Chapitre 33: Le réveil de la Belle aux bois dormants
Lupa fronça les sourcils en regardant Perséphone, assise sur le tabouret du bar, un verre vide entre les mains.
- Reste ici. On revient bientôt, dit-elle d'un ton autoritaire avant de tourner les talons.
- Non.
Lupa s'arrêta net, sa mâchoire se crispant. Elle se retourna lentement vers la blonde, le regard sombre.
- Arrête de discuter tout ce que je dis et reste ici, répéta-t-elle, visiblement à bout de patience.
- Je ne suis pas ta chienne. Je n'ai pas envie de rester ici.
Un grognement profond monta du fond de la gorge de la loup-garou. Elle serra les poings, mais prit une inspiration pour se calmer avant de répondre.
- Alors viens, si ça te chante, mais tu me saoules ! lâcha-t-elle avec un mélange d'agacement et de résignation. Elle se tourna vers Elektra et Mia, levant les bras en signe de capitulation. Les filles, on bouge.
Malgré son exaspération, Lupa attrapa la main de Perséphone avec une douceur inattendue. Elle guida la blonde vers la porte, attrapant au passage son manteau noir qu'elle enfila d'un geste rapide, masquant sa carrure imposante. Sans un mot, elle lança une écharpe vers Perséphone, qui la réceptionna maladroitement avec son visage.
- Tu aurais pu faire attention ! protesta Perséphone en l'enroulant autour de son cou.
Derrière elles, Mia et Elektra marchaient côte à côte, échangeant des murmures à peine audibles. Mia frottait nerveusement son visage, effaçant les dernières traces de sang tout en fixant l'obscurité du dehors.
Le trajet se fit sous une tension palpable. Perséphone, toujours provocante, s'assit face à Lupa dans la voiture, posant ses pieds nonchalamment sur les genoux de la loup-garou. La loup-garou gronda, lui signifiant discrètement que cela ne lui plaisait pas.
- Sois gentille, puppy, murmura Perséphone.
Lupa roula des yeux, mais ne protesta pas davantage, préférant détourner son attention vers la route.
Mia, elle, semblait perdue dans ses pensées, jetant des coups d'œil anxieux par la fenêtre. Elektra, qui l'observait avec une attention soutenue, posa une main sur son genou pour tenter de la rassurer.
- Je vois que tu es nerveuse, murmura Elektra. Ne le sois pas trop en entrant. Félice est sensible aux émotions des autres.
Mia tourna légèrement la tête, fixant Elektra avec des yeux fatigués.
- Elektra ?
- Oui ?
- Va te faire foutre, souffla doucement Mia, avant de détourner le regard, ses lèvres esquissant à peine un sourire amer.
Lupa, qui écoutait d'une oreille distraite, éclata soudain de rire. Son rire franc et rauque résonna dans le silence du véhicule.
Elle les regarda toute les deux, constatant que Mia avait l'air d'avoir juste vomi, et Elektra de s'être pris un pare-choc. Elle trouva ça si amusant qu'elle ne put s'empêcher de rire pendant tout le trajet, laissant les deux blondes et la loup-garou un peu surprises.Malgré elle, un sourire effleura les lèvres de Mia. Elektra, cependant, se contenta de croiser les bras, haussant un sourcil d'un air agacé.
Mais les rires et la légèreté s'évaporèrent dès qu'elles franchirent les portes de l'hôpital. L'ambiance changea du tout au tout, la gravité de la situation s'imposant brutalement. Les quatre femmes traversèrent les couloirs dans un silence tendu, avant d'atteindre la chambre de Félice.
La rousse était assise sur son lit, son regard fixé dans le vide. Son arcade sourcilière était couverte d'un pansement, et des ecchymoses parsemaient son visage. Pourtant, ses yeux marron restaient vifs, pleins d'intelligence et de défi, même dans son état affaibli.
- Salut, belle gosse, lança Lupa, sa voix volontairement légère pour masquer son inquiétude.
Félice tourna la tête, croisant le regard doré de la loup-garou. Un sourire presque imperceptible effleura ses lèvres.
- Bonjour, Félice, murmura Perséphone, s'avançant doucement pour s'asseoir sur le bord du lit. Elle passa une main légère dans les cheveux roux de son amie, un geste empreint de douceur.
Mia et Elektra restèrent en retrait, leurs mains toujours liées. Elles observaient la scène en silence, comme si elles avaient peur de troubler l'équilibre précaire de la pièce.
Après un long moment de regard échangé, Perséphone se pencha pour murmurer à l'oreille de Félice :
- Tu as raté pas mal de choses. On a attrapé Ray et son complice, et... Lupa a été formidable.
Les mots de Perséphone se perdirent dans un chuchotement au creux de son oreille. Félice releva lentement les yeux vers Lupa, une expression indéchiffrable sur le visage. Elle semblait sonder la loup-garou, comme pour y trouver une réponse à une question silencieuse.
- Viens puppy, souffla finalement Perséphone en se redressant. On devrait vous laisser vous expliquer.
La blonde attrapa doucement la main de Lupa pour l'entraîner hors de la pièce, malgré les protestations outrées de cette dernière.
Lupa serra les dents, son agacement se lisant dans chaque muscle tendu de son corps alors qu'elle tirait doucement Perséphone hors de l'hôpital.
- C'est quoi, cette idée de m'empêcher de lui parler ? grogna-t-elle, sa voix résonnant dans le couloir.
- Elle n'a pas besoin de toi pour l'instant, répondit Perséphone d'une voix glaciale, les bras croisés. Tu serais juste... encombrante.
- Encombrante ? Sérieusement ? rétorqua Lupa en se tournant brusquement, ses boucles brunes rebondissant autour de son visage. Félice est ma pote !
Perséphone leva les yeux au ciel, exaspérée.
- Continue de japper, puppy.
- T'es vraiment la manipulatrice que tu penses être.
Perséphone s'arrêta pour regarder Lupa dans les yeux. De l'agacement se lisait dans ses beaux yeux, elle sortit une cigarette de sa poche et la mit à ses propres lèvres.
- Si tu es sage, on dormira ensemble ce soir. Par contre si tu cherches juste à faire passer ta colère sur moi, tu peux te casser. Je te rappelle qu'on est là pour Félice. Elle a besoin de calme, et toi tu bouillonnes. Tu iras la voir quand tu seras prête.
Lupa grogna, mais finit par s'éloigner, marmonnant des mots inaudibles. Derrière elles, Elektra et Mia restaient silencieuses, seules dans la pièce avec Félice. La violette hésita un instant, puis serra plus fermement la main d'Elektra.
- Coucou, murmura-t-elle, sa voix tremblante.
Félice releva lentement la tête, ses yeux marrons scrutant la pièce comme pour évaluer la situation. Une ombre de sourire effleura ses lèvres gercées lorsqu'elle aperçut Mia.
- Tu as l'air... pire que moi, plaisanta-t-elle faiblement, brisant la tension.
Mia éclata d'un rire nerveux, mais les larmes qui brillaient dans ses yeux trahissaient son soulagement. Elektra, toujours à ses côtés, posa une main réconfortante sur son épaule avant de s'adresser à Félice :
- Comment tu te sens ?
Félice haussa un sourcil, un geste laborieux avec son arcade abîmée.
- Comme quelqu'un qui s'est fait fracasser le crâne puis recoudre avec une aiguille rouillée. Mais j'ai connu pire.
Mia se rapprocha, incapable de cacher l'émotion dans sa voix.
- Félice... On est tellement désolées de ne pas avoir été là. Si on avait su-
Félice leva une main pour l'interrompre.
- Arrête. Ce n'est pas votre faute. J'aurais jamais dû partir toute seule la nuit alors que j'étais blessée. J'ai été égoïste, et c'était juste con de libérer Ray avant de le tuer... Ça m'a couté un bras cassé.
Un silence lourd suivit, puis Félice ajouta, plus doucement :
- Merci d'être là, toutes les deux.
Elektra et Mia échangèrent un regard, puis Mia, submergée par l'émotion, lâcha enfin la main d'Elektra pour prendre celle de Félice entre les siennes.
- On a attrapé Ray, dit-elle, sa voix un mélange d'amertume et de triomphe. Il ne pourra plus te faire de mal.
Un éclair passa dans les yeux de Félice.
- Qu'est-ce que vous avez fait ?
Elektra intervint rapidement :
- Rien de définitif. Il est... neutralisé. Mais on voulait te parler avant de prendre une décision.
Félice les observa un long moment, son regard pesant, comme si elle cherchait à lire leurs âmes.
- Vous avez l'air... Proches, déclara-t-elle finalement, sa voix laissant entendre qu'elle n'accepterait aucune objection.
Mia et Elektra acquiescèrent, un peu surprises par la fermeté de Félice malgré son état affaibli.
- Mia a vraiment fait du mieux qu'elle pouvait, commença Elektra d'un ton doux et légèrement triste. Je la pardonne. Je ne veux pas m'immiscer entre vous mais... Tu devrais en faire de même, Fél'.
Félice inclina légèrement la tête, puis laissa échapper un soupir. Elle reposa ses mains sur le matelas, mais regarda Mia intensément, sentant les yeux de la loup-garou devenir humides.
- Vous pouvez aller chercher Lupa et Perséphone ? Elles ont dû s'entretuer dans le couloir à ce stade.
Mia...
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