Chapitre 2
Le lendemain, Matt, accroupi, longeait un buisson aux branches rebelles qui accrochaient les mailles de sa veste en laine. L'entrée du jardin situé à une douzaine de mètres l'obligerait à marcher à découvert sur la route. Il avait déjà visité les six premières maisons de la résidence côté pair. Il rechignait à se rendre dans la dernière habitation, mais il devait terminer la visite avant de continuer de l'autre côté. La maison en coin ne permettrait aucune fuite en cas d'intrusion, contrairement aux autres permettant plusieurs issues dans le jardin.
Elle détenait un stock important de denrées alimentaires, la famille devait être Survivaliste, adepte de la préparation d'un effondrement mondial ! Les survivalistes apprenaient des techniques de survie, des rudiments de notion médicale en stockant de la nourriture et des armes. Ils construisaient aussi des abris antiatomiques, ou apprenaient des techniques pour s'abriter, se réchauffer, avoir de l'eau potable et se nourrir en milieu sauvage ou hostile. Matt n'était pas parvenu à déverrouiller l'accès aux armes. Lorsqu'il avait tenté de le forcer, une grille avait coulissé sur toute la surface pour empêcher toute nouvelle tentative.
Il observa les voitures garées coté impair pour permettre les travaux en face. Ce sera plus rassurant d'explorer les autres maisons en se faufilant entre des murets, des véhicules. Il devait se concentrer sur la haute maison à trois étages. Elle aurait pu certes devenir un bon abri, mais « les autres » semblaient vivre à proximité, traversant la résidence autant de jour que de nuit ! Pourquoi ? Il l'ignorait. Une montre lui aurait permis de vérifier l'exactitude de leurs passages à des heures bien précises, mais l'orientation des ombres du soleil lui donnait une estimation temporelle.
Le silence de la résidence le mettait mal à l'aise, ce qui était bien plus inquiétant que les craquements et les pétarades. Son essoufflement persistant le fatiguait. Les pensées claires le rassuraient, mais sans réellement le réconforter ! Ce n'était ni le lieu ni l'endroit pour perdre ses moyens. Le craquement des cailloux de la zone de travaux sur une vingtaine de mètres trahissait sa présence en l'inquiétant. Matt prit la décision de s'adosser au muret pour prendre une barre chocolatée qu'il grignota en restant aux aguets. Une fois terminé, il prit la petite bouteille d'eau pour boire, se rincer la bouche avant d'avaler. Cela pouvait remplacer temporairement le brossage de dents.
Le piétinement devenait dangereux, il prit le risque de rejoindre le bord du trottoir terminé à encore dix mètres. Il avait la désagréable impression de se retrouver sur un champ de tir. Il marcha à petits pas en regardant, devant, derrière, sur le côté. Il accéléra un peu, pour rapidement se mettre à courir. La peur le submergeait. Il dérapa devant le portail en perdant l'équilibre. Il s'écorcha le côté de la main droite sur le bitume, puis se foula la cheville. Matt s'appuya contre le portail pour masser son pied.
Il resta figé en découvrant une silhouette sombre à l'autre bout du chemin. Il écarquilla les paupières de terreur en apercevant une seconde qui la rejoignait. Matt plongea dans le jardin en rampant maladroitement, comme une poupée désarticulée. On n'était pas dans un film. Personne ne jugerait sa fuite. Il pourrait tremper d'urine son pantalon, pleurer de peur, seule la survie importait.
L'accès à la demeure lui était désormais impossible, il serait trop longtemps à découvert. Il rampa dans les hautes herbes en direction du coin du muret. Matt entendit bientôt les autres qui s'approchaient à petits pas. Cela confirmait qu'il n'avait pas été débusqué, ils ignoraient encore sa présence !
Il se recroquevilla entre la niche de chien délabrée et le mur en pierre. Il ne pouvait les voir, donc eux non plus. Il se contorsionna douloureusement afin de se camoufler le plus possible. Une lignée de fourmis sur le mur détourna son attention, elle s'engouffrait dans un interstice.
Les bruits de pas démontraient que les autres contournaient la maison par la gauche. Il tenta de jeter un coup d'œil furtif en se penchant silencieusement. Les visiteurs lui tournaient le dos, mais il ne percevait que de troubles silhouettes.
Sa vision de loin était altérée, contrairement à celle de près, Matt était myope !
Lorsqu'ils eurent disparu de son champ de vision, il hésita longuement à bouger en fixant le coin de la maison ! Il était une proie facile dans cet endroit dénué de toute fuite possible.
Il serra anxieusement la sangle de sa sacoche, les autres mettraient moins de trois minutes à contourner la maison. Ils ne tarderaient pas à ressortir à seulement huit mètres de sa position. Il pourrait se cacher sur l'autre face de la niche pour ensuite la contourner afin de rester caché.
De douloureux maux de tête commencèrent à se manifester. Il avait la désagréable impression d'avoir le visage coincé dans un étau. Ce n'était pas le moment, il devait rester alerte !
Il fouilla dans la poche avant de son sac pour en sortir un stylo à aiguille. Il souleva son sweat shirt pour faire pénétrer l'aiguille dans la peau puis pressa l'extrémité. C'était maintenant ou jamais !
Il se leva pour commencer une estimation de décompte, quatre vingt quinze, quatre vingt quatorze...
Matt se leva précipitamment en faisant craquer douloureusement ses jambes. Il serra les dents tout en observant l'entrée du jardin ainsi que le muret d'un mètre trente. La petite course vers le portail lui permettrait d'observer tout mouvement, contrairement à l'escalade. Il redoutait d'être poussé violemment en arrière.
Une silhouette dans le coin de son champ de vision l'obligea à quitter ses pensées. Il avait perdu toute initiative. Il se recroquevilla derrière la niche en tremblant. Les autres marchaient dans sa direction.
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