Chapitre 33: Je t'aime
La première chose que Perséphone vit en entrant dans sa chambre fut la masse de cheveux bruns de la grande louve, étendue sur son lit.
Elle eut l'audace de se fendre d'un grand bâillement, les mains posées sous l'oreiller où trainaient ses mèches de cheveux et ses oreilles brunes. Perséphone pinça les lèvres, fermant la porte derrière elle. Lupa semblait tellement détendue par rapport à l'ampleur de la haine que la blonde ressentait.
Elle se devait de lui partager son émotion. Son sac par terre, elle enleva son pull, découvrant à son regard les légères cicatrices qu'elle lui avait fait, lors de la pleine lune. La loup-garou se releva pour la regarder de ses yeux sauvages, sous des sourcils épais. Perséphone ne la regarda pas. Le silence ne dura pas, la plus grande le brisant:
- Je sais que tu voulais me voir, alors je suis venue dans ta chambre.
- Absolument p-
- Ne nous mentons pas.
Lupa la dévisagea, incertaine, testant les limites de Perséphone. Celle-ci franchit rapidement les quelques pas qui la séparaient d'elle, le regard brûlant.
- Tu l'as embrassée.
Lupa eut la respiration coupée alors que la main de Perséphone venait rageusement entourer son cou, assez solidement pour lui faire lever le menton vers elle, mais pas assez fort pour lui faire mal ou couper sa respiration.
Le contact froid de sa peau sans vie contre la pomme d'adam brûlante de la brune leur partagea un frisson qu'elles réprimèrent toutes deux, leurs regards transmettant l'intensité de leurs sentiments.
- Tu m'as demandé de le faire.
Alors que Perséphone plissait les yeux, tel un serpent devant sa proie, Lupa se défendit:
- C'est ma fiancée. Je dois me comporter comme une femme amoureuse.
- Tu l'as fait exprès devant moi.
- Et alors ? T'es un bébé maintenant ?
Elle se prit une claque qui retentit sur sa joue café au lait. Ses yeux s'écarquillèrent, sa tête tournant sous le choc. Des femmes avaient déjà tenté de la frapper, Mia parfois dans leur relation, lui avait lancé des objets lors de disputes particulièrement violentes. Mais ce geste n'était pas mérité.
La colère irradia dans la joue de Lupa, qui caressa du bout des doigts sa peau, avant de prendre le poignet de Perséphone et de le tourner avec violence vers l'extérieur, écartant son bras d'elle, en se levant.
- Ca va pas ?!
- Aïe ! s'écria la blonde, la douleur prenant son bras autant que sa surprise. Arrête !
- Excuse-toi. Tu ne peux pas me frapper comme ça.
Alors que la vampire dégageait d'un coup sec son poignet, le prenant de son autre main pour masser son articulation douloureuse, des larmes (sûrement de douleur) pointèrent à ses yeux. Lupa déglutit, regrettant immédiatement ce qu'elle venait de faire. Debout face à elle, elle posa sa grande main sur son épaule alors qu'une moue sanglotante se peignait sur le visage de la jeune femme:
- Je suis désolée.
Lupa attrapa le visage de Perséphone entre ses doigts, la sentant si fragile qu'elle aurait pu la briser à tout moment:
- Perce ! Je suis désolée... Pardonne moi. Je ne voulais pas te faire mal... Ne pleure pas.
Mais des larmes coulaient sur le visage de la vampire qui finit par se blottir inévitablement contre elle, laissant de longs sanglots emplir la pièce, incontrôlables. Lupa entoura les épaules de la blonde, son coeur battant si fort. Elle avait envie de lui dire de ne pas pleurer, de trouver les bons mots... Mais elle était affreuse pour ce genre de choses.
- Je ne sais pas pourquoi... Tu devrais être avec Adèle en ce moment-même.
- J'avais envie d'être avec toi.
- Je devrais être avec Ray. Je devrais dormir avec lui, déclara Perséphone, amèrement, se séparant d'elle sèchement.
- Je veux dormir avec toi.
- Je ne veux pas.
- Pourquoi ?!
- Tu ne devrais pas être dans ma chambre ! recommença à dire, avec colère et nervosité, la blonde aux yeux rougis, qui serrait compulsivement ses mains. Tu devrais partir. Pars, en fait. Allez ! Casse toi, je ne veux plus te voir.
- Mais... commença Lupa, prenant un air de chien battu.
- Non ! Je ne veux PAS te voir, va... Va coucher avec Adèle, ou Mia, je ne sais pas ! Toutes celles que tu trouveras, à mon avis.
- Perséphone ! Attend, écoute moi, au moins ?
L'interpelée enfouit au plus profond de son coeur la vague d'espoir qui l'envahissait. Peut être qu'elle allait s'excuser pour avoir tenté de coucher avec sa soeur et enfin porter ses ovaires par rapport à leur situation...
- Non. Pourquoi je ferais ça ? C'est moi qui commande, ici.
- Si tu veux. Mais ne me gifle plus.
- Tu es venue ici de ton plein gré... Je fais ce que je veux, dit agressivement Perséphone en faisant les cent pas dans la pièce, dans un état proche de l'hystérie.
- Perce... murmura Lupa en s'approchant d'elle, implorante.
- Quoi ? Que veux tu ? Tu n'auras pas ce que tu veux de moi sans subir ma colère.
- Je ne suis pas là parce que j'avais envie de coucher avec toi !
- Tu mens comme tu respires, siffla Perséphone d'un air mauvais, l'écœurement se sentant dans sa voix. C'est tout ce que tu sais faire de ta vie. Et de toute façon, c'est tout ce que je te demande, rien de plus.
Lupa lui prit les mains, lui empêchant de se les tordre.
- Est ce que tu peux arrêter d'éviter mon regard, arrêter de pleurer et de gesticuler dans tout les sens ? C'est toi même qui... (sa voix tremblait de stress) m'a dit de communiquer. Alors arrête de me rabâcher les mêmes trucs. Pourquoi tu pleures ?
- Pour... Je ne sais pas. Je veux juste oublier. Fais moi oublier pour une nuit, je t'en supplie, Lupa.
- Perce... Je te promet d'être douce, dit la louve qui remarquait que la blonde était consumée par son amertume.
- Non. Ne soit pas douce, précisa immédiatement Perséphone en posant ses mains sur le tronc de Lupa, sentant sans vraiment le vouloir sous son tee shirt ses doigts effleurer ses muscles ronds.
- Ca marche. Je ne me retiens pas, alors.
Un sourire légèrement retroussé se peignit sur le visage cabotin de Lupa, qui prit les mains de Perséphone pour les embrasser avec quelque chose de presque tendre.
- Non, moi non plus, souffla Perséphone. On va se donner un mot qu'on se dira si on a vraiment envie d'arrêter, d'accord ?
- Un safe-word ? Okay, dit la louve, relevant ses pupilles jaunes avec un air intrigué.
- "Je t'aime", dit Perséphone en posant son regard bleuté dans le sien, des lueurs de danger s'y reflétant.
Lupa déglutit en la regardant, yeux écarquillés, Perséphone la plaquant contre le mur. Médusée, elle la regarda longuement, avant de s'humidifier les lèvres et de demander d'un ton timide:
- Je peux t'embrasser, au moins ?
- D'accord, dit Perséphone d'une voix incertaine.
Lupa la prit par le col de son vêtement, l'amenant à elle avec une force désespérée. Surprise, Perséphone, qui perdait l'équilibre, posa ses deux mains de part et d'autre du mur autour d'elle. Le baiser fut passionné et tout s'accéléra bien vite.
Perséphone perdait la notion du temps. Bien vite, elle se retrouva nue dans ses bras, l'ardeur qui la consumait donnait à son visage des couleurs rosies, son souffle se perdait dans les cheveux de Lupa alors qu'elle avait enroulé ses cuisses autour de sa taille, que la main de la brune se perdait sur son corps.
L'expression "grimper aux rideaux" prit tout son sens pour elle lorsqu'elle se retrouva, à son tour, plaquée contre le mur, son corps se tendant au rythme de la cadence de Lupa. La porte ainsi fermée à clé, Perséphone s'imagina pouvoir crier tout son plaisir, son désir, sa haine qui se liait à l'orgasme, qui le rendait plus savoureux aussi sans enlever cette saveur de larmes et de sueur qui les étreignait aussi.
Ses ongles se plantaient dans la peau du dos de Lupa qui se laissait faire, sa peau commençant à être striée des griffures de la blonde. Perséphone avait perdu la notion de l'espace, elle ne savait plus quels murs n'avaient pas été explorés par son dos nu et cambré, quelles portes n'avaient pas supporté le poids de leurs passions, lorsqu'elle se retrouva posée sur le lit par Lupa qui déposait des baisers entre ses seins.
- Arrête... De me regarder avec cet air de chien battu, puppy, haleta la blonde en passant une main dans les cheveux de la brune.
- On continue ?
- Enlève ta ceinture. Est-ce que j'ai dis que je t'aimais ? Je ne crois pas, alors on continue.
Perséphone et elle roulèrent sur le côté, Lupa se retrouvant en dessous d'elle alors que la blonde longiligne s'asseyait sur son bassin, mordant agressivement son cou. Ses mains agrippèrent son bassin alors que sa bouche rose descendait à son ventre, où se dessinait ses abdominaux. Lupa respirait rapidement, une certaine retenue sur son visage alors qu'elle grimaçait. Perséphone avait mordu sa chair.
- Tu peux le dire, encore, dit la blonde à genoux, penchée sur ses cuisses ouvertes.
- N-non, bafouilla Lupa qui rougit, effrayée par l'idée de dire leur safe word.
Perséphone mordit sa cuisse et Lupa posa sa main sur sa tête, englobant son crâne, et le pressa contre elle, la suppliant par son language corporel d'en venir aux choses sérieuses.
Le lit craqua cette nuit-là sous leurs ébats, mais ni Perséphone ni Lupa n'en avaient à faire. Trop occupées par leur égo, ne voulant prononcer la formule qui les effrayait, elles s'arrêtèrent finalement d'épuisement, Perséphone blottie contre la grande femme, leurs souffles s'entrechoquant bruyamment.
- Je t'aime, prononça Perséphone avec une voix brisée, le corps parcouru de suçons et de traces des crocs de Lupa.
- J-je...
- C'est le safe-word, se rattrapa la blonde, les yeux écarquillés, se tournant vers le mur.
Lupa enroula ses bras autour de sa taille et embrassa ses cheveux longuement, caressant sa peau laiteuse.
- Bonne nuit, Perce.
- Bonne nuit, puppy.
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