à l'heure bleue, l'air était frais, assez pour se rafraîchir un instant avant le lever du soleil d'été, les rues étaient vides, mais les fenêtres des maisons, des immeubles ouverts, des volets à moitiés fermés offrent une sculpture nouvelle à la ville. du linge étendu sur les balcons. 

quelques voitures passaient dans les rues, à l'heure où bon nombre dormaient encore, certains se levaient à l'heure bleue, pour commencer leur journée.

les lumières de la ville étaient faiblement allumées, comme si elles étaient surchauffées par la chaleur de l'été, une valise glissait sur le trottoir, suivant les pas du jeune homme, lents, fatigués.

le jeune homme, habillé d'une simple veste en jean bleu, accordée au bleu de la matinée, l'enleva, s'arrêtant un instant pour la mettre autour de sa taille. en faisant le nœud, un bus passa près de lui, et il releva sa tête, son regard caché par sa casquette noire. le bus ralentit arrivant à l'abribus et il put lire les mots d'une énorme pub à l'arrière du transport: "partir. pour une seconde vie", au-dessus d'une photo de plage, du soleil et des palmiers devenue bleu par le ciel matinal.

il devait prendre ce bus là, mais il soupira simplement, fronçant un instant ses sourcils et passa sa main droite lentement sur son visage, tentant de reprendre son esprit en main. il était quatre heures sept. tant pis.

il continua de marcher, même après avoir remarqué qu'un de ses lacets de chaussures était défait. il continua jusqu'à se retrouver sous l'abribus, le fil de ses écouteurs enroulé dans un énorme noeud, il n'avait pas pris la peine en partant de les démêler. 

il n'était pas vraiment quelqu'un de matinal. il soupira un moment, roulant sa valise pour la mettre pile devant ses genoux, il sortit son téléphone et il sentit une sorte de vide, qui se remplissait petit à petit de doute, il se sentit anxieux, effrayé petit à petit alors que son téléphone s'illuminait.

la sonnerie s'enclencha, approchant son téléphone à son oreille, plusieurs sonneries ont retenti avant que quelqu'un ne décroche.

-... jaemin?

une voix grave se fit entendre, une voix grave, qui venait à peine d'être réveillée, confuse et inquiète. légèrement.

- hey papa, dit doucement jaemin, désolé de te réveiller, je voulais simplement te prévenir que je suis sur la route. je serais là dans quatre heures sûrement.

l'homme au téléphone ne dit rien, mais jaemin le sentit acquiescer, il laissa simplement un "hmm" sortir de sa bouche avant de dire à son fils de faire attention, puis raccrocher, jaemin sourit lentement, avant de regarder le ciel, le bleu disparaissait petit à petit et la ville était toujours aussi calme. jaemin enleva sa casquette, ses cheveux étaient d'un blond assez foncées, et ses racines brunes trahissaient une coloration. il passa doucement sa main dans ses cheveux, le regard dirigé vers le ciel, le sentiment de faire quelque chose de mal dans sa poitrine. 

sa conscience continuait de semer le doute, de le faire hésiter. avait-il fait le bon choix ?

et s'il avait fait le mauvais, il était trop tard. 

À l'heure bleue, jaemin quitta la ville.

jaemin avait pris un bus commun, arrivée en transport à la gare routière, de nombreux bus y étaient garés, traversant le pays. il avait préféré cette option au train, bondé à cette période de l'année, et le coût était beaucoup moins cher pour jaemin.

assis dans le bus, sa tête était légèrement posé contre la vitre, il regardait les paysages défilant à grande vitesse, et l'heure bleue s'était rapidement dissipée, laissant place à un ciel bleu rosé, et le soleil pointait le bout de son nez derrière les arbres, et la campagne.

jaemin ferma les yeux un instant, écoutant sa musique. ils avaient déjà dépassé les deux heures de route, le chauffeur allait s'arrêter un instant pour prendre une pause café et toilette. jaemin resta à l'intérieur du bus, il ouvrit simplement les petites fenêtres au-dessus de la grande, et regarda la route, puis derrière les champs de fleurs, et encore derrière, le ciel rose. tout était calme, les voitures passaient, les gens étaient fatigués.  les enfants de certains passagers dormaient allongés sur deux sièges à l'arrière et ronflait paisiblement, jaemin prit une grande inspiration.

le chauffeur reprit la route.

jaemin sortit un petit livre de son sac à dos, sa valise cachée dans le porte-bagage en soute du bus, il avait enlevé sa veste en jean, laissant son t shirt offrir ses bras nus le confort de la route, ses genoux étaient plié, ses chaussures collés aux siège de devant, il tentait de penser à autre chose et enlever ce doute, ce stress qui le rongeait de l'intérieur.

 il était parti, il n'y avait plus rien dans cette ville qui aurait pu le retenir, il ne pouvait plus rester chez ses parents pour un moment, un an, peut-être plus, ou moins. 

il ne savait pas. ses parents non plus, et c'est ce qui les inquiétait.

jaemin referma le livre après un quinzaine de minute, et décida de regarder un film, "A Scene At The Sea". il avait l'impression de se détendre, d'oublier un moment où il était, pour se concentrer sur le film. le reste du voyage, le soleil se pavanait tranquillement dans le ciel, et la chaleur commençait à arriver, les nuages n'étaient pas au rendez-vous et le vent chaud commençait déjà à faire suer les passagers du bus.

le temps se ralentit, la campagne s'éloigna doucement, se mêlant à une immense forêt, une allée d'immenses arbres se mit à accueillir le bus, devenu seul sur la route, le soleil tentait de porter l'attention vers lui à travers les feuillages. jaemin reconnaissa cette route familière. un sentiment étrange grandit en lui, il ne l'avait pas ressenti depuis si longtemps.

les arbres disparurent un instant, et, à travers la vitre de jaemin, se dessina un lac juste en face du bus, il était immense, malgré la vitesse du bus, c'est comme si l'image, sur les yeux des passager restait bloquée.

jaemin ressentit un petit poids dans son ventre, se transformant en un poids de plume, faisant voler toute inquiétude, mais laissant un petit trou dans sa poitrine. il se sentait heureux face au paysage de son enfance, des souvenirs ressurgissent de sa mémoire, qu'il pensait avoir oubliés. la joie et la mélancolie se mélangeaient face à ce paysage qui se déroulait sous ses yeux, lui offrant la bienvenue dans sa ville natale. la nostalgie.

elle lui avait attrapé le ventre, puis la poitrine, faisant défiler des centaines de souvenirs perdus dans sa mémoire et jamais ne pu s'empêcher d'enlever ses écouteurs, comme pour être totalement concentré sur cette vue.

puis des souvenirs plus complexes, plus amers revinrent en tête, et il s'arrêta de regarder, fermant les yeux et tourner sa tête vers le dos du siège en face de lui. il secoua timidement sa tête, avant de remettre ses écouteurs.

le bus ralentit, arrivant dans la ville.

et jaemin sentait ces plumes dans son ventre, ses souvenirs, et son âme. les maisons à l'entrée de la ville étaient presque cachées par les arbres les entourant, il vit l'allée d'arbre près de la place du marché, puis le bus tourna, vers l'air de jeux, en face, l'épicerie et le magasin de chapeaux. et enfin, le bus arriva au parking de la mairie, en face du lac, immense, où les reflets scintillent face aux rayons du soleil.

jaemin était rentré.

il descendit du bus, prit sa valise et attendit sur un banc, devant le lac. un carnet posé sur ses genoux, il le fixait du regard, sans l'ouvrir, ni le toucher, le carnet restait posé sur ses genoux. puis, soudainement, jaemin pris un stylo de son sac, ouvrit le carnet et se mit à écrire. le temps passa, puis entre deux phrases, envoya un message à ses parents.

il continua d'écrire, sa casquette le bloquait du soleil, ses écouteurs l'empêchait d'écouter le monde autour de lui. il finit ensuite d'écrire, arracha la feuille, se tourna pour attraper une enveloppe et un timbre de son sac avant d'arranger le tout. il ferma l'enveloppe et se leva du banc, avant de se diriger vers la boite aux lettres d'envoi de la poste, pas loin de la mairie.

une voiture rouge se mit à klaxonner. jaemin sentit que le bruit lui était destiné et releva son regard. 

-jaemin ! 

la fenêtre de la voiture ouverte, sa mère continua de klaxonner, heureuse, et jaemin la salua de la main avant de marcher rapidement, son sac sur le dos et sa valise roulant à ses côtés.

elle sortit de la voiture pour aider, mit la valise dans le coffre et embrassa son fils, le serrant dans ses bras.

-ça faisait tellement longtemps que t'étais pas revenu...

jaemin rit doucement avant de la serrer à son tour, ils entrèrent dans la voiture et sa mère, avant de démarrer, se tourna pour lui lancer un sourire.

-tu vas voir, cette année sabbatique va te faire du bien. je pense que c'est finalement une bonne décision pour tes études, elle démarra la voiture, partir un moment, pour mieux revenir.

jaemin sourit, avant de se tourner vers la vitre de la voiture. il était parti, mais il n'était pas sûr d'avoir la force d'y retourner.