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3- Vents forts en mer

          Christophe gisait, fatigué, démuni, vide. Ses forces l'avaient lâché, si bien que seul un nouvel élan de douleur à l'estomac lui permit d'ouvrir les yeux. Il scrutait régulièrement la salle, cherchant vainement de quoi étouffer sa peine. Cela faisait des jours que la cale était remplie de toiles d'araignées, l'équipage était affamé et désorienté. C'en fut trop, il ne supportait plus de surveiller cette salle vide, espérant à chaque instant de voir de la nourriture jaillir de nulle part. Il remonta l'escalier vermoulu, chancelant à un moment, pour rejoindre le pont.
          Il jeta un coup d'œil par dessus bord, pour scruter l'horizon. Plat ! Christophe était exaspéré. Cela faisait une semaine que l'horizon était plat et qu'ils avançaient sur ce sol bleu remuant qui les faisait tanguer. Il passa de longues minutes à regarder les eaux froides qui tranchaient la coque, puis la pâleur ennuyeuse du ciel. Devant ces deux infinies étendues bleues, céleste et marines, toutes rayées de filaments blancs, il se demanda si la mer n'était pas que reflet du ciel; ou bien si c'était le ciel qui était reflet des eaux. Le vent marin chargé de sel venait sécher ses yeux à demi ouverts, et les vagues le berçait mollement. L'esprit embrumé, il déposa son regard droit devant lui, l'horizon n'y était plus, ciel et mer avaient fusionné dans une même unité. Christophe se retrouva tout seul, un minuscule être dans un infini camaïeu de bleu pâle, sans rien. Il se mourait dans ce néant gigantesque, sa lucidité et ses forces partaient en d'invisibles lambeaux.
          Un énième gargouillement le fit choir par terre. Il fronça les yeux face à la telle puissance des rayons du soleil. La chaleur torride s'ajoutait aux autres soucis des marins, mais qu'importe ? Ce navire était condamné. Après des mois de dérive, plus personne n'avait l'audace d'imaginer s'en sortir. Les eaux semblaient les faire tourner en rond, les vents soufflaient sans cesse dans de mauvaises directions, les orages s'abattaient chaque nuit. On avait même plus la force de lutter, tout l'équipage gisait sur le pont principal, dans un silence de mort. S'ils n'avaient pas été prisonniers de la mer, on aurait juré un champ de guerre gagné par l'ennemi. La dernière image que Christophe emporterait de ce monde serait un soleil de plomb dans un ciel sans nuage. Il vit un vautour tournoyer autour de l'astre ardent, la dernière ligne droite avant que ses souffrances ne soient abrégées. Il allait partir d'un instant à l'autre, plus que quelques minutes, plus que quelques secondes... Mais il ne partit pas. L'oiseau ne l'avait pas emporté, il s'occupait à faire des cercles dans le ciel. Mais que faisait un vautour en plein océan ? Il comprit que le désespoir avait transformé en symbole funèbre ce simple goéland. Il replongea dans sa folie. À quoi bon se prendre la tête en un pareil moment ? Un oiseau dans le ciel n'avait rien de plus banal. Il se releva soudain, non cela n'était pas normal !
          « Un oiseau ! Un oiseau ! »
          Tous se rendirent alors compte de leur négligence. Tous les hommes se précipitèrent à la rambarde. Une déchirure verdâtre se dégageait de l'horizon bleuâtre. Au fur et à mesure, les terres gagnaient de l'ampleur face à la mer céleste, remplissant de couleurs chaudes cette toile morte.
          « Terre ! » hurla-t-on.
          Bien qu'ils fussent encore loin au large, le périple de Christophe était terminé. Observer la côte grandir lui ferait échapper à la faim. Il ne sentait plus les vagues qui le remuaient. Pour lui, ils étaient déjà à terre, il sentait déjà sous ses pieds les chemins de pierres solidement fixées au sol. Plus jamais il ne se sentirait emprisonné entre des planches, au milieu de ces remparts infranchissables.

Ernest écarta tout à coup les yeux, le cœur battant. Encore apeuré, il ouvrit la bouche et avala de grandes bouffées d'air, le visage en sueur. Peu à peu, il se rendait compte de la situation. Il était à son campement, il n'y avait plus que des cendres à la place du feu, ce n'était qu'un cauchemar. Il se recroquevilla entre les racines du chêne, alors que sa respiration se calmait.
Il se rappelait juste qu'il avait lâché une branche, et qu'il tombait au fond d'un gouffre. Une affreuse angoisse l'eut alors saisi, il avait refusé de regarder sa mort impuissant. Pris alors d'une extrême panique, sa chute s'était arrêtée, le laissant là où il était maintenant, sans qu'il ne ressentît le moindre impact.
Alors qu'il agitait ses pensées, il entendit une branche se casser. Il se surprit à tressaillir et à s'enfoncer un peu plus contre l'arbre. À peine se calma-t-il qu'un cri de chouette résonna, il s'imaginait revivre son rêve.
« Ce n'est rien » se disait-il, mais il resta pelotonné durant de longues minutes.
Il fallait qu'il pense à autre chose. Il leva son regard vers le ciel, et l'aperçu grisâtre et plutôt sombre, il sentait de plus un air frais contre lui. Ce devait être encore tôt.
Il se décida à se relever, une légère anxiété le reprit. En se poussant grâce à ses pieds, il se plaqua contre le chêne. Il irait tout d'abord jusqu'au tas de cendres à quelques pas. Un pied après l'autre, il avançait, quand un nouveau bruit arriva. Paralysé au milieu de son objectif, il perdait son temps à réfléchir si il retournerait près du chaud chêne, ou du feu froid. Non, il s'était fixé un but, il l'atteindrait; mais peut-être que si il a peur, c'est parce qu'il n'est pas encore prêt. Il se sentit vulnérable et s'imagina de nouveau en sécurité, le dos protégé par le tronc. Il chassa cette idée de sa tête, voulant tout de même continuer à réfléchir. Il se dit qu'il avait déjà parcouru la moitié du chemin et que ce serait du temps gâché que de revenir sur ses pas. Il posa un pied devant lui, attendit quelques secondes, alerte, puis se jeta auprès des cendres.
          Il resta assis là plusieurs minutes, regardant autour de lui, l'épreuve avait parfaitement fonctionné. Il avait repris son calme, était aussi serein que lorsqu'il était arrivé. D'un pas décidé, il entreprit de faire le tour du camp. Il marchait ainsi qu'un garde patrouille, faisant inlassablement une ronde. Au troisième passage, il s'aventura même plus profondément dans la forêt, ces angoisses idiotes étaient passées, il en ria presque.
          L'esprit léger, il continua son périple à travers les bois. Toutefois, malgré le temps qu'il avait perdu, le ciel n'avait pas l'air de s'être éclairci.

« C'est pas possible ! Il est devenu fou ! »
Christophe répétait sans cesse ces mots depuis qu'il était au courant de l'impensable projet d'Ernest. Cet idiot allait se tuer ! Ironie du sort pour lui qui avait échappé à la mort la veille seulement. Même pour tout l'or du monde il ne serait jamais reparti du village, mais il ne pouvait pas laisser son ami aller mourir dans la forêt. Devant les arbres menaçants, il repensa à sa croisière :
« Ah Farque ! Douce lande de terre entre Charybde et Scylla ! »
Ce fut ainsi, qu'à contrecœur, il s'aventura dans le bois, son périple ne faisait que commencer.

          Un soudain cri de surprise. Ernest était affalé par terre. Cette fois-ci, il avait trébuché en beauté. Le sol était aussi bosselé qu'un champ d'obus. La végétation était très dense, beaucoup de ronces et de taillis poussaient un peu partout, parfois suffisamment imposants pour avoir à les contourner, ce qui formait un vrai labyrinthe, et avait pour conséquence de vite perdre ses repères. Comme si cela ne suffisait pas, les arbres, tous des chênes, avaient tellement poussé qu'on apercevait à peine le ciel, diffusant un voile nocturne qui n'aidait pas vraiment à voir ce qui se trouvait au-devant. Si avec de la chance on pouvait trouver une petite trouée d'arbres, on ne devinait qu'un amas de nuages sombres. L'exploration était devenue lente et difficile.
          Ernest se redressa. Pas le moindre bruit à l'horizon, le bois était désert, pas même le vent ne soufflait. Il reprit la route légèrement troublé, c'est comme si le temps en ces lieux s'était arrêté. Les minutes défilaient et Ernest progressait du mieux qu'il pouvait. Il faisait de grandes enjambées au milieu d'un tas de ronces. Quasiment au bout, sa jambe fut prise dans une branche épineuse. Il essaya de s'en dégager, tirant son pied, mais la plante tenait bon. Il redoubla de force et senti les épines s'enfoncer dans sa chair. Puis la ronce éclata et Ernest se retrouva projeté dans un autre creux.
          Il retomba dans un bruit sec de craquement. Une brise se leva sur le garçon couché. Des grognements lointains brisèrent le silence. Anxieux, il releva la tête par réflexe, mais en regardant devant lui, il aurait préféré s'abstenir. Deux chênes se dressaient l'un à côté de l'autre. Dans leur tronc était gravés d'une écriture négligée et précipitée deux mots.
          Sur l'un « part » et « meurs » sur l'autre.

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