Chapitre 9 - Ayato
15 années plus tôt, royaume de Shinta
Partout dans la ville résonnaient des bruits de pétard, des cris de joie, des acclamations. L'humeur générale était à la fête et la foule était venue nombreuse pour acclamer ses héros revenus sains et saufs et surtout victorieux de la bataille. Et parmi toutes ces personnes qui se pressaient pour approcher le plus possible les soldats montés qui s'engouffraient à l'intérieur des remparts par la grande porte principale, un petit garçon tentait tant bien que mal de se faufiler. Jamais encore il n'avait vu une telle euphorie de la part des habitants de la capitale. La plupart du temps, lorsque les soldats de l'armée royale rentraient à Zinnia, il restait chez lui en compagnie de son oncle, loin de la foule et de l'agitation. Mais pour la toute première fois de sa vie, il avait obtenu l'autorisation de se mêler aux autres habitants de la capitale pour célébrer le retour des guerriers. Et il comptait bien en profiter pour se faufiler tout devant.
Le jeune garçon profitait de sa petite taille pour passer entre les diverses personnes qui l'entouraient. Il dut bien marcher sur de très nombreux pieds mais personne n'y faisait vraiment intention et il avait également renoncé à l'idée de s'excuser. Avec le vacarme qui régnait dans les rues, personne n'aurait pu entendre sa petite voix aigue.
Le bambin baissa alors brusquement la tête lorsqu'un coude manqua de le percuter en plein visage. Sans pour autant y prêter plus d'attention, il continua tant bien que mal sa route, n'ayant qu'une idée en tête, pouvoir apercevoir les soldats. Désormais, il pouvait entrevoir les pavés de pierre de l'allée principale entre les jambes des gens, ce qui signifiait qu'il ne lui restait plus longtemps à jouer des coudes avec le reste des civils présents. J'y suis presque, s'écria-t-il mentalement pour revigorer sa détermination. Et un immense sourire aux lèvres, il s'élança de nouveau dans la foule.
Et finalement, en contournant une famille qui acclamait les soldats avec ferveur, il parvint enfin à destination. Sans s'accorder un instant de répit pour reprendre son souffle, le petit garçon tourna aussitôt la tête dans tous les sens à la recherche des soldats. Il avait bien calculé son coup, les guerriers n'étaient pas encore passés par ici, ce qui voulait dire qu'il allait pouvoir contempler l'ensemble du cortège. Soudain, les cris d'admiration prirent plus d'ampleur et toutes les têtes se tournèrent dans la même direction. Les civils pointaient tous quelque chose du doigt que le jeune garçon ne pouvait pas encore voir mais il savait très bien ce qu'il l'attendait. « Ils sont là ! Ils sont là ! Les soldats de l'armée royale arrivent ! » hurlaient les gens tout autour de lui. Un frisson d'excitation fit trembler le jeune garçon de la tête aux pieds. Jamais encore il n'avait ressenti une telle excitation !
Et enfin, il les aperçut, les soldats de l'armée. Avançant fièrement dans l'allée que leur foule d'admirateur leur avait laissé, les deux premiers portant bien haut le drapeau arborant les armoiries de la famille royale, le jeune garçon les trouva en tout point impressionnant. Il fut émerveillé de voir à quel point leur armure luisante leur allait bien. Et il avançait tous d'un pas si confiant, presque conquérant. Leur coordination et leurs regards braqués en avant avaient quelque chose de presque magique. Tous dégageaient une si forte prestance, une aura presque terrifiante, que tout le monde ici présent pouvait comprendre à quel point ils étaient redoutable au combat. Et le jeune garçon se sentit soudain extrêmement fier d'être né dans un royaume disposant d'une telle armée.
Les cris devinrent une nouvelle fois encore plus fort et la foule se fit d'autant plus pressante, tout le monde voulant pouvoir admirer le héros qui s'avançait, monté sur un bel étalon, saluant d'un geste de la main la foule. « C'est Ryuuichi Bennet, le capitaine de l'armée royale ! » s'écria alors quelqu'un. « On dit qu'il est l'un des conseillés favoris du roi » ajouta un autre. Le garçon ressentit alors une bouffée de fierté et d'admiration pour cet homme qui sortait indéniablement du lot. Il dégageait une aura encore plus impressionnante que chaque autre soldat de l'armée. C'était sans conteste l'homme le plus fort ici présent, le meilleur guerrier du royaume.
- Ayato ! hurla alors une voix familière dans le dos du garçon.
Il tourna alors la tête et aperçut un homme aux même cheveux bleu que lui, quoique grisonnant déjà par endroit, se diriger vers lui, avec plus de difficulté cependant que l'enfant quelques instants auparavant.
- Oncle Jiisan, s'écria ce dernier en sautillant presque sur place. Père est entrain de défiler !
Il pointa aussitôt du doigt son géniteur qui passait non loin de lui, saluant toujours la foule admiratrice. Son oncle finit par avoir raison de la foule et vint se placer à ses côtés. En apercevant son frère cadet, ses lèvres s'étirèrent en un sourire heureux.
- Il a l'air d'être sain et sauf, fit remarquer Oncle Jiisan.
Ayato hocha la tête en rabattant son regard en direction de son père. Bien entendu qu'il était sauf ! Tout le monde savait que le grand Ryuuichi Bennet n'avait jamais perdu le moindre combat, même face à de redoutables mages !
- Nous ferions peut être mieux de rejoindre le palais, proposa alors son oncle, il ne vaudrait mieux pas que l'on me reconnaisse.
Ayato hocha la tête, quoiqu'un peu déçu de ne pas pouvoir profiter du spectacle plus longtemps. Mais après tout, il allait bientôt pouvoir revoir son père. Oncle Jiisan lui attrapa alors fermement la main et rabattit une capuche pour dissimuler son visage. Ayato savait depuis longtemps maintenant pourquoi son oncle était si connu dans le royaume. C'était parce qu'il faisait partie de l'Elite des 4, la garde rapprochée du roi qui faisaient face aux plus grandes menaces du royaume. Cette section de l'armée était unique en son genre puisqu'elle était la seule à être constituée de mages. Le jeune garçon avait toujours beaucoup admiré ces mages et n'avait qu'un seul rêve, développer une magie aussi puissante que la leur plus tard. Et c'était en partie pour ça qu'il vénérait son oncle plus que tout autre.
Neveu et oncle eurent quelques difficultés à atteindre le palais royal, à cause de l'agitation dans les rues. Mais une fois les gardes passés, ils n'hésitèrent pas une seule seconde sur la direction à prendre : la salle du trône. Ils comptaient tous les deux attendre que le père du jeune garçon finisse par sortir de son entretien avec le roi. Et une fois à destination, ils n'eurent pas besoin de s'assurer de la présence de Ryuuichi puisque des voix s'élevaient de la salle du trône et parmi elle, Ayato reconnut celle de son père.
Le jeune garçon alla s'assoir sur une des marches de l'escalier qui menait à la salle du trône, tandis que son oncle allait demander la permission à l'un des soldats qui montait la garde de rester ici. Finalement, le mage revint vers son neveu en souriant et s'assit à ses côtés. Se préparant sans doute à une longue attente et voyant que son oncle ne semblait pas vouloir engager la conversation, le jeune garçon se perdit dans ses pensées. Il se souvint que cela allait faire quatre mois qu'il n'avait pas vu son père et qu'il vivait chez Oncle Jiisan. Il était vraiment heureux à l'idée de revoir son père mais également triste puisqu'il ne verrait plus aussi souvent son oncle, les deux frères n'étant pas en bonne entente. Et puis, ne plus entendre Oncle Jiisan raconter ses combats périlleux face à de dangereux mages allait lui manquer. Alors qu'il rêvassait, de paroles étranges parvinrent aux oreilles d'Ayato depuis la salle du trône et elles attirèrent son attention.
- La situation dans notre royaume est critique, mon cher Ryuuichi, déclarait quelqu'un qu'il soupçonna être le roi. Dans les quartiers les plus pauvres de nos villes, les mages se font de plus en plus nombreux et incontrôlables. Il va nous falloir trouver bien vite un moyen de stopper définitivement leur montée en puissance. Ils sont un danger pour nos citoyens.
Ayato fronça les sourcils, surpris. En quoi les mages pouvaient-ils être un danger pour les habitants du royaume ? Au contraire, leur force pouvait contribuer à le défendre ! Le jeune garçon tendit l'oreille pour entendre la suite de la conversation mais la main de son oncle se referma sur son bras, le faisant sursauter au passage. « Ne restons pas là » lui murmura Jiisan en l'entraînant à sa suite. Le petit garçon ne comprit pas le comportement étrange de son oncle. Jetant un bref regard déçu en arrière, il suivit pourtant son oncle sans faire d'histoire. Pourtant, les paroles du roi lui restèrent en tête.
Ce n'était pas la première fois qu'il entendait un tel discours à propos des mages. Son père ne les aimait pas beaucoup lui aussi, comme beaucoup d'autres personnes vivant avec eux à la capitale. Et puis, rares étaient les mages au palais. Mille questions tournaient dans la tête du jeune garçon et il ne put contenir les mots qui franchirent ses lèvres, reflet même de sa curiosité.
- Oncle Jiisan, pourquoi Père et le roi n'aiment pas les mages ? demanda-t-il.
Le frère de son père s'arrêta aussitôt et se tourna vers lui. Il ne répondit pas tout de suite et Ayato comprit qu'il choisissait ses mots avec soin. Puis, son oncle poussa un profond soupire avant de déclarer :
- Les mages sont rares dans notre royaume. Les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas, d'autant plus si cet inconnu est fort. C'est pourquoi les mages sont discriminés.
Ayato ne put s'empêcher de s'indigner. Comment les gens pouvaient-ils avoir peur de quelqu'un sans même savoir quel type de personne il était ? Pour lui, qui avait toujours admiré les personnes possédant des pouvoirs, cette vision des choses lui échappait.
- Mais c'est bête d'avoir peur des mages ! Au contraire, leur force peut nous protéger ! Un mage à lui seul vaut tout un régiment ! s'étonna le jeune garçon.
Son oncle lui adressa un petit sourire tendre tout en haussant les épaules.
- Il est normal d'avoir peur de ce que l'on ne connait pas mais je suis d'accord avec toi, répondit-il simplement. Et puis, il existe aussi de mauvais mages, comme ceux qui ont tué la reine ... Le roi n'aime pas les mages parce qu'il en veut encore à ceux qui ont tué son épouse.
Ayato avait déjà entendu parler de cette histoire. La femme du roi avait perdu la vie dans une embuscade tendue par un groupe de mages qui utilisaient leur magie à de mauvaises fins, il y a bien des années de cela.
- Mais pourtant, le roi à pour gardes des mages, fit remarquer le jeune garçon.
- Il n'est pas bête, il sait très bien qu'il a besoin de notre force, lui expliqua d'une voix douce son oncle. Je sais bien qu'il ne nous aime pas beaucoup, mais ça ne changera rien à notre détermination de protéger le royaume. Et les habitants nous apprécient, eux.
Ayato hocha la tête. Il ne comprenait certainement pas tout de ce que lui expliquait son oncle mais au moins l'essentiel. Sa curiosité déjà apaisée, il posa tout de même une dernière question.
- Et pourquoi y a-t-il plus de mages dans les quartiers pauvres qu'en ville ? demanda-t-il d'une petite voix.
Cela faisait déjà un bon bout de temps qu'il se posait la question et il n'avait peur que d'une chose : qu'il ne puisse pas devenir un mage car il était né en ville. Il attendit alors la réponse de son oncle avec une certaine appréhension.
- Parce que s'est vu d'un mauvais œil en ville d'être un mage car on veut plaire avant tout au roi qui lui n'aime pas spécialement les mages, expliqua son oncle d'un ton empli de sagesse. Alors les habitants de la ville ne cherchent pas à maitriser la magie, même si parfois il arrive qu'un enfant le devienne sans le vouloir. Tandis que les pauvres apprennent la magie pour survivre, tout simplement.
Le jeune garçon retint un soupir de soulagement. Si ça ne tenait qu'à ça, alors il allait pouvoir lui aussi développer sa propre magie et devenir un mage de l'Elite des 4, comme son oncle. Ayato leva alors des yeux pleins de détermination vers son oncle et s'écria d'une voix forte :
- Tu sais quoi ? Plus tard, je deviendrai un mage, le plus puissant au monde ! Et je prouverai à tout le monde que les mages ne sont pas de mauvaises personnes !
Oncle Jiisan parut ravi de l'entendre et se mit à rire gaiement. « Eh bien, je serai toujours là pour t'encourager » déclara-t-il avec tendresse. Et si son oncle le soutenait, Ayato se sentait capable de tout. Gagner par la bonne humeur de ce dernier, il se mit alors à rire avec lui.
- Je vois que tu exerces une mauvaise influence sur mon fils, mon cher frère, déclara soudain une voix mécontente dans leurs dos, les interrompant.
Les deux complices cessèrent aussitôt de rire et découvrirent le père d'Ayato avancer vers eux, fusillant son frère du regard. « Père, je suis content de vous revoir » murmura doucement le jeune garçon en baissant aussitôt les yeux, intimidé. Mais son géniteur l'ignora et alla froidement serrer la main à Oncle Jiisan.
- Que les choses soient clair, mon fils ne deviendra jamais un mage, reprit son père d'un ton glacial. Ce ne sont que des bons à rien qui ne font que tout ravager sur leur passage et il est hors de question que mon fils devienne l'un de ces sauvages.
Son père était de mauvaise humeur, cela se voyait, comme toujours lorsqu'il croisait son frère. Ayato n'avait jamais compris pourquoi ils ne s'appréciaient pas mais il n'avait également jamais osé poser la question.
- Nous y allons, Ayato, lui ordonna alors son père. Passer plus de temps en présence de ton oncle ne pourra que de donner des idées stupides.
Et sur ces mots, il fit volte-face et s'éloigna à grandes enjambées. Complètement apeuré, le jeune garçon le suivit sans prononcer le moindre moins et sans saluer son oncle. Qu'il avait pu être bête de penser que son père lui permettrait de vivre son rêve ! Il n'osait même pas imaginer ce qu'il lui ferait si jamais il devenait un mage ! Sans doute rentrerait-il dans une colère noire. Il connaissait bien l'aversion de son père pour les mages, mais pourtant Ayato, lui, ne pouvait s'empêcher de désirer en devenir un et ce, depuis tout petit. C'était comme une obsession qui le rongeait depuis toujours, obsession qui n'avait jamais voulu le quitter.
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Hellooooo ! Comment allez-vous en cette fin de mois d'août ?
Bon, on ne va pas parler de mon retard hein (qui est d'ailleurs considérable) mais bon je m'excuse ! Maintenant je vais essayer de me tenir à un rythme d'un chapitre par semaine parce que là ça va plus !
Pour résumer, dans le dernier chapitre Luxus, Mest, Lahar et Refia étaient enfin réuni à la capitale. Ils avaient croisé Jiisan qui comptait leur expliquer une partie de l'histoire du royaume, ce qui exlique qu'on le retrouve mais bien des années plus tôt !
Je ne trouve pas que ce chapitre soit le meilleur que j'ai fais, mais n'hésitez pas à critiquer et à me dire ce que vous en pensez comme d'habitude !
Que pensez-vous de ce que vous apprend ce chapitre sur Jiisan, sa famille (entre autre son frère ?), le roi ?
Et surtout, un avis sur ce petit garçon, Ayato dont le nom vous était inconnu ?
Les prochains chapitres vont également tourner autour de Jiisan, de cet Ayato mais aussi autour des membres de l'Elite des 4 à l'époque de Réré et Luxus, mais en plus jeune ! Et j'espère vraiment que leurs histoires respectives vont vous plaire !
Sur ce, je vous dis à bientôt (on espère) et bonne journée ! :3
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