Manon

J'embrassai mes parents et ébouriffai les cheveux de mon frère et de ma sœur, des jumeaux de trois ans de moins que moi. Ma sœur, Julie, se remit à geindre, pour la centième fois depuis notre départ :

"Maman ! Moi aussi, je veux aller à Poudlard !

- Dans trois ans, Julie ! Tu vas voir, ça passe vite !" ironisais-je.

C'était faux, bien sûr. J'avais trépigné pendant onze longues années en attendant ce moment, à être ici, à la gare de Londres, prête à passer à King'Cross.. dans le monde des sorciers. C'est vrai, quoi, j'avais l'impression d'être une moldue, à attendre sans pouvoir utiliser la magie !

J'ai grandi et vécu à Londres. Même si je suis née dans un petit village où il n'y avait personne, nous avons bien vite changé pour cette grande ville. Ma mère travaillait à l'hôpital de St-Mangouste, où elle était infirmière, et mon père au ministère de la Magie. Alors, on a été obligés de déménager. J'aimais bien le calme et la sérénité du village où je suis née. Mais l'excitation, les couleurs et l'activité constante de Londres m'ont fait vite changer d'avis.

Dans cette ville, j'avais bien plus l'impression de vivre... Même quand on a des parents qui rentrent tard du travail, qu'on doit garder sans cesse ses petits frère et sœur et qu'il est interdit de faire de la magie. Au moins, à Londres, je pouvais sortir manger une glace sur le chemin de Traverse, ou aller chez Zonko, le magasin de farces et attrapes. Malheureusement, il fallait être dix fois plus prudent pour cacher le fait qu'on soit sorciers.

Je pris mon chariot, où reposait ma valise ainsi que un des hiboux de la famille qu'on me léguait, un petit-duc nommé Noisette en raison de la couleur de ses plumes. Je courrai vers le mur de pierre où le nombre 10 était affiché pour arriver sur la voie 9 3/4. Je passai au travers, mes parents, Julie et Clément (mon petit frère) me suivant derrière moi. King'Cross était empli de la fumée crachée par le Poudlard Express. Je fis un dernier signe à ma famille et montai dans le train. Je m'approchai du fond du wagon, en réfléchissant à mon amie Meredith, partie à BeauxBâtons, en France. J'allais devoir me faire de nouvelles amies. Tout au bout du train, une fille lisait tranquillement. Je toquai à la porte du compartiment.

"Salut ! Je peux entrer ? Ou tu préfères rester seule ?

- Non non, vas-y," fit-elle en souriant.

Je m'essayai à côté d'elle, me maudissant intérieurement d'avoir (encore) oublié quelque chose pour faire passer le temps. Tant pis, pensais-je en regardant par la fenêtre. Ce voyage allais être long...