Louison

Je soufflai un bon coup. Trois jours. Trois jours que les événements du mardi 2 septembre étaient passés. Les douleurs s'étaient atténués, mais les souvenirs, eux, étaient bien présents, tout comme les regards noirs de la part d'Eliza Parkinson ou l'insupportable tension entre Thaïs et Manon, qui ne faisaient que s'échanger des regards furieux et, au mieux, de froides remarques.

A part cela, tout était revenu à la normale. Aucun coup, aucune magie mystérieuse, ou en tout cas, rien de mon côté. Les Serpentards étaient toujours désagréables avec moi, mais pas d'insultes réelles ou d'atteintes physiques.

Après l'intervention d'Eliza le mardi 2 septembre, j'avais été envahie d'une colère - une colère froide, douloureuse, dangereuse, et terriblement tentante. Comme il était facile de haïr ceux qui nous font du mal, au lieu d'essayer de comprendre pourquoi ils agissent comme ça ! Je vouai toujours une haine sèche et irréductible envers la petite blonde arrogante des Serpentards, mais avec le recul des jours passés, je me remémorai ces paroles, et me questionnai dessus.

"C'était pour tous les moldus de ton espèces, qui ont détruits des milliers de sorciers et qui nous ont fait du mal. Pauvre Sang-de-bourbe ! Tu ne seras jamais une sorcière. Et encore moins une Serpentarde."

Et aussi l'expression de la Serpentarde, qui, derrière un masque de haine et de colère à l'état pur, exprimait une tristesse et une douleur incomparable. Étais-ce de la pitié que je ressentais ? Ou simplement de l'incompréhension ? Et si, sous ses actions qui nous semblaient horribles et malveillantes - car c'est ce qu'elles étaient - il y avait une raison ? Injuste, certes, mais qui permettrait de mieux comprendre ?

Je secouai la tête et poussai la porte devant moi conduisant à la salle de potions. Un professeur au ventre rebondi et à l'air jovial était assis à son bureau, et il me sourit gentiment.

"Entrez, je vous prie ! Asseyez vous."

Je remerciai le drôle de professeur d'un mouvement de tête et suivit la classe du regard pour trouver une place. Environ la moitié des élèves étaient déjà là. Je vis alors Meriemme, assise à un bureau au deuxième rang. Elle me faisait de grands signes. Avec un sourire, je vins m'asseoir à ses côtés.

Une minute plus tard, une nouvelle vague d'élèves arrivèrent, dont Scorpius Malefoy et son complice Albus Potter, qui s'installèrent à la table devant nous. Prête à le contempler durant les deux heures de cours qui allaient suivre; je mis ma tête entre mes mains pour concentrer mon attention sur mon bel Apollon alors que le professeur, Slughorn je crois, faisait un ennuyeux discours.

"Et sur ce, bonne chance pour la potion !"

Je relevai précipitamment. Quoi, une potion ? Me maudissant à mi-mot, je secouai Meriemme qui sortait apparemment d'une sieste, mais son grognement incertain m'indiqua qu'elle n'avait rien écouté non plus. Avec un soupir, je me penchai en avant pour demander :

"Euh, les gars ? Albus, Scorpius ? C'est quelle portion déjà qu'il faut faire ?

 - La Somniferia asimus, répliqua le beau blond en levant les yeux au ciel, un sourire amusé sur son beau visage. Tu n'écoutes jamais rien ou tu le fais exprès ?

 - C'est une question que je me pose souvent, à moi aussi, ris-je. Quelle page ?

 - Numéro 219," fit Albus en secouant la tête.

J'ouvris le manuel de potions à la bonne page et observai les ingrédients demandés. Rosée d'un lendemain de pleine lune, racines de Mandragore, écorce d'arbre à Botrucs et sang de griffon. Je demandai à Meriemme :

"Tu peux aller me chercher ça dans l'armoire, steuplé ? Heu, MERIEMME !

 - Quoi ? grogna la concernée.

 - Tu peux chercher tout ça ?

 - Mmmh, OK..."

Elle se levai avec difficulté pour aller prendre les ingrédients nécessaires. En attendant, j'affutai la lame comme demandé. Une fois les ingrédients à disposition, je fis bouillir vingt-cinq centilitres d'eau de rosée. Je coupai l'écorce en petits dés de deux centimètres de largeur, puis pressa l'écorce avec le plat de la lame pour en sortir du jus de Mandragore. Je mis les dés d'écorce dans l'eau bouillante, baissa légèrement le feu et tourna dix-huit fois la cuillère dans le chaudron dans le sens inverse des aiguilles d'une montre pour désagréger les dés d'écorce en poudre. Au bout de vingt-six minutes, je mélangeai rapidement trois gouttes de sang de griffon au jus de Mandragore que je rajoutai à la préparation. Je touillai durant trois minutes en longueur, puis en largeur, et ma potion prit une belle teinte vert d'eau mêlé à un bleu canard, comme celle décrite dans le livre.

Fière de ma potion, je la montrai à Slughorn qui s'empressa de me féliciter :

"Magnifique pour un premier cours ! Vous avez un véritable talent, miss... Miller, c'est ça ? Mes compliments. Eh bien, je crois que nous avons un nouveau membre au club de Slug ! s'écria t-il en me gratifiant d'un clin d'œil non dissimulé.

 - Le club de quoi ? fis-je en fronçant les sourcils.

 - De Slug ! En fait, c'est mon club, et j'organise plusieurs réunions par trimestre pour tous ces membres. Seuls mes meilleurs élèves peuvent devenir membre de mon club et participer aux réunions. Vous avez beaucoup de chance !" s'enthousiasma t-il avant de se diriger vers un autre groupe d'élèves.

Je n'étais pas sûre de vouloir participer à un club dirigé par ce drôle de professeur et auquel participent sûrement un tas d'élèves de Serpentard, mais je m'efforçai de sourire chaleureusement à Slughorn avant de me retourner vers Meriemme pour discuter avec elle en attendant la fin du cours.