Lydia ignorait où elle pouvait se situer ! Elle se trouvait dans une totale pénombre, sans aucune odeur autre que la sienne. Le sol semblait rugueux, tranchant, comme dans une grotte. Comment avait-elle pu se retrouver dans ce lieu inconnu ? Elle cessa d'avancer pour faire demi-tour.

L'image de son frère apparut en tremblant, comme sur un canal ne parvenant pas à capter parfaitement l'origine de la transmission.

— Ne ralentis pas, continue, traverse la frontière, cria-t-il en disparaissant. Je t'aime.

De quelle frontière parlait-il ? Des larmes de tristesse s'écoulèrent sur ses joues froides. Fabian lui manquait péniblement, il avait disparu depuis plus de six mois ! La perte subite de leur parent l'avait traumatisé, le perdre lui... la rendrait folle. Certes, nous devons vivre avec la mort, l'autoriser, accepter la perte de notre famille, nos êtres aimés, mais, Lydia le refusait !

— Non, hurla-t-elle.

Un flash de lumière l'aveugla. Quand elle retrouva la vue, elle aperçut de la roche transparente, translucide. Elle se reconnut au travers, elle prenait sa douche dans la salle de sa chambre à l'Einstein Académie. Elle longea la paroi pour apercevoir des flashs temporels du passé. Elle accéléra le pas pour remonter le temps.

Elle courut pour revenir au six octobre dernier à dix-huit heures pour assister à son évanouissement. Lydia détourna le regard vers l'espace pour découvrir des oscillations, tel des « sinusoïdes » s'éloignant du point de chute. Comme avec un caillou tombant dans l'eau !

Une explosion effarante fit vibrer le couloir à son extrémité. Elle fit demi-tour pour courir à contre sens. La paroi de chaque côté devint translucide pour devenir opaque.

Elle ralentit subitement sans raison valable, comme si elle se heurtait à un champ de force invisible. Lydia força le passage pour subitement rendre sa visibilité à la paroi du couloir.

Ceux à quoi elle put assister la terrifia, l'attrista comme jamais auparavant.

L'adolescente flotta bientôt dans de la matière visqueuse. Cela devint brusquement moins tangible, un espace bleu. Elle heurta subitement des coraux multicolores, des...

Elle ouvrit les yeux dans la chambre qu'elle partageait avec Géraldine.

Elle venait de retrouver la mémoire, elle n'était pas Dalhya, mais Lydia Duclos.

L'adolescente venait de rompre l'hypnose de sa tante.

Elle méritait une explication, une raison à cela ! Lydia ne détenait rien de véritablement concret, mais la chute finale lui glaçait encore le sang.

Était-ce un rêve ?

Pourrait-il s'agir d'une prémonition, une prédilection ?

Elle ne le croyait pas sincèrement, ce ne pouvait être qu'une supposition logique concentrée sur des actions, des conséquences cohérentes !

— A quoi tu pense, Dalhya ?

L'adolescente quitta ses pensées pour détourner le regard vers sa compagne de chambre.

— C'est qui le meilleur astrophysicien de l'Université ?

— Aurélien Stark, sans l'ombre d'un doute.

— Il n'est pas au programme, n'est pas notre professeur. Comment peux-tu le connaître ?

— Il est trop sexy.

Lydia esquissa un sourire, elle n'aurait pu obtenir rien d'autre de sa part.

— Tu as changé, Dalhya, s'exclama sa compagne de chambre.

L'adolescente ne chercha meme pas à la contredire. Elle n'était rien l'une pour l'autre, leur amitié avait été inventé, provoqué par sa tante. Rien ne les rapprochait véritablement, mis à part leurs cours !

— Ça va, annonça-t-elle en prenant ses affaires de bain.

Des coups à la porte les firent sursauter. Géraldine se pressa d'aller ouvrir.

— Oui ?

— Dalhya est demandée au quartier visiteur.

Lydia contourna sa compagne de chambre pour approcher de Shirley, l'agent de sécurité de leur bâtiment.

— Qui veut me voir ?

— Le directeur de la sécurité de l'E.S.A, monsieur Duxx. Alors, pas d'enfantillage inutile, ne fais pas honte à l'académie.

— Que me veut-il ?

— Le directeur Duxx réclame une entrevue, on s'y rend !

La rouquine aux cheveux courts quitta la conversation pour partir dans le couloir. Lydia restait perplexe, que pouvait-il lui vouloir ?

— Moi, il me fait peur, ce gars. On dirait un fou sorti d'asile. Il est aussi sexy qu'un nazi de la Seconde Guerre mondiale, remarqua Géraldine en tressautant !

Lydia retrouvait la mémoire et au même instant, le directeur de la sécurité de l'E.S.A réclamait une entrevue... assez troublante comme coïncidence !

Le rendez-vous aux quartiers visiteur dénonçait un entretien privé, non professionnel ! Sinon, il aurait été accompagné du directeur.

— Ca te dis de te faire passer pour moi, proposa-t-elle à sa compagne de chambre ?

— Quoi ? N'importe quoi, t'es devenue folle !

Une idée germa dans l'esprit de l'adolescente.

— Et si je savais comment t'arranger un rendez-vous avec beau gosse !

— Hein, tu me fais marcher ?

Lydia avait découvert par hasard Stanley exécutant des recherches sur des figurines Star Wars. Elle détourna le regard pour observer l'affiche de l'épisode neuf de Géraldine.

— Tu es bien inscrite au cours de théâtre du professeur Liebing, non ?

— Oui ! Et alors ?

— Va à l'entrevue à ma place et je te promets un rendez-vous avec beau gosse dans la soirée.

— Promis ?

— Promis, craché, juré, si je mens je vais en enfer.

La compagne de chambre hésita malgré tout.

— Il me fait flipper. Et pourquoi voudrait-il te voir ? T'as fait des bêtises ? De toute façon, il va bien voir que je ne suis pas toi.

Elle n'avait pas tout à fait tort, mais sa tante avait dû falsifier son dossier scolaire. De quelle manière ? Elle l'ignorait, mais la photo de son profil ne devait pas correspondre avec la réalité. Il fallait espérer que le directeur de la sécurité se baserait uniquement sur la présence de la personne demandée ! Mis à part l'excès de poids de Géraldine, sa couleur de cheveux, il existait une légère ressemblance avec les yeux, le nez, le menton. Il pourrait supposer à une prise de poids, une coloration de cheveux !

— Il veut faire une évaluation pour me faire changer d'Académie, mais je ne veux pas. Je suis trop bien avec toi !

— Ah, s'exclama-t-elle en rougissant.

— Tu connais mes parents. Tu peux facilement te faire passer pour moi.

— Mais, Dalhya, tu es maigre, pas moi !

La remarque typique d'une personne refusant son surpoids !

— Tu diras que c'est la cafétéria.

— Non, je ne pourrais pas !

— Jouer sur scène te sera aussi facile, que d'aller parler à beau gosse !

— Tu crois ?

— Certaine !

— Bon, OK. Mais tu le jures pour beau gosse !

— Je ne t'ai jamais menti.

Lydia aperçut à sa grande surprise sa compagne de chambre se diriger vers la porte pour bientôt disparaître dans le couloir. Elle se précipita sur son ordinateur portable pour finaliser la promesse. L'adolescente récupéra rapidement un blog de fan Star Wars ou était inscrit Stanley pour fouiller dans les commentaires, discussions. Elle enregistra un nouveau profil pour Géraldine, puis se mêla à un sujet en cours sur l'ouverture d'un magasin dans les environs vendant des exclusivités Star Wars.