
III
Aussitôt elle sursaute et ouvre des yeux ronds en me voyant. Je suis donc si mal habillée que ça ? Mes vêtements sont abimés ? Mes cheveux sont décoiffés ?
J'ouvre la bouche pour lui demander ce qui ne va pas dans mon apparence mais elle se met à hurler. C'est vrai, j'avais oublié que voir une morte surgir dans sa propre chambre doit être une assez étrange impression.
- Oh je t'en prie, ne crie pas, tu me fais mal aux oreilles ! râlais-je.
Pourquoi cette idiote continue de crier ? Elle va alerter tout son fichu quartier si elle continue comme ça. Déjà, j'entends des bruits de pas dans les escaliers, ce sont surement ses parents.
- Calme toi, je vais tout t'expliquer, continuais-je.
Mais déjà la porte de la chambre de la jeune fille s'ouvre à la volée. Isaac et Sofia, ses parents, font irruption dans la pièce.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tu hurles comme ça ? demande sa mère.
- Tu ne vois pas ? demande la jeune fille. Il y a une nana dans ma chambre !
- Pardon ? dit-elle. Alexandra, chérie, tu as sûrement rêvée. Tu t'es endormie et tu as fait un cauchemar, voilà tout.
- Oui, c'est parfaitement ça, dis-je. Maintenant sortez d'ici, j'aimerai parler avec votre fille.
Bien entendu, personne ne m'entends à part Alexandra. Je suppose que seule la personne que je suis censée aider est capable de me voir et de converser avec moi. Elle a quand même de la chance cette petite de m'avoir eu moi ! Je pourrais lui apprendre le bon goût, ça ne serait pas de trop dans cette maison.
- Je te jure qu'elle est encore là maman ! continue Alexandra.
- Ce n'est qu'un rêve Sacha, ne panique pas, renchérit son père.
- Oui, juste un rêve, poursuit Sofia. Bien, on va te laisser, ton père et moi avons des choses importantes à discuter.
- Mais puisque je vous dis que...
- A tout à l'heure ma chérie !
Ces parents referment la porte de la chambre derrière eux.
- Bien, est-ce qu'on peut parler tranquillement maintenant ? demandais-je.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Pourquoi ils ne vous voient pas et ne vous entendent pas ?
- Je vais tout t'expliquer, dis-je en m'asseyant sur un coin de son lit. Je m'appelle Amanda Blackfields, j'ai 24 ans et je viens de Los Angeles. Je suis décédée il y a peu et quand je suis arrivée au Ciel, un imbécile m'a dit que je devais redescendre sur Terre pour aller faire du baby-sitting. Tu es l'heureuse élue, mais qu'on mette immédiatement les choses au clair, ça ne m'enchante pas ! Je déteste déjà Liverpool, j'aurai de loin préféré être envoyée dans un quartier chic de Paris, ou alors à Milan pour faire du shopping ou encore à...
- Donc vous êtes un fantôme ? me coupa-t-elle.
Je grimace sous cette dénomination.
- Je suppose qu'on peut dire ça, dis-je. Mais avoue que je suis bien plus stylée qu'un banal fantôme d'Halloween qui se balade avec un drap blanc sur le dos.
A ces mots je me redresse pour montrer la magnificence de ma robe rouge qui me met parfaitement en valeur. Je me racle élégamment la gorge pour lui faire comprendre qu'il est temps de me faire un compliment sur ma beauté.
- Sans vous offenser, je trouve cette robe beaucoup trop courte et beaucoup trop décolletée pour vous, lâche-t-elle. Vous voulez sans doute vous donner un air chic, mais les nanas comme vous arrivent seulement à être un poil vulgaire.
- JE TE DEMANDE PARDON ? criais-je en me redressant.
- Quoi, vous n'avez pas entendu ?
Je suis prête à parier que mes joues se sont empourprées sous sa remarque. Non mais pour qui se prend-elle cette gamine ? Une robe et des escarpins de créateur elle juge ça vulgaire ? Elle s'est regardée avant de dire ça ? Piquée au vif, je réplique :
- Moi au moins, je sais m'habiller et me mettre en valeur.
- Vous mettre en valeur ? Perso, je trouve ça affreusement dévalorisant pour votre image de vous sentir obligée de vous montrer comme ça pour exister.
- Tu t'es regardé ? Tu portes des vêtements que tu as du acheter au supermarché du coin ! répondis-je.
- Désolée miss, on a pas tous les moyens de s'acheter des fringues de luxe.
Je serre les dents et lance une réplique acerbe :
- Il suffit de regarder votre maison délabrée pour voir que vous n'avez les moyens de rien.
Elle serre plus fort le magazine qu'elle tenait encore entre les mains.
- Si ça te pose un problème, pars, je ne te retiens pas, dit-elle avant de se cacher à nouveau derrière sa revue.
- Malheureusement, je suis dans l'incapacité de repartir d'ici, déclarais-je en croisant les bras.
- Tiens donc ? Et pourquoi ça ? Je croyais que vous détestiez Liverpool et ma maison ? interroge-t-elle. Qu'est-ce qui vous retient ici ?
- Tant que je ne t'ai pas aidée, je suis bloquée sur Terre, répondis-je. Tu vas peut-être trouver ça idiot, mais j'aimerai profiter de ma mort tranquillement sans devoir avoir une sale gamine obstinée et têtue dans les jambes !
Elle repose son magazine sur ses genoux et me regarde d'un air interrogateur.
- Mais vous devez m'aider à quoi au juste ?
- Je n'en ait pas la moindre idée, c'est à toi de me le dire.
- Vous allez être contente, je n'ai pas besoin d'aide. Retournez voir le fantôme qui vous a envoyé ici et dites-lui qu'il s'est trompé.
- Tu m'as écouté ? Je ne peux pas le contacter. Je suis bloquée ! Je dois t'aider, alors que tu le veuilles ou non, et même si je me fiche royalement de ta petite vie, je vais le faire parce que je veux être tranquille ! Je ne veux pas errer sur Terre comme ça pendant des années sans pouvoir parler avec personne et sans pouvoir rien faire !
Elle soupire et se lève de son lit.
- J'ai mieux à faire que de m'embarrasser d'un fantôme prétentieux qui ne voit que sa petite personne.
J'ouvre la bouche, offensée. En plus de n'avoir aucun goût, cette gamine à un sale caractère. Pour qui se prend-elle à oser me parler de cette manière ?
Elle se dirige d'un pas assuré vers la porte de sa chambre.
- J'ai une leçon de piano, je dois y aller, dit-elle. J'espère que quand je reviendrai vous aurez foutu le camp, je ne veux pas de vous ici. Vous n'êtes pas la bienvenue.
Elle ouvre la porte, disparait derrière et la referme sans la claquer. Excédée par son comportement, je donne un coup de pieds dans une pile de livre qui trainait par terre. Mon pied ne fait que les traverser. Comme la mort peut être horrible.
En tout cas, si cette sale gosse croit qu'elle va se débarrasser de moi aussi facilement, elle se trompe. Je n'ai aucune envie de l'aider, mais je dois le faire si je veux pouvoir reposer en paix.
Note : Vous avez peut-être remarqué qu'un moment le père d'Alexandra l'appelle "Sacha". Si jamais vous ne le saviez pas, Sacha est le diminutif d'Alexandra tout simplement (ou d'Alexandre).
Bonjour, bonsoir !
En théorie, si vous êtes encore là, c'est que cette histoire vous plaît ! Sachez que j'en suis ravie et bien entendu, comme toujours, si vous avez des critiques, des suggestions ou quoi que se soit à propos de cette histoire, je serai très contente que vous m'en fassiez part.
Raven.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro