Chapitre 4
Des bruits étranges, comme des soufflements résonnaient derrière la niche. D'où cela pouvait-il provenir ? Les autres possédaient-ils des branchies ou un autre système de respiration externe ? Ils allaient le débusquer dans moins de trois secondes, une dizaine de pas. À quoi bon se battre, il était perdu ! Il se recroquevilla en boule pour patienter en position de fœtus.
Une détonation bruyante fit trembler la niche ainsi que le sol. Des nuages recouvrirent le ciel illuminé d'une multitude d'éclairs pétaradant en rythme. La pluie s'abattit avec rage sur la résidence.
Matt n'osait toujours pas affronter les autres, il resta immobile sous les abats d'eau. Des clapotements lui confirmèrent le départ des autres qui semblaient redouter la pluie. Il ouvrit peureusement les paupières pour se découvrir seul. Il plongea, soulagé, les mains dans les flaques d'eau pour s'agenouiller. Son jean pesait déjà le triple de son poids. L'eau ruisselait dans sa chevelure grasse pour s'écouler sur sa barbe. Il était entièrement trempé, mais s'en contrefichait totalement.
Il se leva lentement en restant aux aguets, mais n'aperçut personne dans le jardin. Matt se dirigea vers une palette en bois accolée contre le mur pour la soulever. Il la traîna sous une des fenêtres de la demeure pour la déposer à quarante-cinq degrés. Il se cala pour ne pas trébucher puis monta dessus. Il retira un gros boulon bloquant les fenêtres pour les ouvrir.
Il retomba lourdement sur un plancher sec.
Les autres ne reviendraient pas avant la nuit tombée. Matt jeta ses vêtements trempes au sol. Il s'assit pour retirer les chaussures, l'infâme odeur nauséabonde lui fit plisser les narines en lui donnant la nausée. Ses pieds purent enfin respirer à l'air libre lorsqu'il jeta les chaussettes qui se collèrent au mur avant de tomber sur le parquet.
Il se releva pour faire glisser le boxer, puis marcha totalement nu dans un couloir aux murs recouverts de photos de famille. La semi-pénombre l'empêchait de les distinguer, mais il les connaissait déjà chacune d'entres elles. Sur sa droite, les cadres concernaient la famille proche, les grands-parents, tantes et oncles. Sur la gauche, cela commençait avec les photographies des trois sœurs jusqu'à la majorité de l'aîné. Le trio avait chacune une couleur de cheveux différents, roux, brun, blond.
Matt tourna la poignée de la première chambre pour pénétrer à l'intérieur. Il referma la porte pour profiter d'une chaleur permanente de dix-sept degrés. L'habitation avait été construite d'une manière à ne jamais ressentir de différences de températures entre les pièces. Une longue vitre en biais de huit mètres de long dans le coin du plafond permettait de laisser entrer la lumière extérieure. L'épaisseur du mur, l'immense baie vitrée sans teint hermétique permettaient d'isoler la pièce.
Il observa longuement les éclairs illuminant le ciel nuageux. L'insonorisation étouffait le bruit des éclairs, cela donnait la désagréable impression d'être sourd. Matt n'était pas encore parvenu à comprendre pour quelle raison le revêtement de la chambre empêchait toute formation de poussières ! Laurine devait être asthmatique, supposa-t-il en songeant à la sœur aînée propriétaire de la chambre ?
Il traversa la pièce, monta quelques marches, puis s'assit sur le bord du lit à baldaquin. L'intrus ne désirait pas mouiller la couverture. La pénombre devenait oppressante, il se leva pour longer la bibliothèque remplie de bande dessinée de toutes sortes. La jeune femme partageait des goûts similaires de lecture comme Universal War, Zombies, Lanfeust de troy.
Il trouvait plaisant le parquet sous les pieds, la sensation était assez plaisante. La demeure était déserte, abandonnée, les autres n'y avaient pas accès ! Cela le réconfortait, mais sans pour autant la rassurer, car il était certain d'avoir vu des objets déplacés ! Rien ne pouvait cependant le certifier, ce pouvait être tout simplement l'œuvre de son imagination !
L'absence de lumière l'irritait fortement, il se dirigea vers le bureau pour allumer une bougie. Il attrapa un petit coussin pour le déposer sur le siège à roulette avant de poser les fesses dessus. Le halo de lumière éclairait le visage de Matt ainsi que les cadres photo disposés sur le bureau. La plus grande représentait Laurine à la fête foraine avec ses amies. Sur la seconde, elle était adossée contre la portière d'une voiture cabriolet de luxe en compagnie d'un blond en smoking. Il concentra son attention sur la dernière ou Laurine posait en équilibre les bras écartés au sommet d'un bâtiment en ruine. Elle affichait son insouciance, un côté rebelle ressemblant d'une certaine manière à Mathieu.
Il souffla subitement sur la flamme pour l'éteindre, les reflets de lampe torche éclairaient la façade de la demeure. Il y avait du monde dehors ! Il mouilla ses doigts pour étouffer l'embout de la bougie fumante, puis la déposa.
La palette en équilibre pourrait trahir son intrusion. Il devait la faire retomber pour camoufler l'accès. Il rejoignit rapidement le couloir aux pas de course.
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