Mathilde

Manon sanglotait. Je me la pris dans mes bras et aussitôt, Louison et Thaïs se rejoignèrent à moi pour enlacer notre amie. Pendant environ cinq minutes, nous restâmes ainsi, à nous consoler par des mots gentils et des câlins. La lionne n'arrêtais pas de murmurer "je suis désolée, les filles" en pleurant. Finalement, Manon se releva, digne, et essuya du revers de sa main les larmes qui abimaient son visage trempé.

"Désolé de ne vous avoir rien dit, souffla t-elle. Je suis désolée. Je... Je voulais juste nous protéger.

- Il n'y a aucun problème, Manon. On te pardonne, assura Thaïs.

- Tu as été tellement courageuse de nous le dire, affirma Louison. Une vraie Gryffondore. Et ça explique tant de choses...

- On te comprends tellement, ajoutais
-je. À ta place, bien sûr que j'aurais été traumatisée par la mort de mes parents biologiques. Et puis, ce n'est pas ta faute si toute ta vie on t'a répété de te taire si un Serpentard t'insultait de peur qu'il se venge.

- Tu n'as pas à te justifier. On est là pour toi."

Manon sembla aller un peu mieux. Ses yeux étaient toujours rougis, mais elle souriait, à présent.

"Fiouuu. Vous savez quoi ? Finalement, ça fait du bien de le dire. Je me sens libérée. J'avais tort depuis le début, à me méfier de Malefoy ou à vous empêcher de parler... L'assumer et tout vous expliquer, ça soulage."

Nous souriâmes tous ensemble. Je demandai :

"Alors, on est amies ?

- Évidemment ! S'exclama Thaïs.

- Et à jamais !" Renchérit Louison.

Nous nous enlaçâmes. Je me sentais soulagée de notre réconciliation. Plus de secrets cachés, plus d'effrayantes attaques... Il y avait toujours la possession de Thaïs a expliquer, mais une partie de nos problèmes étaient réglés. Je signalai l'histoire aux deux autres.

"Ah oui, c'est vrai... Soupira Louison. Thaïs, on a découvert pas mal de trucs ce matin. Quand t'étais dans ton lit..."

La Serpentarde narra toute l'histoire à la Poufsouffle, de ses paroles en latin aux bouquins de possession. À la fin, la jaune et noire était blême.

"Alors, vous pensez que je suis possédée, répéta t-elle lentement. Où sont les livres que vous avez prit ? Il faut les consulter.

- Attendez un peu," intervint Manon.

Nous nous tournâmes toutes vers la lionne. Elle déclara, l'air fatigué :

"Les filles, il s'est passé plein de trucs cette première semaine et, honnêtement, je suis crevée. J'en ai assez de jouer les enquêtrices. Et puis, là, j'avoue que j'en ai marre de bosser. Je veux juste m'amuser, ajouta t-elle avec un sourire. On verra les serpents et la possession après. Et si on allait déjeuner, puis aller au lac tant qu'il fait beau ?"

Nous hochâmes toutes vigoureusement de la tête, parfaitement d'accord avec Manon. Les problèmes et enquêtes, ça allait deux minutes. On avait onze ans, et il fallait profiter.

"Entièrement d'accord, renchérissais-je. On va déjeuner ?

- OK !!" Répondirent les autres.

Enthousiastes, nous dévalâmes les escaliers pour aller déjeuner à la table des Gryffondors. Le repas était excellent, comme à son habitude, et je me servis généreusement de poulet à la sauce et de purée aux épinards. Nous discutâmes de tout et de rien avec Steven et Fred, qui me firent beaucoup rire. Ils avaient le don de remonter le moral à n'importe qui. J'oubliai rapidement les mauvaises nouvelles de la semaine tandis que Fred me racontait les quatre-cent coups de son père lorsque qu'il était à Poudlard. Ses histoires futiles et hilarantes me réchauffaient le cœur.

En même temps, je parlais de l'école avec les filles en me régalant. En dessert, il y avait une superbe tarte au citron meringuée qui s'est révélé excellente. C'était un plaisir de simplement discuter, rire et apprécier les plats de Poudlard sans penser à la bibliothèque ou à des sujets plus graves.

Une fois le repas terminé, nous nous précipitâmes hors du château. Le soleil brillait et une douce chaleur se répandait dans l'air. Les quatre filles repérèrent un grand et splendide saule pleureur qui penchait doucement sur le lac miroitant les reflets du ciel bleu et des nuages crème. Elles décidèrent de s'asseoir à l'ombre de celui-ci et s'assirent tranquillement, le sourire au lèvres, au bord du lac, puis commencèrent à discuter de sujets futiles comme les cours, Scorpius, leur famille. Au bout d'un moment, Manon déclara soudainement :

"Et si on se baignait ? Il fait encore chaud.

- Je te rappelle qu'il y a un calamar géant ! Protestai-je, néanmoins amusée.

- On s'en fiche !"

Il n'en fallu pas plus pour convaincre le groupe. Elles se précipitèrent pour prendre leur maillot et les amies se  trempèrent leurs pieds dans le lac. Il était glacial et Thaïs poussa un cri de souris, mais c'était une expérience plutôt cool. On s'amusait à asperger d'eau du lac en riant, riant comme de vraies folles. Au bout d'un moment, je pris mon courage à deux mains et plongea dans l'eau froide qui se révéla, une fois dedans, délicieuse. Louison et Thaïs, qui arrivaient à peine au genou, hurlaient en me demandant comment je faisais et Manon rit en essayant de me rejoindre. On s'amusait, riait, l'esprit ailleurs. C'était incroyablement génial.

Vers dix-sept heures, frigorifiées, nous retournâmes au château. Nous prîmes des chocolats chauds à la grande salle et allâmes jusqu'à la salle commune des Serdaigle, cette fois, pour s'enrouler dans des plaids tout doux et s'enfoncer dans des poufs bleus et bronze. Une grande bibliothèque était mise à disposition, et, en attendant le repas du soir, les quatre amies bouquinèrent et discutèrent tranquillement.

Le soir venu, Mathilde, Manon, Thaïs et Louison arrivèrent au dîner le cœur léger : elle avaient passé une après-midi légère et se sentaient libérés d'une pile de soucis. Le calme revenait à Poudlard.