La croisée des chemins

Prologue

Evergreen replaça ses lunettes sur le bout de son nez. Face à elle s'étendait une rangée de statues de pierre aux visages figés dans une expression de terreur intense. Les idiots, ils pensaient vraiment pouvoir abîmer mon joli minois, ricana-t-elle en son fort intérieur. La fée agita son éventail devant elle et contourna les statues disgracieuses qui lui tenaient compagnie. Elle ressentait l'énergie magique de ses camarades en plein combat un peu plus loin. Qu'ils sont lents, je n'en ai eu à peine pour quelques minutes à défaire mes adversaires tellement ils étaient ridiculement faibles. Evergreen détestait les faibles. Elle les trouvait d'une laideur insoutenable.

La mage tourna à l'angle d'un couloir et parvint dans un vaste hall. Les colonnes avaient été ébranlées et elle aperçut des trous dans le plafond de bois. Un combat a fait rage ici, comprit-elle à juste titre.

-         En formation, mes bébés ! s'écria une voix.

Cinq petites statuettes en bois se dressèrent face à Evergreen qui dut esquiver d'un bond un rayon laser qui fonça vers elle. Son camarade de guilde, Bixrow apparut.

-         Sombre idiot ! s'insurgea avec colère la fée en le menaçant de son éventail. Apprends à différencier tes alliés de tes ennemis !

-         C'est toi Ever ! fit d'un ton étonné l'autre. Je t'avais pris pour un de ces mages noirs.

Evergreen grinça des dents. Je n'ai rien à voir avec ces individus repoussant. Mais elle contint sa langue de vipère et prit un air hautain pour montrer son courroux.

-         Nous ferions bien de rejoindre Fried, cette mission touche à sa fin, déclara-t-elle, pincée.

Ils gravirent les marches qui menaient à l'étage et pénétrèrent dans un bureau sombrement éclairé. Un homme aux longs cheveux verts se tenait au centre de la pièce et à ses pieds gisaient le maître de la guilde noire.

-         On dirait que tu n'as pas trainé, mon vieux ! s'exclama Bixrow en se frottant les mains. A nous la paie !

Fried Justin rangea son épée dans son fourreau à sa ceinture.

-         Les missions sont d'un ennui mortel sans Luxus, murmura-t-il, son visage impassible comme de coutume. Il me tarde qu'il rentre.

-         Si cette chasseuse de dragon pouvait éviter de l'accaparer ! cracha Evergreen avec ressentiment. Elle veut le garder que pour elle !

La fée éprouvait une grande rancune à l'égard de la rouquine. Qu'est-ce que Luxus lui trouve-t-il ? En quoi mérite-t-elle plus d'attention que sa propre équipe ?

-         Cesse de râler, Ever, ça ne changera rien. Elle est bien plus mignonne que toi, railla Bixrow.

Furieuse, la mage lui lança son éventail en plein visage. L'autre poussa un cri de protestation.

-         Mais ça fait mal ! Espèce de batteuse de ...

-         Il suffit. Nous devons remettre ces criminels aux autorités de la ville et rentrer à Magnolia, les interrompit Fried.

Evergreen lança un regard assassin à son camarade et Bixrow se frotta douloureusement le nez en marmonnant dans sa barbe. Ils récupérèrent les documents compromettant contenus dans les tiroirs du bureau puis prirent la direction de la sortie. Evergreen se retourna avec surprise lorsqu'elle avisa que Fried ne les suivait pas. Le regard dans le vague, son camarade contemplait la lune à travers les vitres.

-         Fried ? Tu ne viens pas ? s'étonna Bixrow qui transportait sur son dos le corps inconscient du maître de la guilde clandestine.

-         Je ne pensais pas que nous étions si avancé dans le mois, murmura le mage aux cheveux verts.

Evergreen et Bixrow échangèrent un regard interloqué. Fried déclara tout bas :

-         La Fantasia approche à grand pas.