Chapitre 4 Planète rouge
La navette Eos calculait un nouveau parcours en patientant en orbite géostationnaire à dix-sept mille kilomètres d'altitude de la planète Mars. Une tempête de poussières de catégorie Atlas atteignait déjà les quarante millions de kilomètres carrés, soit plus d'un quart de la surface de la planète.
La Station Arès dans la région Vastitas Borealis à proximité du pôle nord avait été contrainte de cesser toutes activités pour entrer en mode de défaut de faible puissance. La totalité de la communauté martienne avait dû être évacuée vers la station Eckops pour échapper à la tempête. Seule l'équipe Variante, unité de cyborgs était restés afin de s'occuper de la maintenance, de la surveillance du noyau d'énergie.
La zone de colonisation avait débuté à proximité de la calotte boréale afin de pouvoir récupérer de l'eau sous forme de glace, utiliser les matériaux trouvés sur place pour produire certains des consommables, carburant pour le trajet retour, oxygène pour l'équipage humain, matériaux de construction...
La calotte polaire boréale s'étendait sur mille kilomètres, contenait un million six de kilomètres cubes de glace d'eau. Elle était plongée dans l'obscurité continue durant les hivers. Trente pour cent de l'atmosphère retombait alors sous forme de plaques de glace de dioxyde de carbone. Lorsque le pôle était à nouveau exposé à la lumière du soleil, le dioxyde carbone créait de très puissants vents soufflant jusqu'à quatre cents kilomètres à l'heure.
La température moyenne sur Mars atteignait approximativement les moins soixante-trois degrés Celsius. Plus agréable que les moins deux cent soixante-treize degrés quinze de la température de l'espace, à trois degrés au-dessus du zéro absolu.
Fabian observait la tempête par le hublot de la navette. Il obliqua vers le Vaisseau Solar IV ayant franchi les cinquante six millions de kilomètres les séparant de la Terre en seulement trois mois. Le vaisseau avait été conçu à l'origine pour une autre destination, Jupiter ! La NASA avait alors organisé la mission Hope destinée à visiter les satellites de Jupiter.
Il serait finalement envoyé sur Mars pour enquêter.
Le capitaine Duclos n'avait jamais été prévu, car membre du CNES, mais à situation imprévue, contrepartie imprévue ! Il sourit en songeant à une réflexion qu'il avait entendue à bord de la station internationale, « Tout imprévu amène une vérité inédite. ».
Il avait été briefé tout au long du voyage de la légère inclinaison des pôles martiens, de la déviation de sa révolution autour du soleil. Elle serait à nouveau déviée en croisant Jupiter et par la même aurait une influence néfaste lorsque Mars serait en opposition avec la Terre s'intercalant avec le soleil.
Le secret était bien évidemment soigneusement gardé. Aucune communication privée n'était possible avec la planète bleue. Fabian en aurait pourtant eu le besoin !
La navette survola bientôt le dôme de Tharsis, vaste soulèvement volcanique d'environ cinq milles cinq cents kilomètres de diamètre et s'élevant de quatre à huit kilomètres au-dessus du niveau de référence. Le pont d'atterrissage de la station Eckops apparut bientôt sur une paroi rocheuse à six kilomètres du sol.
Ils se posèrent sur une plateforme coulissant bientôt sur des rails afin de les mener dans le complexe sous terrain.
Une vingtaine de minutes plus tard, les officiers du Solar IV furent amené au devant du capitaine Lark commandant la station Eckops.
— Mes respects capitaine Lark, s'exclama le supérieur hiérarchique de Fabian.
—Mes respects commandant Regan, capitaine Duclos. Ne tergiversons pas inutilement, mes astronomes, scientifiques, mes chercheurs, conseillers sont tout à vous.
Le commandant de la station patienta le temps de son départ puis approcha de Fabian pour lui empoigner chaleureusement la main.
— Toutes mes condoléances pour Lydia !
Les deux hommes se connaissaient depuis déjà cinq ans. Ils s'étaient croisé lors d'un congrès spatial en 2031 pour rapidement lier amitié.
— Merci, Lans. Décompression d'un sas qui a causé trois morts, deux adultes, une...
— J'imagine bien ta détresse, j'ai trois filles !
— Je sais... s'exclama-t-il en détournant le regard pensif.
— Tu n'aurais rien pu faire !
— Je sais... Alors, traces de vie martienne ?
— Pas plus que de Nessy dans le Loch Ness. Il a été démontré que les thiophènes retrouvés dans le cratère Gale, la fosse Elchalyne, sont le résultat de météorites ou tout simplement de la réduction thermochimique abiotique de sulfates portés à des températures élevées il y a des milliards d'années par l'activité volcanique martienne. Seule une éventuelle terraformation pourrait donner vie à la planète rouge. Allez, rejoignons mes invités.
Fabian l'empoigna subitement pour le dévisager sans rien dire.
— Qui y-a-t-il, Fab ?
— Non, rien, allons y.
Ils rejoignirent un conciliabule privé accordant un visuel sur mars depuis le dôme à flanc du cratère.
— Chers officiers de l'Unité spatiale et représentant du consortium de recherches, soyons précis et brefs. Docteur Lansworth, à vous la parole.
Un quarantenaire roux en blouse blanche se positionna au coté du commandant de la station Eckops.
— Le six octobre dernier à dix huit heure, l'Iris était positionné en direction de la ceinture de Kuiper, à soixante quinze milliards de kilomètres du Soleil. Je rappelle pour les non initiés qu'en deux mille vingt quatre, des astronomes étaient convaincus de l'existence d'une neuvième planète dans les confins du Système solaire. Les orbites particulières de plusieurs objets de la ceinture de Kuiper et aussi de la planète naine Sedna en démontraient l'existence. Elle aurait présenté une masse comprise entre cinq et quinze fois celle de notre Terre. Elle se cacherait bien au-delà de l'orbite de Neptune à une distance située entre quarante et cent cinquante milliards de kilomètres du Soleil. Des physiciens avaient même émis l'hypothèse que le phénomène pourrait aussi être le résultat de la présence d'un trou noir primordial de la taille d'un pamplemousse. Fabulation, calculs erronés, ils s'en étaient finalement désintéressés pour tomber dans l'oubli. La preuve de son existence fut échelonnée dans les projets de recherches du Quintum...
— Abrégez, je vous pris, ordonna poliment le capitaine Lark.
— Une puissante perturbation a dévié Mars de son orbite en provoquant un déséquilibre orbital des satellites Orx 2 et Phorbs qui se sont écrasés. Le satellite naturel Deimos a... tout simplement disparu. Nous n'avons aucune explication. Sa disparition a causé un déséquilibre de l'orbite de Phobos !
— Merci, docteur Lansworth, le coupa le capitaine. À vous Charles Kentin.
L'ingénieur, créateur du plus puissant télescope au monde prit la parole.
— L'Iris possède un miroir de douze mètres de diamètre, est équipé d'un trio de caméras numériques permettant de prendre des photos jusqu'à un milliard cinq cent mille kilomètres, comprenant donc Saturne dans son sillage. Il nous a permis de filmer la perturbation pendant soixante secondes qui n'a eu d'impact que sur Mars et ses satellites. C'est tout simplement... inexplicable, incohérent !
Une heure plus tard, Fabian était attablé en compagnie du commandant Regan.
— Alors, s'exclama le capitaine Lark ?
— Alors quoi, commandant ?
— Quel est le vrai du faux ?
— Je ne comprends pas le sous-entendu, nous étions présents tous deux !
— Le capitaine lark aurait pu vous confier certaines vérités ?
— Non, il faut accepter la réalité d'une perturbation spatiale à proximité de Mars, son léger changement d'orbite, la disparition de l'un de ses astéroïdes, la destruction des nôtres.
— Pas de ça avec moi, que vous a-t-il dit ?
— Ah, je comprends désormais la raison de ma présence dans la mission, s'offusqua-t-il en se levant. Hé bien, non, il ne m'a rien confié.
— Asseyez-vous, capitaine, ordonna le supérieur hiérarchique.
— J'ai perdu ma sœur voilà peu, vous n'avez aucune emprise sur moi.
Il quitta la pièce de repos furibond.
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