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Chapitre 30

     Je ne sais pas depuis combien de temps je suis en train de jouer avec Saphir sur mon lit. Je n'ai même pas envie de regarder mon téléphone. Je passe mes doigts dans ses poils, essayant d'oublier la triste vérité et d'oublier le temps qui passe.

Tout est vrai

     J'aimerais tellement oublier ce qu'il s'est passé. J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ressasse encore et encore les événements qui se sont déroulés. Pourtant, c'était hier. La seule chose qui me permet de me repérer dans le temps, de savoir que cela ne fait que quelques heures, est la lumière qui provient de l'extérieur. Le soleil est levé, ses rayons traversent mon volet que j'ai mal fermé hier soir. Décidément, ça commence à devenir une mauvaise habitude chez moi ces derniers temps. Je me traîne, submergée par ce qui m'arrive et je bâcle les choses qui n'ont pas grande importance. Fermer les volets par exemple. Après ce qu'il s'est passé hier, j'ai l'impression que c'est encore pire. Tout ce que je veux, c'est rester comme ça, enfermée, ne parler à personne. Peut-être que comme ça, tout ce qu'il s'est passé hier soir ne restera qu'un mauvais rêve.

     Au moment où je me suis réveillée, je me suis dis que je devrais demander à ma tante de me préparer des pancakes à cause de cet affreux cauchemar, puis la seconde suivante, je me suis souvenue que ce n'était pas un cauchemar. C'est la réalité. J'ai retrouvé mon père. J'ai tué ma tante.

     Quelques minutes plus tard, quelqu'un vient toquer à ma porte. J'hésite d'abord à répondre. Après tout, si je ne réponds pas, peut-être que la personne partira et me laissera encore plusieurs minutes ou plusieurs heures enfermée ici. Mais quand j'entends la voix de Justin au travers de la porte dire à quelqu'un que je dois encore être en train de dormir, je lui dis de rentrer. Il pousse la porte avant de se poser sur son encadrement, les bras croisés.

     - Hey ! Alors Foster, on fait la grasse matinée ?

     Je ne peux m'empêcher de sourire en entendant Justin m'appeler comme ça. C'est vrai que ça m'a fait quelque chose hier quand il m'a appelé par mon prénom, cela faisait plus... intime. Mais s'appeler par nos noms de famille, c'est quelque chose entre nous, comme une blague. Et malgré tout ce qu'il pourrait se passer, je suis certaine qu'on ne perdra pas cette habitude. En tout cas, j'espère.

     - Non, je ne dormais pas. Mais j'avais...

     - Tu voulais rester enfermée là pour toujours pas vrai ?

     Je baisse les yeux, un peu honteuse d'être si facile à cerner. Surtout par lui. Ce n'est pas vraiment une habitude qu'il se fasse du souci pour moi, ou qu'il essaie de savoir ce que je pense et ce qui me touche. Ou alors, peut-être que je ne l'ai simplement jamais remarqué.

     Voyant qu'il me fixe intensément, je commence à rougir. Pour oublier l'effet que cela me fait, je lui réponds.

     - Un peu oui.

     - Je peux venir avec toi ?

     Sa question me prend un peu de court. Je ne suis décidément pas habituée à l'entendre me parler sur ce ton. Cela me ferait presque me demander s'il n'y a pas quelque chose de louche la-dessous. Faisant taire mes idées farfelues, je lui fais un signe de la tête pour lui dire de me rejoindre. Lentement, comme pour ne pas me brusquer, il referme la porte derrière lui et s'approche. Après s'être assis sur mon lit, il reste quelques secondes silencieux, comme s'il cherchait ses mots. En voyant le chat sur mon lit, il sourit et finit par me dire.

     - Tu sais, si tu veux rester là avec Saphir toute la journée, y a pas de problèmes. Je viendrais t'emmener tes repas et je vérifierais que personne ne rentre dans ta chambre.

     Je le regarde et réfléchit à ses mots. Ils sont assurément tentant. Malheureusement, je pense que je ne vais pas pouvoir rester sous ma couette toute la journée. Et puis, voir du monde me fera sûrement du bien. Renonçant au confort qu'il me propose, je lui réponds.

     - Non, je pense qu'il vaut mieux que je sorte de là.

     - Je suis d'accord. Rester enfermé là dedans, c'est une idée de merde.

     - Mais tu viens de me dire que...

     - Je sais bien ce que j'ai dis, mais je sais aussi que ce n'est pas ce que je pense. Ce que je pense, c'est que tu dois sortir de là, prendre une bonne douche, manger quelque chose, et prendre l'air. Qu'est-ce que t'en penses ? De toute façon, même si ça te plait pas, je te sortirais par là en te trainant s'il le faut.

     Son sourire s'agrandit et je réalise soudainement que le ton avec lequel il m'a proposé de rester ici n'était pas celui de "je veux prendre soin de toi" mais plutôt celui de "je me moque de toi". Je le frappe légèrement mais je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire. Et lui aussi se met à rire avec moi. Qu'est-ce que j'aime ce moment. Juste nous deux, à rire. Je dois dire que cela nous change de nos disputes. Alors, le plus sincèrement du monde, je lui dit :

     - Merci

     - De quoi ?

     - Tout ça. D'être toi. De me pousser à me bouger et pas me laisser m'effondrer toute seule.

     - Pas de problème Foster, ça me fait plaisir. Aller maintenant, on se lève et on ouvre les fenêtres parce que là c'est pas possible.

     Il se lève d'un bond, s'approche de ma fenêtre et ouvre tout d'un coup. Je n'ai pas le temps de m'y habituer que j'ai toute la lumière dans les yeux. Mais je ne peux m'empêcher de rire face à la situation. Qui aurait cru il y a quelques mois que les choses se passeraient comme ça ? Quand on y pense, techniquement, ce n'est pas la première fois qu'il me réveille de façon brutale. La seule différence, c'est que la dernière fois, il m'avait retiré la couette. Mais malgré la ressemblance, je sais qu'aujourd'hui, les choses sont bien différentes. La preuve en est, il me prend par la main et me force à me lever avant de me tirer jusqu'à ma porte. Au moment où il ouvre cette dernière, mon ventre se met à faire des bruits étranges. Je crois que j'ai faim. Justin se tourne vers moi, hausse un sourcil, mais je le coupe avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit.

     - Aucun commentaire.

     Il lève les mains, comme pour montrer son innocence, puis nous sortons de la chambre. A l'instant où je passe l'ouverture, je sens comme un poids sur mes épaules. Comme si cette chambre m'avait protégé jusque là, mais que maintenant, je devais aller dans le monde réel. Ce monde où j'ai tué quelqu'un. Enfin techniquement, j'ai tué deux personnes quand on pense à ce que j'ai aussi fait à ma mère. Car même si je sais que c'était la seule chose à faire, les choses sont ce qu'elles sont. Je l'ai tuée elle aussi.

     Derrière moi, le bruit d'une porte qui s'ouvre me sort de mes pensées. Je me tourne et remarque que c'est Daisy.

     - Alors, ça y est, tu as fini par sortir. Comment vas....

     Elle s'interrompt dans sa phrase. Je m'apprête à lui demander ce qu'il lui arrive quand je fini par comprendre ce qu'elle fixe. Ma main. Enfin, pour être précis, ma main qui se trouve actuellement dans celle de Justin. Elle me regarde, puis le regarde, me regarde à nouveau et finit par demander :

     - J'ai loupé un épisode ?

     Malgré moi, je me mets à rougir. Je pensais que tout le monde nous avait vu nous embrasser hier étant donné que personne ne nous en a parlé. Mais la situation ne se prêtait pas vraiment à une petite conversation entre filles. Et puis, il ne faut pas oublier que ma meilleure amie était encore en train de se reposer pour reprendre des forces au moment où ça s'est passé. Je murmure rapidement un "non pas grand chose", puis me dirige vers les escaliers pour descendre au salon avec les autres.

     - Ah bon, pas grand chose ?

     La voix de Justin me fait me tourner vers lui. Il ne va pas sérieusement me mettre dans cette situation ?

     - C'est pas le moment Miller.

     - D'accord si tu le dis.

     Je souffle, heureuse qu'il ne continue pas sur ce terrain. Mais c'était sans compter sur l'entêtement de Daisy.

     - Eléanore Foster, on ne ment pas à sa meilleure amie !

     Je me retourne vers elle, résignée. Après tout, elle a raison, je ne devrais pas mentir. Il ne s'est pas rien passé entre nous. Et je ne sais pas pourquoi c'est si dur d'en parler. C'est comme si je n'assumais pas. Mais je n'ai pas honte de Justin quand même ? Si ? Je le regarde et ses yeux sont rieurs. Non je n'ai pas honte de lui. Je crois que je voulais juste garder ça pour nous. Pour que je comprenne vraiment ce qui est en train d'évoluer avant que les autres ne soient totalement au courant. Mais ma meilleure amie n'est-elle pas la seule personne qui pourrait m'aider à y voir plus clair ? On s'est toujours promis de tout se dire alors je devrais lui expliquer. Ne voulant pas afficher mes angoisses et mes questions devant le principal intéressé, je fini donc simplement par lui dire :

     - On s'est embrassés hier, quand Justin a repris conscience.

     - Et bien, il était temps !

     Sa réaction me fait rire et Justin lève les yeux au ciel. Elle sourit, puis semble réaliser quelque chose.

     - Attends attends, quand il a repris conscience, donc dans la cabane. Elle descend l'escalier quatre à quatre avant de crier en direction de nos amis qui sont dans le salon. Donc vous étiez tous au courant et personne ne m'a rien dit ? Bravo !

     - Et oui, c'est ça de dormir tout le temps !

     Nous descendons à notre tour et je me retourne vers Kate et me mets à sourire. Mais rapidement, son expression change et j'ai l'impression qu'il y a un problème. Je le vois, il y a quelque chose dans ses yeux qui diffère de d'habitude. Ceci dit, après tout ce qu'il s'est passé hier, il est logique que toutes les émotions retombent. Je ne suis pas la seule à avoir été affectée. Après tout, nous étions tous dans cette cabane, ils se sont battus jusqu'à plus de force, il est normal que le contre coup soit dur.

     Je rejoins donc mes amis et me trouve une place dans le canapé. Comme s'il ne s'était rien passé, ils reprennent leur conversation et je prends plaisir à y donner mon avis. Nous restons comme ça, à discuter tous ensemble de tout et de rien, pendant un temps que je ne saurait déterminer. Mais personne ne parle des événements de la veille. On pourrait croire que c'est chercher à occulter les moments douloureux pour ne pas souffrir. Mais, pour l'instant, je m'en fiche. Tout ce que je veux, c'est faire semblant que tout est normal, que tout va bien. Juste pour quelques heures.

     C'est l'odeur de pâtes à la bolognaise venant de la cuisine qui met fin à notre énième sujet de discussion. Je me retourne vers l'horloge, et elle indique 12h46. Déjà ? Je comprends maintenant pourquoi je commençais à avoir faim.

     Après le repas, je décide qu'il est temps de prendre une bonne douche. Même si hier soir en rentrant je suis passé sous l'eau, j'ai toujours l'impression d'être sale, comme si j'avais du sang sur moi. Je fais couler l'eau et retire mon pyjama, puis me place sous le pommeau. L'eau est chaude, presque même brûlante, mais cela me fait du bien. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, à laisser l'eau couler sur mon corps, en essayant de me vider la tête. Après de longues minutes, je commence enfin à avoir cette sensation de propreté, même si je sais pertinemment que le poids que j'ai sur le cœur et les épaules, lui, ne disparaîtra pas aussi facilement. Je fini par éteindre l'eau, sort de la douche et enroule ma serviette autour de moi. Mon regard balaie toute la pièce. Non mais c'est pas vrai. J'ai beau regarder encore et encore, je dois me rendre à l'évidence, j'ai oublié mes vêtements dans ma chambre. Mais quelle idiote ! Pourquoi je ne suis pas capable de faire un peu attention ? Pourquoi je ne suis pas capable de faire attention à des détails qui semblent insignifiants mais qui sont pourtant si importants ? Ne contrôlant plus aucune de mes émotions, je me mets à pleurer et m'effondre sur le sol. Me reviennent toutes les questions que je me pose depuis des heures. Celles qui tournent encore et encore dans ma tête. Mais pourquoi ? Pourquoi elle a fait ça ? Pourquoi Sylvia a-t-elle fait du mal à mes parents ? Pourquoi vouloir tant de mal aux gens simplement pour une idéologie complètements stupide ? Pourquoi vouloir défendre ce secret encore et encore ? Pourquoi ne pas juste s'excuser ? Reprendre de zéro. Pourquoi ne s'est-elle pas juste expliquée ?

     Je sens mon coeur battre de plus en plus vite dans ma poitrine. Mes mains humides sont à plat sur le carrelage froid. Je n'arrive plus à respirer correctement. J'aimerais tellement pouvoir remonter dans le temps et l'empêcher de faire ça. Ma vie aurait pu être tellement différente si j'avais pu vivre avec mes parents. Et qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? Après tout, j'ai tué quelqu'un ! Qu'est-ce qu'il va m'arriver ? Est-ce que moi aussi je vais me transformer comme elle ? Capable de tout pour arriver à mes fins ? Tuer des gens juste pour garder un secret ? Est-ce que je vais vivre dans cette peur ? Avec ce que je fais ? Serais-je capable de me pardonner ? Les autres seront-ils capables de le faire ? De ne pas me voir comme une meurtrière ?

     Je mets plusieurs secondes à me rendre compte que Daisy est devant moi à me secouer. A m'appeler. Quand je la remarque enfin, je vois dans ses yeux un sentiment de panique. Je l'entends me parler, mais d'une voix si lointaine que je ne comprends pas immédiatement ce qu'elle me dit.

     - Eléanore, respire. Tout va bien se passer, je suis avec toi. Je suis là. Concentre toi sur ma voix.

     Je réussi à me concentrer sur elle et à suivre ce qu'elle me dit. Je me concentre sur sa voix, sur sa respiration et reprend peu à peu mes esprits. Je respire de grands coups et ma respiration se calme ainsi que mon rythme cardiaque. La seule chose que je n'arrive pas à contrôler, c'est le torrent de larmes qui continue de couler sur mes joues.

     - Tu veux que j'aille chercher ton père ? Ou Justin ? Dis moi ce que tu veux Eléanore.

     - Je.... Mes vêtements s'il te plait.

     Étonnamment, c'est la première chose que je lui dis. Je ne sais même pas pourquoi je pense à ça dans un moment pareil. Peut-être parce que c'est la seule chose rationnelle et que je peux contrôler. Mais quand elle se lève pour se diriger vers ma chambre, je sens à nouveau la panique monter en moi. Non. Je ne veux pas être seule. Je la rattrape par le tee-shirt et l'empêche de s'éloigner. Elle doit comprendre ce que je ressens au travers de mes yeux car je n'arrive pas à parler. Lentement, elle se replace près de moi.

     - Très bien, je reste avec toi. Je ne bouge pas de là ne t'inquiète pas.

     Elle s'assoit correctement pour être plus à l'aise, puis me prends dans ses bras et se met à me caresser les cheveux en me disant :

     - Eléanore, tu as le droit de pleurer ou de te mettre en colère si tu veux. Ce qu'il s'est passé hier, et même ces derniers mois, ça fait beaucoup. Tu n'es pas obligée de faire comme si tout se passait bien. D'accord ? Et moi je serais toujours là. Tu es ma meilleure amie. Ma sœur. Dès que tu as besoin de moi, tu peux venir me voir. Et pour toujours. Je resterais pour toujours avec toi.

     Je suis rassurée d'entendre sa voix. Je sais qu'elle pense ce qu'elle dit. Elle sera toujours là pour moi tout comme je serais toujours là pour elle. Mais malgré tout cela, un mot reste dans ma tête. Tourne et tourne en boucle malgré toutes mes tentatives de me dire que c'est faux, que je ne suis pas comme ça. Mais depuis ce que j'ai fait, j'ai l'impression d'être un monstre. En voyant mon état empirer à nouveau, elle me demande :

     - Eléanore, je t'en pris, dis moi ce que tu as sur le cœur.

     Toujours en larme, je fini par lui dire

     - J'ai l'impression d'être un monstre. Ce que j'ai fait... 

     - Eléanore, non enfin. Tu n'es pas un monstre. Ce qu'il s'est passé n'est en aucun cas ta faute.

     - Mais je l'ai tuée. Ce n'était pas un accident comme pour Cinder ou Mathis. Je l'ai tuée de mon plein gré. C'est ce que j'ai décidé de faire ! J'ai lancé ce sort en sachant ce que je faisais.

     - Eléanore, écoute moi. Tu n'avais pas le choix, tu as fait ce qu'il fallait pour protéger ta famille.

     - Oui, et c'est exactement comme ça que ça a commencé pour elle aussi. C'est pour ça qu'elle a tué ma mère et tous ces gens. Pour ses parents, pour sa famille.

     - Non, ce n'était pas la même chose. Sylvia a fait souffrir des gens à cause d'une mauvaise idéologie. Elle a fait ça pour les mauvaises raisons. Toi, tu n'avais pas le choix, elle nous aurait tous tué si tu n'avais rien fait. Tu le sais aussi bien que moi que dans cette situation, c'était elle ou nous, et tu as dû faire un choix terrible. Mais c'était la seule chose à faire, alors tu ne dois pas t'en vouloir. Tu n'es pas un monstre. Tu n'es qu'une jeune femme qui a vécu des choses horrible, et ce n'est pas ta faute. Maintenant, il va falloir penser au futur. Tu as retrouvé ton père, et vous allez avoir beaucoup de choses à vous dire.

     - Merci Daisy. Merci d'être là pour moi et de me rassurer.

     - Pas de problème. C'est mon rôle de meilleure amie de faire ça. Et puis il faut bien dire que tu as de la chance parce que je suis quand même la meilleure des meilleures amies.

     Sa remarque me fait rire. C'est vrai que c'est elle la meilleure. Elle a perdu son frère il y a encore quelques mois, mais pourtant elle arrive a rester la même que celle que j'ai rencontré il y a des années. Elle sèche mes larmes sur mon visage, m'aide à me relever avant de se diriger avec moi vers ma chambre. Une fois habillée, je me dirige vers la porte, mais Daisy, installée sur mon lit m'arrête :

     - Attends, j'ai besoin de te parler de quelque chose.

     - Oui, qu'est-ce qu'il se passe ?

     - C'est Kate. Je sais bien que la situation est un peu difficile pour tout le monde, mais je trouve qu'elle ne va vraiment pas bien. Depuis ce matin, elle n'est pas vraiment présente. Quand j'essaye de lui parler, c'est comme si elle ne m'entendait pas, comme si elle n'était pas vraiment là. Et puis elle n'a pas lancé un seul regard à Alex, et elle ne lui a pas adressé un mot. Qu'est-ce qu'on pourrait faire tu penses pour l'aider ?

     - Je ne sais pas vraiment comment l'aider. Après tout, je ne suis pas la mieux placée pour donner des conseils pour le moment. Mais c'est vrai qu'elle avait l'air ailleurs depuis tout à l'heure. Je pense que le plus simple, ce serait de lui parler directement.

     Daisy acquiesce et nous retournons dans le salon avec les autres. Dans le but de ne pas laisser notre amie se refermer sur elle même plus longtemps, nous proposons immédiatement à Lucy et Kate d'aller dehors pour discuter. Elles nous suivent et nous nous retrouvons toutes les quatre assises à fixer le fond du jardin. Je ne sais pas vraiment comment commencer la conversation, alors, après plusieurs minutes de silence, c'est Daisy qui finit par prendre la parole

     - Kate, on ...

     - Je vais partir.

     - Quoi ?

     - Je suis désolée les filles, mais je ne peux plus faire ça. Je n'y arrive plus. Avec tout ce qu'on a vécu ces derniers mois, je suis trop fatiguée. Je n'en peux plus de toute cette situation.

     - Je suis tellement désolée Kate, tout ça c'est de ma faute.

     - Non El, ne t'inquiète pas, je ne t'en veux absolument pas. Rien de tout ça n'est de ta faute. Tu n'as jamais demandé que tout ça t'arrive. Ce n'est pas à cause de toi que je pars. C'est pour moi.

     - Mais et Alex ?

    - Je l'aime. Je l'aime plus que tout. Je l'aime comme je n'ai jamais aimé un garçon. Mais après ce qu'il a fait, je crois que j'ai besoin de prendre un peu mes distances. J'ai besoin de prendre mes distances avec lui, avec la magie, avec...

     - Avec nous ?

     - Ce n'est pas contre vous Lucy. Mais après tout ce qu'il s'est passé. Tous les dangers qu'on a vécu ces derniers temps, j'ai compris ma sœur, j'ai compris pourquoi elle a eu besoin de partir loin et de vivre plus normalement. Donc je lui ai envoyé un message hier soir, et je vais aller vivre avec elle quelque temps. Je veux rattraper le temps qu'on a perdu toutes les deux.

     - Où est-ce qu'elle habite ?

     - Près de Miami en Floride.

     - Ah oui, effectivement, ce n'est pas juste à côté.

     - Oui c'est sûr. Donc elle m'a dit qu'elle viendrait jusqu'ici et puis on reprendra l'avion toutes les deux ensuite pour rentrer chez elle.

     - Et dans combien de temps tu pars ?

     - Elle vient me chercher dans cinq jours

     - Cinq jours ! Déjà ? Mais...

     - Je suis désolée, je sais que c'est rapide, mais j'ai besoin de partir d'ici et de la voir, de vivre de nouvelles choses, j'espère que vous comprenez.

     - Bien sûr qu'on comprend. C'est moi qui suis désolée, je n'aurais pas dû réagir comme ça, j'étais étonnée que ce soit si rapide, mais je comprends.

     - Merci Daisy. Bon, maintenant que je vous l'ai dit, je dois en parler à Alex.

     - Tu ne lui as pas encore dit ?

     - Non, je n'ai pas réussi. Rompre avec lui, c'est trop dûr, surtout que je l'aime toujours autant alors, j'ai peur de sa...

     - Rompre ? Pourquoi veux-tu rompre ?

     Nous nous retournons vers la baie vitrée et remarquons Alex. Mince. Nous nous lançons un regard, et Daisy, Lucy et moi nous levons pour les laisser discuter tous les deux tranquillement. Ils vont avoir besoin d'intimité pour une conversation comme celle-là. Alex est autant amoureux de Kate qu'elle l'est de lui, si ce n'est plus, alors leur séparation va être très douloureuse, pour l'un comme pour l'autre.

     Dans le salon, Matt et Justin sont en train de discuter tandis que mon père est dans la cuisine. J'aimerais pouvoir lui parler comme n'importe quelle fille parle à son père, mais à chaque fois que je le regarde, que je m'apprête à parler, je commence à paniquer. Alors je me dirige vers les garçons et nous nous installons tous ensemble. Nous discutons un peu de tout et de rien, mais je n'arrive pas vraiment à me concentrer sur la conversation. Je passe mon temps à me tourner vers la baie vitrée qui mène vers le jardin pour voir comment cela se passe entre Alex et Kate, mais aucun des deux ne revient. J'entends Matthew expliquer qu'il est allé voir Carter dans la matinée et qu'il va bien quand je vois mon père s'approcher de nous.

     - Eléanore, il y a quelque chose dont je voudrais te parler. Enfin à vous tous, cela vous concerne aussi.

     - Qu'est-ce qu'il se passe, il y a un problème ?

     - Non pas un problème. Mais... J'aimerais qu'on parte d'ici.

     - De quoi tu parles ? Comment ça tu veux qu'on parte ?

     - Je ne peux pas rester vivre ici, ce n'est pas possible pour moi.

     - Je comprends, mais je n'en ai pas envie, je refuse de déménager encore une fois.

     - El...

     - Justin, tu pourrais me soutenir, après tout, vous aussi vous avez passé votre temps à changer de maison. Moi j'en ai marre. Toujours devoir partir, fuire quelque chose. A peine installé, il faut refaire les valises.

     - Je comprends que ce soit difficile ce que je te demande, après tout je suis en grande partie en cause dans ce qu'il vous est arrivé, mais je ne peux pas rester dans cette maison où tu as vécu avec Sylvia. C'est trop difficile pour moi, à chaque fois, j'ai l'impression d'être un imposteur qui a volé sa vie, il y a toutes ses affaires ici. Tu es ma fille, maintenant que je t'ai retrouvé, je voudrais commencer une nouvelle vie avec toi.

     - Je sais, mais moi ces souvenirs, c'est la seule chose qui me relie encore à elle. Celle qui m'a élevée...

     - Je sais El, mais ton père à raison. Et même moi je suis d'accord, vivre ici sachant tout ce qu'il s'est passé, ce n'est pas simple.

     Je regarde Daisy, puis les autres, et ils ont tous l'air d'accord. Puis, mon père ajoute.

     - Et il y a autre chose qui fait que je veux partir d'ici. Comme tu le sais, pendant des années pour te retrouver, j'ai fait croire à tout le monde que j'étais mort. Et même à ma propre famille. Alors j'aimerais retourner voir ma mère pour lui dire la vérité. Tu pourrais rencontrer ta grand-mère.

     - J'ai... J'ai une grand-mère ?

     - Oui. Malheureusement, mon père qui était un sorcier est mort pendant la guerre, mais ma mère est humaine, donc elle est toujours en vie. Elle est toute seule, elle a cru perdre toute sa famille, alors je voudrais la revoir. Lui dire que je suis en vie.

     Face à cet argument de taille, je ne peux rien ajouter. C'est vrai que j'aime beaucoup cette maison et notre vie ici. Mais pouvoir rencontrer ma grand-mère est une proposition bien plus intéressante.

     - D'accord. Alors j'imagine qu'on va partir. Mais où d'ailleurs ?

     - Elle vit près de Washington, dans notre maison de famille. C'est trop long d'y aller en voiture, donc on va devoir prendre des billets d'avions. Kate est venue me dire qu'elle partait dans quelques jours, donc on partira après si cela vous va.

     - D'accord. Il faudrait juste que je prévienne Tom qu'on quitte la maison et que je laisse les clés à quelqu'un pour les lui rendre.

     - Et la boutique ?

     Je regarde Lucy, d'abord sans comprendre de quoi elle parle. Après quelques secondes, je réalise enfin. La boutique de ma tante ! Je ne peux pas la laisser comme ça à l'abandon. Surtout après tout ce que nous avons vécu à l'intérieur. Qu'est-ce que je vais en faire ? Il faudrait que je trouve quelqu'un pour la racheter, mais de ce que j'ai compris, personne n'en voulait depuis plusieurs années avant que nous ne nous installions ici.

     De l'avis général, le plus simple est d'aller mettre des annonces dans les autres boutiques de la ville pour prévenir de la vente de la boutique. J'espère qu'on trouvera rapidement quelqu'un, sinon je ne sais pas comment on va faire. Comme Kate et Alex sont toujours dehors à discuter, et je pense que c'est mieux de les laisser tranquille, Matthew, Justin, Daisy, Lucy et moi décidons d'aller dès maintenant au centre ville. Évidemment, nous avons dû nous mettre d'accord sur une histoire, car personne ne doit être au courant pour la mort de Sylvia. Alors nous avons convenu qu'elle avait eu une super proposition pour un poste d'infirmière près de Chicago. On s'est mis d'accord sur une ville loin d'ici pour ne pas prendre de risque que quelqu'un essaye d'aller la voir.

     Une fois dans la voiture, je remarque immédiatement que c'est Matthew qui conduit. Comment ? Tout simplement parce que la voiture n'est pas partie en trombe, la portière à peine fermée, ce qui est toujours le cas quand c'est son frère qui conduit. Tout le long du trajet, je sens la panique monter en moi. Et si on ne nous croyait pas ? Et si quelqu'un avait déjà retrouvé son corps ? Qu'est-ce qu'il va se passer ? Je chasse ces pensées alors que Matt se gare sur la place devant la boutique. Nous rentrons rapidement à l'intérieur pour préparer tout ce dont nous aurons besoin. Personnellement, je dois préparer des affiches pour les annonces. Je récupère une feuille blanche qui traîne dans l'arrière boutique, y inscris toutes les informations, puis la photocopie et l'imprime en plusieurs exemplaires. Une fois que c'est fait, nous décidons de nous séparer pour aller plus vite. Daisy et Lucy vont d'un côté, Matthew d'un autre et moi je vais avec Justin. Nous faisons plusieurs boutiques, et à chaque fois, c'est exactement la même chose, le propriétaire de la boutique est ravi pour Sylvia, pour son nouveau travail, mais bien sûr triste d'apprendre qu'elle a quitté le village. Il faut dire que la boutique fonctionnait bien depuis qu'elle l'avait reprise. Puis, on nous dit qu'il n'y a aucun problème pour coller une affiche, mais étant donné qu'il a fallu un moment pour trouver un acheteur la dernière fois, ce n'est pas certain de trouver une personne rapidement. Petit à petit, je commence à me décourager. Nous avons fait pratiquement tous les commerces et frappé à toutes les portes mais rien de concret n'en émerge. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de cette boutique ?

     Justin semble avoir entendu ma question intérieure puisqu'il me dit d'un ton rassurant.

     - Ne t'inquiète pas, on va finir par trouver. On ne restera pas ici de toute façon, et si jamais on part sans que la boutique ne soit vendue, on gérera ça à distance.

     - Oui, si tu le dis.

     Nous continuons à marcher, et nous donnons quelques affiches aux gens que l'on croise dans la rue. Mais malheureusement, c'est toujours la même chose. Les mêmes réponses qui s'enchaînent. Qui irait acheter une boutique d'antiquité sur un coup de tête ? Alors que je donne un énième tract, j'aperçois au loin un visage familier. Luke. Je lui fais un signe de la main et il s'approche. Je sens Justin se figer à côté de moi.

     - Tu te moques de moi. Ne me dis pas que tu es ami avec un type pareil ?

       On n'est pas ami, mais j'ai bien le droit de le saluer. Calme toi un peu.

     - Eléanore !

     - Justin !

     - Il a essayé de t'agresser.

     - Et il s'est excusé. Il ne s'est rien passé de grave. S'il te plaît calme toi.

     - Très bien, je ne ferai pas de scène. Mais je te jure que s'il s'approche trop ou qu'il te touche, je lui fous mon poing dans la tronche.

     - Non, tu ne frapperas personne.

     Je le vois lever les yeux au ciel, puis je le sens mettre sa main dans la mienne histoire de bien marquer son territoire. Luke arrive à ce moment-là et nous lance un grand sourire.

     - Salut ! Ça faisait longtemps. J'ai entendu dire que vous vendiez la boutique, c'est vrai ?

     - Oui, ma tante a eu un nouveau travail loin d'ici, donc elle est déjà partie. Nous n'allons pas tarder à la rejoindre alors nous devons vendre la boutique d'antiquités ! Tu ne connaîtrais pas quelqu'un d'intéressé ?

     - Si justement, c'est pour ça que je te cherchais.

     Je le fixe pleine d'espoir et lui demande.

     - Génial ! Et qui ?

     - Moi. Enfin plutôt moi et ma mère. J'ai toujours aimé cette boutique. Ma mère veut se mettre à son compte depuis longtemps, elle a toujours voulu avoir une petite boutique. Donc quand elle a entendu ça il y a quinze minute, elle m'a tout de suite dit d'aller te voir. Sauf si vous avez déjà trouvé quelqu'un ?

     - Non non, personne. Et si vous êtes intéressés, moi je suis tout à fait d'accord pour vous la vendre !

     Son regard s'éclaire. Il semble réellement ravi. Je suis tellement heureuse que ça soit lui qui reprenne l'affaire que je pourrais lui sauter dans les bras. D'autant plus que Justin deviendrait fou. Mais je me retiens et me contente de lui sourire. Je fouille mes poches et en sort une jolie clé que je lui tends.

     - Et bien je crois que cette clé va désormais t'appartenir !

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