Chapitre 28
Matt observait perplexe la cabane en flammes. Elle avait survécu au pire fléau humain, deux guerres mondiales pour terminer sous le joug d'un incendie !
Il n'avait aucun souvenir de l'avoir quitté ! Il avait tout simplement abdiqué, abandonné tout espoir de lutte. Il s'était étendu sur le dos pour attendre la fin. Mais, comment alors pouvait-il se retrouver hors des flammes, à environ une trentaine de mètres du feu ? Le hasard n'existait pas ! La chance, peut être, mais c'était loin d'être suffisant.
Il cherchait vainement une présence aux alentours, mais il était seul. Il toussa, s'étouffa de la chaleur, de la poussière environnante, puis cracha de la bile dans l'herbe.
Il était presque totalement entouré par les flammes. La chaleur devenait insoutenable. Il trébucha pour rester à quatre pattes. Il gonfla ses poumons d'air, puis se leva pour courir en levant son tee-shirt jusque sous les yeux.
Il avait tiré un trait sur sa rupture, son meurtre involontaire, il devait regagner un coin sécurisé.
Son hyperglycémie le terrassait, mais il devrait en faire abstraction.
Matt parvint à prendre un peu de distance avec l'incendie, mais le risque demeurait la fumée toxique portée par le vent. Il aperçut bientôt le bar-tabac sur sa gauche, la baie vitrée avait explosé. Il pénétra à l'intérieur pour sauter derrière le comptoir. Il saisit la première bouteille, de l'aperol spritz pour la boire directement au goulot. C'était une spécialité italienne, un tiers d'Apérol et deux tiers de vin blanc pétillant prosecco et enfin un trait d'eau de Seltz, pour un taux d'alcool de 6,7 %. Il vida la bouteille de soixante-quinze centilitres.
Matt buvait occasionnellement de l'alcool, la fatigue, le stress, à jeun, les effets de l'alcool ne tardèrent pas à se faire ressentir ! Cela remplaça la gêne dérangeant de l'hyperglycémie. Il aperçut au-dehors des feuilles en flamme traversant la rue. Il attrapa une bouteille d'eau pour la vider sur la tête. L'eau tiède n'eut pas l'effet escompté.
Il se sentait mieux, euphorique.
Une explosion subite de l'autre côté du trottoir balaya violemment le devant du bar. Il fut propulsé brutalement contre le mur du fond. Le souffle coupé, les tympans douloureux, il longea le mur pour quitter le bar par la porte de secours.
Il se retrouva dans une cour ou reposait sur une béquille une moto-cross avec un démarrage au kick. Il enjamba la selle, prit appui sur la jambe gauche, plia l'autre jambe pour poser le pied droit sur une tige métallique. Il pressa lentement jusqu'au point de déverrouillage, relâcha la tige, puis mit tout son poids en pressant dessus. Le moteur toussa, puis démarra. Il enfila le casque intégral.
Rien ne valait une moto des années quatre-vingt-dix !
Il leva la roue avant pour percuter le muret afin de l'exploser en petits bouts de bois.
Matt se sentait invulnérable. Il reprenait confiance.
Il accéléra pour quitter la ruelle afin de regagner la route principale.
Il se pressa de rejoindre le CUB. Il laissa tourner le moteur avant de pénétrer à l'intérieur.
Il ressortit dix minutes plus tard avec des vêtements propres, le sac à dos rempli de sucrerie, denrées alimentaires, insulines, capteurs.
Matt longeait l'immense grillage entourant la zone. Il ne trouvait aucune brèche. Comment allait-il pouvoir fuir ? Un immense chêne s'écroula pour embarquer la clôture dans sa chute.
Il roula dessus pour déraper sur les branchages, mais parvint à maintenir l'équilibre. Il bifurqua sur la droite pour s'éloigner des flammes. Il regarda dans le rétroviseur l'incendie prenant de l'ampleur.
Il avait survécu.
Une demi-heure plus tard, il circulait avec crainte sur l'autoroute. Sa tête était mise à prix, il ne devait pas l'oublier. Où pouvait-il se rendre ? Chez qui pourrait-il chercher de l'aide ?
Il s'étonna de n'avoir croisé aucune voiture.
L'état aurait-il fait évacuer toutes les villes environnantes ?
Il s'en moquait totalement, les flammes étaient loin dans son dos. Cela lui laisserait un peu de répit.
Une longue traînée de véhicules à l'arrêt confirma bientôt le péage. Il se gara derrière un monospace. L'absence de tous mouvements lui confirma qu'il était abandonné. Il bifurqua sur la droite pour passer sous la dernière barrière à demi levée.
Un peu plus loin, il aperçut un carambolage incroyable, les voitures s'étaient percutées, abandonnées sur place. Il zigzagua entres elles avec difficulté.
Il ne croisa pas âme qui vive sur le trajet.
Il sursauta en apercevant des silhouettes au milieu de l'autoroute. La première la traversait en étant poursuivie par la seconde. Que se passait-il ? Le motard arrivait sur place que leurs silhouettes quittaient son champ de vision sur l'aire de repos sur l'autre voie.
Il ralentit en apercevant un homme à demi engouffré par la vitre passager.
— Un problème, monsieur ?
Son sang se raidit lorsque l'homme en ressortit pour le dévisager avec la moitié du visage arraché, un œil pendant dans le vide, la bouche remplie de morceaux de chairs.
— Non, sérieux ?
L'inconnu courut dans sa direction pour perdre l'équilibre, trébucher sur une tige en métal qui lui traversa le torse. Il gesticula en poussant des hurlements vivaces, mais dénués de douleurs. Il tendait ses doigts dans la direction du motard.
Matt accéléra en apercevant trois silhouettes désarticulées le prenant pour cibles. Elles n'avaient plus rien d'humain, les organes traînants au sol, les membres à demi arrachés ou dévorés !
La folie guetta un court instant Matt, mais il reprit ses esprits. Il était un survivant.
Le monde lui appartenait !
Il n'avait plus à se soucier des forces de police, à expliquer son geste à quiconque. Matt détenait une connaissance approfondie de zombies de par les romans, bandes dessinées, séries, films, jeux.
Il était conscient du danger, de maintenir une surveillance permanente, mais il lutterait jusqu'au bout.
Il fit dérapa le pneu arrière, puis leva la roue avant tout en écartant les doigts serrés pour former trois lignées.
— Paix et prospérité, hurla-t-il en faisant référence à Spock, personnage de Star Treck. Je vous emmerde tous.
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