Dalhya pianotait sur sa tablette en jetant un coup d'œil à sa copine de chambrée peinant à enfiler un tee-shirt trop moulant. Elle ne parvenait pas à le faire glisser sur le ventre proéminent. Je me noierai dans la cuvette des w.c. avant d'en arriver là, songea l'adolescente en concentrant son attention sur un communiqué du journal Space News. La sécurité de la station internationale n'est pas parvenue à déclencher le système de fermeture automatique, la décompression du SAS-D3 donnant accès au pont D a causé la mort de trois passagers. Le six octobre dernier à dix-huit heures, monsieur Marcel Chaîne, l'Enseigne Béatrice Leroy et Lydia Declos, la sœur du spationaute français, le capitaine Duclos ! Elle trouva étrange que seule la photo du célèbre astronaute figurât dans le communiqué de presse. Elle dévisagea longuement la photo pour attarder son attention sur la lèvre de Fabian, le maquillage camouflait totalement le bouton de fièvre ! Elle secoua le visage en prenant conscience de sa réflexion. Elle voyait le dégout du capitaine en le découvrant, sa panique en songeant à l'interview.

Elle s'assit sur le lit pour faire une recherche internet sur le nom, Lidya Duclos. Elle ne trouva rien, aucun compte associé ni photos ! Improbable, douteux, volontaire ! Une multitude de flashs lui traversèrent l'esprit, le capitaine Duclos en voiture de sport, à la montagne, à la plage, à table dégustant des profiteroles !

Elle pianota aussitôt sur internet pour taper accident Martha et Léon Duclos. Elle se figea en découvrant la photo du capitaine en compagnie de sa sœur au cimetière. Elle bondit du lit pour se rendre dans la salle de bain.

— Ça ne va pas, s'exclama Géraldine ?

L'adolescente se dévisagea longuement dans le miroir.

— Je ne sais pas.

Des larmes s'écoulèrent sur son visage.

À la cafétéria, Dalhya regardait des photos sur le compte Facebook du Capitaine Duclos. Géraldine se chamaillait avec sa copine, Lucie.

— T'es certaine que c'était ce jour-là que beau gosse avait mis la main aux fesses de Charlene ?

— Si, je t'assure, c'était le six octobre, confirma la blonde à silhouette de poupée Barbie. Je m'en souviens, car juste après les haut-parleurs de la cafette on annonçait l'accident. Ah ce sujet, t'étais ou, Dalhya ?

— Pardon ?

— Ben, houais, toute la classe était présente, mais pas toi !

— Mais si, elle était là, attesta Géraldine. Elle était avec moi tout le long.

— Sûrement pas, tu badinais beau gosse qui n'a pas cessé de se foutre de toi.

Elle détourna la tête vers sa copine de chambrée pour rester la bouche entrouverte.

— C'est l'heure les filles, on va être à la bourre !

Dalhya regagnait pensivement sa chambre à la fin des cours. Elle tentait vainement de trouver la réponse à la remarque de Lucie, ou était elle le six octobre à dix-huit heures ?

— Ça va, Dalhya ?

Elle détourna le visage pour apercevoir Sarah Chanvre, la psychiatre de l'académie.

— Salut tatie !

La célèbre neuropsychiatre de L'E.S.A l'enlaça pour approcher ses lèvres de son oreille.

— Attention ma puce, tu vas vivre un enfer si les étudiants apprennent notre lien de parenté.

— Ah, oui, c'est vrai. Dis, tu pourrais m'aider ?

— Et de quelle manière ?

— C'est assez ridicule, mais je ne me souviens plus de la journée du six octobre ; tu pourrais m'hypnotiser ?

La spécialiste en Hypnose médicale la dévisagea pour accélérer le pas en direction de l'escalier. Elle referma la porte de la chambre pour s'attabler.

— Assis toi ma puce ! Il faut comprendre que toute thérapie réclame une bonne raison.

— Tu es ma tante, j'ai toute confiance.

— Bon, pose tes mains sur la table, relâche toutes pressions, ne te concentre que sur ma voix. Quatre, trois, deux...

Quelques minutes plus tard, Dalhya accompagnait sa tante à la porte.

— Merci de m'avoir apporté ce livre, tatie, je vais le commencer dès ce soir.