Le faisceau d'une torches quitta le muret pour éclairer la palette s'écrasant dans l'herbe fraîche. La pluie ricochait avec rage sur les vitres. Matt glissa sur le ventre tout en refermant maladroitement les fenêtres. Il esquissa un rictus de douleur en s'entaillant l'aine sur une quinzaine de centimètres. Il verrouilla l'accès avant de plaquer sa main sur la blessure peu profonde, mais douloureuse.

Il espérait avoir été suffisamment rapide ! L'absence de mouvements suspects, de cris le rassurèrent. Le halo de lumière disparut sur l'autre façade de la demeure. Il traversa le couloir en boitant pour rejoindre la chambre de Laurine.

Matt trébucha sans parvenir à garder l'équilibre, il s'écroula lourdement au sol en geignant de douleur. L'anxiété ne lui réussissait pas, elle accentuait un déséquilibre néfaste dans son état de santé. Il rampa jusqu'au mur pour s'adosser sur la paroi fraîche. Où était son sac ? Il le chercha vainement avant de frapper le sol de colère. Plus il transgressait un certain équilibre positif, plus il ressentait tardivement les alertes. Il se leva pour prendre appui au mur les mains tremblantes. L'équilibre précaire lui permit de longer le couloir en direction des chambres. Où était la porte ? Il aurait dû déjà l'atteindre, mais au lieu de cela contournait un coin de mur. Il s'était trompé de sens. Il fit demi-tour, mais perdit l'équilibre pour s'écraser face contre terre.

Quand il ouvrit les yeux, il ignorait combien de temps avait duré sa perte de connaissance. La lumière du jour illuminant le sol démontrait que l'orage était terminé. Sa vision floutée confirmait un symptôme aggravé. Il rampa sur le parquet pour bientôt reconnaître la porte tant recherchée. Matt se hissa avec peine pour entrebâiller la porte.

Il trébucha à genoux pour marcher à quatre pattes en direction du bureau. La distance lui paraissait interminable. Il agrippa bientôt la chaise pour se hisser dessus. Ses doigts attrapèrent une boîte métallique qui lui échappa pour se renverser. Il se laissa tomber au sol en l'observant perdre son contenu. Il récupéra les emballages éparpillés tout autour du contenant. Il les ouvrit précipitamment pour les engouffrer dans sa bouche.

Une heure plus tard, le parquet était jonché d'une trentaine d'emballages vides. Sa vision était redevenue nette. Sa nudité le fit trembler, son inactivité avait refroidi son corps.

Il jalousait le monde entier de leurs excès insouciants, de ne pas avoir à tout surveiller. Matt se leva pour aussitôt agripper le dossier de la chaise. Il s'en écarta pour se diriger vers la salle de bain.

A l'intérieur, il enfila un peignoir de bain trop court pour rejoindre le col sous ses narines pour ressentir une douce odeur mélangeant fraise, café, vanille. Il s'assit sur le bord de la baignoire pour tourner de robinet. De l'eau tiède s'écoula pour rapidement atteindre la chaleur souhaitée.

Vingt minutes plus tard, Matt était complètement étendu dans de l'eau avec mousse. Il ne comprenait pas comment le système d'irrigation intérieur pouvait fonctionner sans électricité, mais c'était le cas. Il ferma les paupières pour rêver d'un lointain souvenir.

22 Mai 2015 à Montignac

Mathieu partageait le bain avec Delphine, jeune femme brune de son âge. Il se savonnait tout en s'attardant malgré lui sur l'immense cicatrice entourant les deux tiers du sein gauche. Elle avait subi l'ablation du poumon voilà trois ans. Elle lui avait confié la gêne, l'embarras que ressentaient ses amants en découvrant sa poitrine.

Elle se sentait à l'aise en sa compagnie, son regard ne trahissait que tendresse. Ses parents seraient absents pour encore cinq heures. Ils appréciaient la compagnie de Mathieu dans leur maison. Ils avaient fait sa rencontre voilà seulement vingt quatre heures.

Mathieu restait obnubilé par la poitrine flottant dans la mousse. Jamais rien d'aussi beau ne s'était offert à ses yeux ! Il avait cru à une plaisanterie lorsqu'elle lui avait proposé de prendre un bain. C'était encore mieux qu'il ne l'avait imaginé. Ils ne se connaissaient que par l'intermédiaire de courriers. Gérald lui avait proposé deux mois plus tôt de l'accompagner dans sa ville de naissance, Montignac, pour lui présenter sa copine.

Il se souviendrait toujours de cette après-midi d'avril ou il lui avait présenté Laura venue en compagnie de son amie Delphine !

Mathieu n'avait aucun talent dans le relationnel de couple, mais il avait de l'empathie, attirait facilement la sympathie.

Il avait su la charmer par ses écrits, Mathieu contrait sa maladresse naturelle par des phrases charismatiques.

Tous deux barbotaient en espérant que l'autre face le premier pas. Mathieu désirait patienter, Delphine ne rêvait que de câlins sensuels.

Matt quitta le souvenir pour découvrir l'eau du bain rouge sang.