Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟻, 𝙺𝚒𝚎𝚛𝚎𝚗

Note d'autrice. 

Et nous voilà déjà au chapitre 15 ! Pour être honnête, je ne me souvenais plus que ce chapitre flash-back arrivait aussi tôt, mais tant mieux pour nous (oui, je dis nous car je relis l'histoire avec vous au fil des parutions et comme j'ai une mémoire de poisson, je redécouvre des trucs au fur et à mesure aha) 

Aujourd'hui, on découvre donc la première rencontre entre Adrian et Kieren... Vous savez déjà les grandes lignes, mais quelques détails en plus ne peuvent pas faire de mal... 😇 (quelques détails, dis-je, et ce chapitre fait 4K) Et il y a BEAUCOUP d'infos et révélations sous-jacentes je pense :)

Concernant le chapitre précédent, je vois que le principe comme quoi deux âmes-soeurs adoptent la longévité la plus longue vous a fait réagir hehe et vous avez eu plein de théories concernant Adrian et Kieren ! 

En attendant, comme toujours je vous remercie d'être aussi impliqués dans cette histoire ! 

Je vous embrasse et je vous souhaite une bonne lecture ❤️


Deux ans plus tôt

Il est attiré par les lumières et l'odeur alléchante.

Cela fait bien deux jours qu'il est en ville. Il a volé de nouveaux vêtements, a jeté ceux, complètement usés, qu'il a portés depuis qu'il a commencé à marcher des mois plus tôt. La teinture qu'il s'est faite une semaine avant d'arriver ici commence déjà à partir et quand il a fait attention, face au reflet du miroir des toilettes public, il a vu ses racines blanches. La veille, il a aussi vu une personne avec des cheveux violets flamboyant : la prochaine fois, il tentera de trouver une teinture dans ce genre-là.

Le bar n'est annoncé que par une pancarte en bois, retenue par des chaînes noires qui tombent d'une tige en fer plantée dans le mur. À chaque brise, tout cela fait un bruit affreux dans cette rue plutôt vide par rapport au capharnaüm qu'il perçoit vers le centre-ville.

La pancarte annonce fièrement : The Dream, bar magique.

Le videur, un colosse qui sent la magie de terre des mages, l'observe du coin de l'œil alors que Kieren s'approche. Quand il tente de descendre les marches pour entrer, l'homme l'arrête.

— C'est pas conseillé aux humains, ici.

Kieren hausse les sourcils. Son regard se baisse sur son apparence négligée et sur son cœur qui bat la chamade. Ses lacets défaits sont à peine rentrés dans ses chaussures.

— C'est pas interdit, alors.

Sa voix est rocailleuse. Il se racle la gorge pour la libérer, et essaye de se souvenir de la dernière phrase qu'il a prononcé. Il n'est pas sûr d'avoir parlé à quelqu'un, depuis qu'il est là.

— Sois simplement au courant. Y'a des vampires, en bas. Des sorcières, des mages et des loups.

Le videur l'observe encore plus attentivement.

— T'es pas déjà bourré, au moins ?

— Quoi ? Non.

— T'as un air de simplet.

Kieren fronce les sourcils.

— C'est pas gentil, fait-il remarquer.

— Et t'as quel âge, en plus ?

— Au moins vingt-cinq, annonce-t-il en essayant de se souvenir de ce qu'il a dit à la dernière personne qui lui a posé la question.

Le videur cligne des yeux.

— Au moins... bon, tu sais quoi ? Vas-y entre. Je termine dans dix minutes, j'ai pas le temps pour toi.

Kieren lui offre un sourire sincère, le remercie, et s'étonne de voir le visage dur du videur rougir un peu. Les marches qu'il descend sont en pierre, et les murs qu'il frôle des doigts tremblent sous la musique.

Quand il ouvre la porte, il a l'impression de traverser un mur. Le sort, sûrement originaire d'une sorcière, retient le plus gros des sons et des odeurs à l'intérieur. La piste de danse est immense, délimitée par un sol trois marches plus bas : le bar est à droite, éclairé par des lumières tamisées, roses et violettes. Kieren voit de belles robes, des tenues moulantes, des torses nus et couverts de paillettes.

Il marche un instant, s'étonnant de tout ce bruit après avoir passé les deux derniers jours à se promener dans les rues, à découvrir le centre-ville et son marché installé à l'occasion d'une fête d'hiver qui est apparemment connue partout. L'immensité de ce lieu, après avoir traversé des dizaines et des dizaines de villages ou de petites villes de moins de cinq milles habitants, l'étonne encore et cette fois il a l'impression que sa découverte ne durera pas seulement quelques semaines.

Il n'a encore jamais vu autant d'êtres magiques au même endroit.

Une fille lui attrape le bras quand il passe à côté d'un groupe.

— T'es humain, petit ? demande-t-elle d'une belle voix claire, même à travers la musique qui fait vibrer le corps de Kieren.

Elle le pousse doucement, jusqu'à ce qu'il finisse par presque s'asseoir sur les genoux d'une autre qui glousse.

— Il est adorable, dit-elle en lui laissant une petite place sur la banquette.

Une main froide caresse sa joue.

— T'es ici tout seul ?

— Quel beau visage.

— Tiens, goûte ça.

Il voit des sourires, des canines pointues, et essaye de se couper de leurs esprits ouverts qui tentent de lui crier leurs pensées. Il fait à peine attention au verre qu'ils lui mettent dans les mains : l'odeur est alléchante, alors il descend le tout cul-sec.

Il se lèche les lèvres, surpris du goût agréable et acquiesce.

Quelques regards étonnés tombent sur lui, et la belle vampire aux cheveux blonds qui l'a attrapé se met à rire.

— Et ben, dit-elle avec un sourire ravi. Tiens, bois ça aussi.

Ils ont tous leur attention centré sur lui pendant plusieurs minutes, le regardant descendre verre après verre en s'esclaffant comme s'il faisait quelque chose de drôle. Quand ils recommencent à discuter entre eux, oubliant petit à petit sa présence entre eux, il finit par demander :

— Y'a quoi dedans ?

Un vampire aux épaules étroites et aux traits délicats, maquillé au coin des yeux, ricane.

— Du sang, dit-il. Des cocktails de sang alcoolisé.

Kieren doit bien le dépasser de quelques bons centimètres, une fois debout, mais assis ainsi il se sent minuscule quand l'homme passe son bras derrière lui, sur le dos de la banquette.

— De l'alcool dans du sang ?

La fille d'en face méprend son expression rit :

— Fais pas cette tête, mignon. Les humains risquent rien, c'est juste censé être dégoûtant. Tu dois déjà être bien bourré.

S'il ne l'était pas en arrivant, à présent il sent effectivement sa tête se mettre à tourner. La sensation au creux de son ventre est étrange, et son cœur s'affole dans sa poitrine. Son sourcil se hausse, et quand l'homme se rapproche encore de lui, Kieren se lève d'un bon.

— Oh, tu t'en vas déjà ? s'attriste la fille, dont les yeux rouges sangs brillent dans la lumière tamisée.

Il acquiesce, s'excuse à voix basse, et passe au-dessus de quelques paires de jambes afin de quitter le petit renfoncement dans lequel il s'est retrouvé. Ses pieds ont du mal à avancer, se plaçant toujours au mauvais endroit, et pendant un instant il hésite à utiliser ses pouvoirs pour s'éclaircir un peu les idées.

La seconde suivante, il se fait entrainer encore une fois : trois filles aux yeux jaunes dansent en sautant au milieu de la pièce, au rythme de la musique. L'une semble l'inviter à les imiter, et il le fait pendant quelques secondes avant de sentir tout ce qu'il a avalé faire quelque chose d'étrange dans son estomac.

D'autres personnes le touchent, le frôlent, le font danser : il sourit parfois, ferme les yeux en balançant la tête, s'étonne des mains qu'il sent dans son dos et sur ses hanches. Il perd la notion du temps, avec la musique, et reste là, dans la mêlée, jusqu'à ce que sa tête arrête enfin de tourner.

Son esprit est étonnement silencieux quand il s'échappe de la piste de danse. Kieren a rarement l'impression d'être aussi stimulé : les tremblements et les vibrations le font garder les pieds sur terre, le bruit, les voix et la musique empêchent ses pensées de prendre toute la place, et tous ces gens qui le prennent pour un humain lui enlève le petit stress d'éviter qu'on ne le toucher trop.

Un sourire nait sur ses lèvres, au même moment où il trébuche étrangement sur la dernière marche censée le sortir de la zone réservée à la danse, juste devant le long bar rempli de monde. Il manque de s'écrouler, mais de grandes mains l'attrapent par les épaules et la seconde suivante sa joue s'écrase contre un large torse moulé dans un t-shirt qui sent la crème pour enfants, la neige, le déodorant et musc typiquement masculin qui remue quelque chose d'inconnu en lui.

— Merde, s'excuse Kieren en s'écartant.

Il doit relever la tête pour croiser le regard de l'inconnu, qui lui a sans doute évité une chute — chose qui n'est pas arrivée depuis son enfance, quand il apprenait encore à courir à toute vitesse — et se frustre légèrement de rencontrer autant de personnes immenses en un seul lieu.

Il oublie toute rancœur ridicule quand leurs regards se croisent.

C'est un loup, Kieren le sent tout de suite. Pour une raison qui lui échappe, il repense à ce jour, dans la forêt : il avait sept ans et s'amusait encore à essayer de suivre son père quand ce dernier le laissait seul pour aller dans le village humain le plus proche. Il revenait toujours les bras chargés de nouvelles choses, de livres, de vêtements et de nourriture humaine, et Kieren mourrait d'envie de voir à quoi tout cela pouvait ressembler.

Il avait attendu que la nuit tombe, puis s'était relevé de son lit dans la cabane. Sans chaussure, il s'était mis à courir dans la neige, suivant le chemin que son père prenait. Son endurance était bonne, mais il n'était encore qu'un enfant. Au bout de dizaines de kilomètres, il a fini par s'arrêter, le souffle court. Les nuages s'étaient faits plus sombres, l'odeur forte de la pluie qui mouille les terres avait pris place dans l'air, et Kieren avait regardé tous les animaux fuir dans l'autre sens.

L'orage de cette nuit-là a été magnifique et terrifiant. Même aussi jeune, il s'est presque retrouvé écrasé sous la conscience que tous ses pouvoirs n'étaient rien face à la véritable force de la nature, qui avait en un instant la capacité de lui prendre sa cabane, de lui prendre les loups de la colline d'à côté, de lui prendre des arbres et de faire fondre la neige. La pluie avait rendu l'endroit boueux et pour éviter de trop se salir, Kieren avait grimpé à un arbre, montant aussi haut que possible afin d'observer le ciel se zébrer encore et encore. Ces couleurs vives sur le ciel noir lui avait fait écarquillé les yeux pendant des heures.

Jusqu'à ce que, sans qu'il ne s'y attende, un éclair fonce vers lui. L'arbre s'est fissuré, les feuilles ont brûlé, et Kieren s'est réveillé le lendemain, sous le soleil encore caché par des nuages déjà plus clairs. Ses vêtements aussi avaient brûlé et sa peau portait des marques qui ont mis des semaines à partir. C'est son père, sur le chemin du retour, qui l'a trouvé et ramené à la maison en serrant sa mâchoire sous le coup d'une vive émotion. Même aujourd'hui, Kieren est encore incapable de dire si c'était de l'énervement face à son comportement idiot, ou de l'inquiétude pour son fils plus fragile qu'il ne l'aurait cru.

Dans la boîte de nuit, sous les projecteurs aveuglants, entre les corps transpirants secoués par le rythme d'une musique forte, Kieren a l'impression de disparaître pendant une seconde. Comme ce jour où il a été frappé par la foudre, son esprit disparaît et quand il cligne des yeux pour revenir, la musique a changé et l'homme n'a pas bougé.

Lui aussi l'observe avec des yeux écarquillés, le cœur aussi affolé que le sien.

— Pardon, je...

Kieren pose sa main devant sa bouche, surpris que son estomac fasse encore des siennes. Ce n'est jamais arrivé, malgré tout ce qu'il a ingéré dans sa vie, mais ces boissons que les vampires lui ont donné plus tôt doivent bien mieux fonctionner que l'alcool humain qu'il a déjà essayé.

— Je crois qu'il faut que je prenne l'air, dit-il dans un souffle.

Il ne sait pas pourquoi il le dit à voix haute, mais l'homme acquiesce lentement. Ses boucles blondes partent dans tous les sens, et de la sueur perle sur son front et dans le creux de son cou. Il le ne quitte pas du regard.

Pendant une seconde, Kieren s'imagine se pencher et poser ses lèvres juste là, simplement pour en saisir le goût.

Il secoue la tête. Non mais qu'est-ce qui me prend, pense-t-il en se détournant.

La porte d'entrée lui paraît bien loin et tout à coup il se rend compte de tout ce qu'il a traversé et décide de faire le tour. Quelques personnes tentent encore de l'attraper, mais quelque chose derrière lui semble les en dissuader : il bouscule deux mages et un vampire dont il capte les pensées, et s'écroule presque sur les marches de l'entrée quand il y parvient enfin.

Il ne s'est jamais senti aussi humain qu'à cet instant. Si l'alcool l'avait déjà bien entamé, la sensation étrange qui lui a rendu les genoux faible face à ce loup continue de le hanter. Il grimpe les marches une à une, s'étonne du long escalier qui lui paraît bien plus interminable qu'à l'aller, et inspire de toutes ses forces quand il débouche enfin sur la rue.

Le videur n'est plus là, les odeurs qui l'ont attiré ont disparu, et il n'entend même pas le bruit de la musique. Si sa tête ne tournait pas autant, Kieren en aurait sûrement tiré des conclusions — quelque chose en rapport avec un sort, fait pour attirer et qui pousse à rester pendant des heures. Il pense à l'état euphorique de tous ces gens, en bas, aux boissons qui coulaient à flot, et se demande depuis combien de temps ils sont là.

Il atteint presque une ruelle proche, le ventre en vrac, quand une voix le fait sursauter :

— Tout va bien ?

Le loup est tout près, dans son dos. Kieren se retourne d'un bon, remarque qu'il a dégagé son front et ramené ses cheveux vers l'arrière. Il meurt d'envie d'y passer ses doigts.

Il cligne des yeux pour effacer sa pensée. Qu'est-ce qui m'arrive ce soir ?

Plusieurs longues secondes passent pendant lesquelles Kieren se perd dans son regard : il remarque des traces de vert dans ses yeux marrons, qui paraissaient or sous les lumières en bas, et s'étonne de l'épaisseur de ses sourcils et de la longueur de ses cils. D'aussi près, il voit aussi quelques tâches de rousseurs, plus sur les joues que sur le nez, et...

L'homme se racle la gorge, et Kieren remarque qu'il s'est rapproché considérablement. Leurs nez se touchent presque. Il écarquille les yeux et fait deux pas en arrière.

— Merde, je... désolé, je me sens un peu à côté de mes pompes.

— J'imagine, oui.

Les deux mains dans les poches de son jean, le regard de l'inconnu s'adoucit un peu. J'imagine ? A-t-il vu ce que Kieren a avalé, en bas ? Il en a presque honte, comme tous ces moments où il découvre quelque chose, quelque chose qui paraît commun mais dont son père a oublié de parler dans ses histoires.

L'homme fait un pas en avant, réduisant leur distance de moitié. Son corps paraît tellement brûlant que Kieren a l'impression de voir une légère brume autour de ses bras et de sa nuque, là où sa peau rencontre l'air froid de l'hiver.

— Tu... n'as pas de veste, souffle-t-il.

— La tienne n'est pas bien épaisse.

Les yeux de l'homme glissent sur sa peau, jusqu'à quelque part dans son cou.

— Tu frissonnes, remarque-t-il.

Loin du froid de la rue, il a presque l'impression que c'est sa voix grave qui le fait réagir ainsi.

Il s'étonne de chacune de ses propres réactions : on lui a déja mis une main sur la cuisse, on lui a déjà fait des avances, et il a vu toute sa vie ce que les animaux faisaient au printemps. Son père ne lui en a parlé que brièvement, mais Kieren n'est pas innocent, pas à ce point. Pourtant, ce soir, il se sent comme le jour où il a rencontré son premier humain.

Cette émotion, où quelque chose dans son ventre se tord et où quelque chose d'autre, plus bas, se contracte étrangement, il ne l'a jamais éprouvé ainsi. C'est intense, c'est presque douloureux : un coup de genoux dans le ventre, qui lui donne envie de se rapprocher encore plus.

— Les humains ne viennent normalement pas dans cette boîte, dit l'homme alors que Kieren s'appuie contre le mur derrière lui.

Il tente de reprendre ses esprits, le souffle un peu court.

— Je viens d'arriver en ville, explique-t-il. Je sais pas pourquoi, j'ai été... attiré en bas.

— Cette boîte est soupçonnée de sorts malhonnêtes. Si t'as réussi à retrouver la sortie, ça doit être parce que t'es humain : beaucoup d'autres n'ont pas cette chance. Certains ont même oublié qu'il existe une sortie.

Kieren déglutit. La nuit lui paraît à la fois tellement silencieuse et tellement bruyante : les rues sont désertes mais sa tête est si lourde qu'il peine à détourner le regard du visage du loup.

Il a l'impression que l'inconnu s'est encore rapproché.

— Si les êtres magiques sont bloqués en bas, comment t'es sorti, toi ?

Le rictus qui naît sur ses lèvres attire son attention et il se met à fixer ce petit bout de langue entre elles.

— Je t'ai suivi, répond-il honnêtement.

— Oh.

L'homme est tellement proche cette fois que l'une de ses jambes passent entre celles de Kieren. Ses larges épaules le surplombent, il penche la tête.

Et Kieren se demande vaguement pourquoi, au lieu de lui donner un coup de pied pour s'échapper, il a seulement envie de s'approcher encore plus. L'odeur du loup est partout autour de lui, et il a cette impression unique de se trouver au bon endroit au bon moment.

— Comment tu savais que c'était vers la sortie que je me dirigeais ? demande-t-il si doucement que son souffle tombe sur le visage de l'homme, à quelques centimètres du sien.

Son sourire redouble encore alors que ses lèvres se rapprochent encore, presque sur les siennes.

— Je ne le savais pas.

Et c'est au moment où Kieren pense ah, il va m'embrasser, que quelque chose éclate dans son ventre. Son corps prend le contrôle, ses bras se lèvent et s'enroulent autour du cou de l'homme qui fond enfin sur lui. Leurs souffles se mêlent, haletants, et Kieren est entouré par l'odeur, les sensations, et la satisfaction complètement nouvelle qui déferle en lui.

Il ne sent ni la puanteur évidente de la ruelle, ni le vent sûrement glacé de l'hiver : la peau du loup est bouillante, comme sa bouche qui remue contre la sienne et soudain il veut plus, il veut encore, il veut davantage. Sa main droite tente de fouiller dans ses cheveux humides de sueur tandis que la gauche s'accroche au t-shirt de l'inconnu avec sûrement beaucoup trop de force.

Il sent des doigts serrer sa cuisse, d'autres dans le bas de son dos. Son torse se colle contre le sien et leurs coeurs battent affreusement vite, presque en même temps. Il cherche à trouver sa respiration, au milieu de cette envie dévorante de continuer à l'embrasser : leurs langues se touchent, se séparent, se trouvent à nouveau. C'est la première fois qu'il vit ça, qu'il en a envie à ce point, et quand l'érection de l'homme se fait connaître contre le tissu de son propre pantalon, tout contre lui, ils se séparent à bout de souffle.

Leurs regards se trouvent, et Kieren se contrôle autant qu'il le peut pour ne pas laisser ses yeux s'illuminer dans la nuit. Face à lui, la maîtrise essoufflée qu'il trouve lui donne l'impression que l'homme en fait de même.

— Pardon, souffle ce dernier sans s'écarter pour autant, le maintenant plaqué contre le mur. On devrait sûrement...

Il déglutit.

— ...faire connaissance avant, s'échanger nos numéros, quelque chose comme ça. Je connais pas le protocole, mais...

Kieren n'a aucune idée de ce dont il parle. Il le regarde, la poitrine lourde et le ventre plein de désir.

L'homme gémit doucement, la mâchoire serrée.

— Mais si tu n'arrêtes pas de faire ça, je vais juste t'emmener dans une chambre à deux rues de là, gronde-t-il.

Il met quelques secondes à comprendre, jusqu'à ce que Kieren stoppe ses petits mouvements de hanche inconscient contre la jambe entre ses cuisses. Il a l'impression que sa gorge est sèche comme du verre.

— La...

Un frisson remonte le long de son dos.

— La chambre me va.

C'est peut être la dernière phrase sensée qu'il dit du reste de la nuit. Le reste est flou, curieux, plein de chaleur et de mouvements : il se laisse entraîner dans le hall d'un immeuble, se laisse plaquer contre plusieurs murs sur le chemin, se laisse embrasser comme un fou, se laisse toucher et se laisse dévorer.

Il se souvient de la découverte, du plaisir qui monte et qui se libère d'un coup, rendant sa tête complètement silencieuse et embrumée. Il se souvient de mains chaudes sur lui, sur sa peau, ses cuisses, son torse, ses hanches. Il se souvient des heures qui ont passé, de sensations étonnantes et nouvelles. Un corps sur le sien, un poids qui l'écrase, une bouche humide dans son cou, sur son torse, sur le bas de son ventre.

Peu de mots, beaucoup de regards, des émotions qui semblaient parfois lui appartenir, parfois pas. Il a goûté du bout de ses doigts, touché des muscles, de la peau, il a tiré sur des mèches de cheveux, a murmuré à une oreille, a gémi contre un oreiller.

Quand il reprend conscience, après s'être sûrement endormi une heure ou deux, un cœur bat sous sa joue. Un morceau de drap sur les fesses, le visage aplati contre le torse de l'homme, Kieren cligne des yeux plusieurs fois. Un léger ronflement arrive jusqu'à ses oreilles, et il se redresse tout doucement, le plus silencieusement possible.

Allongé sur le dos, son inconnu a les yeux fermés, la peau brillante et les cheveux emmêlés. L'odeur dans la pièce est forte et ne laisse aucun doute sur ce qu'ils ont fait : Kieren reste immobile, les yeux posés sur le visage de l'homme. Dehors, le jour est levé depuis un moment et il entend le bruit sourd des voitures et des embouteillages dans la rue en contrebas. Un klaxon plus fort que les autres le rappelle à la réalité : il voit le souffle de l'homme se couper un instant avant de reprendre naturellement, et cette fois il n'attend plus.

Nu comme un vers, il se lève à pas de loup et cherche ses vêtements vers l'entrée de l'appartement. Sa veste, cachée derrière le canapé de la pièce principale, est la dernière chose qu'il lui reste à enfiler avant de marcher vers la seule fenêtre qui donne sur une rue moins fréquentée.

Un dernier coup d'œil à l'appartement, et il ouvre l'une des vitres afin de se glisser sur le rebord du toit. En bas, il ne voit ni ne sent personne : d'un mouvement fluide, il se laisse tomber le long du bâtiment à plusieurs dizaines d'étage. La chute ne dure que quelques secondes, mais quand il se réceptionne il sent les petites courbatures nouvelles tirer dans son corps. Il sait qu'à la première goutte de sang tout cela disparaîtra, alors il profite de la sensation et se redresse en s'étirant.

Quand Kieren s'échappe en direction d'une grande rue animée, il se demande s'il aurait au moins dû laisser son nom à son inconnu. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro