attrapant le poignet au vol.
Le regard du vampire s'ouvre grand sous la surprise.
— Rapide, commente-t-il.
Il fixe les doigts de Kieren, enroulés sur son bras.
— Et plutôt chaud, ajoute-t-il avec un sourire entendu. On pourrait croire que tu viens de vider un humain, avec cette température.
Dégoûté, Kieren le lâche aussitôt. Eliott observe la marque sur son poignet qui disparaît en quelques secondes.
— Et fort, en plus. On m'avait pourtant parlé d'un Type 4.
Le regard d'Océane passe de l'un à l'autre, inquiète.
— T'as récupéré ce que t'étais venu chercher, non ? Alors tu connais la sortie.
— C'est toujours un plaisir de venir à cet étage, dit-il en clignant des yeux, semblant soudain revenir à lui. On pourrait aller boire un verre ensemble, un de ces quatre.
Kieren met un instant à comprendre que c'est à lui qu'il s'adresse. Il ne retient pas sa grimace.
— Non merci.
— Tu changeras peut-être d'avis. J'adore les nouveaux-nés, avoue-t-il en se reculant. Vous gardez tous des petites habitudes humaines : c'est passionnant de vous voir les abandonner.
Son regard se pose sur les épaules de Kieren, qui se soulève à chacune de ses respirations. Il l'ignore mais serre les poings.
— Vous passerez le bonjour à Adrian pour moi, conclut-il.
Il leur offre un clin d'œil à tous les deux, puis la seconde suivante il n'est plus là. Kieren s'étonne de sa vitesse : il a senti une certaine force venant de lui, mais les vampires de Type 2 et 3 sont si rares qu'il n'en a croisé qu'une poignée.
— C'est un Type 3, confirme Océane comme si elle lisait dans ses pensées. Et ne t'inquiète pas : tout le monde le déteste.
Elle soupire bruyamment et se détourne pour se diriger vers son bureau. Il la regarde rassembler ses affaires.
— Alors c'est fini, on enquête plus sur ces meurtres ? demande-t-il avec amertume.
Il regarde le tableau et s'étonne presque de voir toute une partie vide.
— C'est Ruby qui a tranché. On y peut rien, mais c'est frustrant que ce soit ce connard qui...
Elle referme brutalement un cahier et le fourre dans son sac.
— Il est vieux ? demande-t-il par curiosité.
— T'as pas lu dans sa tête ?
Elle semble presque étonnée et il fronce les sourcils.
— En règle générale, j'évite de le faire. Tu sais, parce que c'est super envahissant et que y'a des choses que je veux pas forcément savoir.
— Oh. C'est sympa, j'imagine. Si j'étais un vampire, ça me gênerait de savoir que tu peux lire ce qu'il se passe là-dedans.
Elle tapote sa tempe avec son index.
— Et ouais, pour répondre à ta question. Il a au moins soixante ans, techniquement. Et il fait en sorte d'être lourd et irrespectueux avec absolument chaque employé de l'agence : il draguerait sa propre sœur s'il en avait une.
Kieren la suit quand elle range sa chaise et enfile son sac sur son épaule. Il n'a que quelques pas à faire pour attraper son casque de moto et revenir près d'elle.
— Il travaille ici depuis longtemps ?
— Presque aussi longtemps qu'Adrian, plus de six ans je crois. Si ce salaud ne savait pas faire bouger des murs rien qu'en les regardant, il serait fourré avec tous les autres vampires dépressifs du quartier dans une bibliothèque qui sert du sang à même le cou des filles.
Elle s'arrête dans l'embrasure de la porte et lui lance un regard désolé.
— Pardon, je voulais pas dire ça. La dépression chez les vampires, c'est pas drôle.
Il hausse les épaules, incapable de lui en vouloir. Techniquement, elle n'a pas tort : si les vampires de Type 2 et 3 sont rares, ceux qui se trouvent en ville passent leur temps à se droguer, se saouler, à lire et à écrire et discuter avec d'autres vampires sur le meilleur moyen de mettre enfin un terme à leur vie.
Les vampires, pourtant immortels, sont ceux qui vivent le moins longtemps parmi les races magiques. Ce manque de vie, cette platitude des émotions, ce besoin de sang pour se sentir un tant soit peu vivant, cette odeur de meuble poussiéreux qu'ils trimballent partout : la dépression est la première cause de mort chez les vampires.
L'impossibilité de faire des enfants, de vieillir avec l'être aimé, de construire une vie qui ressemble à celles de tous les autres.
Il repense à ce que lui a dit Océane sur les âmes sœurs, l'autre jour, et se demande si ce mythe concernant les durées de vie est vrai aussi. Un vampire rencontrant son lié le condamnerait à une vie éternelle, le faisant s'arrêter de vieillir sur le champ.
— Télékinésie, alors ?
— Ouais, acquiesce-t-elle en appuyant sur le bouton de l'ascenseur. C'est souvent ce don là qui fait la différence entre un Type 4 et un Type 3. C'est pas rare, comme le tien.
Elle sourit et lui fait un clin d'œil.
— C'est d'ailleurs étonnant qu'ils t'aient pas classé Type 3 pendant ton évaluation. C'est la première fois que je vois un don comme ça, je savais même pas que c'était possible. Mais tant mieux pour toi, j'imagine : Eliott, lui, doit faire des prélèvement de son taux de venin tous les mois. A partir du Type 3, il parait que les contrôles sont à crever.
Il acquiesce, imitant celui qui l'apprend : lors de son premier travail, un Type 3 a passé sa nuit à lui expliquer à quel point il regrettait avoir été mordu par un vampire aussi puissant. S'il s'était retrouvé plus éloigné, dans la chaîne de transformation qui relie chaque vampire au Représentant, alors peut-être aurait-il pu continuer sa vie comme un humain normal. Les Type 5 sont ceux qui vivent le mieux leur transformation.
— J'étais à la limite, apparemment. Mais ma force était bien trop faible pour un Type 3. En plus, certains Type 4 ont des dons aussi, alors pour eux ça passait.
Quand l'ascenseur ouvre ses portes sur le hall, Kieren salue la réceptionniste qui lui répond d'un sourire timide. Il se tourne vers Océane :
— Au fait, Adrian est déjà parti ?
— Oh, t'es pas au courant, c'est vrai. Il y a eu un signalement y'a quelques heures dans le quartier commercial, au nord. Un loup transformé a blessé deux personnes je crois, alors on l'a appelé pour qu'il aille sur place. Tu sais, comme c'est le Descendant, c'est plus facile quand c'est lui qui s'occupe des loups perdus.
Kieren acquiesce lentement la tête. Quand ils parviennent enfin à l'extérieur, elle relâche ses épaules.
— Putain, j'ai pas envie d'être celle qui va le prévenir que l'enquête nous a été retiré. Je pense pas que Ruby l'ait fait, et s'il arrive demain et que les dossiers ont disparu...
Elle fait la moue, et commence à sortir son téléphone. Kieren pose sa main sur l'écran et l'abaisse.
— Je comptais y aller, dit-il. Je voulais voir Mika, je peux en profiter pour le lui dire.
Océane relève vers lui des yeux reconnaissant et range immédiatement son téléphone.
— T'es mon garçon préféré de l'équipe, dit-elle et ça le fait rire.
— C'est ça. En attendant, je suis presque certain d'avoir vu Lace te courir après jusqu'à l'ascenseur, tout à l'heure. Et peut-être que t'as oublié, mais même si je suis un Type 4 j'ai une ouïe formidable...
Elle rougit et secoue vivement la tête.
— Mon dieu, tais-toi.
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