Chapitre 5: Se prendre et mettre un râteau
Le sang de Perséphone se glaça en entendant ces mots. Elle qui aurait voulu qu'elle l'oublie... Ou au moins qu'elle fasse semblant. Mais Lupa se trouvait là, un grand sourire aux lèvres. Elle l'enleva bien vite, à ce propos, car il sonnait un peu comme celui de Ray.
Lupa posa sa main au dessus de l'épaule de Perséphone sur le mur froid couvert de papier peint. La blonde se retrouvait collée à celui-ci en la regardant, sourcils froncés.
- C'était... Enfin oublie ça.
- Comment ça, oublie ?
Lupa eut un rire qui sonna presque comme un aboiement. Elle se pencha pour la regarder dans les yeux, mêlant intentionnellement leurs souffles. Elle sentit un peu de panique dans le regard de la vampire lorsqu'elle rapprocha leurs visages. Dans le pire des cas, c'était parce qu'elle voulait la repousser, et dans le meilleur des cas c'était pour l'embrasser. Lupa posa sa deuxième main sur le mur au dessus de son autre épaule. Le regard de la plus petite passait sur son corps et elle se sentit frissonner agréablement.
- C'était un simple coup d'un soir, dit durement la blonde en serrant sa mâchoire à la faire craquer.
Lupa eut un mouvement de recul. Visiblement, la jeune femme n'était absolument pas une petite fille timide qui se laisserait manipuler. Son ton était autoritaire et sec, il toucha l'égo de la loup-garou dont les oreilles pointèrent vers elle avec plus d'attention.
- Un simple coup d'un soir ? C'est ça... dit-elle avec un sourire caressant et malicieux. Et bien, on peut faire en sorte de recomm-
- On peut faire en sorte de ne pas se parler.
Lupa la regarda, figée, prostrée en avant sur elle, les deux mains au mur et leurs visages face à face. Leurs poitrines se touchaient, ce qui aurait dû être un atout de charme... Mais Perséphone semblait aussi froide et dure que la pierre, et aussi frigide qu'un fantôme. Ce n'était pourtant pas le cas, hier, lorsque Lupa l'avait...
- Mais t'as kiffé ? tenta Lupa, dans un appel désespéré un peu mesquin.
- Je suis fiancée, répondit elle sans réagir à la beauté de la femme. Lâche moi. Tu m'oppresses.
D'un coup sec, elle prit le poignet de la loup-garou et le balança sur le côté pour qu'elle lâche prise. Cette dernière, trop choquée pour dire quoi que ce soit, se recula de deux bons pas. Cette fille venait vraiment de... De résister à son charme ? Sa puissance de charisme et de beauté venait d'être bafouée en deux secondes chrono...
- Et vous êtes aussi engagée dans quelque chose, dit la vampire.
Elle lui lança un regard meurtrier.
- Vous ne me l'aviez pas dit.
- On a pas eu le temps, agrumenta Lupa en croisant les bras.
- C'est trop tard. Bonne soirée.
Pétrifiée, Lupa regarda cette inconnue s'en aller comme elle était venue. Wow. Elle se tint le coeur avec un rictus. Son égo venait de se prendre un coup magistral et elle détesta la sensation de stress que cela lui procurait.
Hier soir, elle s'était posée dans une taverne, et avait souri à une inconnue qui était venue l'enlacer pendant qu'elle buvait quelques choppes d'alcool. Après avoir gagné quelques paris et donné un coup de poing à un mec lourd qui draguait la fille qui avait craqué pour elle, elle était montée dans la chambre et elles avaient passé la nuit à se caresser et à baiser.
Sympa, non ? Qu'est-ce qui avait dérapé ? Pourquoi cette fille mignonne et avide de sang, d'un jour à l'autre, devenait cette noble dame Je-pète-plus-haut-que-mon-cul alors qu'hier à peine elle gémissait dans son oreille ? La façon dont soudain Lupa ne pouvait pas avoir ce qu'elle voulait rendait tout cela particulièrement frustrant.
Elle tâta les petits trous dans le bas de son cou, qu'elle lui avait fait. Les plaies s'étaient rapidement refermées, sa peau était épaisse et cela ne l'avait qu'un peu dérangé durant la journée. Espérons que Mia ne voie pas les quelques baisers que cette femme avait laissé.
Pleine de rage, Lupa marcha dans le couloir, sans vraiment de but. Juste pour passer ses nerfs mis à l'épreuve. Elle ne se rendait pas compte qu'elle suivait du coin de l'œil le bout de la robe de Perséphone tant cet épisode la faisait fulminer. Quelle infâmie, une femme qui osait seulement ne pas s'évanouir devant son sex appeal. Cette vampire qui la défiait de sa simple existence, de sa simple froideur...! Insupportable.
Elle s'arrêta en voyant que le couloir qu'elle avait prit ne menait qu'à deux chambres dans un cul de sac, face l'une à l'autre. Lupa se gratta la tête, et souffla pour dégager de son regard une mèche brune. Bon.
Elle s'apprêtait à rebrousser chemin lorsqu'une voix familière lui fit relever la tête. L'intonation douce et agréable de Perséphone, que Lupa considérait maintenant comme un produit expiré. Par instinct, elle se pencha pour découvrir qu'une des portes était entrouverte et qu'un rai de lumière jaune traversait le sol carrelé. Elle s'approcha pour écouter d'un air curieux.
- ... Tu connaissais ces femmes ?
La voix monocorde et froide de la jeune femme était glaçante mais paraissait plus calme et posée. C'était certainement celle d'Adèle, l'étrange vampire à la poupée.
- Pas toutes. La vieille est plutôt connue. C'est une aristocrate louve.
La voix de Perséphone était agréable et mélodieuse à écouter. Un léger sourire se lut sur le visage de la brune qui se pencha pour essayer de la voir, en vain.
- Mais tu connaissais la grande, aussi.
- ... Oui. J'ai fais une erreur avec cette fille.
- Une erreur ? Oh. Je vois de quoi tu parles. Elle ne savait pas que nos parents prévoyaient de te fiancer à cet humain ?
- Je ne le savais pas moi-même.
Lupa recula soudain, choquée. Cette fille qu'elle désirait posséder était la fille de Dracula et Elizabeth de Brières ?! Impossible... Elle s'obligea à ne pas bouger, pour ne pas faire craquer le plancher. Cette conversation épiée lui apprenait bien plus qu'elle n'aurait pensé sur le manoir où elle allait séjourner.
- C'est un abruti.
- Ce sera mon mari.
- Je te plains, Perce'. Ca se voit qu'il est con et nul, et tu ne l'aimes pas.
- Je ne le connais pas !
- Tu ne connais pas la loup-garou non plus, objecta Adèle.
Lupa eut un sourire en coin. Héhé, son charme était au moins reconnu par la plus jeune. C'était un bon point, vu que de toute façon Lupa était la personne la plus formidable et belle de cette terre -de son humble point de vue-.
- Et je n'ai pas l'intention de la connaitre. Elle semble se croire au-dessus de tout le monde et c'est ce que je déteste le plus chez elle.
Lupa fronça les sourcils, blessée par cela. Mais non, elle n'était absolument pas vaniteuse. Elle se reconnaissait simplement à sa vraie valeur ! Toutes les femmes qu'elle avait courtisé dans sa vie lui avaient dit cela avec tant de conviction que Lupa en était absolument sûre. Comment cette petite vampirette à peine sortie des landeaux de sa mère se permettait de la remettre à sa place...!
Bouillante de colère et d'amertume, Lupa rejoignit sa chambre sans un mot. Elle trouva Félice et Mia en train de parler, assise sur le lit double. La rousse avait posé sa tête sur ses genoux, Mia caressait ses cheveux avec un sourire. Cela mit la louve dans une rage indescriptible.
- Bonjour, dit elle d'un ton venimeux en fermant la porte.
- Hey, dit Félice en se relevant, presque dans un sursaut.
- Qu'est-ce que vous faites... Toutes les deux ?
Elle cracha ces derniers mots d'une façon à ce que les deux femmes comprennent bien de quoi elle parlait: leurs corps étaient trop proches à son gout, et elle voulait leur faire payer. Elle avait désespérément besoin d'extérioriser le fait qu'elle avait lamentablement raté son petit effet. Et aussi: elle avait besoin d'un alibi pour quitter Mia sans qu'elle n'en soit la seule responsable, bien sûr.
- Rien, dit Mia avec un air de franche incompréhension.
Elle ne se doutait certainement de rien, mais c'était Félice que Lupa confrontait du regard. Celle-ci l'évitait en regardant Mia répondre, se relevant.
- On t'attendait, dit-elle d'une voix plus faible.
- C'est ça, vous m'attendiez, dit Lupa en grognant.
Sa queue battait furieusement entre ses jambes, signe d'une colère montante. Mia suivit ce mouvement rapide en fronçant les sourcils d'incompréhension
- Vous m'attendiez pas du tout ! Vous étiez en train de fleurter. Mais j'y crois pas ! Juste quand je suis partie !
- Quoi ...? dit Mia, déroutée.
- Z'avez pas honte, putain ?! Mia, tu me faisais tout ton numéro de meuf prude mais en vrai t'es juste une connasse et une pute comme toutes les autres.
Ca devrait marcher pas mal, ça. En effet, la lèvre inférieure de la femme aux cheveux violets tremblait et elle regardait sa petite amie avec incompréhension. Les boucles d'oreilles à ses lobes tintèrent lorsqu'elle dit d'une voix faible:
- Je ne comprend pas...
- Vous êtes clairement en train de vous draguer, toutes les deux. Vous croyez que je vois pas votre jeu ?! Putain.
Félice se leva et l'affronta courageusement du regard:
- Désolée.
- J'm'en fous, aboya Lupa avec haine. Je te quitte, Mia.
- Quoi ?!
Lupa n'écouta aucune réponse de sa part et prit soin de claquer la porte en sortant. La colère dans laquelle cette nuit l'avait mise la fit gronder dès qu'elle fut dehors. Elle laissa une trace de griffure sur la porte, abimant le bois de l'embrasure en quatre longues estafilades effrayantes.
- Putain !!!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro