Mathilde

"Louison ! T'étais où, espèce de... de... Raaah !"

A mes paroles, la concernée soupira et leva les yeux au ciel. Je bouillonnais intérieurement. La jeune fille qui était absente toute la matinée était arrivée comme une fleur après notre cours de Sortilèges avec les Gryffondors. J'avais du attendre jusqu'à la fin du cours d'histoire de la magie, avec Binns, pour lui parler, et à présent je défoulais toute ma rage sur Louison.

"Calme toi, tenta vainement Thaïs. Mais, Loulou - Elle jeta un regard furieux à la Serpentarde - c'est vrai que tu nous dois des explications.

 - Il n'y a pas grand chose à expliquer, commença t-elle, un peu gênée. Je n'ai pas réussi à me réveiller. C'est tout. Je l'ai fait seulement à 13 heures, et j'ai juste eu le temps de me changer et de préparer mon sac avant d'aller en cours.

 - N'importe quoi, répliqua Manon, qui mâchait bruyamment un chewing-gum à la menthe. Thaïs nous a raconté que tu es arrivée en retard avec Meriemme avec un teint aussi frais qu'un zombie plongé dans une cuve d'acide."

Je hochai vigoureusement de la tête et ajoutai :

"En plus, tu vas pas mentir en disant que tu as l'air d'une mamie sortant de dépression. Je ne sais pas si ça a un lien, mais dans tous les cas tu vas mal. Dis-nous !

 - Tout va bien je vous dis !

 - Faux !! fit Thaïs. Et puis si tu nous ne dis rien, nous on te racontera pas ce qui s'est passé ce midi, près de la salle commune des Serpentards..."

Louison hésita, apparemment piquée de curiosité. Finalement, elle craqua et fit dans un soupir, après avoir jeté un coup d'œil à droite puis à gauche :

"OK, mais pas ici, en plein milieu du couloir. Ya pas un endroit où on serait tranquille ?

 - Les cours sont terminés, on a qu'à aller dans une classe vide, vous croyez pas ? J'ai vu Flitwick dans la Grande Salle, et vu la conversation qu'il a avec McGo, ça risque de durer longtemps. On y va ?" proposa Manon.

Nous acceptèrent et entrèrent dans la salle du prof de Sortilèges. Après avoir fermé la porte derrière nous, nous nous mîmes à même le sol et j'encourageai la brunette aux yeux bleu-vert :

"Donc, accouche. Pourquoi tu n'étais pas là ce matin ?

 - Eh bien... hésita Louison. En fait, ce n'était pas totalement faux, ce que je vous ai raconté tout à l'heure. Je me suis bien réveillée en retard... Mais pas autant de ce que je vous ai dit. Cinq minutes avant les cours, en fait. Mais il y a cette Élisa Parkinson..."

Elle baissa la voix, et nous nous rapprochâmes d'elle.

"Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais ce matin, nous n'étions que toutes les deux, elle m'a fait tomber et... Elle m'a frappé. Fort. (A ce moment, on entendit Thaïs étouffer de sa main un cri horrifié.) Un coup de pied dans les côtes, et j'étais déjà K.O. Je ne suis pas connue pour ma grande résistance, plaisanta t-elle - mais personne ne rit. Et... Je crois que j'ai fait un malaise, ou un évanouissement, enfin bref. Heureusement que Meriemme est venue chercher un manuel de Métamorphose dans le dortoir, car sinon, je ne sais pas comment j'aurais pu m'en tirer. Maintenant ça va un peu mieux. Mais sur le moment... J'étais mal."

J'intervins aussitôt :

"Il faut que tu le dises aux professeurs. C'est grave, ce qui s'est passé. Tu ne te rends peut-être pas compte, mais...

 - Non, coupa Manon. Non, il ne faut rien dire."

Je la regardai, interloquée.

"Comment ça ? balbutiais-je. Elle s'est fait frapper !

 - Certes, mais ces Serpentards... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais il y a quelque chose de grave. Un secret que les Sang-purs gardent, peut-être... Mais ils sont puissants et il y a des ennemis parmi eux. Je doute que la plupart soient de simples élèves, surtout parmi les plus âgées.

 - Mais c'est quoi, ces histoires ? S'exclama Thaïs. Manon, tu es complètement folle ou non ? Peu importe si ils sont dangereux ou non, il faut en parler à la directrice !! Tu ne te rends peut-être pas compte !! Le feu vert, les coups... C'est le même discours que tu nous sert. Mais on est menacés par je ne sais pas quoi, et il faut en parler, ces Serpentards sont une véritable menace !"

Puis un silence s'installa. Au bout d'une minute, Louison murmura :

"Alors, moi aussi, je suis une menace, pour vous ?"

Nous la fixâmes toutes, puis je répondis avec assurance :

"Non. Pas tous. Il y en a qui ne sont pas comme ça, et tu en fais partie. Tu es une née moldue à Serpentard, la seule et l'unique, et c'est ce qui fait ta force.

 - Tu es différente, mais spéciale. Certains élèves sont peut-être une menace, mais toi, tu es notre amie, renchérit Thaïs.

 - Et nous aussi, on est tes amies, et on t'aime, peu importe ta maison et les gens qui la peuplent ! Câlin général !" compléta Manon.

Nous enlaçâmes notre amie et restâmes quelques instants ainsi, avant que Louison intervienne :

"Euh, les filles... En fait, c'est quoi, le truc du "feu vert" ?"