Matt observait le sujet 1 dont l'affichage à soixante battements cardiaques indiquait un sommeil profond. Au vu de son apparence, ils semblaient partager un âge identique. Depuis quand étaient-ils leur cobaye ? Matt n'avait aucun souvenir des sept derniers jours. Peut-être était-il parvenu à s'enfuir d'un autre CUB ? Mais, était ce vraiment le cas où lui autorisait-on une certaine liberté imposée par leurs analyses ?

Quelle entreprise pharmaceutique pouvait se permettre un tel emprisonnement ? Travaillait-elle véritablement en secret ?

Totalement impossible, le gouvernement français ne le tolérerait pas. À moins... qu'il ne travaille de pairs!

L'argent était l'autoroute du monde, on devait tout un chacun payer son passage.

Mais là on parlait de santé ! Vers qui pourrait se plaindre Matt si on le rendait volontairement malade ? Même en cas de conflit juridique l'argent ne soignait pas, permettait juste de profiter plus posément du reste de sa courte vie.

Regarder l'histoire concernant l'amiante, l'état, les entreprises concernées n'avaient aucun moyen de guérir le malade, juste de les dédommager.

Matt redoutait la situation, il ignorait totalement les désagréments causés par l'expérience. Il ne pourrait obtenir seul des réponses. Il approcha du dormeur pour chercher un moyen de le réveiller.
Aucun bouton on, off, ou devait-il pianoter sur le monitor ?
Il ne ressentait aucun symptôme autre que celles habituelles du diabète.
Il toucha tous les boutons jusqu'à provoquer un échappement d'air brutal sur les côtés. La paroi se souleva au deux tiers pour laisser à l'air libre le comateux plongé dans un liquide bleuté.
Mais rien ne se produisit !

— Réveillez-vous, s'exclama Matt en le secouant énergiquement par l'épaule.

Le dormeur détourna légèrement le visage pour ouvrir grand les yeux de panique. Il le dévisagea longuement avant que ses rétines tremblèrent par saccades avant de disparaître sous les paupières.

Une alerte sonore résonna, une loupiote clignota en rouge, les battements cardiaques chutèrent rapidement pour afficher un zéro stable. Le sujet 1 était mort.

Matt retira le masque respiratoire pour écarter les lèvres du défunt, puis lui tapota la joue froide et gluante.

— Hé, tu vas pas crever quand même ?

Il recula de deux pas pour regarder le cadavre, puis attrapa le sommet de la paroi pour tenter de la refermer. En équilibre sur la pointe des pieds, il tenta vainement de la faire basculer.

Il chercha du regard une solution lorsqu'il aperçut un défibrillateur. Il le sortit de son emballage, le posa sur le côté plat du caisson, puis déclencha la machine. Il saisit ensuite les deux poignets pour les poser sur le torse, côté cœur. Il provoqua une décharge pour la recevoir lui même par contact avec le liquide bleuté. Il trembla en sursautant au rythme d'une scie sauteuse avant que la sécurité ne stoppe la machine. Il s'écoula au sol pour ne plus bouger.

Lorsqu'il reprit connaissance, la loupiote rouge clignotait toujours. Matt ressentait encore des picotements, des spasmes musculaires, les bras endoloris. Comment pouvait-il avoir survécu ? Les chaussettes courtes épaisses pouvaient n'avoir été que partiellement conducteurs ? Il peinait à bouger les doigts.

Il se leva pour s'agripper aux reliefs afin de maintenir l'équilibre. Des flashs de souvenirs jaillirent par saccades, mais il ne parvint pas à les comprendre. Il voyait des voitures de police, des motards de la gendarmerie, mais ignorait d'où cela pouvait provenir!

Des douleurs au niveau du cœur le firent paniquer, les battements cardiaques ralentissant, puis accéléraient subitement. Faisait il un arrêt cardiaque ?

Comment pourrait-il s'en sortir seul ?

Il inspira, expira lentement à plusieurs reprises afin de se calmer, mais rien n'y changeait. Il plia involontairement les jambes pour se retrouver au sol.

Tout allait se terminer ainsi ?

Il allait périr sans parvenir à comprendre la situation, sa présence ici. Matt le refusait, mais pourrait-il y changer quelque chose ? Il plaqua sa main sur son cœur pour sursauter en entendant la paroi du sujet 1 redescendre.

Sa vision commença à se brouiller. Il peinait à réfléchir. Il rampa en direction de ce qui semblait être une petite salle de repos derrière un sas. Il se leva en arrivant à la vitre qui coulissa automatiquement. On le désinfecta entièrement avant de lui permettre de traverser. Il fouilla immédiatement une armoire pour découvrir des madeleines en sachet. Il en prit plusieurs, puis s'écoula à table pour les manger.

Matt resta immobile le temps que les glucides de la nourriture alimentent sa glycémie à un taux supérieur à 0,70 gramme pour lui permettre de réfléchir convenablement. Cela variait selon les personnes! Le manque de glycémie finissait par altérer le cerveau grand consommateur de sucre, plus on en manquait, plus il devenait compliqué de réfléchir.

Il aperçut alors une cafetière, des boissons fraîches, mais surtout une tablette en charge.

Il la récupéra pour l'allumer, le nom du fabricant apparut quelques secondes avant de faire apparaître la page d'accueil.

Ce qu'il découvrit lui coupa le souffle !