1 : Les racines gangrenées de l'Eden
Ceci est un re-make de l'OS que j'ai écrit dans le cadre du défi de KimGoldess !
→ J'ai totalement kidnapper une amie à moi et passé 3 semaines à détailler le plot pour en faire quelque chose de potable parce que l'idée de conserver un torchon pareil sur mon compte me rendait malade, so here it is :
• chansung •
• romance avec le frère de mon ennemi × kidnapping de chef de mafia •
• dark romance × omegaverse •
Trigger Warnings (liste non-exhaustive, je la mettrai à jour au fur et à mesure si besoin) :
→ Mention de drogues
→ Descriptions de scène violentes ou à caractère sexuel
Bonne lecture !
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Le jardin de Chris fleurissait à vue d'œil. Chaque fois qu'il se baladait entre ses plantes, une fierté incommensurable le traversait : tout ce qu'il avait entre les doigts, c'était le fruit de son travail.
Il inspira profondément et laissa l'air saturé de parfums envahir ses poumons. La senteur riche et complexe le réconfortait. Elle avait quelque chose de familier, le renvoyait aux jardins de sa jeunesse malgré l'atmosphère assez dense. Ses doigts glissèrent entre les outils : cisailles, lames affûtées. Presque tout était en place, comme toujours.
Il repensait à ses débuts. La première fois, dans cet éden de lumière artificielle, il avait été submergé par l'odeur âcre et débordante. Imposante, insatiable, la fragrance fétide s'était collée au coton de ses vêtements, avait pénétré sa peau autant qu'elle lui avait donné la nausée. À présent, il n'avait plus rien de tout cela.
À présent, l'odeur du cannabis devait figurer parmi ses favorites.
Les plantes en H6 ont bien grandi, il faut que je pense à les couper. Où est-ce que j'ai laissé mes pinces, déjà ?
Les têtes de la semaine dernière sont sèches. Je peux les ranger avec les autres pour demain. La prochaine livraison part dans la matinée, la nouvelle version de la synthétique devrait arriver au même moment. Seo passe dans deux jours, j'espère avoir fini de tout emballer d'ici-là. Il me fait chier avec ses excès de colères, lui. Heureusement que les billets suivent.
« Chris, c'est l'heure, l'appela-t-on. »
Il ne voyait pas la tête dépasser du haut des escaliers mais reconnut la voix de Hyunjin, son assistant blond au sourire ravageur. Un alpha de la ville, qu'il avait croisé dans ce bar auquel il se rendait assez souvent depuis qu'il était arrivé dans le coin. À l'époque, Hyunjin n'avait pas plus d'ambition que quitter New York et voir du paysage. Il fallut au noiraud plus de d'argent qu'il ne l'avait prévu pour le garder sous le coude, mais il n'avait jamais regretté son choix. Hyunjin figurait parmi les alphas les plus séduisants qu'il eut l'occasion de rencontrer, et, au vu des œillades que le blond recevait durant ses heures de travail, beaucoup de clients n'en pensaient pas moins.
Hyunjin n'attendit pas de réponse pour fermer la trappe, replongeant son supérieur dans les LED du sous-sol. Chris embarqua avec lui son bac de feuilles fraîchement coupées pour les laisser flétrir sur une table annexe. Il ramassa les plus anciennes, déjà séchées et les regroupa dans des sachets plastiques triés, étiquetées par date et les aligna sur ses étagères. Avant de partir, il vérifia quatre fois que tous ses sachets étaient au bon endroit, que les lumières étaient bien programmées pour s'allumer aux premières heures de l'aube, que son interrupteur fonctionnait correctement.
Il remonta les escaliers du sous-sol, ferma la trappe de l'arrière-salle à l'aide du cadenas épais qu'il trouvait dans le tiroir d'un casier. Quand il fut enfin prêt à s'occuper des installations et retourna près du comptoir, il réalisa que Hyunjin avait déjà terminé.
« Personne à virer ?
—Il restait deux clients, répondit l'assistant en continuant ses comptes, mais tu sais comment sont les omégas. Un sourire, un clin d'œil et tu leur demandes ce que tu veux. »
Hyunjin n'avait jamais eu honte de jouer de ses charmes. Voilà quelque chose que Chris appréciait chez lui.
Le blond referma le cahier des comptes d'un coup sec en soupirant.
« Enfin, allons-nous-en. »
Il ramassa sa sacoche qui traînait déjà à ses pieds, la passa sur son épaule et laissa Chris le suivre jusqu'à la sortie.
« Sois à l'heure, demain, ordonna ce dernier, mais Hyunjin traversait déjà le parking pour rejoindre la route. »
L'assistant leva son bras avec la nonchalance qui lui était habituelle en fin de journée. Il n'attendait qu'une chose : rejoindre le bar en aval et se déchirer comme tous les jeudis soir.
Chris resta seul, près de l'entrée, à fermer la porte principale de son magasin. L'air glacé traversa sa manche et ses poils s'hérissèrent.
Le gravier à ses pieds s'agitait plus que de raison. Malgré l'absence de personne autour de lui, le crépitement des cailloux s'intensifiait. Il l'ignora, préférant se concentrer sur sa tâche. Et dix secondes passèrent sans que celui-ci tarisse, alors il se retourna et se trouva nez à nez avec un rat qui le fixait.
Je deviens fou, c'est pas possible.
L'air avait une ambiance différente, ce soir-là. Cela avait peut-être à voir avec le fait que Hyunjin avait vidé le magasin un peu plus tôt. Qu'il avait plus de mal à fermer son cadenas qu'à l'accoutumée. Que derrière lui, le son d'une porte claquée coupa abruptement le silence.
Qu'il y avait trois voitures sur le parking, au lieu d'une seule, et que le crépitement des cailloux devenait assez régulier et près pour en distinguer des pas.
Discrets mais impuissants face au béton sablé, ils s'arrêtèrent juste en dessous du lampadaire le plus près de lui, le seul qui grésillait parmi la quinzaine étalée sur le parking.
« Tes godasses sont toujours aussi laides. »
Ces mots le figèrent plus vite que le vent froid caressant sa nuque. Derrière lui, un rire timide s'éleva. L'un de ceux qui lui espérait mais craignait tant revoir.
Chris se retourna, et il était bien là : son ancien camarade, le meilleur ami dont il n'était plus certain du statut.
« Moi qui pensais qu'avec ta nouvelle vie, tu pourrais au moins renouveler ta garde-robe. »
L'éphèbe avait la même carrure que dans ses souvenirs : sa démarche assurée le mena juste devant le noiraud. Les mains dans les poches de sa veste en cuir, il en sortit un trousseau de clé pour le faire tourner entre ses doigts. Sa crinière brune brillait sous l'éclairage labile. Sans bouger, Chris captait le parfum boisé de l'homme en face de lui.
« Pas très bavard, en plus. De mieux en mieux, cette histoire.
—Je ne m'attendais pas à te revoir.
—Tu aurais dû. »
À cet instant, son visage lui parut aussi réconfortant que lointain. Des bribes de ses traits avaient changés, durcissant son apparence autrefois juvénile. Était-ce la maturité ? L'avancée inéluctable du temps ? Une partie de Chris se disait que cela avait quelque chose à voir avec lui : peut-être que c'était la peine et l'angoisse, aussi. Le sourire espiègle qui lui était habituellement destiné avait perdu en lueur.
« Ce n'est pas pour moi que je suis ici, de toute façon, mentionna le brun en se retournant. »
Là seulement, Christopher reporta son attention sur la voiture. Deux hommes en costume serrés se trouvaient autour de la portière grande ouverte.
« Le boss veut te voir. »
Il aurait pu reconnaître cette silhouette élancée au milieu de n'importe foule hurlante, même sans l'attention qu'elle adorait pourtant attirer. Les chaînettes traînantes sur les hanches ne rendaient sa démarche que plus ondulante, elle n'attendait qu'une chose : s'arracher aux mains de tous ceux qui l'admiraient.
Par-dessus tout, Christopher voulait lui arracher le sourire innocent qu'elle aimait afficher, malgré le dédain ostensible du regard qui le scanna de la tête aux pieds.
« Lino, salua-t-elle. »
Le brun se courba devant lui.
« Bonsoir, Monsieur.
—Christopher.
Son nom sonnait affreusement mal au bord de ses lèvres.
« Felix.
—Viens. »
Felix se retourna sans vérifier s'il était suivi. Ce fut Lino qui, d'un regard appuyé, urgea Christopher de ne pas rester sur place. S'il le voulait, Chris aurait pu tenter de partir. Il n'était pas certain que Lino le laisse. Il ne le laisserait pas, en fait.
Le noiraud monta en premier, s'installa sur un siège dans le sens de la route. Felix se laissa désirer. La portière resta ouverte pendant que le cadet s'était arrêté, interpellé par l'un des hommes qui l'accompagnait. Même après tout ce temps, Felix restait demeurait tel que Chris le voyait : incapable de ne paraître autre chose qu'attrayant.
Sa jambe tressautait un peu plus fort à chaque seconde qui passait. Il comptait rester là combien de temps, à afficher sa fausse risette, à se laisser envahir par n'importe qui ? Chris ne rata aucune miette du spectacle : la main rugueuse qui se glissa autour la taille fine, le visage un peu trop près du cadet, le rire gras qui se déploya presque au creux de son oreille, le corps de Felix qui se raidit à peine assez longtemps pour être remarqué.
Quand Felix monta enfin à l'intérieur, son sourire tomba de son visage en même temps que son corps sur le siège en face de lui.
Il y avait quelque chose dans la manière dont il se défaisait de ses ornements et du chignon blond platine tout juste assez haut pour dévoiler un pan de sa glande odorante sans qu'elle puisse être mordue avec aise qui faisait jubiler Chris. Les lianes d'encre noire qui entouraient sa nuque lui allaient bien : convoité mais intouchable, c'était peut-être cette euphorie qu'il provoquait dans son monde rempli d'alpha qui lui donnaient cette impression de puissance malgré son instabilité. Tous deux en avaient pleinement conscience : les hyènes à l'affût de son premier moment de faiblesse pour l'engloutir.
Christopher avait pitié de lui en un sens. Mais son inquiétude s'atténuait à chaque fois qu'il se rappelait qu'il l'avait cherché. C'était exactement pour ça qu'il aurait dû lui laisser sa place.
Le moteur gronda et les jambes de son cadet se croisèrent devant lui. Felix attrapa un dossier tendu par son chauffeur depuis la banquette avant.
« Toujours aussi bien accompagné, à ce que je vois. »
Felix parcourut ses papiers du regard sans relever le cynisme de la remarque.
« Comment tu vas ?
—Ça t'intéresse, maintenant ?
—Nous sommes frères, justifia Felix sans le regarder, comme si cela relevait de l'évidence. Bien sûr que je m'intéresse. »
Felix parcourut ses documents avec une indifférence singulière. Chris n'arriva pas à estimer le sérieux de son affirmation.
« Ça t'intéressait moins quand tu étais occupé à jouer les toutous, sale traitre. »
L'aîné entendit sa voix trembler. Lui qui pensait avoir abandonné sa rancœur, la voilà qui ressurgissait, lentement, alors qu'il dévisageait le minois faussement innocent qui lui faisait face.
« Je n'ai fait que ce que Mère attendait de moi. Tu aurais pu – et dû – en faire de même. »
Bien sûr qu'il se cacherait derrière cette femme sans principes. Comme s'il avait déjà eu le courage d'assumer ses propres choix.
« J'irai même jusqu'à dire que c'est toi qui es pris pour le traitre à l'heure actuelle, pas moi. »
Aux yeux de son clan, Chris avait abandonné sa famille. Il avait laissé les siens pour un semblant de... pouvoir ? Que lui manquerait-il, à siéger aux côtés du bras droit de la parraine ? Rien, sauf la reconnaissance. Et c'était déjà trop : il ne voulait pas voir ses années d'effort pour devenir la fierté du groupe Lee-Bang se faire balayer d'un revers de main. Dans son jardin aux allures de paradis, il n'était pas forcé de contempler la prospérité de son frère face à l'amertume de son échec.
Le dos de Chris heurta le dossier de la banquette dans un mouvement de frein peu contrôlé. La lumière rouge d'un feu tricolore apparut à sa fenêtre. Parfait.
Une maigre dizaine de minutes devaient s'être écoulée depuis qu'il était monté à bord. Au mieux, il se trouvaient à présent à l'autre bout de la ville. Au pire, ils avaient déjà atteint la nationale. Dans les deux cas, Christopher trouverait un moyen de rentrer chez lui à pied. Malheureusement pour lui, le clic du verrouillage se déclencha avant même qu'il n'ait le temps de mettre la main sur la poignée.
« N'essaie même pas, l'avertit Felix. »
Christopher ne tenta plus de contenir son aigreur. Sa main se posa tout de même sur la poignée de la portière.
« T'as rien d'intéressant à me dire. Je rentre chez moi. »
Une lueur ambrée traversa son regard. Tout juste assez longtemps pour se demander si elle n'avait pas été le fruit de son imagination.
« Comment va Seungmin ? »
Cette fois, elle était bien réelle. Les iris du noiraud brillaient d'un doré intense, plus brûlant que les phares nocturnes des véhicules qui se baladaient autour d'eux.
Seungmin ? Un garçon charmant que Christopher avait rencontré quelques semaines après avoir emménagé en ville. Il passait presque toutes ses nuits dans l'affaire familiale, le terrain de chasse de Hyunjin : un coin de vie populaire après six heures du soir, où presque toute la ville se retrouvait pour se déhancher sur la modeste piste de danse puis se rafraîchir autour d'une bonne bière. Il avait confié à Chris qu'avec le monde, il n'avait le temps de s'arrêter pour papoter que très rarement. De toute façon, il préférait regarder leurs clients passer du bon temps, ce qui lui permettait d'admirer les beaux faciès. Un peu comme le tien, tu restes jusqu'à quelle heure ? il avait ajouté en lui servant un cocktail gratuit et hors de la carte.
Seungmin, c'était aussi quelqu'un qui ne mettait que très rarement les pieds en dehors de son patelin. Quelqu'un qui n'avait jamais croisé la route de Felix.
« Il est mignon pour un bêta, même si tu pourrais viser mieux.
—C'est quoi ton problème ? »
Felix se pencha vers l'une des portières pour en tirer une lime à ongles.
« Mère est arrivée en ville hier soir, annonça-t-il en observant ses doigts, et elle veut ton jardin. »
La requête flotta dans le silence entre les deux hommes. Le frottement de la lime contre les ongles nus de Felix lui répondit en premier, suivi du rire amer de Christopher. Au début, ses lèvres charnues se pincèrent alors qu'il tentait de retenir son agacement. La frustration bouillonnait à l'intérieur de lui, avec pour seule limite celle qu'il s'imposait lui-même : cette idée que personne ne la comprendrait et tous le trouveraient injuste. Pourtant, c'était à lui que l'on vendait des promesses au petit doigt tremblant et des louanges putrides. C'était lui que l'on voulait voler, encore et encore. Toujours lui, et ce même lorsqu'il ne détenait presque rien.
Le rugissement au fond de sa gorge se transforma en un éclat de rire. Christopher trouva la surprise dans les yeux de son frère, mais il ne s'en soucia point.
« Non.
— Ce n'était pas une question.
—Va te faire foutre, Felix. Plante ton potager tout seul. »
Son ton tranchant interpella Felix. Le mouvement de sa lime s'arrêta alors qu'il lui manquait un ongle à peaufiner.
« Déserteur ou pas, tu ne seras jamais au-dessus des règles. »
Un rictus moqueur se dessina sur les lèvres de Chris.
« Et vous allez faire quoi, hein ? Brûler ma salle ?
—Moi ? Absolument rien, je suis ici parce qu'on m'y oblige. Je me fiche de savoir ce que toi et ta petite vendetta devienne, mais tu la connais. Elle trouve toujours un moyen d'avoir ce qu'elle veut. »
La voiture ralentit. Cette fois, aucune lumière de feu tricolore ne traversait la teinture de la fenêtre. Felix se désintéressa de son aîné un instant, le temps d'écouter les remarques de son chauffeur et de lui répondre d'un hochement de tête. Il reprit aussitôt :
« Elle a toujours su où tu te cachais. Si elle voulait vraiment de toi, tu serais à nouveau sous son aile. »
Les sourcils de Chris se froncèrent.
« Qu'elle continue de faire comme si j'étais mort dans ce cas. Je m'en porte très bien. »
Les verrous des portières se débloquèrent et Felix invita Christopher à quitter la voiture d'un mouvement du menton.
« Je suis juste ici pour te prévenir, Chris. Après, je ne pourrai pas faire grand-chose pour toi. »
Christopher s'extirpa de la voiture. Elle redémarra aussitôt, s'enfonçant dans la route sans lumières, pendant qu'il restait là à contempler la cage d'escalier rouillée du complexe où il vivait, les oreilles rougies par le froid.
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