Chapitre 7 Entretien embarrassant
Sarah resta un long moment immobile, elle refusait d'accepter le départ subit de Francis ! La neuropsychologue connaissait à la perfection les variantes du comportement humain, mais là, elle se trouvait dans une impasse. Le directeur général de l'ÉSA détenait sans l'ombre d'un doute un secret trop lourd à supporter, mais de quoi avait-il vraiment peur ? D'une réprimande à la hauteur de ses aveux ou d'un risque potentiel d'élimination de témoin ?
Avait-il peur pour elle ou pour lui-même ?
Son départ soudain pourrait être assimilé à de la fuite ! Les claquements à la porte rompirent ses pensées.
— Oui, entrez !
Un homme chauve au traits tirés, avec un bouc soigneusement taillé, pénétra dans la pièce. Le costume ne correspondait pas vraiment à l'attitude du visiteur, on l'imaginait plus facilement en jean, rangers, débardeur, type motard de Harley-Davidson ! Elle comprit de suite à son regard l'improbabilité de duper, corrompre ce genre de personnage.
Il traversa la pièce pour ne la saluer qu'à mi-distance du bureau.
— Bonjour docteur Chanvre, annonça-t-il d'une voix dénuée d'émotion.
— Bonjour directeur Duxx.
— Assez spartiate l'ouverture du couloir ne donnant accès qu'au départ du précédent visiteur !
— Je tiens à maintenir une certaine confidentialité avec mes patients.
Il prit place sur le fauteuil sans attendre l'approbation.
— Il serait assez facile d'enregistrer les entrées et sorties du parking pour débusquer son identité !
Elle croisa les doigts sur le bureau.
— Est-ce un rendez-vous personnel ou professionnel ?
— Tout employé de l'ÉSA est tenu de confirmer son état psychiatrique au minimum tous les trois ans, certains chaque année. Francis Delhomme se porte-t-il bien ?
Elle se raidit en entendant le nom de son ancien amant.
— Je n'entretiens plus aucune relation avec le général de l'Agence Spatiale européenne depuis sa prise de poste.
— Elle est certes proscrit dans la politique de l'ESA !
Elle déposa ses doigts tremblants sur ses jambes.
— Vous semblez soucieuse, mal à l'aise docteur ?
— Nullement, je vous écoute !
Il croisa les jambes pour se mettre à son aise.
— Parlez-moi de Lydia Duclos !
— Comment ça ? s'exclama-t-elle en trahissant son embarras.
Il esquissa un sourire de satisfaction.
— N'auriez vous pas été la compagne de Daniel Duclos voilà dix ans ?
— Cela n'a duré que cinq ans.
— Ne fréquentez-vous pas le capitaine Duclos ?
— Comment ça ? hurla-t-elle outrée.
Le directeur de la sécurité étendit les jambes en croisant les bras.
— On vous a vu à plusieurs occasions en sa compagnie.
— Qui on ? C'est quoi ces allégations ?
— Je n'ai à aucun moment fait part de relation charnelle, mais il serait tout naturel de la rechercher afin de combler le vide de son frère.
Elle se leva de colère.
— Vos propos sont honteux, ne vous font pas honneur !
Le chauve prit appuie des coudes sur les accoudoirs pour la dévisager.
— Asseyez-vous docteur, ordonna-t-il !
— Vous êtes dans mon cabinet médical, vous n'avez rien...
— J'ai tout pouvoir, vous subissez un interrogatoire !
— Quoi ?
La psychologue le dévisagea avec frayeur. Elle était certaine d'avoir éliminé toute preuve compromettante.
— Ce n'est ni le lieu, ni le...
Il se leva précipitamment pour déposer ses poings sur le bureau afin de lui faire face.
— Êtes-vous certaine de vouloir subir un interrogatoire dans les règles ?
Sarah se rassit pour abaisser le regard.
— Donc, reprenons, parlez-moi de Lydia Duclos !
— Je l'ai croisé à plusieurs occasions lors de ma relation avec Daniel. J'ai ensuite côtoyé son frère au sein de l'ÉSA ! Il est vrai que... j'ai abandonné toute espoir en découvrant qu'il ne pourrait... n'était pas Daniel.
— Étiez-vous au courant que les dossiers des invités au sein de la Station International, les enregistrements des caméras de surveillance avaient grillés lors de l'accident du six-dix. On m'a donc orienté vers celles responsables du reconditionnement mental de tous ceux présents sur le Léviathan à cette date.
— J'étais dans la confidence.
— Veuillez me remettre le dossier complet des patients, annonça-t-il en déposant une clé USB !
Le docteur Chanvre s'exécuta aussitôt pour lui remettre la clé.
— C'est assez étrange que l'enregistrement du départ ait lui aussi disparu, remarqua-t-il en esquissant un sourire narquois.
— Rien ne vous obligeait à venir, j'aurais pu vous l'envoyer par Email.
— Rien ne vaut un tête-à-tête. À bientôt, docteur, annonça-t-il en se levant.
Tout en se dirigeant vers la porte, il songea qu'il finirait par obtenir gain de cause, lui ferait cracher les secrets !
Elle souffla de soulagement en regardant la porte se refermer. Il n'avait pas été simple de faire disparaître toutes ses preuves, de garder l'anonymat dans ses démarches.
Il n'avait rien de concret, mais jusqu'à quand ?
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