Chapitre 14: Adèle Mortelle
=^..^=
Adèle jouait avec sa poupée en pressant tranquillement son tronc lorsqu'elle remarqua à l'autre bout de la salle qu'une femme venait de se plier de douleur. C'était donc à elle, le cheveux. Cool.
- Hé, toi ! la héla la rousse visiblement souffrante.
- Oui ? dit Adèle en se rapprochant, la fixant de ses yeux noirs.
- Tu peux arrêter de tripoter ce truc ?
- Oh... Pardon.
Perséphone se pencha sur sa soeur avec un sourire en coin:
- Tu vois, ils savent déjà l'effet que ça fait.
- Cette poupée est typiquement un exemple d'appropriation culturelle, dit Adèle en regardant Félice se poster devant elle d'un air mécontent.
- Je peux être épargnée ? proposa la magicienne avec mauvaise humeur.
- Tu as mérité ta place au paradis ?
Perséphone rit, alors que la rousse semblait déroutée.
- Je déconne. On ira tous en enfer.
L'humour noir, et visiblement si cynique qu'on avait du mal à savoir si c'était sérieux ou non rendait la chose encore plus désagréable pour Félice. Remarquant que le malaise de la magicienne perdurait, Perséphone lui murmura:
- Elle t'a reproché ce qu'elle a vu.
- Oui, Perséphone, dit la rousse d'un ton plus froid, la mâchoire serrée.
Les deux femmes se regardèrent, l'une avec compassion et l'autre avec une colère blessée.
- Je suis désolée, je ne pensais pas que...
- Si j'étais toi, je fuirais Lupa comme la peste. Elle n'attire que des ennuis, dit la magicienne en détournant les yeux.
La blonde la regarda un moment, sondant les expressions sur son visage, puis hocha la tête.
- Merci de ta mise en garde. J'irais parler à Mia pour m'excuser...
- Surtout pas ! Enfin, pas maintenant. Elle a besoin de solitude, à mon avis.
Adèle sourit macabrement avant de décréter d'une voix forte:
- On a toujours besoin d'être seul quand on va mal, pour aller plus mal encore. C'est bien connu que les suicides ne se font pas en groupe. Vous croyez qu'elle va se suicider ?
- Mon dieu, non ! pouffa Perséphone. Pas ici.
- Ça ferait du bon pâté, remarque. Meilleur que les viandes immondes que nous sert Ray, déclara Adèle.
La couleur de peau de Félice vira du beige-pêche au vert vomi alors que, dégoutée, elle s'excusait et montait les escaliers. Perséphone la regarda partir avec compassion et soupira longuement.
- À ce propos... Tu as trouvé du sang frais ? Tu seras bientôt en manque, toi aussi.
- Bien sûr, Lupa est p-
- Non, coupa sa soeur en fronçant les sourcils. Pas elle... Pour des raisons médicales, bien sûr.
Elle se dépêcha de se justifier en prenant des airs timides, sa soeur croisant les bras avec un air blasé.
- Si on prend trop de son sang, elle pourrait mourir... Non, désolée, tu vas devoir trouver quelqu'un d'autre.
- Peuh. Très bien, soeurette, mais si je meurs de faim, ça sera ta faute.
- Pourquoi tu ne demandes pas à Félice ? Elle est adorable, tu vois bien.
- Mouais.
Adèle fusilla la blonde du regard qui reprenait ses airs dans la lune et discrets. Elle n'était pas bête à ce point-là... Elle n'avait pas besoin de lui cacher que Lupa lui plaisait, ça se voyait comme les yeux de la tête. Vexée, elle s'éloigna avec sa poupée dans les bras.
- Tu ne vaux pas ma présence. Adieu, je vais me laisser mourir là-bas.
Perséphone secoua la tête et rit, désabusée.
- Tu es immortelle, Adèle.
- ET ALORS ?
=^..^=
Ce fut au détour d'un couloir que Adèle rejoint Lupa qui fumait à une fenêtre. Elle était accoudée au rebord, et regardait la forêt sombre s'agiter au bon vouloir des vents. Le calme de la scène ne fut pas dérangé par Adèle qui se déplaçait aussi silencieusement qu'un fantôme. Pourtant, la loup-garou l'entendit arriver, au vu de ses oreilles de loup pointées vers elle.
- Salut.
- Hey, toi, répondit la grande brune en fermant les yeux.
Elle se posa non loin d'elle, poupée en main, regardant au dehors avec elle.
- Que fais-tu ?
- J'regarde les oiseaux, et je me demande si je pourrais pas en bouffer un, déclara Lupa avec un peu de nargue dans la voix.
- C'était pour rire que tu disais ça ?
- Euh... Oui.
- C'était vraiment nul à chier.
- Tu m'emmerdes, Adèle.
- Toi aussi, dit Adèle alors que son visage s'éclairait d'un sourire qui faisait ressortir ses cernes impressionnantes. Dis... Je suis désolée de te demander ça, et c'est un peu embarrassant mais... Est-ce que je pourrais avoir ton sang ?
Le visage de la jeune brune se teint d'une lueur rosée, et elle regarda le sol d'un air gêné en attendant sa réponse. Le ricanement de Lupa résonna dans la pièce alors qu'elle répondait:
- Pas d'problème. T'embêtes pas pour ça.
Lupa eut à peine le temps de relever le menton que Adèle s'était rapprochée d'elle, une lueur différente dans son regard noir. La loup-garou poussa un petit grognement de surprise, elle était vraiment rapide.
Elle avait posé ses mains sur son cou et ouvrit la bouche avidement pour sucer son sang. Lupa grimaça, sentant déjà la douleur qui la traverserait, douce et désagréable. Ce petit frisson qui lui fit rentrer sa queue brune entre ses jambes ne vint pas, pourtant.
Adèle releva soudain la tête, ses canines effilées et ses yeux rougeoyants brillant, réverbérant la lumière au dehors. Lupa sentit son coeur s'emballer: elle était belle et étrangement affolante, les crocs sortis de cette façon.
- On mange ! fit la voix de Mia dans le couloir.
- Qui mange qui ? souffla Lupa en prenant Adèle par la taille, le souffle rauque.
La vampire poussa une exclamation amusée et surprise, et posa ses mains sur les joues de la loup-garou pour l'embr-
Elles furent bousculées violemment par une fille aux cheveux violets qui paraissait furieuse.
Ses boucles d'oreilles tintèrent alors qu'elle déclarait sans les regarder, la mâchoire serrée :
- Le repas est servi.
Et Lupa cligna des yeux, étonnée de se voir là. Pourquoi Adèle avait-elle tenté de l'embrasser ? Pourquoi se retrouvait-elle là dans ce couloir, à se faire sucer le sang par quelqu'un d'autre que la belle Perséphone ? Elle avait mal à la tête.
Trébuchant, elle se défit de la petite aux nattes noires et balbutia:
- Faut qu'j'aille manger, moi...
Elle fila, échappant aux yeux étranges de la vampirette, mais ne se précipita pas vers la salle de repas mais la chambre de la jolie blonde pour qui Lupa pinçait.
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