Chapitre 12 - L'enfant des cerisiers
De nos jours ...
Horrifiée, tremblant de toutes parts, Refia contemplait Jiisan comme s'il avait été un démon ou une créature guère naturelle. Le temps autour d'eux était toujours figé et le vieil ermite ne semblait pas vouloir le faire reprendre son cours. La jeune femme aux cheveux auburn n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre, à propos du passé de Jiisan, de son neveu et de son frère. C'était tout bonnement horrible et elle se demandait comment il pouvait encore sourire comme si tout ça n'avait été qu'un mauvais rêve. Bien sombre et pleine de solitude avait dû être sa vie. Une question brûlait les lèvres de la jeune mage de Fairy Tail mais elle n'osait la poser, redoutant de raviver quelques souvenirs désagréables. Mais Dranbalt, ou plutôt Mest n'entrava en rien sa curiosité par quelques craintes.
- Et votre neveu, Ayato, que lui est-il arrivé après qu'il se soit fait enlever par la guilde noire Black Pearl ? s'enquit-il, les sourcils froncés, contemplant avec une certaine compassion Jiisan.
Le vieil homme leva vers lui des yeux luisants anormalement. Il lui adressa cependant un sourire emplit de tendresse.
- Je l'ai cherché, encore et encore, mais mes efforts furent vains, répondit-il dans un souffle. Ils l'ont torturé, par simple amusement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de lui qu'un corps sans âme, vide de toutes émotions. J'ai échoué à sauver mon neveu. Il ne méritait pas de connaître un sort pareil.
Refia dut prendre sur elle pour ne pas éclater en sanglot. En effet, personne ne méritait un tel sort. C'était injuste, terriblement injuste et cruel d'autant plus que cet Ayato, le neveu de Jiisan, semblait être une bonne personne, pleine de douceur et de bonté. Un silence pesant s'installa entre les quatre compagnons de route, Ronny qui semblait tétanisé et Jiisan.
- Vous comprenez mieux pourquoi ce royaume hait tant les mages car ils ont tout prit au roi, reprit Jiisan d'une voix teintée de tristesse. Sa femme puis sa fille. Et à l'armée, ils leur ont enlevé leur Capitaine et ont massacré un enfant innocent. Quelle image voudriez-vous que le royaume de Shinta ait des mages ?
Les quatre voyageurs venant du royaume de Fiore baissèrent piteusement la tête. Oui, désormais Refia comprenait pourquoi elle inspirait la peur chez les habitants de ce royaume et elle regrettait de ne pas l'avoir su plutôt. Maintenant qu'elle connaissait l'histoire de ce pays, elle se sentait quelque part coupable de ce que ses semblables lui avaient fait subir. Mais Jiisan ne semblait pas encore en avoir fini.
- Malheureusement, ce n'est qu'ici que l'histoire de ce royaume commence, déclara-t-il d'une voix grave.
Et les quatre compagnons le regardèrent avec stupeur, redoutant ce qui allait suivre.
~~~
Plusieurs années auparavant ...
- A plus, grand-mère ! s'écria le petit garçonnet blond en s'élançant dans la rue pleine de passant.
Alors qu'il manqua de percuter de plein fouet un marchand qui transportait ses produits et qui grogna lorsque l'enfant l'esquiva de peu, lui intimant d'un air grognon de faire plus attention à l'avenir, la vieille femme qui l'observait rigola doucement.
- Fais attention à toi ! lui lança-t-elle alors qu'il s'éloignait déjà d'un pas pressé. Et passe le bonjour à tes parents !
En guise d'au revoir, l'enfant lui adressa son sourire le plus chaleureux. Il aimait beaucoup cette vieille femme, qu'il passait voir presque tous les jours. Ce qu'il appréciait le plus chez elle était sa gentillesse et sa générosité. Mais il aimait tout particulièrement qu'elle lui compte des histoires datant des origines du royaume de Shinta, narrant les grands exploits des mages qui avaient autrefois fait partie de l'armée royale, des siècles auparavant. Le jeune garçon aimait les mages, il les trouvait fascinant et c'est pourquoi il n'avait jamais compris que ceux qui maitrisaient la magie soient si peu appréciés par le reste des habitants et le royaume. Lorsqu'on pouvait jeter des sorts, on était forcément fort, alors pourquoi le roi ne recrutait pas des mages pour défendre le royaume ? C'était un mystère que l'enfant, de son jeune âge, n'avait jamais réussi à élucider.
Redoutant d'être en retard à l'école, il pressa alors le pas, décidant d'emprunter des raccourcis qu'il connaissait bien. Sur son chemin, plusieurs adultes le saluèrent, lui demandant avec gentillesse comment ses parents et lui se portaient. L'enfant aimait particulièrement son village car tout le monde s'entraidait, s'appréciait et se venait en aide. Et c'était dans cette atmosphère agréable et conviviable qu'il avait grandi, choyé de tous.
Lorsqu'il parvint enfin sur le pallier de l'école, il s'excusa auprès du vigile de l'entrée qui veillait à ce que les enfants ne se bousculent pas et fonça aussitôt en direction de sa salle de classe. Avec un peu de chance, ses camarades venaient tout juste de rentrer et n'étaient pas encore assis. Mais lorsqu'il passa le plus discrètement la tête à l'intérieur de la pièce, son institutrice le réprimanda aussitôt.
- Que vois-je, un retardataire, s'exclama-t-elle avec un regard sévère. Veille à ce que ça ne se reproduise plus, ou j'avertirais tes parents. Va t'assoir, Dakota, ajouta-t-elle d'un ton plus doux.
Les joues rouges de s'être fait remarquer, le blond ne se fit pas prier et alla s'installer sur sa chaise discrètement. La matinée passa alors et il se montra le plus attentif possible au cours auquel il était convié. La pause arriva bientôt et tous les enfants se ruèrent aussitôt dehors dans un but précis : s'assurer que les arbres qu'ils avaient plantés dans la terre il y a déjà quelques mois avaient poussés. Mais quelle ne fut pas leur déception de constater qu'aucun n'avait survécu à l'hiver.
- Mais pourquoi, geignit une des camarades du petit blond. On a pourtant tout fait pour que ça marche !
Plusieurs enfants se mirent aussi à se plaindre, reprochant à la nature d'être mauvaise avec eux et de les empêcher de faire pousser leurs arbres.
- L'hiver a été particulièrement froid cette année, les pousses ont gelé mais vous pourrez retenter votre chance une prochaine fois, les consola alors l'institutrice avec douceur.
Les enfants continuèrent encore à se plaindre quelques minutes mais finirent par se désintéresser bien vite des arbres auxquels ils avaient tenté de donner vie, préférant aller se consacrer à des jeux bien plus amusant. Mais ce n'était pas le cas de Dake. Sans en connaître la raison, il ne pouvait pas détacher son regard de cet arbre miniature. En le voyant ainsi, recroquevillé sur lui-même, la tige noircie, vidé de toute vie, l'enfant ressentit une profonde tristesse. Une larme roula sur sa joue sans qu'il ne puisse le contrôler. Au fond de lui, il avait l'impression d'avoir perdu un ami de toujours alors qu'il ne s'agissait que d'un arbre. Mais pour lui, la petite pousse était plus que ça, un simple arbre. Elle était un être vivant qui venait de rendre son dernier souffle, ignoré de tous. C'était atrocement cruel qu'elle soit morte sans que personne ne se soucie de son sort, dans l'ignorance la plus totale du monde. Comment ses camarades pouvaient-ils se montrer aussi insensible face à un tel spectacle ? Jamais Dake n'avait ressenti une telle peine. Et étrangement, il voulait vraiment venir en aide à ce bout d'arbre, faire tout ce qui était en son possible pour le sauver.
Guidé par ce mélange de tristesse et de détermination, l'enfant s'avança alors vers la terre retournée où avait péri l'arbre et l'encadra le plus délicatement possible de ses deux mains. Une sensation étrange, complètement nouvelle pour le jeune garçon blond, envahit son sang et un frisson parcourut son corps de haut en bas. Il se sentit alors plus vivant qu'il ne l'avait jamais été. Soudain, un grand froid l'envahit ainsi qu'une immense douleur. Il avait mal, atrocement mal et il ne comprenait pas pourquoi. Le monde autour de lui avait disparu et il n'y avait plus que le bout d'arbre qui se tenait en face de lui, meurtri. Et le jeune enfant comprit, la douleur qu'il ressentait, c'était la sienne. Il était entré en communion avec l'arbre.
Bientôt, une douce chaleur l'envahit et la vie l'envahit de nouveau. Ses forces lui revinrent et il eut l'impression qu'il aurait pu accomplir n'importe quel exploit avec cette énergie nouvelle. Son cœur battit également plus vite, emporté par une douce euphorie. Dake se sentait plein de vie et ce, parce que l'arbre reprenait peu à peu des forces. L'enfant ne comprenait pas cet étrange phénomène mais l'idée qu'il avait pu venir en aide à l'arbre le remplissait de joie.
Et soudain, la communion entre lui et l'arbre cessa et il retomba sur son arrière train. Les murmures de ses camarades lui parvinrent alors aux oreilles et il se tourna vers eux. La plupart des enfants, mais aussi des adultes, s'étaient rassemblés dans la cour et leurs regards convergeaient tous vers un seul et même point : lui. Pendant un instant, Dake crut voir quelque chose s'apparentant à de la crainte luisant dans leurs yeux. Ne comprenant pas ce qui n'allait pas chez lui, il tourna la tête dans tous les sens à la recherche de quelque chose d'anormal. Et c'est alors qu'il le vit, cet immense et majestueux arbre qui se dressait fièrement derrière lui. Un cerisier, s'émerveilla Dake. La petite pousse noircie qu'il avait cru perdu était devenue un splendide cerisier aux fleurs roses. Elle offrait un spectacle des plus magnifiques. Comment est-ce arrivé ? s'étonna le jeune garçon en se demandant comment un tel miracle était possible.
- Dakota, veuillez me suivre dans mon bureau, ordonna alors le directeur qui était présent dans la cour.
L'enfant fut interloqué par un tel ordre, ne comprenant pas pourquoi le directeur de l'école souhaitait le voir. Avait-il fait quelque chose de mal ? Mais il n'eut pas de réponse et inquiet, il suivit le grand homme jusqu'à son bureau où il s'assit sur une chaise en se faisant le plus petit possible. Le directeur déclara alors d'un air grave qu'il allait appeler ses parents. J'ai dû faire une bêtise, pensa alors Dake, se sentant coupable. Il n'aimait pas se comporter mal car cela mettait dans une situation délicate ses parents et s'il y avait bien une chose qu'il voulait éviter plus que tout, c'était celle-là, les mettre dans l'embarras. Mais cette fois-ci, il avait réussi à s'attirer des ennuis bien qu'il ne comprenait pas en quoi il avait fauté.
Une bonne heure après que le jeune enfant ait été convoqué dans le bureau du directeur, une femme d'un âge mur, grande et élégante, aux cheveux blonds bouclés encadrant à la perfection son visage fin, gravissait les marches de l'école, rongée par l'inquiétude, suivit par son époux, un homme plus trapu et à la moustache imposante.
- Crois-tu qu'il s'est blessé ? s'inquiétait-elle à l'intention de son mari. Peut-être qu'il s'est battu et qu'il s'est fait mal ... Ou alors il a fait une bêtise mais ce n'est pas son genre ...
Alors qu'ils attendaient que l'école ne leur ouvre leurs portes, l'homme déposa une main tendre et réconfortante sur l'épaule de son épouse.
- Tu t'inquiètes toujours trop Karine, murmura-t-il avec un sourire. Tu connais notre petit Dake, il ne ferait pas de mal à une mouche. Je suis sûr que ce n'est pas si grave.
Quelque peu rassurée, elle hocha la tête. Oui, Ben avait sûrement raison, elle se faisait un sang d'encre pour rien. Mais ses doutes ne s'envoleraient que lorsqu'elle aurait son fils sous les yeux et qu'elle pourrait constater qu'il allait parfaitement bien. C'est le cœur serré par l'appréhension qu'elle traversa les couloirs en direction du bureau du directeur. Et elle l'aperçut alors, son cher Dake, son enfant unique, assis sur une chaise, fixant avec un air coupable ses pieds comme s'ils étaient particulièrement intéressants. La jeune mère fronça les sourcils, se demandant ce qu'il avait pu faire pour arriver dans le bureau du directeur. Mais Karine se calma lorsqu'elle s'aperçut qu'il n'était pas blessé. Son fils allait bien, c'était l'essentiel, tout ce qui comptait pour elle.
Alors que le directeur de l'école serrait la main à son époux, Ben pour le saluer, la femme ne put ne pas remarquer l'air grave qu'il affichait et c'est d'une voix n'annonçant rien de bon qu'il les invita à s'assoir.
- Si je vous ai convié aujourd'hui si précipitamment c'est pour parler de votre fils, Dakota, commença-t-il après s'être raclé la gorge. Voyez-vous ce cerisier dans la cour ?
Karine fronça alors les sourcils, ne comprenant pas ce que cet arbre venait faire dans la conversation.
- Nous le voyons, répondit Ben tout aussi surpris. Mais quel est le rapport avec notre fils ?
- Cet arbre n'était qu'une pousse il y a de ça une heure et votre fils l'a fait pousser sous les yeux de ses camarades et de notre personnel, expliqua alors le directeur.
La femme blonde se figea aussitôt, redoutant d'entendre les prochains mots qui allaient suivre. Aucun humain normal ne pourrait accomplir un tel miracle.
- Je ne crains que votre fils, Dakota, ne soit un mage-né.
Cette déclaration fit l'effet d'une douche froide à Karine. Son petit Dake, son enfant chéri était un mage ? C'était impossible, il fallait s'entraîner pour en devenir un car la magie n'était pas une chose aisée à maitriser. Mais le directeur avait employé un terme juste « un mage-né ». Oui, elle avait déjà entendu parler de ses individus qui naissaient avec la magie dans le sang. Mais elle ne pouvait y croire, son Dake ne pouvait être un mage.
- V-Vous devez faire erreur, souffla-t-elle, en tremblant de tous ses membres, horrifiée.
Mais le directeur secoua la tête avec pitié. Et la femme vit son monde s'effondrer autour d'elle. Si son fils était un mage, cela ne signifiait qu'une seule chose : il était en danger. Karine avait connaissance de l'aversion envers les mages que le roi avait pour les mages et tout ceux qui maîtrisaient la magie. Même s'il ne les emprisonnait pas ni ne les condamnait à mort, il ne les aimait pas. La vie d'un mage était difficile car il fallait savoir supporter les remarques acerbes, la discrimination. Les mages étaient toujours exclus ou écartés du reste de la société, n'inspirant que la crainte chez ceux qui n'avaient pas de magie. De plus, Karine avait entendu parler des violences portées contre les mages que le roi n'avait pas voulu sanctionner dans le nord du pays.
Son regard se posa alors sur son fils dont le visage était inondé de larme. Lui qui admirait pourtant les mages avait compris qu'en être un n'était pas une bonne chose et le cœur de la jeune mère se serra. Elle était terrifiée pour son fils et ce qui pouvait lui arriver. Son époux posa alors une main réconfortante sur la sienne et elle croisa son regard. La détermination qu'elle y lut lui redonna alors espoir et elle refoula sa peur. Oui, il était hors de question que son fils ne souffre de sa condition. Ensemble, ils allaient tout faire pour le protéger des soldats du royaume et de la discrimination. Car Dake méritait une vie heureuse. Jamais Karine ne laisserait quiconque faire du mal à son fils, elle s'en fit la promesse.
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Hello ! Comment allez-vous ? Je crois que je viens de battre mon record de publication ! Et le chapitre suivant est déjà entrain d'être corrigé donc on est bon, j'ai repris le rythme, youhou !
Bon, on continue les "flash back" mais cette fois-ci, abandonnant Ayato à qui il n'est arrivé rien de bon, on s'intéresse aux membres de l'Elite des 4, en particulier Dake !
Alors on l'avait déjà vu enfant, mais avant qu'il ne rejoigne le "Maître" et le roi. Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Vous a-t-il plu ? En soit, Dake était une personne gentille avant ...
J'espère aussi que revoir vite fait Refia, Mest, Jiisan et tout le tralala vous a fait plaisir en début de chapitre ! ça n'a pas été d'une grande utilité mais on a au moins appris qu'Ayato ne s'en était pas sorti.
Bref ! Je m'égare ! Passez une agréable journée et à bientôt !
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