quatrième souvenir.
les yeux fermés face au miroir de sa salle de bain, jaemin laissa sa peau s'imprégner de la douce chaleur de l'eau, malgré le nombre de degrés que l'été lui offrait.
la buée empêchait toute confrontation avec son reflet. il soupira, les yeux encore fermés, avant d'ouvrir ses paupières et passa une main sur le miroir d'un trait. seule une partie de son visage était dorénavant net, il n'osait pas continuer. il baissa son bras et approcha son visage de son reflet, une fraîcheur surprenante s'empara de son corps un instant alors qu'il continuait de fixer son reflet; le miroir le fascinait, mais pas son reflet.
il ouvrit grand ses yeux, il tira la langue, se mit à faire une grimace étrange, sourit encore, montrant toute ses yeux. il haussa les sourcils, attrapa ses joues de ses mains et les tira, jaemin essaya également de se tapoter les joues, le front, attrapa son propre menton.
il continua cet échange avec son reflet, posa doucement sa main sur sa joue, regarda son reflet, puis il changea et sa main gauche se posa sur ses yeux, impossible de regarder la posture face à son miroir, et peu importe la posture ou bien son expression, jaemin n'arrivait pas à se reconnaître dans le miroir.
il n'acceptait pas le changement, il n'avait pas accepté comme ses joues s'étaient creusés, ses yeux étaient entouré de cernes bleu et légèrement jaunâtre, des boutons apparaissait sur son front, ses joues, quelques poils de barbes se dispersaient sur son menton, tentant de rester malgré les efforts de jaemin. il leva son menton, et observa son cou, ses épaules. et soupira; ses yeux étaient presque à moitié fermés et il soupira une dernière fois avant de poser sa main droite sur le reflet de son visage.
la maison était silencieuse, jaemin marcha, une serviette autour de ses hanches et une serviette sur sa tête dans le couloir du premier étage, se dirigeant vers sa chambre: il ne la reconnaissait plus tellement, quelques cartons décoraient l'endroit, ses posters étaient restés, le temps les avaient légèrement décoloré, sa bibliothèque était poussiéreuse, des livres qui n'étaient pas les siens se tassait devant ses oeuvres préférés et il aperçut du coin de l'oeil son vieil appareil photo. il ne prit pas la peine de s'égarer plus longtemps, il n'était pas d'humeur à regarder à travers son enfance. il déglutit, un goût amer prit son corps entier.
il pouvait entendre les quelques voitures passées non loin de l'entrée de sa maison, il faisait beau et jamais il n'avait pas vraiment envie de rester chez lui, seul, pendant que ses parents étaient partis travailler. il s'habilla d'un jean et d'un tshirt blanc, il attrapa un tote bag noir dans sa valise, et sortit de sa chambre, il évita de croiser le regard des portraits de jaemin, 4 ans, de jaemin à la mer, 10 ans plus tôt, mais également de jaemin 8 ans et de ses deux parents l'entourant, le regardant avec amour et fierté alors qu'il portrait une coupe doré entre ses mains, aussi grande que sa tête.
jamein prit sa casquette, qu'il avait déposée plus tôt ce matin sur le meuble devant les escaliers et descendit. il n'avait pas vraiment faim, et fit une grimace en voyant le paquet de céréales sur la table et le bol; un post-it était posé sur la table en bois avec un cœur dessus et jaemin déglutit. il baissa son regard vers le bol, attrapa le paquet, versa les céréales dans le bol, les fixa, avant de prendre ce même bol et verser son contenu dans le paquet de céréales, il laissa quelques miettes, versa quelques gouttes de lait, et rangea le reste. le bol fut déposé dans l'évier, preuve d'un éventuel petit-déjeuner et se dirigea vers la porte d'entrée, un trousseau de clef l'attendait, toujours là, avec un petit nounours comme porte-clef.
jaemin soupira et referma la porte derrière lui.
sa maison se trouvait assez loin du centre de la ville, il se mit à marcher, et rejoignit le chemin entre des grandes haies, le bruits des gravillons sous ses pas, les insectes autours de lui le saluant alors qu'il tentait de ne pas succomber à la chaleur du soleil, bientôt à son zénith. jaemin continua son chemin, le regard au départ baissé, marchant naturellement vers...
il ne savait pas vraiment où il allait. ses pas l'emmenait, par habitude, quelque part. pendant des années, jaemin avait pris ce même chemin pour diverses raisons, diverses sorties. mais toute le ramenait vers la même destination.
il leva son regard lorsqu'il rejoignit l'allée vers le bord du lac, les fleurs coloraient le passage, quelques personnes roulaient sur le bicyclette, d'autres promenaient leurs chiens, et jaemin marchait simplement, regardant autour de lui. il avait peut-être bien fait de rentrer, le lac l'accueillant chaleureusement sur l'allée alors qu'il continuait son chemin. il passa devant la mairie, quelques cygnes se reposant au bord du lac.
tout était magnifique.
jaemin prend une grande inspiration, et un sourire timide se dessine sur son visage, avant de rapidement disparaître.
tout n'était plus que souvenir.
jaemin regarda le banc sur lequel il avait écrit ses initiales, il observa le couple non loin des cygnes, tentant de les prendre en photo, et il se remémora les ballades où il restait assis avec jeno à regarder les cygnes bronzer au bord du lac.
Tout un flot de pensée déferla dans l'esprit du jeune homme et il attrapa sa casquette par mécanisme, comme pour se rassurer, il détourna son regard de la vue, et attrapa ses écouteurs de ses poches, les idées noires reprenaient le dessus.
comment avait-il pu croire que revenir ici lui ferait du bien ? jaemin faisait honte à ses parents.
il s'était promis de revenir une fois avoir réussi.
jaemin tourna et se retrouva dans la grande rue, où les arbres coloraient l'avenue de vert, le soleil tentant de se faire une place parmi les branches et leurs feuilles. il marchait, la musique dans ses oreilles et aperçut au loin, un endroit bien trop familier: l'air de jeu arriva à portée de vue et jaemin laissa un soupir, un semblant de rire face à l'aire de jeu: il accéléra le pas et souris, des enfants y jouaient. il s'approcha un peu plus lorsque les enfants partirent un instant de l'aire de jeu, se dirigeant sûrement vers la supérette; il les observa courir hors des jeux, leurs rires fondaient sous la chaleur de l'été et jaemin en profita pour s'approcher des balançoires. et toute cette nostalgie qu'il avait ressenti depuis son arrivée ressurgit.
il tenta, par envie de revivre un souvenir, de s'asseoir sur la balançoire, mais elle était bien trop étroite pour lui. le bac à sable avait toujours été aussi minuscule ? et le mur d'escalades qui lui permettait d'arriver au toboggan était si petit, qu'il fallut à jamais un seul petit mouvement pour arriver en haut. il fixa le toboggan, puis tourna son regard vers le tunnel en métal sur le côté qui se liait à une autre plateforme d'autre petit jeu. il posa sa main sur le tunnel au métal brûlant par l'été et regarda ensuite vers le sol; pourquoi avait-il cette sensation d'être beaucoup trop grand pour cet aire de jeu, cette impression de dominer l'endroit qui lui semblait pourtant immense il y a quelques années ?
le brun avait maintenant très chaud, il avait oublié de prendre une bouteille d'eau, alors il se mit à penser que, peut-être aurait-il dû manger ses céréales plutôt que de prétendre le faire. il n'avait pas faim ces temps-cis, ou alors, il avait tout le temps faim. jaemin cherchait parfois quelques pour remplir ce vide qui se trouvait dans son ventre, il ne savait pas ce que c'était, mais la nourriture ne changeait en rien ce vide qui continuait de se nourrir de lui,grignotant son corps, son être petit à petit. alors, plutôt que d'avoir faim sans arrêt, jaemin avait appris à supporter ce vide et l'habitude d'un vide constant devint supportable, puis finit par le rassasier.
le vide continuait de grandir en jaemin, et il n'avait pas la force de l'arrêter.
il s'assit sur un banc, à l'ombre des ondes de chaleurs et soupira, tentant de reprendre doucement une respiration qui s'était accélérée.
il entendit les rires d'enfants revenir petit à petit vers lui, et l'aire de jeu. jaemin baissa son regard vers le sol, enleva sa casquette et posa ses mains sur ses cheveux.
il ne se sentait bien nul part, rien n'avait réellement changé, excepté lui.
il entendit des petits pas s'approcher de lui.
-bonjour monsieur! une petite voix aigüe le salua, et il aperçut des petits souliers rouges, il leva son regard et vit une petit fille, à la robe rouge et blanche, parsemée de fraises, des cheveux noires ébènes, un grain de beauté près de son oeil droit et une petite barrette en forme de fraises près de sa frange.
elle lui rappelait vaguement quelqu'un. non. c'était flagrant. il lui sourit, la saluant en retour avant de chercher les parents de la petite, par sécurité.
il entendit d'autres pas s'approcher de lui.
des pas bien trop familier.
-eh! je t'ai dit de ne pas courir trop loin.
jaemin pouvait reconnaître ses pas comme l'on pouvait reconnaître un ciel bleu, il se souvenait du doux bruits de ces pas comme on se souvient des paroles d'une chanson, il connaissait ces pas par cœur, comme un de ces poèmes qu'il récitait, plus jeune.
jaemin sentit son cœur tomber, encore et encore, son organe vitale sortant de son corps, pour revenir en vitesse. son estomac se serra.
il pouvait reconnaître cette voix partout, il pouvait perdre la mémoire et se souvenir de la manière dont les mots sortait de sa bouche comme une douce mélodie. un sentiment incertain, inconnu lui noua la gorge, et pendant un instant, jaemin hésita à lever sa tête, montrer son visage.
mais il avait besoin de voir, il avait besoin de reconnaître jeno. comme Orphée, jaemin décida de regarder, lever son regard, être sûr. même s'il connaissait cette voix comme il connaissait les battements de son propre coeur, il planta son regard dans celui de jeno.
jeno était face à lui, son visage, contracté par l'inquiétude, se calma, et dévisagea un instant jaemin. pendant ce qui semblait être une éternité, jaemin semblait être sûr de ne pas avoir été reconnu.
jeno n'avait pas changé. il ne changeait jamais, ses yeux ébènes, son grain de beauté sur le bout de ses yeux, ses cheveux noirs et son regard surpris. quelques années avaient pris sur son visage. il avait dans ses bras, un petit garçon qui s'attachait à lui de toute ses forces, et une autre petite fille, habillé en jaune imprimés de citron, avec plusieurs tâches de rousseurs et les mêmes yeux que jeno.
un silence s'installa entre eux, leurs regards disaient tout, mais n'exprimaient rien en réalité. jaemin et jeno venaient de rencontrer, une nouvelle fois, dans l'aire de jeu.
jaemin reprit ses esprits, après ce qui sembla une éternité et observa les enfants, calme et silencieux, sentant jeno perturbés.
-heu..-
jaemin ne savait pas quoi dire. il n'osait rien dire. mais que leur restait-il à se dire ?
alors jaemin analysa les deux petites filles, le petit garçon dans ses bras et son coeur se serra un moment, il se serra si fort que jaemin se demanda s'il n'allait pas s'effondrer, là, dans cet aire de jeu qui les réunissait si souvent.
-... c'est tes enfants ? la phrase sortit de sa bouche avant qu'il ne réfléchisse.
Il sentit son esprit reprendre vit simplement pour que ses pensées se remplissent d'insultes envers lui-même. il avait lâché cette question avant toutes les autres, avant une simple salutation. après des années.
jeno fronça un instant ses sourcils, comme s'il n'avait pas compris la question, il eut un instant où jeno laissa son regard défilé sur le visage de jaemin, puis descendit, analysant le jeune homme avant de reprendre ses esprits, et prendre enfin en compte la question qui lui avait été posé. jaemin avait presque envie de sourire, jeno n'avait pas changé. et peut-être que cela le rassurait d'un côté. mais le vide reprit place et il sentit un goût amer prendre sa bouche.
il regrettait d'être revenu, ou peut-être regrettait t-il avoir changé.
_________
heyy
merci de lire mon histoire!
j'espère que cette rencontre entre jeno et jaemin vous plait et à bientôt!
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