Chapitre 26
Matt profitait du soleil en lisant une bande dessinée. Il avait sorti un fauteuil de la famille survivaliste pour l'installer dans le jardin. Le siège pesait son poids, il avait été obligé de le faire glisser sur le parquet, les dalles avant de rejoindre l'herbe.
Il utilisa son lecteur de glycémie pour découvrir 2,50 grammes de sucres dans le sang avec l'aiguille digitale pointant le haut. Son déjeuner remontait à deux heures trente, il ne descendrait plus ! Il prit sa trousse à insuline pour s'injecter la dose la plus basse dans la cuisse.
Il revivait ! Seul un diabétique pourrait saisir le besoin de pouvoir vérifier son taux de sucre à tout moment de la journée. La douceur des rayons du soleil le revigorait. Il se leva pour déposer la bande dessinée. Il pressa ensuite le bouton on du MP3 avec petites enceintes trouvé dans le CUB. La chanson du groupe Évanescence utilisé dans le film Daredevil commença.
Il tourna sur lui même en levant lentement les bras. Il commença à gesticuler lorsque la musique accéléra. Il avait connu ce groupe par l'intermédiaire de Linéa qui l'avait découvert grâce au film Daredevil de deux mille trois.
Une explosion au nord le fit sursauter. Il éteignit immédiatement la musique pour écouter. Plusieurs autres explosions retentirent l'une à la suite de l'autre. Qu'est-ce que c'était ? Cela semblait provenir des environs de la ville de Langon. La station-service ? Il ne voyait que cela pouvant produire une telle explosion ! Elle se situait à combien à vol d'oiseau, entre dix et quinze kilomètres ?
Une épaisse fumée noire se dessina au dessus du toit du magasin de chaussures.
Il existait un risque négligeable si l'incendie s'étendait jusqu'à l'épaisse forêt entourant le château. Le risque d'atteindre la ville serait minime, car la végétation était moins importante.
Matt ne put s'empêcher de paniquer, un incendie n'était pas à prendre à la légère.
Une de ses connaissances était dans le Var le jeudi vingt-six août, elle avait aperçu l'incendie ayant fait deux morts et brûlé sept mille hectares.
— Le vent, s'exclama-t-il ! Merde, merde, merde.
Les rafales avaient soufflé à contre sens de la position de sa connaissance, la mettant ainsi donc hors de danger. La photo de Linéa se trouvait dans la cabane à proximité du château. Il rentra précipitamment dans la demeure pour s'habiller, puis ressortit pour apercevoir que l'épaisse fumée se dirigeait dans sa direction. Il devait se presser !
Il avait déjà parcouru cinq cents mètres en prenant conscience que la combinaison de protection aurait eu son utilité. Il accéléra le pas.
Une épaisse fumée noire recouvrait déjà les deux tiers du paysage. Il se pencha pour chercher l'air au plus bas, comme le conseillaient les pompiers. Matt ne reconnaissait plus les environs, tout n'était que flammes, fumée, carcasses fumantes.
Il tourna bientôt sur lui-même en cherchant la direction de la cabane. Il ne la trouva pas plus que le chemin déjà emprunté. Il chercha vainement un point de fuite. Il était perdu.
— Non, non, hurla-t-il. Je dois récupérer la photo de Linéa.
Il avança droit devant sans se soucier du danger, d'être sur le bon chemin. Le manque d'oxygène, la fumée toxique lui faisait tourner la tête. Il toussa douloureusement en trébuchant. La photo de sa compagne était tout aussi importante que le saint Graal pour les croyants. Il en possédait certes une abîmée, mais plusieurs dans son portable. Il devait absolument le récupérer, quel qu'en soit le danger.
Il n'acceptait toujours pas leur rupture. Un pardon était toujours possible. Un couple qui traversait les désaccords, les conflits consolidait leur amour. Il y croyait plus que tout.
Matt agrippa bientôt le poteau d'un portail délabré qu'il reconnut.
— Ho putain, merde, j'ai réussi !
Il traversa à quatre pattes le chemin caillouteux pour arriver à la volumineuse porte en bois. Il déplia les jambes pour ouvrir la porte. L'odeur de brûlé, la fumée épaisse le firent vomir à répétitions. Il avança à tâtons, car l'on ne voyait rien à plus de quinze centimètres du sol. Il atteignit bientôt la robuste table.
Le toit s'écoula lourdement sur la table. Les décombres le projetèrent violemment en arrière. Tout n'était que fournaise dans la cabane, ses affaires étaient devenues irrécupérables.
Il n'avait plus le courage de fuir. Le désespoir, la fatigue le terrassèrent, il s'agenouilla pour ne plus bouger, tomba sur le dos pour fermer les paupières.
Il ouvrit les yeux pour se découvrir étendu sur le chemin à proximité de la cabane. Il avait dû se mouvoir à demi conscient.
Le destin semblait désirer sa survie. Il se leva pour circuler dans la fumée changeant de direction à cause du vent. Il pleurait la perte des dernières photos de Linéa, cela mettait un terme définitif à leur histoire. Il pouvait bien évidemment les imaginer, faire appel à ses souvenirs, mais ce n'était pas pareil. Il devrait se résoudre à oublier ce passé révolu.
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