Chapitre 20
Putain, mais comment font les gens pour vivre dans une ville aussi bruyante ? Et comment j'ai réussi à vivre ici plusieurs années, et surtout à dormir ? Quand on dit que New-York est une ville qui ne dort jamais, ce ne sont pas des conneries. Je finis par abandonner toute idée de dormir après près de trois heures à tourner en rond dans mon lit. Je tourne la tête vers mon vieux réveil, il indique 4h02. Effectivement, ça fait plus de trois heures que je n'arrive pas à fermer l'œil.
Je regarde rapidement ma chambre, et remarque mes vêtements toujours sur le sol. Je lance alors la musique sur le vieux radio réveil qui traîne sur le bureau et je décide de ranger la pièce. Il faut bien s'occuper. Alors que je finis de plier mon jean, une nouvelle musique commence, et en entendant les premières notes, je ne peux m'empêcher de sourire. The Joker and the Queen de Ed Sheeran. Ce n'est pas que je suis le plus grand fan de cet artiste, même si c'est certain que ce mec a un véritable talent pour écrire des paroles, mais depuis ce qu'il s'est passé avec Eléanore dans la boutique quelque chose à changé. Je me souviens parfaitement quand je lui ai avoué mon secret sur la danse et surtout quand elle est venu danser avec moi. Depuis, je ne peux m'empêcher de sourire comme un con quand j'entends cette musique. Je pense que maintenant, cette chanson sera liée pour toujours à Eléanore. Et je dois avouer que ça ne me déplait pas. Alors que je m'apprêtais à poser mon jean, je remarque un morceau de papier dans une de mes poches, je le sors et lis ce qui est inscrit. Simplement un numéro de téléphone et un nom. Le souvenir de cet après-midi me revient en mémoire. Je me promenais dans les rues de New-York quand une brune s'est approchée de moi pour me draguer. Quand je lui ai dit que je devais partir, elle m'a tendu le morceau de papier, et sans même le lire, je l'ai enfoncé dans ma poche avant de reprendre ma route. Il y a quelque temps, je n'aurais pas hésité une seconde, j'aurais appelé cette nana et je l'aurais sûrement rejoint dans l'heure dans un bar. Mais aujourd'hui les choses sont différentes, les choses ont changé. Elle les a fait changer. Alors toujours en fredonnant cette musique que je commence à connaître par cœur, je laisse tomber le morceau de papier dans la corbeille de ma chambre, toujours en pensant à celle qui se trouve à des centaines de kilomètres d'ici.
Bon, maintenant que ma chambre est rangée, je peux en déduire que n'ai pas laissé mon portable ici. Mais il faut que je le retrouve pour m'occuper quelques heures avant que mon frère ne finisse enfin par se réveiller. Sauf si je le sors du lit avant. Il a voulu me traîner ici, alors je compte bien lui faire comprendre qu'il n'est pas question que je reste dans cet appartement encore longtemps. Quand je pense que l'autre folle nous a fait croire qu'elle était malade et presque mourante. Et évidemment, comme d'habitude, Matthew est tombé dans le piège.
Je me dirige vers la chambre voisine, entre sans même toquer et demande à mon frère :
- Mec, t'aurais pas vu mon portable ?
- Hein ?
- Mon portable ? Il est où ?
- Maman les a récupéré tout à l'heure, elle voulait qu'on passe une soirée entre nous sans qu'on soit sur nos téléphones, je te rappelle. Maintenant, laisse moi tranquille et sors de là.
Putain, évidemment qu'elle a fait ça. Je ne sais pas ce qui nous retient encore ici avec elle. Elle veut jouer à la mère parfaite, mais elle nous a vu une dizaine de fois ces dernières années.
Je referme la porte de la chambre de Matthew avec la délicatesse qui me caractérise et me dirige vers le salon. Je ne sais même pas par où commencer. Vivre dans un appartement aussi grand en plein New-York, franchement, je suis sûr qu'elle couche avec son patron, parce que sinon je ne sais pas comment elle paye cet endroit. Je finis par mettre la main sur mon portable après seulement deux petites minutes de recherche. L'avantage, c'est que même si c'est très grand, elle a toujours été nulle pour cacher des trucs. Je me souviens quand on était plus petit, si on était puni, je ne mettais que quelques minutes à retrouver ce qu'elle nous avait confisqué. Quand j'allume l'écran, je vois seize appels en absence d'Eléanore et un message vocal. Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Pourquoi elle m'a appelé autant de fois ?
Je sens rapidement la panique monter en moi. A force de passer des jours entiers avec Eléanore, je commence à bien la connaître, peut-être même plus que je ne voudrais l'avouer. Je connais des détails sans importance, comme le fait qu'elle a un grand sourire sur le visage toute la matinée quand sa tante prépare des pancakes le matin, ou encore que, quand elle commence à stresser, elle se met à jouer avec son pendentif en forme de coeur qu'elle ne quitte jamais. Elle m'a dit que c'était le dernier souvenir de sa mère. Et je sais aussi qu'elle n'est pas du genre à paniquer pour pas grand-chose. Elle ne m'aurait jamais appelé autant de fois sans raison. Je lance un rapide coup d'œil au téléphone de Matthew. Elle l'a appelé trois fois. Je ne peux m'empêcher de sourire. Matthew est son ami, je le sais, mais pourtant, c'est moi qu'elle n'a pas arrêté d'essayer de joindre. Malgré ça, je vois le visage d'Eléanore apparaître dans mon esprit, j'essaie de me convaincre qu'elle n'a rien, mais tous ces appels m'empêchent de penser de manière calme et réfléchie. Je n'arrive pas à faire partir cette boule qui se forme au creux de mon ventre. J'ai besoin de savoir que tout va bien. Savoir qu'elle va bien.
Je tente de reprendre mes esprits. La seule manière de savoir si tout va bien, c'est écouter ce qu'elle m'a dit, alors je lance son message pour comprendre ce qu'il se passe. Après la voix automatique de la messagerie, j'entends enfin la voix de Foster dans mon téléphone.
" Justin, c'est Eléanore. Je... je voulais vous prévenir qu'on a eu un problème. Euh... rappel moi dès que tu as eu ce message s'il te plaît, c'est assez urgent. En fait... Mais qu'est-ce qu'il se passe encore ?... "
Quand j'entends à nouveau la voix automatique, je suis complètement perdu. Mais il se passe quoi là-bas, bordel ? Elle n'a même pas pu finir son message, tout ce qu'elle arrive à me sortir, c'est qu'il y a un problème ! Génial Foster ! Je clique sur son contact puis sur le bouton pour appeler afin d'avoir le fin mot de l'histoire. Mais après plusieurs tonalités, je me retrouve sur son répondeur. Putain Foster, si tu veux que je te rappelle garde ton téléphone avec toi !
Je ne prends pas le temps de réfléchir, et encore moins de faire attention à l'heure qu'il est et retourne vers la chambre de mon frère. J'ouvre la porte, allume la lumière et lui lance :
- Debout et fait ton sac, on rentre maintenant
- Matthew me lance son oreiller, que je rattrape facilement, tout en m'insultant de tous les noms.
- Justin, je sais, tu ne veux pas rester ici, on a bien compris. Mais non, on ne va pas partir en plein milieu de la nuit parce que tu l'as décidé, donc maintenant, tu sors de ma chambre et tu me laisses dormir.
- Non, on rentre maintenant parce qu'il y a un problème avec les filles.
Au moment où je parle de nos colocataires, il se relève, les yeux toujours à moitié fermés à cause de la lumière. Il fronce les sourcils, et me demande de quoi je parle.
- Eléanore a essayé de m'appeler. Elle m'a laissé un message, il y a un problème là-bas, on doit rentrer maintenant. Je suis certain que c'est grave, elle ne m'aurait pas appelé seize fois sinon.
Je récupère mon portable que je venais de glisser dans ma poche pour lui faire écouter le message vocal. Au moment où mon frère me rend mon portable après l'avoir écouté, il se lève et me dit :
- D'accord, va faire ton sac, on part dans vingt minutes, dépêche toi.
Je hoche la tête pour lui dire que je suis d'accord et me retourne pour me diriger vers ma chambre, mais j'aperçois quelqu'un dans le couloir. Quelqu'un, je devrais peut-être plutôt dire ma mère.
- Mes chéris, qu'est-ce que vous faites ? Il fait encore nuit. Allez vous couchez enfin. Je sais que ça peut être dûr avec le décalage horaire, mais vous devez vous forcer. Ne vous inquiétez pas, au bout de quelques jours, on s'habitue.
J'hésite entre m'énerver ou exploser de rire face à ses paroles. Quelques jours ? Elle a vraiment pensé qu'on allait rester ici plusieurs jours ? Avec ou sans le message de Foster, je ne serais certainement pas resté ici plus de deux jours.
- Déjà, ce n'était pas prévu qu'on reste plusieurs jours, et ensuite, on se casse maintenant.
- Quoi ? Mais enfin Justin comment peux-tu dire ça ? Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu. Et toi, tu veux déjà repartir ?
- La faute à qui si on ne se voit qu'une ou deux fois par an ? Tu nous as toujours laissé de côté, alors maintenant assume les conséquences de tes actes. Nous, on rentre chez nous.
- Chez vous ? Mais de quoi tu parles ? C'est ici chez vous. Avec moi.
- Non. Ici, ce n'est certainement pas chez moi. Tu ne peux pas, après des années d'absence, nous demander de revenir vivre avec toi comme si rien ne s'était passé. Au moment où papa est mort, tu nous as abandonné, alors maintenant, c'est fini, je ne tomberais pas dans ton piège pour nous récupérer.
Je ne sais pas si c'est la frustration de ne pas savoir ce qu'il se passe avec les filles qui me met dans un état pareil, mais je sens la colère monter en moi. Je n'ai jamais vraiment dit tout ce que je ressentais à propos du passé à ma mère, en général, je me contentais de l'ignorer. Mais je n'ai pas réussi à retenir cette colère et je lui ai tout balancé. En toute honnêteté, je ne peux pas dire que je regrette.
Elle me regarde, complètement abasourdie par ce que je viens de dire, et je continue ma route vers ma chambre. Plus vite on part d'ici, et mieux ce sera. De ma chambre, j'entends mon frère s'excuser pour moi auprès de notre mère, lui dire que c'est urgent et que nous devons partir maintenant. Il a toujours été comme ça avec elle, gentil, à vouloir la ménager alors qu'elle n'a jamais été une mère pour nous. Je pense que c'est le point sur lequel nous sommes le plus différent, lui et moi.
En cinq minutes, toutes les affaires que j'avais sont dans mon sac. Heureusement, on n'a pas pris de valise, donc pas besoin d'attendre longtemps à l'aéroport et de passer l'enregistrement des bagages. Quand nous sommes prêts tous les deux, nous quittons l'appartement. Je ne prends même pas la peine d'aller dire au revoir à notre mère. Après tout, elle ne le faisait pas, elle.
Une fois dehors, nous appelons le premier taxi qui passe par là. C'est fou, même à 4h30 du matin, il y a toujours des taxis comme en pleine journée. Et je ne suis même pas sûr qu'il y ait beaucoup moins de circulation que quand il fait jour. Mais le trajet est long. Trop long. Je passe tout le trajet à agiter mes jambes, à bouger sur mon siège. Je n'arrive pas à tenir en place. On aurait jamais dû quitter l'Oregon. Pas avec tout ce qu'il se passait. Plus je réfléchis à ce qu'il peut se passer là-bas, plus j'imagine le pire arriver. Matthew me dit de me calmer, que ce n'est sûrement pas si grave que ça, mais je connais un peu Foster maintenant, elle ne m'aurait jamais appelé autant de fois pour une connerie. Je sens que quelque chose de grave se trame, et je suis énervé de ne pas savoir quoi.
Quand nous sommes enfin arrivés à l'aéroport, il était presque 5h30. Une heure de trajet pour faire moins de trente kilomètres, si c'est pas une blague ça. Et encore, on n'est pas dans l'heure de pointe, si je m'étais rendu compte de ça deux heures plus tard, on mettait presque une heure de plus. Mais le plus gros problème, c'est que le seul vol pour Roseburg, qui est la grande ville la plus proche de chez nous, n'est qu'à 8 heures. Donc on va devoir rester à attendre pendant plus de deux heures. Alors pour le plus grand plaisir de mon frère, une fois que nous avons acheté nos billets et que nous attendons l'annonce de notre vol, je reste pendant deux heures à faire les cent pas et à râler.
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Attendre deux heures dans un aéroport à ne rien faire, puis attendre cinq heures trente dans un avion, c'est insupportable. Quand je pense que maintenant, on va devoir rester dans un taxi pendant une heure pour enfin arriver chez nous, je sens que je vais péter un câble. En temps normal, je déteste attendre, mais quand je sais qu'il y a un problème en plus, c'est encore plus insupportable. J'ai passé la plupart du trajet à penser à Eléanore. A espérer que tout va bien pour elle. A espérer que tout ceci ne soit qu'une erreur, et que, quand nous arriverons à la maison, elle me dira que ce n'était rien de grave. Et le pire, c'est que je sais que je ne serais même pas en colère contre elle de m'avoir rendu fou d'inquiétude pour rien.
Je pousse les gens qui me barrent la route pour sortir le plus vite possible. Mais c'est pas possible tous ces gens qui restent en plein milieu du chemin comme ça ! Ils ne voient pas qu'ils gênent ? Je vois enfin la sortie de l'aéroport à quelques mètres. Je n'ai pas besoin de vérifier que Matthew est derrière moi, de toute façon, je l'entends. Depuis tout à l'heure, je l'entends s'excuser à ma place auprès des gens que j'ai bousculés. Franchement, pourquoi s'excuser ? Ils n'ont qu'à dégager du chemin aussi ! Eléanore serait folle de rage si elle savait que je pensais ça. Tant pis.
Un taxi arrive pile au moment où j'arrive au niveau de la rue. Je suis sur le point d'ouvrir la porte, mais un homme me barre le passage.
- Excusez-moi jeune homme, mais j'étais là avant vous, donc je vous prierais de reculer et de me laisser passer.
- On est pressé.
- Peut-être que vous êtes pressé, mais on l'est tous, alors maintenant reculez et laissez moi prendre mon taxi.
- Putain, mais qu'est-ce que tu comprends pas quand je te dis que je suis pressé !
Je sens la colère monter en moi. Il me cherche ce mec, c'est pas possible ! Mais avant qu'il ne puisse me répondre, mon frère arrive derrière moi, et d'un ton beaucoup plus calme que le mien, il dit :
- Excusez-nous monsieur. Je comprends que vous aussi vous souhaitez rentrer chez vous, mais on a vraiment besoin de faire vite en fait... Voilà... euh... sa femme est sur le point d'accoucher, alors on doit absolument quitter l'aéroport le plus vite possible.
- Oh, je comprends, il fallait me le dire ça tout de suite. Allez-y les garçons. Et félicitation jeune homme.
Je lance mon sac dans le taxi et m'installe à l'intérieur rapidement. Une fois que mon frère est monté à son tour, je lui lance un regard et lui demande :
- Ma femme accouche ? Sérieusement ?
- Bah quoi, il fallait trouver une excuse ! Tu n'es pas capable de rester calme, alors j'avais pas le choix.
Je lève les yeux au ciel, un sourire aux lèvres. Il a quand même de sacrées idées lui parfois. Le chauffeur nous demande :
- Dans quel hôpital je vous dépose ?
- On ne va pas à l'hôpital. Tenez, voilà l'adresse.
Je lui tends un papier avec l'adresse, mais quand il le récupère, je sens un jugement dans son regard. Mais il a un problème lui ?
- Quoi ? Un problème ?
Mais avant que je n'ai vraiment le temps de m'énerver, Matt me coupe et lui dis timidement :
- En fait, elle accouche à la maison, c'est pour ça.
Je me tourne vers lui, complètement abasourdi par sa réponse. Mais c'est qu'il continue en plus !
- Mec, t'es con ou quoi ? Tu sais, je crois qu'il a compris qu'on avait inventé cette histoire.
- Oh, mais n'importe quoi ça pouvait... Bon d'accord, il a compris, mais je pouvais toujours essayer.
J'explose de rire en voyant la tête de mon frère.
Tout le long du trajet, Matthew essaye de me parler, mais je n'arrive pas vraiment à l'écouter, je suis trop concentré par ce qu'il se passe avec les filles. J'ai essayé d'appeler Eléanore au moins trois fois, mais là, il n'y a aucune tonalité, je suis directement envoyé sur la messagerie. Et évidemment, ça ne m'aide pas pour me détendre. L'heure de route vers notre petit village semble encore plus longue que les cinq heures de vol. Plus on avance, plus j'ai l'impression qu'en réalité, on s'éloigne.
Quand je vois enfin le chemin qui mène à la maison où nous vivons tous depuis plusieurs mois, je sens mon cœur battre de plus en plus vite. Mais c'est quoi cette réaction ? Je décide de ne pas trop m'y attarder et sort à l'instant où le taxi s'arrête, laissant mon frère payer le mec. Quand je pense à tout ce fric qu'on a dépensé en deux jours pour aller voir notre mère qui en réalité n'a rien du tout. On aurait dû lui demander de l'argent pour nous rembourser ! Vu la taille de son appartement, elle ne doit pas être à ça près.
Je récupère mes clés dans mon sac. Heureusement que je les ai prises avant de partir. Une fois à l'intérieur, je sens rapidement qu'effectivement, quelque chose ne va pas. Je vois sur l'horloge du salon qu'il est 11h38. Je me mets à crier :
- Foster, t'es où ? On est rentré !
Je ne peux pas m'empêcher de l'appeler par son nom de famille. C'est devenu un peu un jeu entre nous deux. Et si ça me permet de la taquiner, alors je ne vais pas m'en priver. J'attends quelques longues secondes, mais rien, pas un bruit à l'exception de mon frère qui ferme la porte d'entrée. Je lui fais signe de vérifier dans les pièces en bas et me dirige directement vers l'étage. Je rentre sans frapper dans toutes les pièces, mais rien. Il n'y a personne. Je finis par la chambre d'Eléanore. Bizarrement, j'hésite à pousser la porte, mais je finis par le faire et c'est le même constat. Il n'y a personne. Je redescends et Matthew m'attend dans le salon.
- Justin, y a rien en bas. Mais ça ne veut peut-être rien dire, elles sont peut-être parties faire un tour, ou elles sont à la boutique.
- Non, on est passé devant tout à l'heure et il n'y avait personne. Et de toute façon, Kate et Lucy seraient à la maison, elles ont cours. Et franchement, Eléanore nous appelle pour nous dire qu'il y a un problème, et juste après elle part faire une petite balade, ça m'étonnerait. Tu ne vas pas me faire croire que tu penses que tout va bien ?!
Je continue de faire les cent pas dans le salon. Cette situation m'agace et je dois l'admettre, me stresse. S'il est arrivé quelque chose à... C'est là que je remarque quelque chose sur la console de l'entrée. Le portable d'Eléanore. Je le récupère, tente de le déverrouiller, mais il ne s'allume pas. Plus de batterie. C'est pour ça qu'elle ne répondait pas. Je le regarde quelques secondes, puis me dirige vers la table à manger et le dépose là où Eléanore s'installe toujours. Ensuite, je retourne vers le salon et reprends mes cent pas.
- Putain, mais comment je suis censé savoir où elle est si elle ne me laisse pas la contacter. Bordel, ça m'énerve de ne pas savoir quoi faire !
Je vois bien que Matt ne sait pas quoi me dire pour me calmer. Et si je suis sincère, je dois avouer que ma réaction me surprend moi-même dans un certain sens. Je suis complètement paniqué, je n'arrive ni à réfléchir ni à agir de façon normale. Je ne crois pas avoir déjà eu peur comme ça, et encore moins pour quelqu'un d'autre. Je ne suis pas du genre à paniquer pour ce qu'il pourrait arriver à des étrangers. Mais Eléanore n'est plus une étrangère. Elle n'est pas n'importe quelle fille. Avant, avec les filles, il n'y avait jamais rien de sérieux. J'étais un connard qui s'amusait juste à faire du mal aux filles. Je ne m'attachais jamais. J'aimais m'amuser, prendre du bon temps et c'est tout. Pour moi, les choses ont toujours été simples dans ma tête. Pas de sentiment, pas de prise de tête. J'ai toujours pensé comme ça, et je ne comptais pas changer. Mais depuis quelque temps, les choses ont changé. Eléanore a tout changé.
Au début, elle faisait simplement partie d'un plan, c'était une cible, la nièce de celle qu'on devait tuer pour venger notre père. Quand Matthew a commencé à être ami avec elle, je lui disais qu'il faisait juste une grosse connerie. Mais elle a fini par piquer ma curiosité. Contrairement à toutes les autres filles, elle ne tombait pas sous mon charme, elle n'hésitait pas à me lancer des vannes ou à m'envoyer balader. Mais je ne devais pas m'attacher à elle, parce que notre mission ne le permettait pas. Sauf que quand elle a compris ce qu'on avait fait, et qu'elle nous a lancé ce regard plein d'incompréhension et de colère, malgré moi, j'ai senti mon cœur se serrer. Quand elle nous évitait, je me sentais coupable.
Et puis on a commencé à passer de plus en plus de temps ensemble par la suite, et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer toutes ses petites habitudes, d'apprécier passer du temps avec elle et la taquiner. Mais surtout, je me suis attachée à elle. J'aime toujours l'embêter un peu, ok, beaucoup, mais je ne supporterais pas que quelqu'un lui fasse du mal. J'ai besoin de savoir qu'elle va bien. Et je ferais tout pour ça.
Matt finit par s'approcher de moi et me lance :
- Ne t'inquiètes pas, je suis sûr qu'on va les retrouver. On va fouiller dans la maison pour essayer de trouver des indices. Et puis on peut aussi appeler les autres.
Il met sa main sur mon épaule, comme pour essayer de me calmer. Mais quelque chose qui nous surprend tous les deux se produit. Je ne sais ni comment, ni pourquoi, mais je sens qu'on se téléporte. Une fois que je sens à nouveau la terre ferme sous nos pieds, je regarde autour de nous pour comprendre où on est. Je vois la vieille cabane où nous sommes venus il y a quelque temps avec Foster.
- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
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