
★ Chapitre 3
Alors que Rubis me racontait qu'un gamin avait eu peur en la voyant habillée de son armure, et était partis en criant "J'ai vu un soldat de la Mort" dans les couloirs, je sentis une vague de fatigue me submerger. Plus apaisée depuis l'arrivée de mon amie, je finis pas m'endormir avant même qu'elle ne s'en aille.
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- Depuis quand les crises se sont-elles accentuées ?
- Trois semaines environ.
En suivant les conseils de Rubis, j'avais décidé d'aller voir le médecin en chef du vaisseau. J'étais assise sur une chaise, devant son bureau, à devoir affronter son regard désapprobateur.
- Vous auriez dû venir dès qu'elles ont commencé à empirer, me reprocha-t-il.
- Je me suis dit que ça passerait avec le temps.
J'avais l'impression de me faire gronder par un professeur, et ça ne me plaisait pas du tout. J'étais venue ici pour me faire conseiller quant à la marche à suivre, pas pour essuyer des reproches. Je savais bien que j'avais merdé.
- Bon, vous allez passer une IRM. Comme ça, nous pourrons savoir si ça s'est réellement aggravé.
Je hochai la tête et commençai à me lever puis à me diriger vers la sortie.
- Je m'occuperais d'informer le commandant sur votre état de santé, ajouta le médecin en me rejoignant près de la porte.
Je m'arrêtai net.
- Hors de question.
- Mais voyons, je n'ai pas le choix, il doit être mis au courant, protesta-t-il.
- Je vous rappelle que vous êtes tenu au secret médical. Donc si je vous dis que vous ne lui en parlerez pas, vous ne le ferez pas.
- Le secret médical n'est plus le même que sur Terre. Avec votre problème, vous risquez de mettre votre équipe en danger. Je suis désolé, mais...
Je l'attrapai par le col de sa blouse et le soulevai avant de le coller contre le mur. Une rage folle mêlée de regrets bouillonnée en moi.
- J'ai mis personne en danger, ok ?! C'était pas de ma faute.
Il me regarda, les yeux chargés d'inquiétude et d'incompréhension. Me rendant compte de mes paroles insensées et de ma réaction exagérée, je le lâchai et quittai la pièce d'un pas précipité. Arrivée dans ma cabine, j'éclatai en sanglots.
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J'étais dans un vaste et vide hangar. Il y avait un Haera à gauche, entouré par cinq Hélios, un autre un peu plus loin, sur la droite, entouré également par cinq Hélios. Je disposais de deux grenades fumigènes, ainsi que d'un fusil à pompe chargé de trois balles et d'un couteau de combat accroché à ma ceinture. Mon but était d'abattre tous mes ennemis en moins de deux minutes. Objectif impossible pour un simple soldat, mais pas pour un membre de l'unité Falcon.
Je lançai l'une des grenades sur le premier groupe, puis l'autre sur le deuxième. Dès qu'elles touchèrent le sol, un épais nuage de fumée se dispersa autour des extraterrestres. C'était le moment d'attaquer. Ayant enregistré la position de chaque individu, je tirai une balle sur chaque Haeras, tout en sachant qu'elles atteindraient leurs cibles. Comme prévu, les Hélios -attirés par le bruit du fusil- se précipitèrent sur moi, sortant du champ d'action des fumigènes. Je visai le premier de la horde. Sa tête partit en arrière lorsque la balle du fusil à pompe lui explosa le crâne, puis il s'écroula sur le sol. Je me servis de la crosse de mon arme pour tuer les trois qui suivirent, tout en restant continuellement en mouvement pour ne pas me laisser submerger par leur nombre. Plus que six. Je jetai le fusil sur le côté et sortis mon couteau. Je les égorgeai un par un, me mouvant facilement entre eux, évitant leurs longs bras et leurs crocs acérés. Enfin, le dernier Hélio finit par s'écrouler à mes pieds. Malgré ma fatigue, je restais debout, la respiration saccadée, et attendais les résultats.
- Une minute trente-deux secondes. Objectif temps réussi.
Le hangar disparut, et je me retrouvai debout au milieu de la salle de simulation. J'enlevai le casque de réalité virtuelle, puis me dirigeai vers la sortie. Cette séance d'entraînement m'avait permis de me défouler et de me changer les idées. Désormais, je me sentais beaucoup plus calme.
Quand j'arrivai dans le couloir menant à ma cabine, je trouvai Rubis postée à côté de ma porte, le dos appuyé contre le mur. Ses longs cheveux rougeâtres, qui lui avaient donné ce surnom, tombant devant ses yeux. Elle n'avait jamais voulu nous révéler son véritable prénom. Lorsque Paco le lui avait demandé, elle avait simplement répondu que ça n'avait plus aucune importance, puisque celle qu'elle était avant était morte en même temps que sa famille.
Elle releva la tête à mon approche et me sourit.
- Ça a été ? me demanda-t-elle.
Elle parlait certainement de ma visite chez le médecin, c'était la seule personne à qui j'en avais parlé. Je haussai nonchalamment les épaules et elle me lança aussitôt un regard inquiet. Je passai à côté d'elle pour ouvrir la porte de ma cabine. Elle entra dans la pièce à ma suite.
- Raconte-moi tout, me dit-elle en s'asseyant sur une chaise près de la table.
Je m'assis au bord de mon lit, face elle, les épaules complètement affaissées.
- Je dois passer une IRM pour vérifier l'état interne de ma blessure.
Rubis hocha pensivement la tête, avant de braquer de nouveau ses yeux bleus sur moi.
- C'est bien, comme ça au moins tu seras fixée. Mais il y a autre chose que tu ne me dis pas.
Parfois, je regrettais presque d'avoir une amie aussi perspicace. Je ne pouvais rien lui cacher.
- C'est le médecin, il m'a énervé, c'est tout.
Elle n'avait pas l'air vraiment convaincu, mais d'un simple regard, je la dissuadai de me poser plus de questions sur ma matinée.
- Bon, ça te dis d'aller à la cafète ? me proposa-t-elle plutôt.
- Pourquoi pas ? Attends juste une minute, je vais me changer.
Elle sortit de ma cabine et je la rejoignis quelques minutes plus tard. La cafétéria était beaucoup moins remplie que la veille, seuls quelques soldats et membres du personnel étaient attablés et discutaient tout en buvant un café. Nous nous assîmes à notre table habituelle. Rubis m'informa que Paco et Julie s'entraînaient en salle de tir, tandis que Nolan avait été appelé pour donner un cours de tactique militaire à de jeunes recrues. Je ne l'écoutais que d'une oreille en sirotant mon café. Depuis l'accident, j'avais toujours un peu la tête ailleurs.
- T'es pas d'accord ?
Je clignai plusieurs fois des yeux.
- Si, si.
- Vas-y tout de suite alors, je t'accompagne ! s'exclama Rubis en affichant un large sourire.
J'ouvris la bouche, la refermai, la rouvris.
- Euh... où ça déjà ?
- Trouver Nolan pour lui dire que t'es encore folle de lui !
Je la regardai, incrédule.
- Pardon ?
- C'est bien ce que je disais, tu ne m'écoutais pas, soupira-t-elle.
Nullement vexée, elle éclata d'un rire franc.
- T'aurais dû voir ta tête ! C'est trop facile de te faire marcher.
- Désolée, lui répondis-je, un peu gênée.
Elle ne répondit rien, mais son regard compatissant en disait long. Parfois, j'aurais préféré qu'elle s'énerve au lieu de me préserver. Mais je savais aussi que c'était dans sa nature d'être gentille, compréhensive et à l'écoute des gens. Je me demandais bien ce qu'une personne comme elle foutait au milieu d'une guerre pareille. Le pire, c'était que sur le champ de bataille, elle était comme nous. Sans pitié, sans émotion.
- T'inquiète pas, j'ai l'habitude maintenant.
J'esquissai un petit sourire.
- Tu sais que tu me déprimes avec ta tête de chien battu ? me demanda-t-elle.
Je poussai un long soupire. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, elle n'essaya pas plus de me faire parler. Bizarre. Pendant cinq longues minutes, aucune de nous ne dit un mot. Rubis n'arrêtait pas de regarder sa tablette tactile -qui nous permettait, entre autre, de communiquer entre nous à l'intérieur du vaisseau-, comme si elle attendait un message. Elle finit par se lever.
- Viens, faut que je te montre... un truc.
Flairant le piège, je ne bougeai pas d'un pouce, mais face à son air insistant, je roulai des yeux et la suivis jusqu'à sa cabine.
- Entre, me dit-elle en ouvrant la porte.
Je m'exécutai non sans une légère hésitation. Ensuite, je me retournai pour faire face à mon amie, déterminée à lui demander quelle mouche l'avait piquée. Mon cœur manqua un battement quand mon regard se posa derrière elle. La dernière personne que je voulais voir se tenait dans l'embouchure de la porte.
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Pas mal de retard pour ce chapitre ^^', mais je privilégie en priorité ma fiction Aeternam Galaxia. En plus j'ai eu beaucoup de mal écrire ce chap', je trouve que les premiers chapitres d'une histoire sont toujours les plus durs, parce qu'on peut pas mettre énormément d'action dès le début, et moi c'est l'action qui m'inspire le plus --'.
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