Je regarde par la fenêtre du bus où défilent des maisons toujours plus sinistres. On s'enfonce dans la banlieue, il n'y a pas de doute.
A cet instant précis, je réalise que je donnerais n'importe quoi pour ne pas être morte et pour pouvoir repartir à Los Angeles. Je suis désolée, mais je ne comprends pas comment certaines personnes font pour vivre dans des trous à rats comme ici et où, comme si ce n'était pas suffisant, il ne fait que pleuvoir. La Californie me manque.
Je réalise soudain que je suis arrivée dans la rue où vit Alexandra. Je me précipite vers la porte où attends une vieille femme chargée de sacs de courses. Quand la voix désarticulée annonce le nom de l'arrêt et que les portes s'ouvrent, je me précipite dehors.
J'atterris pile dans une flaque d'eau. Génial. J'inspire profondément, il faut que j'arrive à ne pas m'énerver. Je commence alors à marcher vers la maison des Barringer. Mes talons aiguilles me font souffrir de plus en plus. Si je m'écoutais, je les retirerai pour marcher à pieds nus. Mais non, il ne faut pas, ce n'est pas très classe pour une jeune femme bien élevée.
J'aperçois enfin la maison d'Alexandra et je presse le pas. Plus vite je serai à l'abri, mieux ce sera. Dans ma précipitation, je me tords la cheville. Parfait, il ne manquait plus que ça. C'est donc en boitillant que je gagne la porte de leur maison et que je la traverse.
La décoration me brûle toujours les yeux mais au moins, je suis au chaud. Je dois avouer qu'ils n'ont pas lésiné sur le chauffage mais en même temps c'est normal quand on vit quasiment au Pôle Nord.
Je grimpe l'escalier le plus rapidement possible vu l'état dans lequel je suis. Je traverse la porte de la chambre d'Alexandra et la voit allongée sur son lit.
- Je suis de retour ! annonçais-je triomphalement. Tu pourrais vraiment me remercier parce que ça n'a pas été toujours très faci...
- T'as fait que ton travail, me répond-t-elle avant de se retourner vers moi.
Et là, elle se met à éclater de rire.
- Qu'est-ce que tu as encore ? demandais-je.
Sans réussir à arrêter son fou rire, elle me fait signe de regarder vers le miroir qui se trouve juste derrière moi. Je me retourne et ce que je vois ne me fait pas rire du tout.
Je suis toute décoiffée, on dirait presque que mes cheveux sont emmêlés tellement c'est catastrophique. Mon maquillage si soigneux a coulé avec toute la pluie que j'ai reçue en plein visage. J'ai désormais des traînées de mascara qui descendent jusque sur mes joues. Je ne ressemble plus à rien. Si je n'étais pas déjà morte, j'aurai dit que ma vie était finie.
Désespérée par mon allure, je me laisse tomber par terre et entreprend de retirer mes escarpins. Je ressemble déjà à une sorcière, je ne suis plus à ça prêt.
En fait, si j'étais toute seule, j'aurai sans doute fondu en larme.
Soudain, un tissu me tombe sur la tête. Ou plutôt, me traverse. C'est une serviette. Je me retourne vers Alexandra, prête à râler et à lui demander pourquoi donc elle me balance ces cochonneries en pleine figure.
- C'est pour te sécher. Me remercie pas surtout.
J'ouvre la bouche pour répliquer qu'il serait plus aimable de ne pas me lancer ce genre de chose en pleine figure, mais je me ravise. Après tout, je pense qu'elle voulait bien faire. Je m'apprête donc à lancer un discret « merci » quand je me ravise, réalisant qu'elle ne le mérite sans doute pas.
Je me concentre donc comme m'a appris à le faire Ealga et je saisis la serviette. Sans trop de difficultés je parviens à m'essuyer un peu.
- Hé mais attends ! Comment t'as fait ça toi ? crie presque Alexandra.
- Comment j'ai fait pour rajouter ton nom sur la liste au conservatoire ? répondis-je.
Il faut vraiment que cette gamine apprenne à faire preuve d'un peu de bon sens. Elle pose des questions si idiotes parfois, j'en aie de la peine pour elle.
- Mais je savais pas que tu savais faire ça ! Avant t'y arrivais même pas !! s'étonne-t-elle.
Elle pose peut-être des questions ridicules mais au moins je suis le centre de l'attention. Je me retourne vers elle, bien droite, je relève le menton et baisse les épaules. Mes cours de bonnes manières m'auront vraiment servis à quelque chose. Si elle et sa famille avaient plus d'argent, je lui suggérerai sans doute d'en prendre car elle en a vraiment besoin.
- J'ai appris beaucoup de choses depuis que je suis revenue sous cette forme...
- C'est-à-dire depuis cet après-midi...
- Ne soit pas désagréable s'il te plaît ! dis-je énervée.
- Désagréable, moi ? Jamais... répondis-t-elle avec un sourire narquois.
Je pince les lèvres. Il ne faut surtout pas s'énerver, c'est très vulgaire comme attitude. Parfois je me demande vraiment pourquoi je me soucis encore de la politesse avec cette fille.
- Bref, tu as vraiment réussi ?
- Bien sûr !
Et en plus elle remet en doute mes capacités à accomplir ma mission ! Elle pense donc que je suis une incapable ? Vraiment, elle ne se rend pas compte que ma mort en dépend. Elle ne saisit pas l'enjeu. J'ai eu une courte vie alors je tiens au moins à avoir une belle mort.
Soudain je pense à toutes les personnes célèbres qui sont déjà morte... Comment est-ce que je vais pouvoir me faire repérer parmi elles ?
- Est-ce que ça va ? demande Alexandra.
- Mais oui, ça va !
- Si tu le dis... Je vais dormir, alors t'as qu'à aller te mettre là-bas dans le coin sur la banquette.
Elle me désigne du doigt une banquette vieillie et qui a l'air très peu confortable. C'est comme ça qu'elle reçoit des invités ?
- De toute manière, tu t'en fiche, je ne suis même pas sûre que tu puisses réussir à dormir, continue-t-elle.
Quel manque de respect ! En serrant les poings, je me dirige vers la banquette qu'elle m'a désigné et je m'y assois.
- Si je ne peux pas dormir, j'espère que ça ne va pas altérer mon teint. Sans sommeil j'ai peur d'avoir des cernes, commençais-je, et...
- Mais oui, génial.
A ces mots, elle ferme la lumière. Poli, vraiment.
J'entreprends de m'allonger sur la minuscule banquette. Franchement, elle aurait pu me céder son lit pour la durée de mon séjour ici. Non mais quelle impolitesse. On voit vraiment de tout avec les jeunes de nos jours.
Je me recroqueville sur moi-même et ferme les paupières. J'espère vraiment que le sommeil finira par venir, sinon la nuit promet d'être très longue.
Voilà le genre de question que j'aurai du poser avant d'arriver ici : est-ce que les revenants ont eux aussi besoin de dormir ?
Je me concentre sur mon sommeil. Je le sens arriver.
Parfait, j'ai amplement mérité ce repos après mon travail colossal du jour.
Bonjour, bonsoir tout le monde !
Un joyeux Noël à vous ! Considérez ce chapitre comme mon cadeau : il était terminé depuis samedi après-midi mais j'ai préféré le publier le jour de Noël.
J'espère que vous passez tous de sympathiques fêtes de fin d'année. Profitez de votre famille, n'abusez pas de la bûche, du foie gras et des chocolats. J'espère aussi que vous avez eu les cadeaux que vous vouliez. Oui, je sais que c'est pas censé être une fête commerciale. Mais on va pas se mentir, tout le monde a des cadeaux le jour de Noël.
Bref, on se revoit bientôt pour la suite !
Encore un joyeux Noël à tous et à toutes,
Raven.
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