Chap 8
Lorsque mon réveil sonne, mes yeux sont déjà grands ouverts. Je n'ai pas bien dormi et ai regardé toutes les heures mon téléphone portable pour voir si WonWoo avait essayé de me joindre à nouveau. En vain. Maintenant qu'il est l'heure de se lever, j'ose enfin l'appeler.
J'entends la sonnerie retentir, encore et encore, avant de tomber sur sa messagerie. Je raccroche puis ré-essaye. Pareil. Je lui envoie un SMS, lui demandant de me rappeler dès qu'il aura vu mon message, et sors finalement de mon lit. Après un tour à la salle de bain, j'enfile mon uniforme, dépose mon sac près de l'entrée et rejoins la cuisine où Papa Jin est déjà en train de déjeuner. On se dit bonjour et le silence reprend place.
Pas que je n'ai pas envie d'être méchant avec lui ou de l'ignorer, surtout qu'il a fait un pas vers moi hier soir, mais je n'ai pas envie de lui donner de l'attention ce matin. Je suis surtout préoccupé par mon meilleur ami en ce moment.
Après avoir mangé, nous croisons papa Jimin qui nous souhaite une bonne journée et je suis papa Jin qui me conduit au lycée. Et je sens bien qu'il est concentré par autre chose que la route.
_ Tu sais...
Ça y est, il commence à parler.
_ Si tu as envie d'en parler...
_ Non, c'est bon.
_ D'accord.
Et le reste du trajet se fait en silence. Arrivé devant mon lycée, il se gare, on se souhaite une bonne journée et je claque la portière. Je n'ai pas très envie de penser à tout ce qu'il m'a dit hier soir, j'ai juste envie de voir si WonWoo est déjà arrivé et de savoir s'il va bien.
Mais quand j'entre dans la classe, pas de WonWoo en vue. Juste SuJeong, SeokMin et SoonYoung qui sont en pleine conversation. Je les salue rapidement, comprenant que je n'aurais pas de retour parce qu'ils sont en plein débat. Je vais m'asseoir et fixe la porte, attendant désespéramment que mon meilleur ami arrive. La cloche annonce le début des cours, SuJeong s'éclipse dans sa classe et WonWoo n'est toujours pas là.
- - -
La pause de midi arrive et l'absent l'est toujours. Je suis mes amis jusqu'au réfectoire, SuJeong nous rejoignant, et j'essaye de rire avec eux du mieux que je peux. Puis d'un coup, SoonYoung lance un :
_ Il a quoi WonWoo ?
_ Je sais pas, je réponds.
C'est la première fois que notre ami est absent sans nous avoir prévenu avant. Il n'y a que deux ou trois fois où il a été malade mais il m'a toujours prévenu avant, pour que je puisse lui envoyer les cours. Je m'inquiète et j'ai l'impression qu'un vide s'est créé autour de moi par son absence. Je ne pensais pas qu'il pourrait me manquer à ce point.
On traîne un peu dehors, ils reviennent tous sur le grand débat qu'ils avaient ce matin et je me surprends plusieurs fois à ne pas les écouter. Je me demande si WonWoo va bien.
On revient tous en classe et la sonnerie retentit. Le professeur entre, nous le saluons et le cours commence. Une demi-heure est passée lorsque la porte de la classe s'ouvre, sur WonWoo.
Je pousse un gros soupir de soulagement en le voyant. Il n'a pas l'air bien mais il est là et c'est tout ce qui compte. Il explique au professeur qu'il a eu un problème familial hier soir et le professeur le laisse aller s'installer. Je regarde mon ami prendre place alors que le cours reprend et je lui jette des coups d'œil de temps à autres pour voir comment il va. Il n'est pas au meilleur de sa forme visiblement. Et son excuse m'a l'air bien confuse : un problème familial ? Alors qu'il m'a appelé en milieu de la nuit totalement bourré ?
Lorsque la fin des cours sonne, je vois mon ami se lever et se diriger vers moi. Je lui lance aussitôt un sourire bienveillant.
_ Comment tu vas ?
_ Pas super, rougit-il avant de passer une main derrière la tête. J'ai mal au crâne, je ne pense pas rester à l'étude aujourd'hui.
_ D'accord, je comprends. Prends mes notes avant de partir.
Je sors de mon casier situé sous ma table mes cahiers pour les lui passer mais il fait une drôle de tête.
_ Est-ce que ça va ?
Il se racle la gorge après avoir cligné plusieurs fois des yeux.
_ J'ai la tête qui tourne.
_ Je te raccompagne chez toi.
Je ne sais pas pourquoi j'ai sorti ça, c'était juste spontané. Je ne sais même pas où il habite mais à le voir aussi mal, j'ai pas envie qu'il prenne le bus seul et prendre le risque qu'il s'évanouisse au plein milieu de nul part.
_ Quoi ? Non, ça va. Tu vas rater l'étude.
_ Tant pis. Je serai pas concentré de toute façon. Je viens avec toi.
Je range mes affaires dans mon sac et me lève de ma chaise. Je fais signe aux deux autres qu'on s'en va et je sors de la classe avec WonWoo. On longe les couloirs bondés de monde et on tombe sur SuJeong qui sort des toilettes des filles.
_ T'as une sale tronche, salue-t-elle WonWoo.
_ Il se sent pas bien, je le raccompagne chez lui.
_ C'est gentil.
Elle nous sourit, penchant sa tête de coté, d'une façon que je ne lui connais pas : un sourire bien trop gentil pour qu'il ne cache pas quelque chose. Mais je laisse passer parce que c'est SuJeong et que des fois, je ne la comprends pas vraiment.
_ Soigne-toi bien.
Elle nous laisse alors et nous reprenons notre marche vers l'extérieur du lycée. Arrivés à l'arrêt de bus, WonWoo se tourne vers moi.
_ Ça va aller tu sais, je sais me débrouiller.
_ Je sais que t'es un grand garçon mais j'ai pas envie de te laisser tout seul en sachant que t'as mal à la tête parce que t'as la gueule de bois.
Ses yeux s'ouvrent en grand, étonné que je sache la vérité, et ses joues prennent feu la seconde d'après.
_ Mais...je...
_ Tu ne te souviens pas de m'avoir appelé en plein milieu de la nuit ?
_ J'ai fait quoi ? S'exclame-t-il, plus que surpris.
_ Tu m'as appelé. T'étais complètement bourré WonWoo, c'est pas grave. J'ai essayé de te rappeler ce matin mais t'as pas décroché.
_ Mon portable est cassé.
Je hausse un sourire en coin.
_ Qu'est-ce que j'ai dit ?
_ Au téléphone ?
Il hoche la tête.
_ Que j'étais ton meilleur ami et que tu m'aimais.
_ Ah bon ?
Sa figure est toute rouge à présent et ça me fait presque rire de le voir aussi vulnérable.
_ T'es mignon, je lance.
Il baisse la tête, la rentrant le plus possible entre ses épaules et ça me fait rire.
_ Désolé, me dit-il. En fait, je ne me souviens pas trop de ce qu'il s'est passé cette nuit.
_ Problème familial, hm ? Je le taquine.
_ C'est à cause de mon père...mais j'ai pas envie d'en parler.
_ Okay, je n'insisterai pas.
Il me remercie d'un sourire et le silence s'installe alors que nous prenons place dans le bus. Assis coté fenêtre, je regarde les rues défiler, le bus empruntant des quartiers que je ne connais pas après avoir quitté celui du lycée.
_ C'est la première fois que je vais chez toi, je fais remarquer.
_ Je ne sais pas si c'est une bonne chose mais j'ai trop mal à la tête pour y penser.
Je lance un regard vers mon meilleur ami qui a les yeux fermés et les bras croisés sur sa poitrine. Et ça me fait sourire de savoir que je serai le premier à avoir la chance – ou la malchance – d'entrer dans la partie inconnue et secrète de WonWoo, dans la partie de sa vie qu'il cache à tout le monde.
Une dizaine de minutes plus tard, WonWoo me fait signe de se lever et on descend du bus lorsque celui-ci s'arrête à l'arrêt. WonWoo me guide à travers des petites rues étroites et à un moment, il s'arrête de se tourne vers moi.
_ Je sais vraiment pas si c'est une bonne idée de te faire venir chez moi mais j'aimerai que tu gardes pour toi tout ce que tu pourras voir quand t'y seras.
_ Pourquoi ?
Il se racle la gorge avant de me répondre.
_ Je suis pas censé amener du monde chez moi. Pas des gens « de l'extérieur ».
_ Est-ce que tu vis dans une espèce de secte ou quelque chose comme ça ?
Il se pince les lèvres et évite mon regard.
_ Quelque chose comme ça, oui.
_ Est-ce que c'est dangereux ?
_ Ça peut l'être. Surtout pour toi. Parce que tes parents t'ont évité tout ça.
Et il reprend sa marche, comme si de rien n'était. Alors je me contente de le suivre, même si je n'ai pas encore digéré tout ce qu'il vient de me dire.
On tourne dans une autre rue et je ne saurais dire pourquoi mais l'atmosphère semble plus pesante dans celle-ci que dans les autres. Quelques hommes traînent dans le coin et Wonwoo et eux se saluent en se courbant et l'instant d'après, WonWoo se justifie d'un « Il est avec moi » lorsqu'ils me jettent un regard froid et menaçant. C'est vraiment étrange et malgré la présence de mon meilleur ami, je n'arrive pas à me sentir complètement en sécurité.
On arrive alors devant un énorme portail qui doit faire au moins deux bons mètres cinquante de haut, encastrés dans un mur de la même taille. Deux hommes gardent l'entrée mais ne font aucun commentaire lorsque WonWoo passe et ouvre le portail. Il me laisse entrer à l'intérieur de l'enceinte et je me laisse ouvrir la bouche, étonné.
_ C'est ta maison ?
_ Celle de mon père, oui.
Même un « Waouh » ne serait pas assez pour traduire ma surprise. Il y a un petit chemin en pierres entouré d'un jardin où la pelouse est tondue à ras, menant vers la porte de l'immense bâtisse qui se tient devant moi. Il n'y a que deux étages, et peut-être un grenier, mais l'architecture est tellement riche que je suis époustouflé par la beauté de ce lieu.
_ Suis-moi.
Il me fait pénétrer à l'intérieur et je suis presque déçu de voir une décoration design qui n'a rien à voir avec l'extérieur qui est de style traditionnel. Je suis alors mon ami à travers de longues pièces pour arriver dans une cuisine.
_ Sers-toi si tu veux quelque chose. Fais comme chez toi.
Je hoche la tête mais je me contente de prendre place sur un tabouret en le regardant vagabonder. Il sort un tube d'aspirine d'un placard, un verre d'un autre avant de le remplir d'eau et de plonger un médicament dedans. Il attend qu'il se dissout pour pouvoir le boire et pendant cette attente, des bruits de pas retentissent dans la maison jusqu'à se rapprocher de plus en plus de nous.
_ Mon père, me renseigne WonWoo.
L'instant d'après, un homme apparaît. Il n'est pas aussi grand que papa Jin mais beaucoup plus que papa Jimin. La tête baissée sur son téléphone portable, je ne vois que de profil son visage. Il a de grands yeux et une petite bosse au niveau de son nez. Je suis étonné de voir que mon ami ne lui ressemble pas beaucoup, voire même très peu en fait.
_ Encore mal à la tête ? T'es vraiment une petite nature, clame-t-il avant de rire.
Ce n'est pas un rire du genre « Je te taquine, fils », ça n'a même rien à voir avec ça. Pour moi, c'est un rire « T'es qu'une mauviette ». Et je comprends mieux pourquoi WonWoo n'aime pas son père. Il vient se poster de l'autre coté de l'îlot central où on s'est attablés et lève enfin la tête vers nous. Il sourit faussement à son fils avant de poser ses yeux sur moi. Je me courbe aussitôt pour le saluer.
_ Kim MinGyu, je suis un ami de...
_ J'ai déjà vu ta tronche quelque part, me coupe-t-il.
Ne sachant pas trop comment prendre sa remarque, je lance un regard vers mon ami qui semble encore plus inquiet que moi.
_ Ça me reviendra. Je m'en vais, n'oublie pas la réu' demain soir, Jackson doit passer pour parler business.
Et sur ses paroles, il sort de la pièce dans la même posture qu'il est arrivé, à savoir les yeux rivés sur son téléphone. WonWoo profite de ce moment pour ingurgiter son eau où l'aspirine s'est dissoute avant de mettre le verre dans l'évier et de me faire signe de le suivre.
Nous quittons alors la cuisine pour passer à l'étage et rejoindre sa chambre. Là encore, je suis étonnée. Moi qui pensais qu'il aurait une chambre plus grande que la mienne vu la taille de sa maison, pas du tout. Elle est très simple, dans des tons chaleureux et très ensoleillée. On dépose nos sacs à terre et il m'invite à s'asseoir avec lui sur son lit.
_ Qu'est-ce que j'ai dit d'autre au téléphone cette nuit ?
_ Rien. Je crois que t'as fait tomber ton téléphone puis t'as vomi.
Il cache son visage de ses mains en émettant un petit son de honte.
_ Je suis vraiment désolé MinGyu, je sais pas ce qui m'a pris.
_ C'est pas grave, je souris.
Alors qu'il n'a pas l'air de se remettre de cet épisode, j'en profite pour parcourir sa chambre du regard. Et je remarque une photo près de son lit. Il doit avoir sept ou huit ans dessus et il est accompagné d'une femme qui lui ressemble beaucoup.
_ C'est ta mère ? Je demande.
_ Oui.
_ Tu parles jamais d'elle, je fais remarquer. Elle est comment ?
_ Morte.
_ Je suis désolé WonWoo, je ne voulais pas...
Il fait un geste de la main, me disant que c'est pas grave. Je me sens vraiment mal. Je suis censé être son meilleur ami et je ne savais même pas qu'il avait perdu sa mère.
_ Ça fait longtemps ? Je demande.
_ Elle est morte quand j'avais dix ans. Elle s'est faite percutée par un chauffard.
_ Tu étais proche d'elle ?
_ Oui. C'est elle qui m'a élevée, seule. Il ne me reste pas grand chose d'elle, à part son nom de famille.
C'est étrange de savoir que WonWoo porte le nom de sa mère et non de son père, ce n'est pas commun.
_ Et...ton père ?
_ Il l'a laissée tomber lorsqu'elle lui a annoncé qu'elle était enceinte. Elle évitait de parler de lui, même quand je lui posais des questions. Elle m'a toujours dit « Ton père s'appelle Jin HyoSang et ce n'est pas quelqu'un de bien ». Je ne pensais pas qu'elle avait raison avant de le rencontrer. Mon grand-père était très malade lorsque ma mère a disparu, du coup je n'ai pas pu vivre avec mes grands-parents parce que j'aurais été une charge pour eux et qu'ils n'avaient pas les moyens. Et un jour, mon père s'est pointé en réclamant ma garde et il l'a eu sans problème. Depuis je vis ici, avec lui.
_ Il n'a pas d'autre enfant ?
_ Non. Ou alors il ne les connaît pas. Et c'est bien pour ça qu'il a accepté de me prendre. Mais des fois, je me dis que j'aurais certainement été plus heureux dans un orphelinat.
_ Je suis désolé, je lui dis, sincère. J'aimerai te dire que ça s'arrangera ou pouvoir faire quelque chose.
Il me lance un petit sourire, touché par mes mots.
_ Tu m'aides beaucoup sans t'en rendre compte.
On se lance un sourire et j'ai envie de rester sur une note positive après avoir entendu son histoire.
_ Au moins, tu as une belle maison.
_ Ouais, gardée par des gars musclés sans cervelle qui surveillent mes allées et venues. Une vraie prison dorée cette maison.
Je lui souris, amusé, parce que je vois bien qu'il ne dit pas ça pour se plaindre, et ça me fait penser au CSL, à Visual, à mes parents.
_ J'ai eu une discussion avec mon père hier soir. Le CEO.
Je laisse un petit silence, voyant qu'il ne réagit pas. Parce qu'il comprend immédiatement de quoi nous avons pu parler.
_ Tu le savais, pas vrai ?
Wonwoo hoche la tête, ne quittant pas mon regard.
_ Pourquoi tu...
_ Ce n'était pas à moi de te le dire Mingyu.
_ Comment est-ce que toi, tu peux être au courant ?
_ Il y a des choses qu'on sait sans en avoir envie.
Je suis un peu déçu de sa réponse bateau mais encore plus parce qu'il le savait et qu'il ne m'a rien dit.
_ Ne te fâche pas s'il te plaît. Je ne pouvais pas te le dire mais je t'ai toujours conseillé de lui en parler, pas vrai ?
_ Hm, c'est pas faux.
_ Est-ce qu'il t'a demandé quelque chose depuis que tu sais ?
_ Genre de le rejoindre ? Non. Et papa Jimin n'accepterait jamais de toute façon.
_ C'est une bonne chose. Est-ce que tu étais en colère quand il te l'a dit ?
_ Oui, évidemment. Je ne m'y attendais pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais si je n'étais pas allé voir certains membres de Bangtan, je ne l'aurais jamais su. C'est ce qui m'embête le plus.
_ Comment ça t'es allé voir des membres de Bangtan ? S'exclame-t-il.
Je vois un instant de la colère dans ses yeux mais il ne me dit rien de plus. Alors je lui raconte ma soirée d'hier soir, à partir du moment où l'on s'est quittés près du parc. Il m'écoute attentivement, ne me coupant pas et hochant la tête. Il n'a pas l'air d'apprécier beaucoup les gars de Bangtan, ce que je peux comprendre.
_ Enfin, le truc qui me surprend le plus maintenant que j'y repense, c'est que je me demande comment mon père savait que j'étais là-bas.
_ Il y a toujours une explication, me répond WonWoo.
Et, sans comprendre pourquoi il fait ça, il me tend sa main gauche et me demande de le toucher à un endroit, presque entre les phalanges de l'index et du majeur. Je fais ce qu'il me demande, même si c'est étrange, et sens quelque chose de dur sous sa peau. Petit, un peu rond.
_ Qu'est-ce que c'est ? Je demande.
_ Une puce.
_ Comme les chiens ? Je m'écrie.
_ Oui.
_ Pourquoi est-ce que t'as une puce dans ta main ? T'es pas une bête !
_ Mon père me l'a fait implanter pour savoir où je me trouve H24. Je crois que tu en as une aussi.
_ Quoi ? Mais c'est n'importe quoi ! Je m'énerve.
_ C'est la seule façon d'expliquer que ton père savait où tu te trouvais.
_ Je n'ai pas de puce.
Je croise les bras, ne voulant pas croire à ses bêtises.
_ Ça peut être dans une de tes molaires ou bien dans ton téléphone mais tu en as forcément une.
_ Ou alors quelqu'un l'a prévenu que j'étais là-bas.
_ Ton père n'a plus de taupe dans Bangtan depuis longtemps.
_ Mais qu'est-ce que t'en sais d'abord ?! Tu deviens vraiment énervant !
_ Je connais quelqu'un qui pourra nous dire si tu as une puce sur toi ou non.
Je fronce les sourcils, me demandant s'il m'a écouté. Il me regarde avec son air le plus calme et je comprends qu'il est sérieux. Qu'il pense vraiment que papa Jin a été capable de m'implanter une puce ou un truc du genre pour savoir où je me trouve. Et sa proposition commence à se faire de plus en plus alléchante au fur et à mesure que j'y réfléchis. Parce que papa Jimin a facilement peur qu'il m'arrive quelque chose à cause de papa Jin, personne que je n'aurais jamais soupçonné berner le monde avec sa double vie avant hier soir.
_ Tu le connais bien ? Je demande finalement.
_ Oui. C'est pas très loin d'ici. On peut y aller maintenant si tu veux.
_ D'accord. On y va.
- - -
À seulement quelques rues de chez lui, une petite maisonnette se dresse au bout d'une ruelle. WonWoo, semblant connaître les lieux par cœur, la contourne pour rentrer par la porte de derrière, descendre un escalier à moitié caché dans un couloir pas éclairé pour finalement entrer dans une espèce de cave. Lorsqu'il passe la porte, un « BIP » se fait entendre, ainsi qu'un autre lorsque je pénètre dans la pièce à mon tour.
_ On vomit plus ? Le salue une voix masculine, sur le ton de la plaisanterie.
_ C'est pas drôle, répond WonWoo.
_ Je plaisante Wonie.
Un homme s'avance alors vers nous, sorti de la pénombre du fond de la pièce, et vient s'asseoir sur une grande chaise de bureau. Il est petit, porte une casquette et un sweat à capuche, comme un jeune alors qu'il semble avoir plus de la trentaine facile.
_ C'est la première fois que t'amènes quelqu'un, c'est sympa, sourit-il. Yano, enchanté.
_ Kim MinGyu, je dis en me courbant.
_ Alors, qu'est-ce qui vous amène les jeunes ?
_ On veut savoir s'il a une puce, explique WonWoo.
_ Comme nous ?
_ Oui. Ou un truc sur son téléphone. Enfin, n'importe quoi qui pourrait le tracer et savoir où il se trouve.
_ Déjà, je peux te dire que oui parce qu'il a bipé en entrant.
Moi qui pensais que c'était une sonnette comme dans les magasins...Je ne peux pas dire que la nouvelle me réjouisse.
_ Vide tes poches et repasse.
Je lui obéis, sortant mon téléphone portable que je dépose sur son bureau et sors de la pièce avant d'y entrer à nouveau. Les deux fois, je bipe.
_ C'est pas dans ton téléphone déjà. Enlève tes fringues.
_ Pardon ?
_ Je te demande pas de te foutre à poil, rit Yano.
_ Enlève ta veste et tes chaussures, me dit WonWoo.
Encore une fois, j'obéis avant de recommencer à sortir et entrer. Et magie, je ne sonne plus.
_ Intéressant, lance Yano.
Il prend une de mes chaussures et balance son bras à travers l'encadrement de la porte. Ça ne sonne pas.
_ Hm, fait-il, mi-contrarié, mi-intéressé.
Il passe sa main dans ma chaussure, comme s'il cherchait quelque chose à l'intérieur.
_ Tu portes des semelles ?
_ Non.
_ Hm, fait-il en réfléchissant.
Il repose ma chaussure et va chercher une grosse machine sortie de derrière son bureau, fait quelques clics sur son ordinateur et fais passer ma chaussure sur le tapis roulant de la machine. C'est la même que l'on trouve dans les aéroports au contrôle de la douane par exemple. Et sur son ordinateur, ma chaussure apparaît sous une autre vision que la notre. Je ne vois pas assez bien son écran pour savoir s'il y a quelque chose qui cloche avec elle ou non mais finalement, il me donne la réponse.
_ Intéressant.
Il va alors chercher un truc dans le coin de la pièce peu éclairé et revient avec un poids de je ne sais combien de kilos qu'il place dans ma chaussure avant de la refaire passer dans la machine. Je le vois alors sourire.
_ Je suis trop fort.
Prenant ma chaussure, toujours avec le poids dedans, il fait à nouveau balancer sa main à travers la porte et là, ça sonne.
_ Celui qui a fait ça est un génie, dit-il.
_ Explique hyung, s'impatiente WonWoo.
Yano dépose la chaussure sur le bureau avant de passer sa jumelle dans la machine puis me rend les deux pour que je puisse les renfiler.
_ En fait, il y a une puce dans le talon des chaussures. On ne le remarque pas si elle n'est pas activée. C'est là que c'est fort. Elle s'active seulement s'il y a un poids qui l'écrase. Du coup, quand on porte les chaussures, on peut te tracer, sinon, non.
_ Et c'est facile à faire ? Je demande.
_ Oui. Suffit de décoller le talon de la semelle, de placer la puce et de tout recoller. Ni vu ni connu.
_ Et ça coûte cher ?
_ Une puce coûte pas si cher que ça si on a des moyens. Selon moi, ce n'est pas nécessaire d'en mettre dans les deux pieds mais là c'est le cas. J'espère que t'as pas beaucoup de paires parce que ça doit coûter cher à tes parents, rit-il.
Je rougis un peu, ne sachant pas si toutes mes chaussures sont munies de puce ou non. J'ai déjà du mal à croire qu'il y en ait même si les faits sont là, juste sous mon nez. Et mes pieds du coup.
_ Merci hyung. C'est tout ce qu'on voulait savoir.
_ Pas de soucis les jeunes.
WonWoo se courbe pour le remercier et le saluer et je l'imite avant de le suivre à l'extérieur.
_ Si ça peut te rassurer, me lance-t-il une fois dans la rue, je ne pense pas qu'il regarde toutes les deux minutes où tu te trouves.
_ Comment tu peux en être sûr ?
_ Parce que si c'était le cas, il aurait déjà appelé pour te dire de partir d'ici.
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