
Chapitre 15
Matt avait regagné la sécurité de sa maison abandonnée. Aucune route ni chemin ne menait à cette demeure. Elle était oubliée de tous. Il tournait autour de la table tout en remuant nerveusement les doigts. Qu'allait-il faire ? Que devait-il faire ? Il tira le dossier de la chaise pour s'asseoir. Il entendit les habituels grattements de rats ou souris implantées dans tous les recoins. Leurs présences démontraient que le lieu était sain. Il les apercevait chaque jour récupérant les miettes de nourritures.
Comment pouvait-on à notre époque ignorer une zone aussi large que celle l'emprisonnant ?
Et si c'était volontaire ?
Et si Matt était le sujet d'expérience d'un groupe pharmaceutique ?
Les autres l'analysaient peut être, ainsi que les endroits ou il se rendait ?
On avait dû le capturer, lui faire perdre la mémoire, le séquestrer pour servir d'essais afin d'améliorer un nouveau vaccin ou un virus ?
C'était la seule explication rationnelle !
Une peur démesurée le submergea. Il faillit perdre l'équilibre en se relevant trop précipitamment. Que pouvait-il réellement faire ? Un homme seul n'avait aucune chance contre un institut pharmaceutique.
Respect de l'être humain et dignité, songea-t-il au sens de l'article 16 du Code civil énonçant que la loi interdisait toute atteinte à la dignité de la personne. C'était bien, mais comment le faire reconnaître quand on était emprisonné ? À qui pourrait-il s'en plaindre ?
Il n'avait plus le choix, il devait tenter de s'enfuir, quitter la zone !
Il se souvint de son prisonnier enchainé au coté de son pairs. Dommage collatéral !
Le lendemain au levé du soleil, Matt s'enfonçait dans une plaine boueuse avec sac à dos rempli de victuailles. Il partait avec l'âme vindicative, il trouverait la sortie !
Les chaussures de marche furent rapidement devenues humides, inconfortables. Au bout d'une heure, il n'avait pas l'impression d'avoir franchi une grande distance. Le survol d'une nuée d'oiseaux confirmait que la zone était habitée par les animaux.
A Tchernobyl, les animaux proliféraient, les loups, les grenouilles, les cerfs, les ours ou encore les castors étaient plus nombreux que dans les zones non contaminées. Il se trompait, cela ne voulait rien dire ! Il trébucha, mais parvint à récupérer de justesse son équilibre. Le paysage se brouillait, il peinait à respirer. Un douloureux mal de ventre le fit se plier en deux. Était-il en hyperglycémie ? Des maux de tête ne tardèrent pas le prendre d'assaut.
L'endroit ne permettrait pas de se tromper. Il ne pouvait tenter de faire descendre son taux de sucre sans être certain de son état. Il l'ignora pour poursuivre.
Il parvint bientôt à des fourrés épineux, tranchants. Il renonça à les franchir pour les longer par la gauche. Lorsqu'il trouva un passage, il se faufila entre des buissons de petite taille.
Il souffla de mécontentement en arrivant sur les bords d'un marécage. Il avait trop avancé pour faire demi-tour. Il posa le pied pour tomber en avant. Il gesticula vainement pour se rattraper, mais but la tasse à grandes gorgées.
— Merde, merde vous faite chier, putain de monde d'enculé...
Il agrippa à pleine main des roseaux pour s'écorcher les doigts.
Matt réussit à s'extirper des flots pour s'écrouler sur terrain sec où il perdit connaissance.
Il ouvrit peu après les yeux pour tousser à cause de la poussière. Il tenta vainement de retirer la lanière du sac pour y avoir accès, mais cela demandait trop d'effort. Il se tourna sur le dos pour bloquer le sac puis glissa vers le bas en levant les bras. Il s'immobilisa à bout de souffle pour respirer par saccades. Il devait le faire tant qu'il le pouvait encore. La vue totalement brouillée, il chercha la Fermeture éclair sans parvenir à la trouver. Il ferma les paupières pour suivre les contours du sac jusqu'à la découverte de l'emplacement des gâteaux. Il en retira un pour retirer l'emballage afin de l'engloutir totalement dans la bouche. Il mâcha à contrecœur un bout de plastique. Il en saisit un second pour le manger aussi vite.
Il rampa ensuite entre les buissons car dans l'incapacité de se relever.
Il perdit à nouveau connaissance.
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