TOME II - XXV.
— Une étape de votre voyage est terminée, une autre commence, dit Gandalf. Nous devons aller à Edoras à grande allure.
— Ariane y a été conduite, répondit Aragorn.
— C'est vrai ? Très bien, nous la retrouverons donc là-bas. Par qui y a-t-elle été emmenée ?
— Un soldat. Il ne nous a pas dit son nom. Il paraîtrait qu'elle soit blessée. Il l'a ramenée pour la faire soigner. Lui et ses troupes ont été bannis d'Edoras par Théoden. Nous savons qu'il y a la guerre au Rohan, et que le Roi va mal...
— Et il ne sera pas aisé de le guérir, marmonna Gandalf.
— Alors on a couru tout le long du chemin pour rien ! se plaignit Gimli. Allons-nous laisser ces pauvres Hobbits ici dans cette horrible, sombre et humide endroit infesté d'arbres ?
Un autre grondement retentit. Gimli prit peur et se rattrapa tant bien que mal :
— Je veux dire charmante ! Très charmante forêt...
— Ce fut plus qu'un simple hasard qui ammena Merry et Pippin à Fangorn, répondit Gandalf. Un grand pouvoir est endormi ici depuis de grandes années. L'arrivée de Merry et Pippin sera un peu comme la chute de petites pierres qui déclenche une avalanche dans les montagnes.
— Il est un point sur lequel vous n'avez pas changé, mon ami, renchérit Aragorn, goguenard. Vous parlez toujours par énigmes.
Gandalf laissa échapper un rire sincère.
— Une chose est sur le point de se produire, qui n'est pas arrivé depuis les Jours Anciens, continua-t-il. Les Ents vont se réveiller... et découvrir à quel point ils sont forts.
— Forts ? C'est bien...
— Arrêtez de geindre Maître Nain ! s'exclama Gandalf avant de se remette à marcher. Merry et Pippin sont en sécurité. En fait, ils le sont bien plus que vous n'allez l'être.
—Ce nouveau Gandalf est bien plus bougon que l'ancien, marmonna Gimli pour lui-même.
Ils sortirent de la forêt et retrouvèrent les chevaux offerts par Eomer. Gandalf regarda l'horizon et se mit à siffler. Son sifflement résonna dans l'air. Un cheval arriva alors en galopant. Sa robe était blanche, si blanche et si pure qu'il paraissait descendu tout droit du ciel.
— C'est un des Mearas, à moins que mes yeux ne soient abusés par quelque sorcellerie, remarqua Legolas.
Le cheval s'approcha d'eux et s'arrêta près de Gandalf.
— Gripoil, le présenta alors Gandalf. C'est le Seigneur de tous les chevaux, et ce fut mon ami lors de maints dangers.
Il flatta son encolure et lui monta sur le dos. Aragorn, Legolas et Gimli allèrent chercher leurs chevaux et se mirent en selle également. Gimli monta derrière Legolas, sur le dos d'Hasufel. Aragorn chevaucha Arod. Ils rejoignirent Gandalf.
— Nous partons tout de suite pour Edoras. Il nous faudra un peu moins de deux jours pour rejoindre la cité. Alors gardez l'allure, et suivez-moi. Gripoil nous y conduira rapidement.
Il se pencha vers l'oreille de l'étalon et lui chuchota des mots que lui seul entendait. Le cheval piaffa et démarra sur les chapeaux de roues. Arod et Hasufel suivirent tant bien que mal. Les cavaliers n'eurent pas beaucoup d'efforts à faire, juste à se laisser porter par le mouvement du cheval.
Ils s'arrêtèrent lorsque la lune fut haute dans le ciel. Ils descendirent de leur monture fourbus et épuisés. Aragorn, Legolas et Gimli se reposèrent quelques heures. Gandalf resta debout, les yeux rivés sur l'horizon rougeoyant que lui offrait le Mordor. Au bout d'un moment, Aragorn vint le rejoindre. Gandalf prit immédiatement la parole.
— L'ombre cachée qui rougeoit à l'est prend forme, déclara-t-il à voix basse. Sauron ne souffrira aucun rival. Du sommet de Barad-Dûr, son œil observe sans relâche... mais il n'est pas assez puissant pour être à l'abri de la peur. Un doute le ronge déjà. La rumeur l'a atteint.
Il regarda Aragorn.
— L'héritier de Nùmenor est toujours en vie, continua Gandalf après une pause.
Aragorn le fixa à son tour, intrigué.
— Sauron a peur de vous, Aragorn. Il craint ce que vous pouvez devenir. Alors il frappera vite et fort le monde des hommes. Il utilisera son pantin, Saroumane, pour détruire le Rohan. La guerre est proche... Le Rohan doit se défendre seul, et en cela réside notre premier défi car il est faible et prêt à tomber. L'esprit du Roi est asservi, c'est un vieux tour de Saroumane... Son emprise sur le Roi Théoden est extrêmement forte. Sauron et Saroumane resserrent le nœud... mais malgré toutes leurs ruses, nous avons un avantage.
Aragorn fronça les sourcils.
— L'anneau reste caché, lui dit Gandalf avec un sourire malicieux. Et le fait que nous cherchions à le détruire n'est pas encore apparu dans leurs sombres rêves... Ainsi l'arme de l'ennemi s'approche du Mordor entre les mains d'un Hobbit qui chaque jour le rapproche du feu de la Montagne du Destin. Nous devons avoir foi en Frodon. Tout dépend de la vitesse et du secret de sa quête. Ne regrettez pas votre décision de l'abandonner. Frodon doit achever sa tâche seul.
— Il n'est pas seul, révéla Aragorn. Sam est avec lui.
— Ah oui, vraiment ? Bien... Très bien.
Sur ces mots, Gandalf conseilla à Aragorn d'aller dormir.
Les quatre cavaliers repartirent à l'aube. Ils atteignirent les portes d'Edoras en milieu d'après-midi.
— Edoras et le château d'Or de Meduseld, annonça Gandalf alors qu'ils s'étaient arrêtés à l'approche de la cité. C'est là que réside Théoden, le Roi du Rohan, dont l'esprit a été vaincu. L'emprise de Saroumane sur le Roi Théoden est désormais très forte. Prenez garde à ce que vous dites. Nous ne sommes pas les bienvenus...
Quelques heures auparavant, Eowyn avait constaté la mort de son cousin Théodred et était venue se confier à Ariane. Les deux jeunes femmes avaient tissé des liens très forts depuis l'arrivée de cette dernière dans la cité. La blessure d'Ariane guérissait de mieux en mieux jour après jour, mais elle désespérait toujours de retrouver ses amis. Elle pleurait Merry et Pippin le soir. Elle s'en voulait terriblement de les avoir abandonnés. Il était déjà arrivé à Eowyn de pleurer en sa présence, aussi. À la mort de son cousin, mais également à cause de la pression constante que lui faisait subir le conseiller de son oncle, Grìma. Elle étouffait entre les murs du château de Meduseld. Elle rêvait de liberté et d'aventure, mais son statut de nièce du Roi la gardait enfermée dans une cage. Ariane compatissait de par son statut de femme, mais ne pouvait se mettre à la place d'Eowyn. Elle, elle l'avait eu son aventure. Même si elle s'était mal terminée.
En ce moment même, on changeait le bandage de sa blessure. Elle ne se doutait pas le moins du monde que ses compagnons venaient de franchir les portes de la cité. Eowyn, dans sa robe blanche, les vit arriver de loin. Les quatre cavaliers se rendirent jusque devant les portes du château de Meduseld. Sur le chemin, les Rohirrims leur avaient jeté des regards qui signifiaient explicitement qu'ils n'étaient pas les bienvenus.
— Eh bien, c'est plus gai dans un cimetière, s'était permis de dire Gimli.
Et personne ne l'avait contredit, étant donné la vérité de ces paroles. Devant les portes du château, un homme accompagné de quelques soldats vint les accueillir.
— Vous ne pouvez pas voir le Roi ainsi armé, Gandalf Maison-Grise. Par ordre de... Grìma Langue-de-Serpent.
Gandalf fut bien embêté. Il fit signe à ses compagnons de route de se débarrasser de leurs armes. Ces derniers les tendirent aux soldats sans rechigner, bien que l'envie les prenaient. Gandalf amorça un sourire satisfait en direction de l'homme.
— Votre bâton, dit ce dernier.
Gandalf lui fit un regard implorant.
— Vous n'allez pas priver un vieillard de son appui.
L'homme soupira mais le laissa entrer. Ils les conduisirent à l'intérieur alors que Legolas, pour rendre l'excuse de Gandalf crédible, proposait son bras au Magicien. Gandalf se ratatina sur lui-même pour se vieillir. On referma les portes derrière eux. Au fond du hall, dans un siège en bois verni, Théoden était assis. Il était recroquevillé dans son trône. Son visage était très pâle et couvert de rides, sa barbe était blanche, tout comme ses longs cheveux en bataille, mais le plus impressionnant était ses yeux, d'un blanc laiteux, comme s'il ne voyait plus depuis des décennies. On avait l'impression qu'il pouvait tomber en poussière à tout moment.
— La courtoisie de votre demeure a quelque peu diminué ces temps-ci, Roi Théoden, dit Gandalf d'une voix forte.
— Pourquoi vous ferais-je bon accueil, Gandalf, corbeau de tempête ?
Son conseiller, un homme au teint verdâtre qui n'inspirait aucune confiance, s'adressa à son Roi et se releva, s'adressant à Gandalf.
— L'heure est tardive où ce Magicien a décidé de réapparaître... Mauvaise nouvelle, comme je le nomme, car ses nouvelles font mauvais hôte.
Il de dressa devant Gandalf. Ce dernier répliqua immédiatement.
— Silence ! Garde ta langue fourchue derrière tes dents. Je ne suis pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent, dit-il en pointant son bâton sur le conseiller.
— Son bâton ! s'exclama ce dernier en reculant. Je vous avais ordonné de lui prendre son bâton !
Alors tout se passa très vite. Les hommes travaillant à la solde de Grìma se précipitèrent sur Gandalf mais furent stoppé par Aragorn, Legolas et Gimli à l'aide de leurs poings. Gandalf continua d'avancer vers Théoden, nullement dérangé par ce qui se passait autour de lui.
— Théoden, fils de Thengel ! Depuis trop longtemps vous êtes resté dans les Ombres... Écoutez-moi ! Je vous libère de l'envoûtement, dit Gandalf en levant une main vers le Roi de la Marche.
Le Roi se mit à rire, un rire qui faisait froid dans le dos. On aurait dit qu'il venait d'outre-tombe.
— Vous n'avez aucun pouvoir ici, Gandalf le Gris, déclara Théoden, dont chaque parole lui coutaît de l'énergie.
Gandalf se redressa et se débarrassa de sa cape grise. Le blanc de sa robe éblouit Théoden qui s'enfonça dans son siège.
— Je vous aspirerais Saroumane comme on aspire le poison d'une plaie ! déclara-t-il d'un ton dur.
Il brandit alors son bâton vers Théoden. Ce dernier cria. Il essaya de résister.
— Si je sors... Théoden meurt ! dit la voix de Saroumane.
Gandalf s'avança et menaça une nouvelle fois le Roi de son bâton.
— Vous ne m'avez pas tué moi ! Alors vous ne le tuerez pas.
Théoden levait le menton, s'accrochant aux bras de son siège, se reculant le plus possible vers le panneau en bois qui lui servait de dossier. Il offrit une nouvelle résistance et Saroumane déclara :
— Le Rohan est à moi !
— Partez !
Un dernier geste de Gandalf envers Théoden fit sortir définitivement Saroumane du corps de Théoden. Ce dernier fut projeté contre son dossier et reprit son souffle. Il tomba en avant. Eowyn, jusque-là retenue par Aragorn, se précipita vers lui et le redressa. Il la regarda et alors le changement s'opéra. Sa barbe ainsi que ses cheveux reprirent une couleur blonde foncée, et son visage, dont la peau était un peu bronzé, afficha un air plus jeune. Ses yeux récupérèrent leur vitalité et leur couleur bleue. Théoden regarda sa nièce, qui avait les larmes aux yeux.
— Je connais ton visage, lui souffla-t-il. Eowyn...
j'espère que ce chapitre vous a plu !! :) n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, il était un peu plus long que les autres donc peut-être moins dynamique haha
je vous dit à bientôt, merci de continuer à me lire 💛
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