Chapitre 30: Excuses arrachées
Le premier contact visuel de Mia fut une énorme araignée qui dormait paisiblement dans un coin de pièce. Le fait qu'elle était à quelques centimètres d'elle et qu'elle était grosse, poilue et immonde ne la rassura pas du tout. Pourtant, elle était sûre d'avoir demandé à Lupa d'enlever les toiles d'araignées dès qu'elle était arrivée au manoir de Dracula et Elizabeth...
Et puis, elle vit que l'araignée n'était pas une réelle araignée mais bien un espèce de mouton de poussière affreux pendu au plafond. Il était très rare qu'il y ait des saletés qui pendent ainsi du plafond, et sans pour autant être paranoïaque, Mia se demanda si on ne lui avait pas fait une sale blague.
Dans le lit double, une place vide siégeait à ses côtés. Ce vide, Mia l'avait remarqué depuis hier soir, puisqu'elle s'était couchée tôt, roulée en boule dans la couverture. Vu la fraicheur des draps, Félice n'avait pas dormi là. L'embarras s'empara de la violette.
Elle s'habilla simplement d'une combinaison salopette bleue marine, attacha un pin's marguerite sur une des bretelles. Aujourd'hui, mieux valait être discrète. Après avoir attaché ses cheveux en une minuscule queue de cheval, elle descendit les escaliers grinçants pour arriver au petit déjeuner.
Il était plus tard que d'habitude. Normalement, c'était Félice qui se levait tôt pour aller se balader dehors, ce qui réveillait la loup-garou. Il devait être 9 heures du matin. Adèle et Lupa jouaient à un jeu de cartes, ce qui avait l'air d'ennuyer horriblement la brune. Ray semblait faire un exposé matinal à Elizabeth et Amande qui feignaient de ne pas s'endormir, et Perséphone lisait dans un coin de la pièce.
Mia salua tout le monde vaguement et commença à engloutir une ou deux tartines de pate à tartiner. Alors qu'elle se levait pour partir, une main se posa sur son épaule.
- Et si on allait dehors ?
La voix douce et timide de Perséphone atteint ses oreilles fatiguées. Elle hocha la tête, presque intriguée par l'intention de la vampire, et croisa le regard de la rousse qu'elle avait embrassé, sur une chaise dans le jardin. Elle déglutit et demanda:
- Dans la cuisine, plutôt ?
- Non, dans le jardin.
La voix de la blonde se faisait désormais venimeuse, et elle serra légèrement l'épaule de Mia qui sentit son coeur s'accélérer. Elle hocha simplement la tête en murmurant un "okay" pas très rassuré.
Perséphone claqua les battants de la porte qui menaient au jardin, et se planta devant elle, furibonde.
- C'est quoi cette histoire de baiser.
Mia regarda autour d'elle, ses yeux fuyants ceux de la vampire, bleus rivière. Mais elle tomba simplement sur Félice, embarrassée, qui fixait ses pieds en se recroquevillant sur elle-même. Déglutissant, elle répondit:
- Je sais.
- Quoi ?
- Que c'était foireux.
- Nan mais je rêve. C'était plus que foireux. Déjà, pourquoi tu cherches des noises à Lupa ? demanda agressivement Perséphone en plantant son doigt sur le sternum de Mia.
- Tu la protèges ? demanda immédiatement la violette, plissant ses yeux fendus.
- N-non. Mais... réfléchit la vampire, qui vacilla légèrement sous le regard inquisiteur de la louve, en plein repas ? Devant mes parents ? C'était stupide, et surtout inutile. Tu dois le savoir mieux que moi, que la colère de Lupa ne se tarit pas toute seule.
- T'as l'air de t'y connaitre, à propos de Lupa.
- Mais qu'est-ce qu'elle est c... se retint de dire la vampire, la fixant avec des yeux agacés. Ecoute moi. On parle de Félice, là.
- Oui.
- Tu ne peux PAS embrasser quelqu'un sans son consentement ! Tu l'as utilisée à des fins malveillantes. Tu joues avec ses sentiments.
- Je ne savais même pas ! Je n'avais pas compris qu'elle était amoureuse de moi...
Les joues de Mia se colorèrent de honte et d'embarras, alors que Perséphone s'esclaffait avec un air mauvais:
- Et donc dès que tu l'apprends, tu l'embrasses de force pour montrer à Lupa que tu l'emmerdes ? C'est quoi cette logique de meuf toxique ? Je te pensais mieux que ça.
- On se connait pas, gronda agressivement Mia. Et tout ce que je sais de TOI, c'est que Lupa m'a trompée avec toi.
- Je ne savais pas qu'elle était en couple.
- Tu couches avec des inconnues dans des auberges ? T'es vraiment une fille facile.
- Tu essaies de retourner la situation, dit Perséphone. Mais ça ne se passera pas comme ça. Tu n'as aucun pouvoir sur ma vie, et tu es lâche de vouloir éviter la conversation. Moi je te parle de Félice !
- Mais je n'ai pas envie de parler de Félice !! Je n'ai fais que ça, hier soir ! Je n'en ai pas dormi de la nuit, d'accord ! commença à s'énerver Mia, oubliant totalement que celle-ci se tenait non loin d'elles, sur une chaise de jardin, l'air perdue.
- Ca ne suffit pas, coupa la blonde en dardant son beau regard de femme fatale sur elle. Tu lui dois des excuses.
- Je. Sais.
- Pourquoi tu ne le fais pas ?
- J'ai pas eu le temps.
- Mensonges.
- Je devais réfléchir. Je prend mon temps.
- Elle n'a pas eu le temps, elle, avant que tu la prennes par les cheveux et que tu mettes ta sale bouche sur elle.
- Je vais m'excuser, c'est bon ?
Pour toute réponse, Perséphone leva les yeux au ciel et ouvrit les grandes portes afin de se retourner magistralement et de commencer à partir. Mia croisa les bras et lança d'un ton venimeux:
- Jolis suçons, dit moi. La nuit a été folle en plan à trois avec Lupa et Ray, non ?
La blonde vacilla et claqua les portes derrière elle, mordant sa lèvre jusqu'au sang. Elle poussa un long soupir furibond, et une goutte de sang perla sur ses lèvres rouges. Un doigt y fut posé délicatement pour essuyer le sang.
Perséphone leva les yeux au ciel, s'attendant à voir Lupa. Elle ne lâche vraiment pas l'affaire, celle-là. Mais à la place, c'était Ray qui la regarda avec un air charmant. La blonde réprima une grimaçe.
- Bonjour, cher Ray...
- Ma mie ! Je vous ai entendu vous chamailler dehors avec l'affreuse Mia.
- Euh...
Perséphone cligna des yeux, éblouie par la blancheur des dents du métisse.
- Vous savez, ces Latinos, elles ne font que de crier.
Du sexisme sur un fond de racisme, on aura tout vu. Perséphone eut un sourire contraint, avant de dire d'un air innocent:
- Nous nous sommes disputées.
- Oh, des querelles de femmes, dit il en s'exclamant haut et fort. Allons jouer au carte, ma chère !
Il rit si fort qu'il ne l'entendit pas protester faiblement, l'entraînant par la taille jusqu'au duo qui jouait là depuis une demie-heure... Adèle et Lupa.
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