Chapitre 27
Mathieu songeait à sa fuite après l'agression du père de Linéa!
Il détourna le regard pour observer avec regret sa compagne en pleurs. Il bouscula brutalement son agresseur pour le faire trébucher. L'homme percuta violemment un rocher du crâne pour ne plus bouger. Les cris de terreur de sa compagne attirèrent l'attention de plusieurs passants qui se figèrent pour le dévisager. Il regarda Linéa sans bouger. Il n'arrivait pas à assimiler la situation hors norme. Elle courut s'agenouiller auprès de son père.
— Papa ! Réveille-toi ! S'il te plaît, papa...
Elle dévisagea son ancien compagnon les yeux en pleurs.
— Pourquoi, hurla-t-elle, pourquoi ?
Linéa secoua vainement son père pour pleurer sur son torse.
— Que faisait ton père à Bordeaux, s'exclama-t-il sans réellement réfléchir ?
— Il l'a tué, hurla une femme dans la rue en le pointant du doigt.
Mathieu entendit le freinage brutal d'une voiture de police.
— Je t'aime, murmura-t-il à Linéa.
Il traversa le jardin aux pas de course, puis enjamba le portail pour retomber au côté de sa moto.
— Ne bouger pas, la police arrive, s'exclama une trentenaire en le maintenant au poignet.
Il se libéra pour la repousser violemment sur la route. Deux hommes approchaient précipitamment. Plusieurs émotions le submergeaient, le regret, l'incompréhension, la peur, la panique... Il enjamba la moto pour la démarrer en faisant péter le pot d'échappement. Le deux roues bondit du trottoir pour couper la route à un camion. Il se faufila dangereusement entre les véhicules. Il bouscula malencontreusement un scooter qui heurta un piéton.
— Désolé, désolé, cria-t-il sans s'arrêter.
La sirène de la voiture de police lui confirma la situation grave. Il savait qu'il n'aurait pas dû fuir, mais il avait peur des policiers. Il avait visionné tant de films, séries, traitant de meurtres accidentels pour comprendre que l'agression du copain de Léonie l'accuserait inévitablement. Mais, là, ce n'était pas de la fiction, il était poursuivi par les forces de l'ordre.
Au même moment, Laurent arrivait en compagnie de son père. Son paternel franchit précipitamment le portail pour s'agenouiller aux prés de son ami connu lors de son engagement de cinq ans comme parachutiste.
Ignorant cela, Mathieu songeait à son diabète, il devait tous les mois renouveler son ordonnance. Comment ferait-il ? Il verrait le moment venu ! Le motard grilla un feu rouge, le carambolage qui en suivit causa deux véhicules épaves, une commotion cérébrale, un coma profond. Il quitta la route pour le trottoir. La voiture de police l'avait perdu de vue.
Mathieu traversa deux routes parallèles pour s'engouffrer dans une ruelle.
Une demi-heure plus tard, il traversait le pont menant à Léognan quand il aperçut une voiture de police à contre sens dont la sirène forçait le passage. Il bifurqua immédiatement sur la droite pour rejoindre la rocade. Son cœur battait la chamade. Sa vision légèrement floutée sur les contours indiquait une hyperglycémie excessivement haute.
Il n'était pas trop tard pour se rendre ! Il refusa systématiquement cette solution, il avait tout perdu, sa liberté, son amour. Il longea bientôt la station-service, puis choisit la sortie 17. Il doubla tous les véhicules à l'arrêt pour stopper aux feux à cause de la circulation. Il aperçut alors une voiture de police arrivant de chaque côté. Il se faufila dans la circulation en subissant les Klaxons de gens mécontents. Il n'eut pas d'autre choix que de retourner sur la rocade de Bordeaux.
Mathieu roulait depuis vingt minutes en restant aux aguets. En apercevant l'autoroute à péage, il prit la sortie pour prendre la direction de Langon.
Le calme était enfin revenu, personne ne semblait le suivre. Il roula paisiblement pendant une quinzaine de minutes.
Les conséquences de son action sur le père de Linéa, sa fuite... Mathieu venait de prendre conscience d'une chose bien étrange. Quelle raison avait pu amener le beau-père de Linéa à Bordeaux ? Sa belle famille habitait dans le nord ! Elle avait prémédité sa rupture ! Il était le seul à ne pas être dans la confidence de l'existence de ce Laurent !
Il quitta ses pensées en apercevant deux motards de la police au travers du relief de la ville. Il obliqua sur la droite pour passer à travers champ alors que les policiers continuaient à contre sens.
Il dut à plusieurs reprises stabiliser son véhicule afin de ne pas perdre l'équilibre. Les pneus n'étaient pas adaptés pour la terre. La résonance subite de sirènes le fit paniquer. Il accéléra pour traverser des feuillages, des branches qui manquèrent de le jeter à terre. Il ignorait son emplacement exact, mais il estimait sa position à proximité du château de Cazeneuve.
Il monta au sommet d'une colline pour prendre de l'élan afin de retomber sur une seconde. Il roula sur un monticule, puis continua sur un amas de terre. Il traversa bientôt un champ de blé entouré de poteaux avec câble en fer. Il accéléra en direction d'une charrette renversée remplie de gravas. Il bondit par dessus la délimitation de la propriété pour retomber dans une pente à quatre-vingts degrés. La moto chuta de six mètres pour s'écraser lourdement dans un buisson.
Mathieu fut éjecté brutalement du deux roues pour rouler sur lui-même tel un pantin désarticulé.
Il stoppa violemment sa roulade adossée contre un tronc. Le pneu avant percuta son casque pour lui faire perdre connaissance sous l'impact violent des cent soixante kilos. La machine continua ensuite sa route pour terminer dans un buisson.
Il avait l'air paisible, endormi, mais il ne fallait pas se fier aux apparences.
Rien ne certifiait qu'il n'avait subi aucune lésion interne !
Un traumatisme crânien était dû à une décélération brutale du cerveau. Même, si le crâne n'était pas directement touché par l'impact grâce à la protection du casque, un choc violent provoquait une décélération lors d'une glissade stoppée nette par un obstacle, son corps était passé en une demi-seconde de cinquante à zéro kilomètre-heure.
Au mieux, un coma profond, au pire, une mort lente !
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